1. Le Mirage sur le plan mental – L'Illusion
Dans cette partie de notre étude, nous consacrerons moins de temps à l'examen de l'illusion qu'à celui du mirage ou de maya. L'illusion n'est pas confrontée ouvertement ni surmontée tant qu'un homme n'a pas :
a. fait passer le centre de sa conscience sur le plan mental,
b. entrepris une tâche bien définie et de service intelligent,
c. réalisé l'alignement, consciemment et facilement, avec son âme et établi fermement la technique de son contact avec elle,
d. pris la première initiation.
Le terme illusion est fréquemment employé à la légère, pour signifier un certain manque de connaissance, des opinions incertaines le mirage, l'incompréhension, un trouble psychique, la domination de pouvoirs psychiques inférieurs, et bien d'autres formes d'illusion mondiale. Mais le temps est venu de l'employer avec discernement intelligent, et où le disciple doit connaître et comprendre clairement la nature des miasmes phénoménaux dans lesquels se meut l'humanité. Pour plus de clarté et afin de distinguer plus nettement les diverses formes d'illusion dans lesquelles l'âme se meut et dont elle doit se libérer, il est nécessaire que nous séparions les divers aspects de la Grande Illusion dans le temps et l'espace ; c'est ce que j'ai partiellement tenté de faire lorsque j'ai défini les termes Maya, Mirage, Illusion et Gardien du Seuil. Je vous prie de garder ces distinctions très clairement à l'esprit et d'étudier avec soin le tableau à la page anglaise 42 (ci-dessus).
Pour les besoins de notre étude, l'illusion peut signifier la réaction du mental indiscipliné au monde des idées nouvellement contactées. Ce contact est établi du moment où l'homme a réalisé l'alignement et mis la nature inférieure en rapport avec la nature supérieure. Les idées nous viennent du plan de l'intuition. L'âme illumine le plan du mental et le plan de l'intuition, si bien qu'ils se révèlent l'un à l'autre et que leur rapport devient alors évident. Le mental de l'homme (qui devient lentement le centre de sa conscience et la réalité principale de son existence) devient conscient de ce monde d'idées, nouveau et jusqu'alors inexploré ; il saisit une idée ou un groupe d'idées et s'efforce de les rendre sienne. Au début, la majorité des hommes et particulièrement le mystique moyen n'ont des idées qu'une appréciation assez vague et nébuleuse ; ils jugent souvent selon des jugements déjà portés.
L'illumination obtenue grâce à un contact faiblement établi avec l'âme semble, au néophyte inexpérimenté, une merveille d'importance vitale. Les idées qu'il contacte l'émerveillent grandement ; elles lui paraissent splendides, exceptionnelles et vitalement nécessaires à l'humanité.
Mais le mental est toujours concentré sur le soi, le contact toujours faible, l'alignement incertain et, par conséquent, les idées ne sont que vaguement perçues. Mais le caractère unique de l'expérience réalisée dans le contenu du mental du disciple le fait pénétrer dans les profondeurs du domaine de l'illusion. L'idée, ou les idées qu'il a contactées ne sont (si seulement il pouvait s'en rendre compte) qu'un fragment d'un Tout beaucoup plus vaste et son interprétation est inadéquate. L'idée qui a émergé dans sa conscience, en raison de l'éveil partiel de son intuition, se trouvera déformée de plusieurs façons au cours de sa descente dans la conscience du cerveau. La manière dont il matérialise l'idée et la transforme en un projet d'exécution pratique est encore tout à fait impropre. Son équipement n'est pas encore suffisant pour parvenir à une certaine exactitude. Les diverses manières dont se produisent cette déformation et cette adaptation de l'idée peuvent être décrites de la façon suivante : Le passage d'une idée du plan de l'intuition au cerveau.
1.
L'idée est perçue par le mental "maintenu fermement dans la lumière de l'âme".
2.
Elle descend sur les niveaux supérieurs du plan mental où elle revêt la substance de ces niveaux. Elle demeure toujours une abstraction, de l'angle du mental inférieur. Celui qui recherche l'intuition devra noter soigneusement ce point.
3.
