LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

19. LA CONSCIENCE DE L'ATOME
par ALICE A. BAILEY

Mis sur support informatique sous la responsabilité de l'Association Lucis Trust.


TABLES

SOMMAIRE

PREFACE
PREMIERE CONFERENCE — LE CHAMP DE L'EVOLUTION
DEUXIEME CONFERENCE — L'EVOLUTION DE LA SUBSTANCE
TROISIEME CONFERENCE — L'EVOLUTION DE LA FORME, OU DU GROUPE
QUATRIEME CONFERENCE — L'EVOLUTION DE L HOMME, LE PENSEUR
CINQUIEME CONFERENCE — L'EVOLUTION DE LA CONSCIENCE
SIXIEME CONFERENCE — LE BUT DE L'EVOLUTION
SEPTIEME CONFERENCE — L'EVOLUTION COSMIQUE

PREFACE

Les conférences réunies dans ce volume ont été prononcées à New York au cours de l'hiver 1921. Cette série avait pour but de faire connaître aux auditeurs le témoignage de la science sur les relations de la matière et de la conscience, de leur permettre d'observer que la manifestation de ces relations et de certaines lois fondamentales se répète d'une façon identique à travers une succession d'états d'existence de plus en plus élevés, et de les amener ainsi à saisir l'universalité du processus de l'évolution et son importance actuelle, enfin d'étudier sommairement la nature des états de conscience accrue et de la vie élargie vers laquelle tend toute l'humanité. Ces conférences étaient donc destinées à servir d'introduction à une étude plus détaillée des lois de la vie et du déploiement humain généralement compris sous le terme "d'occultisme".

On remarquera que cette série d'exposés contient un certain nombre de répétitions, car chaque conférence passe rapidement en revue les sujets traités dans celles qui la précèdent. De nouveaux auditeurs assistant à chaque nouvelle conférence, il parut nécessaire de présenter chaque fois un résumé à vol d'oiseau du terrain exploré, et d'expliquer pourquoi certaines positions avaient été prises. Mais cette méthode offrait aussi un autre avantage : elle permettait de fixer dans l'esprit des auditeurs un certain nombre de concepts fondamentaux, nouveaux pour la plupart d'entre eux, et grâce auxquels ils étaient à même de comprendre et de recevoir les développements ultérieurs du thème. En présentant ces entretiens sous forme de volume, il a paru préférable de conserver le texte complet des conférences telles qu'elles furent prononcées.
Ceux qui sont déjà familiarisés avec la sagesse ésotérique peuvent suivre sans difficulté la ligne du raisonnement. Aux autres, en revanche, qui abordent pour la première fois les questions ici débattues, la répétition occasionnelle des points fondamentaux peut faciliter la compréhension du sujet, et c'est surtout à cette catégorie de lecteurs que ce livre s'adresse.

Alice A. BAILEY

Septembre 1922.

LE CHAMP DE L'EVOLUTION


Aucune autre période, dans l'histoire de la pensée, n'a ressemblé tout à fait à la nôtre. Les penseurs du monde entier ont pris conscience de deux choses : d'abord, que la région du mystère n'a jamais été aussi clairement circonscrite qu'aujourd'hui ; ensuite que l'on peut y pénétrer plus facilement qu'autrefois.
Elle peut donc, en conséquence, être amenée à nous livrer certains de ses secrets, si toutes les écoles poursuivent leurs recherches avec ténacité. Les problèmes qui nous affrontent, lorsque nous étudions les faits connus de la vie et de l'existence, peuvent être plus clairement définis qu'à aucune autre poque, et bien que nous ne possédions pas la réponse à nos questions, bien que nous n'ayons pas encore découvert la solution de nos problèmes, bien qu'aucune panacée ne se trouve à portée de notre main pour guérir les maux du monde, le seul fait, cependant, de pouvoir les définir, de pouvoir montrer du doigt la direction dans laquelle se trouve le mystère, et de savoir que la lumière de la science, de la religion et de la philosophie a été répandue sur d'immenses domaines considérés jadis comme des terres enveloppées de mystère, est une garantie de succès pour l'avenir. Nous savons infiniment plus de choses qu'il y a cinq cents ans – exception faite de quelques rares cercles de sages et de mystiques ; nous avons découvert un grand nombre de lois de la nature, bien que nous ne puissions encore les appliquer, de sorte que la connaissance des "choses telles qu'elles sont" (je choisis intentionnellement ces mots), a progressé à pas de géant.

Cependant, la terre du mystère demeure encore en friche, et les problèmes qui se posent à nous sont encore nombreux. Il y a le problème de notre vie individuelle – quelque soit le sens que l'on donne à ce mot ; il y a le problème de ce qu'on appelle, d'une façon générale, le "non-soi", et qui concerne notre corps physique, notre entourage, et nos conditions d'existence ; si nous possédons une tendance à l'introspection, nous nous heurterons aussi au problème de notre ambiance émotive personnelle, c'est-à-dire aux pensées, aux désirs et aux instincts grâce auxquels nous contrôlons l'action. Les problèmes du groupe sont également nombreux. Pourquoi le monde dans son ensemble, doit-il être la proie du dénuement, de la maladie, de la douleur ? Quel est le dessein qui se cache derrière tout ce que nous voyons autour de nous, et quel sera le dénouement des affaires mondiales, considérées dans leur ensemble ?
Quelle est la destinée du genre humain, quelle est son origine, et comment expliquer sa condition actuelle ? Existe-t-il autre chose que cette vie-ci, ou n'y a-t-il rien qui mérite notre intérêt, en dehors du monde visible et matériel ? Ces questions hantent l'esprit de tous les penseurs, à travers les siècles.

