La forme mystique
L'expression "la forme mystique" est presque une observation paradoxale car le mystique, laissé à lui-même, élimine complètement la forme. Il se concentre sur le Dieu intérieur, méditant sur ce centre intérieur de conscience ; il cherche à relier ce centre avec d'autres centres, tels que son Maître ou quelque saint, ou même avec le Logos suprême Lui-même, et à s'élever par la ligne de vie ne portant aucune attention aux formes environnantes. Il travaille sur le sentier du feu. "Notre Dieu est un feu dévorant" est pour lui un positif état de fait et de vérité réalisée. Il s'élève de feu en feu, et avec les réalisations progressives du Feu intérieur, jusqu'à ce qu'il atteigne le feu de l'univers. La seule forme que le mystique pourrait utiliser serait une échelle de feu ou une croix de feu par laquelle il élèverait sa conscience au point désiré. Il se concentre davantage sur les choses abstraites et sur les attributs que sur les aspects, et davantage sur le côté vie que sur les choses concrètes. Il aspire, il brûle, il harmonise, il aime et il travaille à travers la dévotion. Il médite en s'efforçant d'éliminer complètement le mental concret et aspire à s'élancer du plan des émotions à celui de l'intuition.
Il a les défauts de son type ; rêveur, visionnaire, non-pratique, émotionnel, et manquant de cette qualité mentale que nous appelons la discrimination. Il est intuitif, enclin au martyre et au sacrifice personnel. Avant qu'il puisse atteindre son but et prendre une initiation, il doit faire trois choses :
Premièrement, par la méditation, soumettre sa nature entière à la règle ; apprendre à construire les formes et de là, en connaître la valeur.
Deuxièmement, développer l'appréciation du concret et déterminer clairement dans le schéma des choses, le rôle des formes diverses à travers lesquelles la vie, qu'il aime tant, doit se manifester. Il lui faut travailler son corps mental et lui procurer des faits précis, avant de pouvoir aller plus loin.
Troisièmement, comprendre par l'étude intelligente du microcosme, son petit système esprit-matière, la double valeur du macrocosme.
Au lieu de connaître seulement le feu qui détruit, il doit comprendre et travailler par le feu qui construit, qui amalgame et développe la forme. Par la méditation, il doit apprendre le triple emploi du Feu. Cette dernière phrase est réellement importante et je cherche à l'accentuer.
10 août 1920.