L'âme projette sa lumière vers le haut et vers l'extérieur. L'idée, faible et nébuleuse, émerge dans la conscience de l'homme. Elle est révélée, tout comme un objet se trouve révélé lorsque le faisceau lumineux d'un puissant projecteur est projeté sur lui. Le mental, s'efforçant de demeurer en contact conscient, ferme et constant avec l'âme, capable de voir dans le monde supérieur par l'intermédiaire de "l'œil de l'âme largement ouvert" enregistre l'idée avec toujours plus de clarté.
4.
Révélée, l'idée devient alors un idéal pour le mental attentif et finalement quelque chose qu'il faut désirer et matérialiser. La faculté du mental de construire des formes-pensée entre alors en jeu ; l'énergie de l'idée agit sur la "substance mentale", vitalisée par la reconnaissance de l'âme, et l'idée accomplit ses premiers pas véritables vers sa manifestation. Un idéal est une idée qui s'est incarnée.
Tels sont les premiers pas vers la matérialisation. La manifestation devient possible. Et ainsi se produit l'illusion.
5.
La déformation se produit maintenant, provoquée par plusieurs causes :
1.
Le genre de rayon de l'égo colore l'interprétation que l'homme donne de l'idée. Il colore la forme-pensée construite. En termes symboliques, la pure lumière est changée en lumière colorée.
L'idée est alors "revêtue de couleur, et, par-là le premier voile descend".
2.
Le point d'évolution atteint par l'homme a aussi son effet ; il s'y ajoute la qualité de l'intégration entre les trois aspects de la personnalité et l'alignement entre l'âme, le mental et le cerveau.
Ces éléments, étant nécessairement imparfaits, produisent une imprécision dans les lignes générales et, par conséquent, dans la forme finale. Nous avons donc :
a.
L'intégration imparfaite de la personnalité.
b.
L'imprécision de la forme-pensée proposée.
c.
Le matériel inapproprié par conséquent attiré pour la construction de la forme-pensée.
d.
Le déplacement du centre d'attention, en raison du caractère vague de l'idéal perçu.
e.
L'instabilité du rapport entre le mental et l'idée perçue.
3.
La qualité du développement du corps mental du disciple produit le prochain "voile" qui descend sur l'idée. L'idée a changé sous l'influence de la couleur du rayon de l'âme ; maintenant, le changement qui la déforme encore davantage provient du genre de rayon du corps mental généralement différent de celui du rayon de l'âme.
Ce sont les pas ultérieurs vers la matérialisation. La forme manifestée revêt une qualité particulière. Ainsi se produit l'illusion.
6.
L'illusion se manifeste généralement de sept manières :
1.
Par une fausse perception d'une idée. Le disciple ne peut pas distinguer entre une idée et un idéal, entre une idée et une forme-pensée, ou entre un concept intuitif et un concept mental. Cette manière de produire l'illusion se rencontre le plus souvent chez les aspirants. L'atmosphère mentale dans laquelle nous vivons tous est une atmosphère d'illusion. C'est également une atmosphère ou champ de contact conscient où se rencontrent toutes sortes de formes-pensée. Certaines sont placées là par la Hiérarchie afin d'être découvertes par les hommes ; certaines sont des formes-pensée construites par les hommes autour d'une idée ; d'autres sont de très anciens idéaux qui ont été abandonnés mais qui persistent encore en tant que formes-pensée ; d'autres encore sont absolument neuves et, par conséquent, sans grande force, mais très attirantes. Toutes ont été créées par l'homme à quelque stade de son développement individuel et racial. Beaucoup sont les enveloppes de concepts qui ont fait long feu depuis longtemps ; d'autres sont embryonnaires ; d'autres encore sont statiques et stabilisées. Un grand nombre sont en train de descendre des niveaux de l'intuition ; quelques-unes sont encore illuminées par la claire lumière de l'âme et prêtes à se manifester.
Un grand nombre d'autres formes-pensée sont en voie de désintégration. Certaine de ces formes, ou idées incarnées, sont de nature destructive, en raison du type de substance dont elles sont formées. D'autres sont constructives. Toutes sont colorées par l'énergie de certains rayons. Un grand nombre de ces formes sont nécessairement construites par les activités personnelles ; d'autres sont en voie de construction par l'intermédiaire de l'âme de même que par l'activité de l'âme et de la personnalité. Il est donc essentiel que chaque mental agissant correctement ait une juste perception. Il faut que les aspirants apprennent à distinguer :
a.