Bien des tentatives ont été faites, déjà, pour répondre à ces questions ; en les étudiant de plus près, nous remarquons que les réponses se répartissent en trois catégories et que trois solutions principales sont proposées à notre examen. Ce sont les suivantes :

D'abord, le Réalisme. Cette école porte aussi un autre nom : c'est le matérialisme. Elle enseigne "que le monde extérieur, tel qu'il se projette dans notre conscience, est vrai" ; que les choses sont ce qu'elles semblent être ; que la matière et la force, telles que nous les connaissons, sont la seule réalité, et qu'il est impossible pour l'homme d'aller au-delà de ce qui est tangible. Il doit donc se contenter des faits tels qu'il les connaît, ou tels que la science les lui décrit. Cette méthode de raisonnement est parfaitement légitime mais, pour certains d'entre nous, elle est insuffisante en ce sens qu'elle ne va pas assez loin. En refusant de s'occuper de quoi que ce soit qui ne puisse être éprouvé et démontré, elle s'arrête au moment précis où le chercheur dit : "C'est ainsi, mais pourquoi ?". Elle néglige bien des choses connues et considérées comme étant la vérité par l'homme moyen, bien qu'il soit peut-être incapable de dire pourquoi il les considère comme vraies. Partout les hommes rendent hommage à l'exactitude objective de l'école réaliste et de la science matérialiste, mais en même temps ils sentent d'une façon instinctive qu'il existe, au-dessous de la manifestation démontrable, une force vitale et un dessein cohérent qui ne peuvent être démontrés par les seules lois de la matière.

Deuxièmement, il y a le point de vue auquel convient le mieux, peut-être, le nom de surnaturalisme. L'homme est en train de s'apercevoir que les choses ne sont pas exactement ce qu'elles semblent être et que beaucoup d'entre elles demeurent inexplicables. Il commence à se rendre compte que lui-même n'est pas un simple agrégat d'atomes physiques, un je ne sais quoi de purement matériel et un corps tangible, mais qu'il existe en lui, à l'état latent, une conscience, une puissance, et une nature psychique qui le relie non seulement à tous les autres membres de la famille humaine, mais encore à une puissance extérieure à lui-même qu'il doit à tout prix expliquer. C'est ce qui a conduit, par exemple, à l'évolution du point de vue Chrétien et Juif qui postule un Dieu situé en dehors du système solaire, Qui le créa, tout en lui étant Lui-même extérieur. Ces systèmes de pensée nous enseignent que le monde a été façonné par une Puissance ou un Etre Qui a construit le système solaire, et Qui guide les mondes, gardant notre frêle vie humaine dans le creux de Sa main, et Qui "ordonne avec amour" toutes choses, en vue de quelque fin cachée que nos esprits bornés ne peuvent ni entrevoir, ni à plus forte raison, comprendre. Ceci est le point de vue religieux et surnaturaliste. Il est basé sur la conscience croissante que l'individu prend de lui-même, et sur la reconnaissance de sa propre divinité. Comme le point de vue de l'école réaliste, il n'incarne qu'une vérité partielle et a besoin d'être complété.

La troisième ligne de pensée pourrait être appelée idéaliste. Celle-ci postule la présence d'un processus d'évolution à l'intérieur de toute manifestation et identifie la vie avec le processus cosmique. Il est exactement à l'opposé du matérialisme et place la déité surnaturelle, prêchée par le penseur religieux, dans la position d'une Entité ou Vie Qui évolue à travers et par le moyen de l'univers, de même que l'homme est de la conscience évoluant par l'entremise d'un corps physique objectif.

Dans ces trois points de vue – matérialiste, surnaturaliste et idéaliste – vous avez les trois axes principaux de la pensée, tels qu'ils ont été mis en avant pour expliquer le processus cosmique ; tous trois représentent des vérités partielles ; tous trois, suivis isolément, mènent à l'impasse et aux ténèbres et laissent le mystère central irrésolu. Synthétisés, rapprochés et mélangés, fondus enfin en un tout harmonieux, ils incorporent peut-être (je n'avance ceci qu'à titre d'hypothèse) tout ce qu'un esprit humain peut saisir de la vérité évolutionnaire, au stade d'évolution où nous sommes parvenus.

Nous abordons ici de vastes problèmes et nous touchons peut- être à des choses élevées et sublimes. Nous faisons effraction dans des régions qui sont le domaine réservé de la métaphysique ; et nous nous efforçons de condenser, en quelques brefs entretiens le contenu de toutes les bibliothèques du monde ; nous sommes donc en train de tenter l'impossible. Tout ce que nous puissions faire, c'est examiner brièvement et d'une façon cursive, d'abord un aspect de la vérité, puis un autre. Tout ce que nous puissions accomplir, c'est tracer le schéma des lignes fondamentales de l'évolution, étudier leurs rapports mutuels et leurs relations vis-à-vis de nous-mêmes en tant qu'entités conscientes ; et tenter enfin de fusionner et de synthétiser le peu que nous savons, en attendant qu'une idée générale du processus, considéré dans son ensemble, se dégage et s'éclaire.

Chaque fois que nous énonçons une vérité, nous devons toujours nous rappeler que ce que nous avançons procède d'un point de vue particulier.
Qu'est-ce que la vérité ? Jusqu'à ce que nous ayons développé nos facultés mentales au point de pouvoir penser indifféremment en termes abstraits ou concrets, il nous sera impossible de répondre à cette question, ni même d'exprimer aucun aspect de la vérité sans lui faire subir une déformation grave.
Certains ont un horizon plus large que d'autres, et certains peuvent voir l'unité qui se cache derrière les aspects dissemblables. D'autres sont enclins à croire que leurs vues et leurs interprétations sont les seules valables.  J'espère élargir tant soit peu ce point de vue au cours de ces entretiens. J'espère aussi arriver à faire comprendre que l'homme qui ne s'intéresse qu'à l'aspect scientifique des problèmes, et qui se confine aux manifestations purement matérielles, se consacre tout autant à l'étude du divin que son frère purement religieux qui ne se préoccupe que du côté spirituel ; et que le philosophe, en fin de compte, travaille à mettre en évidence la signification profonde de l'intelligence qui sert de lien entre les aspects matériel et spirituel et les fond en un tout cohérent. Peut-être, par l'union des trois lignes de la science, de la religion et de la philosophie, pourrons nous parvenir à acquérir une connaissance pratique de la vérité telle qu'elle est, sans oublier, en même temps, que "la vérité est en nous". L'expression de la vérité énoncée par un seul homme n'est jamais son expression totale, et le seul objet de la pensée est de nous permettre de travailler sur le plan mental, d'une façon constructive pour nous-mêmes.

