9. La fantaisie repose sur des images qui n'ont pas d'existence réelle.
C'est-à-dire que ces images n'ont pas d'existence réelle pour autant qu'elles sont forgées par les hommes eux-mêmes, construites dans leurs propres auras mentales, stimulées par leur volonté ou leur désir, et par conséquent dissipées quand l'attention se dirige ailleurs.
"L'énergie suit la pensée" est un dogme fondamental du système Raja Yoga et reste véridique même quand il se rapporte à ces fantasmagories. Ces images fallacieuses forment en tout premier lieu trois groupes, que l'étudiant fera bien de considérer.
1.
Les formes-pensées qu'il construit lui-même, qui ont une vie évanescente et dépendent de la qualité de ses désirs ; n'étant donc ni bonnes ni mauvaises, ni basses ni nobles, elles peuvent être vitalisées par des tendances inférieures ou des aspirations idéalistes, avec tous les stades intermédiaires qui peuvent se trouver entre ces extrêmes.
L'aspirant doit veiller à ne pas prendre ces images pour des réalités.
On peut illustrer ce fait en évoquant ici la facilité avec laquelle les gens estiment qu'ils ont vu l'un des Frères (ou Maîtres de la Sagesse), alors qu'ils n'ont perçu qu'une forme-pensée de l'un d'Eux ; le désir étant le générateur de la pensée, ces gens sont victimes de la forme de perception erronée que Patanjali appelle fantaisie.
2.
Les formes-pensées créées par la race, la nation, le groupe ou une organisation. Les formes-pensées d'un groupe de n'importe quel genre (allant de la forme planétaire à la forme construite par quelque association de penseurs) constituent la somme de la "grande illusion".
Il y a ici une suggestion pour l'aspirant sérieux.
3.
La forme-pensée nommée le "Gardien du Seuil" créée par un homme dès sa première apparition sous une forme physique. Etant créée par le soi personnel inférieur et non par l'âme, elle n'est pas durable et n'assure sa cohésion que par l'énergie inférieure de l'homme. Quand l'homme commence à fonctionner en tant qu'âme, cette "image" qu'il a créée par sa "fantaisie" ou sa réaction à l'illusion, est dissipée en un suprême effort. Elle n'a pas d'existence réelle lorsqu'il n'y a chez l'aspirant plus rien pour la nourrir ; s'en rendant compte, il devient capable de s'affranchir de son emprise.
Ce sutra, bien qu'apparemment court et simple, est l'un des plus profondément significatifs. Il est un objet d'étude pour de hauts initiés qui s'instruisent sur la nature du processus créateur de la planète et se préoccupent de la dissolution de la maya planétaire.