Entre une idée et un idéal.
b.
Entre ce qui a pris forme et ce qui est en processus de désintégration.
c.
Entre ce qui est constructif et ce qui est destructif.
d.
Entre les formes et les idées anciennes et les nouvelles.
e.
Entre les idées et les formes de rayon, lorsqu'elles colorent les présentations supérieures.
f.
Entre les idées et les formes-pensée et entre celles qui sont créées à dessein par la Hiérarchie et celles créées par l'humanité.
g. Entre les formes-pensée raciales et les idées de groupe.
Je pourrais citer bien d'autres différenciations, la liste ci-dessus suffit à montrer la nécessité de justes perceptions, et à indiquer les sources de la prédominance de l'illusion mondiale causée par de fausses perceptions.
La cause en est un mental non entraîné, non illuminé.
Le remède est dans l'entraînement selon la technique du Raja Yoga. Cet entraînement doit aboutir à la capacité de maintenir le mental fermement dans la lumière, de percevoir correctement et d'avoir une juste attitude mentale. C'est à ces justes attitudes intérieures que se référait le Bouddha lorsqu'il décrivit le Noble Sentier Octuple ; elles impliquent la capacité de parvenir à une juste élévation mentale. Oui, mes frères, je dis bien une juste élévation et non pas une juste attitude.
2.
Par une fausse interprétation. L'idée, entité vitale ou germe de puissance vivante, est perçue par une vision partielle, déformée par l'imperfection de l'équipement mental et fréquemment réduite à quelque chose de futile. Le mécanisme qui permet de la comprendre n'existe pas. Bien que l'homme mette en jeu ce qu'il a de meilleur et de plus élevé, bien qu'il soit dans une certaine mesure capable de maintenir son mental dans la lumière, ce qu'il offre cependant à l'idée est encore très inadéquat. Ainsi se manifeste l'illusion par une fausse interprétation.
La cause est une surestimation des propres pouvoirs mentaux. Le péché par excellence du type mental est l'orgueil qui colore toutes les activités dans les premiers stades.
Le remède est le développement d'un esprit prudent.
3.
Par une fausse appropriation des idées. Ce qui provoque l'utilisation fausse d'une idée est la faculté de dramatiser et la tendance, propre à la personnalité, d'affirmer le petit soi ; elles amènent l'homme à s'approprier une idée comme si elle lui appartenait et à lui donner une importance exagérée parce qu'il la considère comme sienne. Il se met à construire sa vie autour de son idée, à considérer comme ayant une grande importance ses desseins et ses objectifs, s'attendant à voir les autres reconnaître que cette idée est sienne. Il oublie qu'aucune idée n'appartient à qui que ce soit, qu'elles viennent du plan de l'intuition et qu'elles sont un don et une propriété universels ; elles n'appartiennent à aucun mental. Sa vie comme sa personnalité est subordonnée à l'idée qu'il a d'une idée et à l'idéal qu'il se fait de l'idée. L'idée devient dramatiquement l'agent du dessein de la vie qu'il s'impose à lui-même, le conduisant d'un extrême à l'autre. Ainsi se manifeste l'illusion par une fausse appropriation.
La cause en est une surestimation de la personnalité, une impression exagérée des réactions de la personnalité sur l'idée perçue et sur tous ceux qui tentent de venir en contact avec la même idée.
Le remède est un effort constant afin de décentraliser la vie de la personnalité et de la centrer sur l'âme.
Je voudrais ici rendre un point bien clair. Il est très rare que les idées parviennent directement des niveaux de l'intuition à la conscience mondiale et au mental humain. Le stade de développement actuel ne le permet pas encore. Les idées viennent des niveaux de l'intuition seulement lorsqu'il y a un contact constant avec l'âme, une puissante maîtrise mentale, une intelligence bien entraînée, un corps émotionnel purifié et un bon système glandulaire, résultant de ce qui précède.
Réfléchissez-y.