Je voudrais, ce soir, vous exposer mon plan d'ensemble, poser les fondements de nos futurs entretiens, et aborder les lignes principales de l'évolution. La ligne la plus apparente est, nécessairement, celle qui traite de l'évolution de la substance, avec l'étude de l'atome et de la nature de la matière atomique. Ce sera l'objet de notre prochain entretien. La science a beaucoup à nous apprendre sur l'évolution de l'atome, elle s'est considérablement éloignée, depuis cinquante ans, du point de vue adopté au cours du siècle dernier. Au XIXème siècle, l'atome a été considéré comme une unité indivisible de la substance ; maintenant, on y voit un centre d'énergie, une force électrique.
L'évolution de la substance nous conduira tout naturellement à l'évolution des formes, ou agrégats d'atomes, et alors s'ouvrira à notre regard l'étude passionnante des formes autres que celles ayant un caractère purement matériel – des formes faites d'une substance plus subtile, telles que les formes de la pensée, des races et des organisations. Dans cette double étude, nous mettrons en évidence une des formes de la déité que vous pourrez appeler, à votre choix, soit la "déité" elle-même, soit l'une des manifestations de la nature, si vous préférez cette expression moins sectaire.
Nous serons alors amenés à considérer l'évolution de l'intelligence, ou du facteur de l'esprit qui travaille en tant que dessein ordonné dans tout ce que nous voyons autour de nous. Ceci nous révélera un monde qui ne suit pas aveuglément son chemin, mais derrière lequel on décèle un plan, un schéma coordonné, un concept organisé en train de se réaliser à travers la forme matérielle. Une des raisons pour lesquelles les choses nous paraissent si difficiles à comprendre provient de ce que nous sommes au milieu d'une période de transition, et que le plan, en tant que tel, est encore imparfait ; nous sommes encore trop près du mécanisme et faisons nous-mêmes partie du tout.
Nous en apercevons tantôt une partie tantôt une autre, mais la grandeur majestueuse de l'idée ne nous est pas totalement visible. Nous pouvons avoir une vision, nous pouvons avoir un moment de suprême révélation mais, quand nous entrons en contact avec la réalité, nous nous demandons s'il est possible que l'idéal se matérialise, tant la forme tangible et la force qui l'utilise semblent mal ajustées et privées de toute relation intelligente.

La reconnaissance du facteur de l'intelligence nous mènera inévitablement à la contemplation de l'évolution de la conscience sous ses formes innombrables, en partant des types de conscience que nous considérons comme sub-humains, pour aboutir, à travers l'humain, à cette conscience surhumaine qui, bien qu'indémontrable, peut être logiquement postulée. La question qui se posera alors sera la suivante : qu'y a-t-il derrière tous ces facteurs ? Y a-t-il, derrière la forme objective et l'intelligence qui l'anime, une évolution qui corresponde à la faculté du "moi", à l' "Ego" humain ? Y a-t-il, dans la nature et dans tout ce qui nous entoure, le dessein d'un Etre individualisé et conscient ?
Si un tel Etre, une telle existence fondamentale existe, nous devrions pouvoir déceler quelque trace de Ses activités intelligentes et observer la maturation de Ses plans. Même si nous ne pouvons prouver l'existence de Dieu, et même si nous ne pouvons affirmer que la Déité existe, il est au moins possible de dire que l'hypothèse de son existence est une hypothèse raisonnable, une suggestion rationnelle, et la solution possible de tous les mystères que nous voyons autour de nous. Mais, pour pouvoir le faire, il nous faut démontrer qu'il existe un dessein intelligent travaillant à travers des formes de toutes sortes, à travers les races et les nations, à travers toutes les manifestations visibles de la civilisation moderne ; il nous faudra démontrer les démarches de ce dessein et la croissance de ce plan, et cette démonstration nous aidera peut-être à voir ce qui nous attend dans les stades futurs.

Considérons un instant ce que signifient ces mots : "le processus évolutionnaire" : Ce sont là des termes que l'on emploie couramment et l'homme moyen sait parfaitement que le mot "évolution" suggère un déploiement du dedans vers le dehors, un déroulement qui part d'un centre intérieur, mais il nous faut définir cette idée plus clairement afin d'en obtenir une conception plus juste. Une des meilleures définitions que j'ai rencontrée décrit l'évolution comme "le déploiement d'un pouvoir de réponse toujours croissant". Nous avons ici une définition des plus lumineuses, si nous considérons l'aspect matériel des choses. Elle inclut la conception de la vibration et de la réponse à cette vibration ; et, bien qu'il nous faille écarter plus tard le terme de matière pour employer une image plus suggestive comme celle de "centre de force", par exemple, le concept n'en subsiste pas moins, car la réponse de ce centre à la stimulation extérieure n'en est que plus visible encore. Cette même définition conserve toute sa valeur lorsque nous l'appliquons à la conscience humaine. Elle inclut l'idée d'une compréhension toujours croissante, du développement de la réponse de la vie subjective à son milieu ambiant, et elle nous conduit, toujours en montant, vers l'Idéal d'une Existence unifiée formant la synthèse de toutes les lignes de l'évolution et à la conception d'une Vie centrale, ou force, qui fond et lie ensemble toutes les unités évoluantes, que ce soit des unités de matière comme l'atome du chimiste et du physicien, ou des unités de conscience comme les êtres humains. Telle est l'évolution, le processus qui déploie la vie à l'intérieur de toutes ses unités, la poussée développante qui finit par fondre toutes les unités et tous les groupes, jusqu'à ce que l'on parvienne à cette somme totale des manifestations que l'on peut appeler la Nature, ou Dieu, et qui est l'agrégat de tous les états de conscience. Ceci est le Dieu auquel le Chrétien se réfère lorsqu'il dit :

"Car en lui nous avons la vie, le mouvement et l'être". Ceci est la force ou énergie qu'admet l'homme de science ; ceci est aussi le mental universel, ou la "grande âme" du philosophe. Et ceci encore est la Volonté intelligente qui contrôle, formule, lie, construit, développe et amène tout à son ultime perfection. Ceci est la Perfection inhérente à la matière elle-même et la tendance latente dans l'atome, dans l'homme et dans tout ce qui est. Cette interprétation du processus de l'évolution ne considère pas celui-ci comme l'opération d'une Déité extrinsèque, déversant Son énergie et Sa sagesse sur un monde inerte et expectant, mais plutôt comme une chose immanente au monde lui-même, qui gît cachée au centre de l'atome, au cœur de l'homme, dans la planète et dans le système solaire. C'est quelque chose qui mène et pousse tout vers un but, c'est la force qui fait émerger graduellement l'ordre du chaos ; le bien, du mal apparent ; la perfection finale, de l'imperfection temporaire ; et, hors des ténèbres et du désastre, ce que nous reconnaîtrons un jour comme étant beau, bon et vrai. C'est tout ce dont nous avons eu la vision et ce que nous avons conçu à nos heures les meilleures et les plus élevées.