Lorsqu'elles sont d'un ordre très élevé, la plupart des idées sont amenées dans la conscience du disciple par son Maître et lui sont communiquées par télépathie mentale ; la chose est possible en raison de la sensibilité du disciple au "don psychique des ondes" ainsi que cette faculté est nommée dans l'enseignement tibétain ; les idées sont alors perçues dans l'activité réciproque établie entre disciples. Lorsque les disciples s'assemblent, stimulant ainsi réciproquement leur mental et concentrant leur attention, il arrive fréquemment qu'ils parviennent à établir un contact avec le monde des idées, ce qui autrement serait impossible, et à formuler de nouveaux concepts. En outre, certaines grandes idées existent en tant que courants d'énergie sur le plan mental. Les disciples peuvent entrer en contact avec elles et les obliger à se manifester, grâce à leur attention entraînée. Ces courants d'énergie mentale, colorée par une idée fondamentale, sont placés là par la Hiérarchie. Lorsqu'il les découvre et les contacte, le néophyte est enclin à considérer ce fait de manière personnelle et il attribue l'idée à sa propre sagesse et à son propre pouvoir. Vous remarquerez donc combien il est nécessaire que ce qui est contacté soit correctement compris et interprété.
4.
Par une fausse direction donnée à l'idée. C'est dû au fait que le disciple ne voit pas encore les choses comme elles sont. Son horizon est limité, il fait preuve de myopie. Sa conscience perçoit un fragment d'idée fondamentale qu'il attribue à un domaine d'activités avec lequel il n'a absolument aucun rapport. Il commence donc à travailler avec cette idée, l'envoyant dans des directions où elle n'est d'aucune utilité ; il commence à la vêtir d'une forme qui ne lui convient aucunement, l'exprimant d'une manière qui lui enlève toute utilité. Ainsi donc, dès le premier contact, le disciple est sujet à l'illusion ; aussi longtemps qu'elle dure elle renforce l'illusion collective. C'est là une des formes les plus communes de l'illusion et l'une des premières façons dont l'orgueil mental du disciple peut être brisé. Il s'agit là d'une illusion par mauvaise application initiale conduisant à utiliser ou à diriger faussement l'idée.
La cause est un mental limité et non inclusif.
Le remède est la formation du mental en vue de le rendre inclusif, bien développé sous l'angle de l'intelligence des temps modernes.
5.
Par la fausse intégration d'une idée. Chaque disciple a un plan pour sa vie, un champ de service qu'il a choisi sinon il n'est pas disciple. Ce peut être le foyer, ou l'enseignement, ou encore un champ plus vaste, mais c'est toujours un domaine déterminé où il exprime ce qu'il y a en lui. Dans ses méditations grâce au contact avec les autres disciples, il peut percevoir une idée qui est peut-être importante pour le monde. Immédiatement il la saisit et cherche à l'intégrer dans le dessein et le plan de sa vie.
Il se peut qu'il n'ait d'elle aucun besoin précis qu'il ne devrait pas s'en occuper. L'activité exagérée de son mental est sans doute responsable du fait qu'il s'en soit saisi. Les disciples ne doivent pas nécessairement travailler avec toutes les idées qu'ils perçoivent et contactent ; ils ne le comprennent pas toujours. Le disciple se saisit donc de l'idée et cherche à l'intégrer dans ses plans il essaie de travailler avec des énergies pour lesquelles son tempérament ne l'a pas préparé. Il impose un courant d'énergie à son corps mental auquel celui-ci est incapable de tenir tête ; et le désastre s'ensuit. Beaucoup de bons disciples font preuve d'un mental exagérément actif et fertile ; ils ne parviennent à aucun objectif constructif, à aucune activité constructive dans leur vie.
Ils saisissent chaque idée qu'ils rencontrent, sans discernement. Il s'agit là de l'illusion provenant du désir d'acquérir.
La cause est la cupidité et l'égoïsme du petit soi même si le disciple ne le comprend pas et s'il est sous l'emprise du mirage que constitue l'idée même de son propre désintéressement.
Le remède est l'esprit d'humilité.
6.
Par la fausse incarnation des idées. Il s'agit surtout ici des difficultés rencontrées par les âmes évoluées qui arrivent en contact avec le monde de l'intuition, qui ont l'intuition de grandes idées spirituelles, qui ont la responsabilité de leur donner une forme, automatiquement, spontanément, grâce à l'activité entraînée et rythmique de l'âme et du mental, toujours en étroite collaboration. L'idée est contactée, mais elle est revêtue d'une matière mentale qui ne lui convient pas ; dans sa voie vers la matérialisation, elle prend donc une mauvaise direction. Elle se trouve, par exemple, intégrée à une forme-pensée de groupe dont la coloration, la note fondamentale et la substance ne conviennent pas à ce qu'elle doit exprimer. Cela arrive beaucoup plus souvent que vous ne le pensez. C'est l'application, sur un plan élevé, de l'axiome hindou : "Mieux vaut le dharma personnel que celui d'autrui".
Il s'agit là de l'illusion provenant d'un faux discernement en ce qui concerne la substance.
La cause est le manque d'entraînement ésotérique à l'activité créatrice.
Le remède est l'application des méthodes de cinquième rayon, méthodes du plan mental.
L'aspirant moyen commet rarement cette forme d'erreur ; elle se réfère à une illusion qui est un test pour beaucoup d'initiés d'un degré assez élevé. Le disciple ordinaire, comme vous-même et les autres membres de ce groupe, arrive rarement au contact d'une idée pure et, par conséquent, il a rarement besoin de lui donner une forme.
7.
Par une fausse application des idées. Que de fois le disciple tombe dans cette forme d'illusion ! Intuitivement, et aussi avec intelligence (notez la différence entre les deux termes) il contacte une idée et il l'applique mal. C'est sans doute là un aspect de l'illusion globale, ou illusion de l'ensemble du plan mental, avec laquelle l'homme moderne entre en contact. L'illusion varie d'âge en âge, suivant ce que cherche à faire la Hiérarchie, ou suivant le cours général des pensées des hommes. Le disciple peut donc être poussé à une activité erronée et à une application erronée d'idées, parce que prédomine dans son esprit l'illusion collective produite par les Six types d'illusions auxquels je me suis référé plus haut.
Je pourrai continuer à m'étendre sur les manières dont l'illusion prend au piège le disciple imprudent, mais ce que j'en ai dit suffira sans doute à provoquer en vous l'analyse constructive qui conduit de la connaissance à la sagesse. Vous avez remarqué que les sept voies principales de l'illusion sont :
1.
La voie de la fausse perception.
2.
La voie de la fausse interprétation.
3.
La voie de la fausse appropriation.
4.
La voie de la fausse direction.
5.
La voie de la fausse intégration.
6.
La voie de la fausse incarnation.
7.
La voie de la fausse application.
C'est le troisième stade vers l'expression. La forme de l'expression est également qualifiée. Ainsi, se présentent les sept voies de l'illusion.
Je vous ai décrit les causes de l'illusion et les divers genres d'illusion auxquels est sujet le disciple. Dans sa forme pure, cette illusion doit être affrontée et, à un certain moment, surmontée ; l'initié doit l'isoler et la dissiper.
Ce fut l'ultime effort triomphant qui conduisit Jésus à dire sur la Croix des paroles d'apparente détresse. Il avait dissipé finalement l'illusion de la divinité personnelle objective. Il eut conscience d'être lui-même Dieu et rien d'autre. Il sut que la théorie de l'unité exposée par lui, dans l'Evangile selon Saint Jean, au chapitre XVII, était en vérité un fait inaltérable dans sa propre conscience. Cependant, dans cette suprême réalisation, intervenait pendant un instant un sentiment de perte, de négation, arrachant à sa personnalité mourante les mots qui ont troublé et en même temps réconforté tant d'êtres humains et qui signifiaient le dépassement de l'ultime illusion. Quand elle sera dissipée, l'illusion, telle que peut la comprendre la famille humaine, disparaîtra ; l'homme sera libre. L'illusion du plan mental ne pourra plus l'induire en erreur.
Son mental sera alors un instrument pur qui réfléchira la lumière et la vérité.
Les mirages du plan astral n'auront plus prise sur lui ; le corps astral lui-même disparaîtra.
Vous vous souvenez que dans le Traité sur la Magie Blanche j'ai indiqué que le corps astral lui-même est une illusion. C'est la définition donnée par le mental illusoire sur le plan mental de ce que nous appelons l'ensemble des désirs de l'homme en incarnation. Lorsque l'illusion et le mirage ont été surmontés, le corps astral disparaît de la conscience humaine et il ne reste aucun désir pour le soi séparé. Kama-manas disparaît et l'homme est alors essentiellement âme, mental et cerveau dans le corps physique. C'est là un grand mystère ; l'homme ne peut le comprendre que lorsqu'il a dominé sa personnalité et éliminé tous les aspects du mirage et de l'illusion. Il l'accomplit par de graduels dépassements ; cette maîtrise s'acquiert en maîtrisant.