L'évolution a aussi été définie : "un développement cyclique", et cette définition me fait arriver à une pensée que je désire vous voir comprendre très clairement. La nature se répète incessamment, jusqu'à ce que certaines fins aient été atteintes, certains résultats concrets réalisés et certaines réponses faites à la vibration. C'est par la reconnaissance de ces choses que nous pouvons démontrer le dessein intelligent de l'Existence immanente. La méthode par laquelle ces choses se réalisent est la discrimination, c'est-à-dire le choix intelligent. Il y a, dans les manuels des différentes écoles, beaucoup de mots dont on se sert pour exprimer la même idée générale, comme la "sélection naturelle", ou "l'attraction et la répulsion". Je voudrais, si possible, éviter les termes techniques, parce qu'une école de pensée s'en sert pour exprimer une chose, et une autre école, une chose différente. Si nous pouvions trouver un mot d'une signification semblable, mais cependant libre de toute attache avec aucune ligne de pensée précise, nous pourrions jeter une clarté nouvelle sur le problème qui nous intéresse. L'attraction et la répulsion dans le système solaire ne sont que la faculté discriminative de l'atome ou de l'homme opérant dans les planètes et dans le soleil. On la trouve dans toutes les espèces d'atomes ; nous pouvons l'appeler "adaptation", si nous voulons, c'est-à-dire le pouvoir, dévolu à l'unité, de croître et de s'adapter à son milieu, par le rejet de certains facteurs et l'adoption d'autres. Elle se manifeste chez l'homme sous forme de libre arbitre ou pouvoir de choisir, et chez l'homme spirituel elle prend l'aspect de la tendance au sacrifice, car l'homme choisit alors la ligne d'action particulière qui bénéficie au groupe auquel il appartient et rejette ce qui est purement égoïste.

Nous pourrions, enfin, définir l'évolution comme étant le changement ordonné et la mutation constante. Elle se décèle dans l'activité incessante de l'unité ou de l'atome, par l'action mutuelle des groupes les uns sur les autres et par le jeu perpétuel d'une force, ou type d'énergie, avec une autre force.

Nous avons vu que l'évolution, que ce soit celle de la matière, de l'intelligence, de la conscience ou de l'esprit, consiste en un pouvoir toujours croissant de réponse à la vibration, qu'elle progresse par le moyen de changements incessants, par l'application d'une ligne de conduite sélective, c'est-à-dire par l'usage de la faculté de discrimination ou par la méthode du développement cyclique, ou répétition. Les stades de l'évolution peuvent être ramenés à trois, et correspondent aux trois âges de la vie humaine : l'enfance, l'adolescence et l'âge mûr. Là où il s'agit de l'homme, nous retrouvons la trace de ces stades dans l'unité humaine ou dans la race et, au fur et à mesure que les civilisations se développeront, il deviendra sûrement possible de retrouver la même triple idée dans la famille humaine, prise dans son ensemble, ce qui permettra d'affirmer l'existence de l'objectif divin, par l'étude de Son image, ou reflet, qui est l'HOMME.

Nous pourrions exprimer ces trois stades en termes plus scientifiques, et les rattacher aux trois écoles de pensée mentionnées plus haut, en les étudiant sous la forme suivante :

a. Le stade de l'énergie atomique.
b. Le stade de la cohérence du groupe.
c. Le stade de l'existence unifiée, ou synthétique.

Voyons si je puis vous rendre clairement ma pensée. Le stade de l'énergie atomique est celui qui concerne le côté matériel de la vie ; il correspond à la période de l'enfance, dans la vie d'un homme ou d'une race. C'est l'époque du réalisme et de l'activité intense, du développement obtenu avant tout par l'action, et de l'intérêt entièrement centré sur soi-même. Cette phase engendre le point de vue matérialiste et mène inévitablement à l'égoïsme. Elle considère l'atome comme totalement contenu en lui-même et, de même, elle voit dans l'être humain une entité séparée n'ayant aucune espèce de relation avec les autres. Ce stade se manifeste dans les races peu évoluées, dans les enfants en bas âge et chez les individus peu développés. Ils sont normalement centrés sur eux-mêmes ; leurs énergies ne s'intéressent qu'à leur propre vie ; ils ne se préoccupent que de ce qui est objectif et tangible et sont caractérisés par un égoïsme nécessaire qui leur sert de protection. C'est un stade indispensable au développement et à la perpétuation de la race.

A cette période égoïste et atomique succède bientôt une seconde phase : celle de la cohérence du groupe. Celle-ci comporte la construction de formes et d'espèces et aboutit à la création de groupements cohérents, formant eux-mêmes un tout, bien que composés d'un grand nombre d'individualités et de formes. Cette phase correspond à l'éveil du sens de la responsabilité chez l'être humain et à sa reconnaissance de la place qu'il occupe au sein du groupe. Elle nécessite, chez l'homme, la capacité de concevoir une vie plus grande que la sienne, soit qu'il l'appelle Dieu, soit qu'il la considère simplement comme la vie du groupe à laquelle il appartient en tant qu'unité, cette grande Identité dont nous formons une partie. Cette phase correspond à l'école de pensée que nous appelions surnaturaliste et, avec le temps, une conception plus vraie et plus large devra lui succéder. Comme nous l'avons déjà vu, le premier stade atomique se développe par le moyen de l'égoïsme ; c'est le moment où la vie de l'atome est centrée sur lui-même (qu'il s'agisse d'un atome matériel ou d'un atome humain) ; le second stade accède à la perfection par le sacrifice de l'unité au bien de la collectivité, et de l'atome au groupe où il a pris place. Jusqu'ici nous savons encore peu de choses de ce stade ; il représente un état dont nous avons la vision et dont nous attendons la venue.