L'élimination du désir s'obtient par un processus conscient. Mettez-vous donc au travail, mes frères, et ce problème deviendra inévitablement clair.
Le pôle opposé de l'illusion est, comme vous le savez, l'intuition.
L'intuition est la reconnaissance de la réalité qui devient possible lorsque le mirage et l'illusion disparaissent. Une réaction intuitive à la vérité prend place, suivant un mode d'approche particulier de la vérité.
Lorsque le disciple est parvenu à calmer la tendance de son mental à construire des formes-pensée afin que la lumière puisse se déverser librement et sans déviation des mondes spirituels supérieurs. L'intuition peut commencer à fonctionner lorsque le mirage n'a plus de prise sur l'homme inférieur et que ses désirs, élevés ou bas, ne viennent plus s'interposer entre la conscience de son cerveau et l'âme. Tous les aspirants sincères connaissent, au cours de leur vie de luttes, de fugitifs moments de cette liberté supérieure. L'avenir dans ses grandes lignes et la vraie nature de la vérité se présentent momentanément à leur conscience, de sorte que la vie, ensuite, n'est plus jamais la même pour eux. Ils ont reçu la garantie que toutes leurs luttes sont justifiées et qu'elles attireront la juste récompense.
Comme il est indiqué dans le tableau déjà présenté, ce qui dissipe l'illusion et la remplace par une perception vraiment spirituelle et infaillible est la contemplation, contemplation nécessairement accomplie par l'âme. Vous saisirez sans doute les phases du développement si vous vous rendez bien compte que le processus de la méditation peut se diviser de la façon suivante :
1. L'aspirant Le sentier de la Probation Concentration Maya
2. Le disciple Le sentier du Discipulat Méditation Mirage
3. L'initié Le Sentier de l'initiation Contemplation Illusion
Ce tableau montre la relation entre le processus de méditation tel qu'il est enseigné par l'Ecole Arcane, et le problème que vous devez tous affronter.
La technique utilisée par l'initié et destinée à dissiper l'illusion est celle de la contemplation. Mais quel intérêt y a-t-il à ce que nous l'examinions si vous n'êtes pas des initiés ? En tirerez-vous quelque profit ? Ne serait-ce pas seulement satisfaire votre curiosité si je vous exposais les processus particuliers employés par l'âme en contemplation, afin de pénétrer et – par un acte de volonté et au moyen de formules de premier rayon – de dissiper l'illusion ? Je n'en vois pas l'intérêt pour vous.
Je terminerai donc mes observations relatives à l'illusion sous l'angle de votre degré d'évolution. Le mirage est votre problème, comme c'est le problème du monde aujourd'hui. Certains d'entre vous dont le corps mental est en voie d'organisation peuvent souffrir quelque peu de l'illusion ; mais votre problème essentiel, comme groupe et comme individus, est celui du mirage.
Votre champ d'expérience quotidienne se trouve sur les niveaux supérieurs du plan astral. Votre tâche est de surmonter le mirage dans votre vie personnelle et comme groupe, et plus tard d'entreprendre la tâche difficile d'aider à dissiper le mirage du monde. Vous deviendrez peut-être capables de le faire si vous vous soumettez à l'entraînement et si, comme individus, vous comprenez et vous maîtrisez vos mirages personnels.
Dès que vous commencerez à le faire, je pourrai vous utiliser en tant que groupe. Mais avant que vous ne puissiez travailler en tant que groupe et coopérer à la dissipation du mirage du monde, il vous faut mieux comprendre et maîtriser les mirages et les illusions de votre personnalité. Le temps est venu pour moi de vous aider à résoudre avec plus de décision le problème du mirage, en vue du service auquel votre groupe est destiné et non pas de votre libération personnelle.
Je vous prie donc de vous mettre au travail avec un courage renouvelé, avec détermination et nouvelle compréhension, afin de poursuivre le travail au cours d'une autre année. Voulez-vous faire tous vos efforts pour accomplir cette tâche ? Car c'est vraiment une tâche.