Le troisième stade est encore plongé dans un avenir lointain et peut être considéré par beaucoup comme une pure chimère. Mais certains d'entre nous en ont une vision qui, même irréalisable à présent, n'en est pas moins accessible, si nos prémisses sont correctes et nos fondations bien posées. C'est celle de l'existence unifiée. Il n'y aura pas seulement des unités de conscience séparées ; il n'y aura pas seulement des atomes différenciés à l'intérieur de la forme, il n'y aura pas seulement le groupe composé d'une foule d'identités, mais nous aurons l'agrégation de toutes les formes, de tous les groupes et de tous les états de conscience, fondus, unifiés et synthétisés en un tout parfait. Ce tout, vous pouvez l'appeler le système solaire, vous pouvez l'appeler la nature, vous pouvez l'appeler Dieu. Les noms importent peu. Il correspond à l'âge adulte chez l'homme ; il est analogue à cette période de maturité et à cette époque dans la vie d'un homme où il est censé avoir un dessein arrêté et un travail défini, ainsi qu'un plan de vie clairement tracé qu'il s'efforce de réaliser avec l'aide de son intelligence. Au cours de ces entretiens, je voudrais montrer, si je le puis, que quelque chose de semblable se passe dans le système solaire, dans la planète, dans la famille humaine et dans l'atome. Je pense pouvoir prouver qu'il existe une intelligence sous-jacente à tout ; et que de la séparation viendra l'union, obtenue par la fusion et l'amalgame des entités isolées, c'est-à-dire par la formation des groupes, et que plus tard, de tous ces groupes, émergera le tout unique, parfait et pleinement conscient, composé d'une myriade d'entités séparées, animées par un seul dessein et une seule volonté. S'il en est ainsi, quelle est la prochaine étape que doivent accomplir ceux qui comprennent ces choses ? Comment appliquer pratiquement cet idéal à nos propres vies et fixer notre devoir immédiat, de sorte que nous puissions participer au plan et favoriser consciemment sa réalisation ? Nous avons notre part minuscule à jouer dans le processus cosmique, et chaque jour devrait voir chacun d'entre nous en train de l'accomplir avec une intelligente compréhension.

Notre premier but devrait être, assurément, de nous réaliser nous-mêmes par l'usage de la discrimination ; nous devons apprendre à penser clairement par nous-mêmes, à formuler nos propres idées et à devenir maîtres de nos processus mentaux ; nous devons apprendre à savoir ce que nous pensons et pourquoi nous le pensons, afin de découvrir le sens de la conscience du groupe, à travers l'étude de la loi du sacrifice. Non seulement nous devons nous trouver nous-mêmes à travers le stade enfantin de l'égoïsme (et sûrement nous avons déjà dépassé ce stade), non seulement nous devons apprendre à distinguer le réel de l'irréel, par l'usage de la discrimination, mais nous devons, en outre, nous efforcer de passer de ce stade à un niveau plus élevé. Pour nous, le but immédiat doit consister à découvrir le groupe auquel nous appartenons.
Nous ne faisons pas partie de tous les groupes et nous ne pouvons pas nous rendre clairement compte de notre place dans le grand Corps unique, mais nous pouvons trouver un groupe où nous ayons une place, un corps d'êtres avec lesquels nous puissions coopérer, un frère ou des frères que nous puissions secourir et assister.

Ceci exige déjà la vision consciente du contact et de la fraternité idéale et – jusqu'à ce que nous soyons suffisamment évolués pour atteindre le stade où notre concept deviendra universel – ceci veut dire qu'il nous faut trouver le groupe particulier de frères que nous puissions aimer et aider par le moyen de la loi du sacrifice et par la transmutation de l'égoïsme en service désintéressé.
Nous pourrons, par ce moyen, coopérer au plan général et participer consciemment à la mission du groupe.

L'EVOLUTION DE LA SUBSTANCE


Il est évidemment impossible de traiter d'une façon adéquate ce sujet immense dans une série de conférences comme celle-ci, même si je possédais tout l'équipement requis pour vous entretenir d'une question scientifique aussi fondamentale. Le sujet serait trop vaste, même si les conclusions de la science concernant l'évolution de la matière étaient définitives. Or elles ne le sont pas, d'où la complexité extrême du sujet. C'est pourquoi je tiens à commencer mes observations en soulignant que mon but est de parler surtout pour ceux qui n'ont aucune formation scientifique, afin de leur donner une notion des idées communément acceptées ; j'essaierai ensuite d'émettre quelques hypothèses susceptibles de nous aider à ajuster notre pensée à ce grand problème de la matière. Jusqu'alors, lorsque l'on a étudié l'aspect matériel des manifestations, on l'a fait comme une chose à part et c'est seulement récemment que l'on a proposé à l'esprit du public ce que je pourrais appeler la "psychologie de la matière", en se basant sur les expériences et les conclusions des hommes de science doués des vues les plus larges.

Vous vous souvenez que, la semaine dernière, j'ai tenté de vous montrer, à grands traits, qu'il y a trois lignes d'approche dans l'étude de l'univers. Il y a la ligne qui n'étudie que l'aspect matériel et se limite à ce qui peut être vu, touché et prouvé. La seconde ligne est le surnaturalisme qui reconnaît moins l'aspect matériel que le côté divin. Elle s'occupe de l'esprit, considère la Vie comme un pouvoir extérieur au système solaire et à l'homme, et affirme que ce pouvoir est un grand agent créateur Qui crée et guide l'univers objectif, tout en lui demeurant étranger. Ces deux lignes de pensée sont soutenues par l'homme de science purement matérialiste, le Chrétien orthodoxe et le déiste, à quelque foi qu'il appartienne.
J'ai indiqué aussi une troisième ligne d'approche au problème, que j'ai appelée idéaliste. Celle-ci admet la forme matérielle, mais voit aussi la vie qui est en elle, et affirme l'existence d'une Conscience ou Intelligence qui évolue par le moyen de cette forme extérieure. Vous verrez, je pense, que c'est cette ligne que je commenterai et soulignerai au cours de ces conférences. Nul n'est capable, en fin de compte, de se dissocier entièrement de son propre point de vue et, dans ces entretiens, je me suis assigné la tâche de suivre cette troisième ligne parce qu'elle synthétise à mes yeux les deux premières et y ajoute un certain nombre de concepts qui forment un tout cohérent quand on les fond avec les deux premiers. A vous de décider si ce troisième point de vue est logique, raisonnable et clair.

Pour nous tous, le fait le plus commun de la vie est l'existence du monde matériel – ce monde que nous pouvons voir et appréhender par nos cinq sens et qui est appelé, par les métaphysiciens, le "non-soi", c'est-à-dire ce qui est objectif pour chacun d'entre nous. Comme nous le savons, le travail du chimiste consiste à réduire toutes les substances connues à leurs plus simples éléments et, tout récemment encore, on croyait que cette tâche avait été victorieusement accomplie. Selon les conclusions du chimiste, le nombre des éléments connus s'élevait entre 70 et 80. Mais il y a vingt ans environ (1898), on découvrit un élément nouveau, le radium, et cette découverte bouleversa entièrement les conceptions universellement admises de la matière et de la substance. Si vous consultez les manuels du siècle dernier, ou si vous parcourez les vieux dictionnaires, par exemple, pour y chercher une définition de l'atome, vous trouverez généralement citée la formule de Newton. Il définit l'atome comme étant "une particule dure, indivisible et ultime", une chose qu'on ne peut subdiviser à son tour. L'atome fut considéré comme la plus petite unité de matière existante et fut appelé "la pierre fondamentale de tout l'univers" par les savants de l'ère victorienne. Ceux-ci pensaient être allés aussi loin que possible et croyaient avoir découvert ce qui se trouve à la base de tous les phénomènes et du monde objectif lui-même. Mais lorsqu'on découvrit le radium et les autres substances radioactives, la situation se trouva transformée de fond en comble. Il devint manifeste que ce qu'on avait considéré jusqu'ici comme la particule ultime ne l'était nullement. Aujourd'hui nous avons la définition suivante de l'atome (je la cite d'après le Standard Dictionary) :

"Un atome est un centre de force, la phase d'un phénomène électrique un foyer d'énergie ; il est actif, en vertu de sa propre structure, et dégage de l'énergie, ou de la chaleur, ou des radiations."

L'atome est donc – comme le prévoyait déjà Lord Kelvin en 1867 – un "tourbillon circulaire", ou centre de force, et non une particule de ce que nous considérons comme de la substance tangible. Cette particule ultime de la matière, nous savons aujourd'hui qu'elle se compose d'un noyau d'énergie positive entouré – comme le soleil l'est de ses planètes – par un certain nombre d'électrons ou corpuscules négatifs, ce qui divise l'atome de l'ancienne science en un certain nombre de corps plus petits. Ces éléments diffèrent selon le nombre et la disposition des électrons négatifs, tournant autour de leur noyau positif, et ils gravitent autour de cette charge centrale d'électricité, tout comme notre système planétaire gravite autour du soleil. Dans un livre récent, le professeur Soddy a souligné que l'on peut voir dans l'atome un système solaire complet – on peut y reconnaître le soleil central et les planètes décrivant leur orbite autour de lui.

Il devient alors évident, pour chacun de nous, que dès que l'on admet cette définition de l'atome on se trouve en face d'une conception de la matière entièrement nouvelle. Toute affirmation dogmatique serait déplacée, car il est fort possible qu'une découverte prochaine nous apprenne que les électrons eux-mêmes sont des mondes à l'intérieur de mondes. Nous trouvons, dans l'ouvrage d'un de nos penseurs scientifiques, une spéculation intéressante concernant cette question. L'auteur y suggère qu'il serait peut-être possible de diviser et de subdiviser l'électron lui-même en ce qu'il nomme des "psychons", ce qui nous introduirait dans des régions qui ne sont pas considérées actuellement comme appartenant au monde physique. Ceci peut n'être qu'un rêve, mais ce que je cherche à imprimer dans mon esprit, comme dans le vôtre, c'est que nous savons à peine où nous nous trouvons dans la pensée scientifique, de même que dans les mondes religieux et économique. Tout est en pleine transformation ; le vieil ordre change ; l'ancienne façon de considérer les choses est en train de s'avérer fausse ou inadéquate ; les vieilles expressions de la pensée semblent futiles. Tout ce que l'homme sage peut faire aujourd'hui est de réserver sa pensée, de s'efforcer de découvrir par lui-même ce qui lui paraît être la vérité, et de synthétiser enfin cet aspect particulier de la vérité universelle avec celui qui a été adopté par son frère.

L'atome, donc, peut être défini comme se résolvant en électrons, et peut être exprimé en symboles de force ou d'énergie. Quand vous avez un centre d'énergie ou d'activité, vous êtes en présence d'un double phénomène : vous avez, d'une part, le mouvement ou énergie et, d'autre part, ce qui est mû par cette énergie. Ceci nous introduit directement dans le domaine de la psychologie, parce que l'énergie ou la force est toujours considérée comme une qualité, et là où vous êtes en présence de la qualité, vous êtes, en réalité, en train d'examiner ce qui appartient au domaine des phénomènes psychiques.

Quand on considère la substance, on use constamment de certains termes dont la définition varie énormément. En feuilletant la semaine dernière un livre scientifique, je fus découragée de voir signaler par l'auteur que les atomes du chimiste, du physicien, du mathématicien et du métaphysicien étaient quatre choses entièrement différentes. C'est là une raison supplémentaire de ne pas émettre d'affirmations dogmatiques quand on étudie ces questions. Néanmoins, à tort ou à raison, j'ai une hypothèse très précise à vous soumettre. Quand nous parlons de radium, nous nous hasardons très probablement dans le domaine de la substance éthérique, dans la région de l'éther ou du protyle. Le protyle est un mot forgé par Sir William Crookes et voici la définition qu'il en donne :

"Protyle est un mot analogue à protoplasme, destiné à exprimer la matière première originelle, telle qu'elle existe antérieurement à l'évolution de ses éléments chimiques. Le mot dont j'ai tenté de me servir pour cela est composé d'un mot grec qui signifie "antérieur à", et d'un autre mot qui veut dire "la substance dont les choses sont faites".

Nous sommes, par conséquent, en train de replacer la notion de matière là où l'école orientale l'a toujours située ; nous revenons à ce que l'orientaliste appelle : "l'éther primordial", bien qu'il ne faille jamais oublier que l'éther de la science est à une distance considérable de l'éther primordial de l'occultisme oriental. Nous sommes ramenés à ce je ne sais quoi d'intangible qui sert de base aux phénomènes objectifs que vous et moi pouvons voir, toucher et manipuler.
Le mot "substance", lui-même, signifie "ce qui se tient au-dessous", ou ce qui gît derrière les choses. Tout ce que nous pouvons affirmer, en ce qui concerne l'éther de l'espace est, par conséquent, qu'il est le moyen par lequel l'énergie, ou force, agit ou se fait sentir. Quand nous parlons dans ces entretiens d'énergie ou de force, de matière et de substance, nous pouvons les classer dans notre esprit de la façon suivante : quand nous parlons de l'énergie et de la substance, nous considérons ce qui est encore intangible, et nous usons du mot force en corrélation avec la matière lorsque nous voulons parler de cet aspect du monde objectif qu'étudient les hommes de science. La substance est l'éther sous l'un de ses multiples degrés ; elle est ce qui se trouve derrière la matière elle-même.

Quand nous parlons de l'énergie, nous devons distinguer l'objet mis en mouvement, la source de l'énergie, et l'origine de cette force qui se manifeste à travers la matière. Je tiens à souligner particulièrement ce dernier point. Qu'est ce que l'énergie ? D'où vient-elle ?

Les savants affirment, d'une façon toujours plus claire, que l'atome est doué de qualités, et il serait intéressant de relever, dans les divers livres scientifiques traitant de la matière atomique, parmi les termes nombreux et variés appliqués à ces qualités, ceux qui pourraient être également appliqués à l'homme. C'est ce que j'ai tenté de faire, sur une très petite échelle et j'en ai recueilli un certain nombre de constatations qui jettent une vive clarté sur ces questions.

 Tout d'abord, comme nous le savons, on parle de l'atome comme d'une chose douée d'énergie et du pouvoir de passer d'un mode d'activité à un autre.
Un auteur a remarqué "que l'intelligence absolue tressaille dans chaque atome de l'univers". A ce sujet, je voudrais vous citer l'interview qu'Edison a publiée dans le Harpers Magazine de février 1890, et les commentaires qu'il y a ajoutés dans le Scientific American d'octobre 1920.

Voici les paroles d'Edison, telles qu'elles sont reproduites dans le texte le plus ancien :

"Je ne crois pas que la matière soit inerte, et soit mue par une force extérieure à elle-même. A mes yeux, chaque atome est doué d'une certaine quantité d'intelligence primitive. Regardez les mille manières dont les atomes d'hydrogène se combinent avec ceux des autres éléments, pour former les substances les plus diverses. Croyez-vous vraiment qu'ils agissent ainsi sans intelligence ? Les atomes, groupés suivant des rapports utiles et harmonieux, prennent des formes et des couleurs belles et intéressantes, comme s'ils exprimaient leur satisfaction... Rassemblés selon certaines formes, les atomes constituent des animaux de l'ordre inférieur. Finalement, ils se combinent pour former l'homme, qui représente l'intelligence totale de tous les atomes".

-Mais d'où provient, originairement, cette intelligence ? demanda son interlocuteur.
-De quelque pouvoir plus grand que nous-mêmes, répondit Edison.
-Croyez-vous donc en un Créateur intelligent, en un Dieu personnel ?
-Certainement. A mon avis, l'existence d'un Dieu de ce genre peut être prouvée par la chimie."

Dans la longue interview citée l'année dernière dans le Scientific American,
Edison émit un certain nombre d'hypothèses des plus intéressantes, parmi lesquelles je glanerai les suivantes :

1.
La vie, comme la matière, est indestructible.
2.
Nos corps sont composés de myriades d'entités infinitésimales, dont chacune est, en elle-même, une unité de vie, de même que l'atome est composé de myriades d'électrons.
3.
L'être humain agit comme un assemblage, plutôt que comme une unité ; le corps et le mental expriment le vote ou la voix des entités de vie.
4.
Les entités de vie s'édifient suivant un plan. Si une partie de l'organisme vital est mutilée, elles le reconstruisent tel qu'il était auparavant.
5.
La science reconnaît qu'il est difficile de tirer une ligne de démarcation précise entre l'animé et l'inanimé ; peut-être les entités de vie étendent-elles leur activité aux cristaux et aux matières chimiques.
6.
Les entités de vie sont immortelles, de sorte que, sur ce point au moins, la vie éternelle que beaucoup d'entre nous espèrent, est une réalité.
Dans un discours prononcé par Sir Clifford Allbut, président de la British Medical Association, et reproduit dans le Literary Digest du 26 février 1921, celui-ci parle de la faculté que possède le microbe de choisir et de repousser, et il remarque incidemment :

"Quand le microbe se trouve dans le corps de l'hôte, il peut être en complet désaccord ou en complet accord avec les cellules dont il s'approche ; dans l'un comme dans l'autre cas, il ne se produira vraisemblablement aucun phénomène morbide. Ces phénomènes morbides se trouveraient entre le microbe et les cellules, à sa portée, mais non en accord avec lui. Nous avons toute raison de croire qu'un microbe, en s'approchant d'une cellule, s'efforcera, d'une façon ou d'une autre, de s'y agripper. S'il y parvient, le microbe, d'abord inoffensif, deviendra nocif. D'autre part, les cellules peuvent apprendre à vibrer à l'unisson d'un microbe autrefois dissonant ; ou bien il peut y avoir un échange mutuel et une co-adaptation."

Mais s'il en est ainsi, nous nous trouvons placés devant une faculté merveilleuse et d'une portée insondable : la faculté de choisir, et celle-ci monte des bas-fonds de la biologie vers les sommets – faculté formative, "autodétermination", ou, si vous préférez,"pensée".

En 1895, Sir William Crookes, l'un de nos plus grands savants, prononça une intéressante conférence devant un corps de chimistes anglais, dans laquelle il parla de la faculté que possède l'atome de choisir sa propre voie, de sélectionner et de rejeter ; il montra ensuite qu'on peut suivre la sélection naturelle à travers toutes les formes de la vie, depuis l'atome considéré comme une particule ultime, jusqu'aux formes les plus élevées de l'être.

Dans un autre article scientifique, l'auteur prétend que l'atome est susceptible d'éprouver, en outre, des sensations.

"La discussion ouverte récemment sur la nature des atomes, que nous devons considérer comme étant, sous une forme ou une autre, les facteurs ultimes de tous les processus physiques ou chimiques, semble pouvoir être aisément résolue si l'on admet que ces masses infiniment petites possèdent – en tant que centres de force – une âme persistante, et que chaque atome est doué de sensation et de mouvement."

Tyndall, de son côté, a également remarqué que même les atomes semblent instinctivement doués "du désir de vivre".

Si vous prenez ces différentes qualités de l'atome – l'énergie, l'intelligence, la faculté de sélectionner et de rejeter, d'attirer et de repousser, la sensation, le mouvement et le désir – vous obtiendrez quelque chose de très semblable à la psychologie de l'être humain, sauf que ces phénomènes opèrent dans un rayon plus étroit et sont d'un degré plus restreint. Ne sommes-nous pas ramenés, de ce fait, à ce que nous pourrions appeler la "psyché de l'atome" ?
Nous avons vu que l'atome est une entité vivante, un petit monde vibrant ; que nous pouvons déceler d'autres vies à l'intérieur de sa petite sphère 'influence, et ceci tout à fait dans le sens où nous disons d'un être humain qu'il est une entité, ou un noyau positif de force vitale, tenant à l'intérieur de sa sphère d'influence d'autres vies plus petites, c'est-à-dire les cellules de nos corps. Ce que l'on dit de nous peut se dire, à un degré inférieur, de l'atome.

Etendons encore un peu plus loin notre conception de l'atome et effleurons ce qui, étant peut-être la cause fondamentale des problèmes mondiaux, peut contenir aussi leur solution. La conception de l'atome, considérée comme une démonstration positive d'énergie, tenant dans sa zone d'activité son pôle opposé, peut être étendue, non seulement à tous les types d'atomes, mais aussi à l'être humain. Nous pouvons considérer chaque unité de la famille humaine comme un atome humain, car l'homme est simplement le plus grand atome. Il est le centre d'une force positive, tenant à l'intérieur de sa sphère d'influence les cellules de son corps ; il fait preuve de discrimination, d'intelligence et d'énergie. La différence n'est qu'une différence de degré. Il est doué d'une conscience plus vaste et sa vibration est d'une amplitude plus grande que celle du petit atome du chimiste.

Nous pourrions étendre cette idée plus loin encore et considérer la planète comme un atome. Peut-être y a-t-il dans la planète une vie qui retient la substance de la sphère et toutes les formes de vie qui se trouvent sur elle, pour en faire un tout cohérent, doté d'une zone spécifique d'influence. Ceci peut sembler une spéculation osée. Toutefois, en procédant par analogie, rien ne nous empêche de croire qu'il y ait peut-être, dans la sphère planétaire, une Entité dont la conscience est aussi éloignée de celle de l'homme que celle-ci l'est de la conscience de l'atome chimique.

Cette pensée peut être poussée plus loin encore, jusqu'à inclure l'atome du système solaire. Là, au cœur du système solaire, vous avez le soleil, centre positif d'énergie, tenant les planètes dans sa sphère d'influence. Si vous avez de l'intelligence dans l'atome ; si vous avez de l'intelligence dans l'être humain ; si vous avez, dans la planète, une Intelligence contrôlant toutes ses fonctions, n'est-il pas logique de généraliser cette idée et d'affirmer l'existence d'une Intelligence plus vaste encore, derrière ce plus grand atome qu'est le système solaire ?

Ceci nous mène, en fin de compte, au point de vue qui a toujours été celui du monde religieux : celui de l'existence de Dieu ou Etre divin. Là où le chrétien orthodoxe dirait avec respect : Dieu, l'homme de science dit, avec non moins de respect : Energie. Pourtant, tous deux veulent dire la même chose. Là où le maître idéaliste parle du "Dieu intérieur" à la forme humaine, d'autres, avec une précision identique, parlent de la "faculté énergisante" de l'homme, le poussant à se livrer à une activité d'ordre physique, émotionnel ou mental.

Nous pouvons déceler partout des centres de force, et cette idée peut être étendue d'un centre de force semblable à celui de l'atome chimique, jusqu'à l'homme, en montant à travers les différents degrés et les différents groupes de ces centres intelligents, pour aboutir, enfin, à la Vie qui se manifeste à travers le système entier. Saint Paul a sans doute pensé à quelque chose d'analogue, lorsqu'il a parlé de l'Homme céleste. Par le "Corps du Christ", il veut dire, sûrement, toutes les unités de la famille humaine contenues dans Sa sphère d'influence et qui constituent Son corps, de même que l'agrégat des cellules physiques forme le corps physique de l'homme. Il est nécessaire, à notre époque d'agitation religieuse, de démontrer que les vérités fondamentales du Christianisme sont des vérités scientifiques. Il nous faut rendre la religion scientifique.

Il y a un très intéressant texte sanscrit, vieux de plusieurs milliers d'années,que je vais tenter de vous citer. Il dit :

"Toute forme sur terre, et tout point (atome) de l'espace, s'efforcent vers l'auto formation et cherchent à suivre le modèle qui leur est proposé dans l'Homme céleste.
L'involution et l'évolution de l'atome ont un seul et même objet : l'homme".

Remarquez-vous quelle vaste espérance nous ouvre cette conception des choses ? Il n'y a pas un seul atome de matière, doué d'intelligence latente, de discrimination, et de pouvoir sélectif, qui n'atteigne, au cours des éons, le stade de conscience plus avancé que nous appelons l'homme. Sûrement, dans ce cas, nous pouvons supposer aussi que l'atome humain progresse vers quelque chose de plus conscient que lui, et atteindra un jour le stade de développement de ces grandes Entités dont les corps sont les atomes planétaires ; et Ceux-ci, à leur tour, accéderont à ce stade de conscience total que nous appelons Dieu, ou le Logos solaire. Cet enseignement, assurément, est logique et pratique. Le vieux précepte occulte qui disait à l'homme "connais-toi toi-même, car en toi se trouve tout ce qu'il est possible de connaître : reste la règle de tous ceux qui cherchent la vérité. Si chacun de nous voulait se considérer scientifiquement comme un centre de force, tenant la matière de nos corps dans le rayon de notre contrôle, et opérant ainsi à travers eux et en eux, nous aurions une hypothèse grâce à laquelle nous pourrions interpréter tout le plan cosmique. Et si, comme le suggère Einstein, notre système solaire tout entier n'est qu'une sphère, une coloration nouvelle est donnée à la déduction suivant laquelle ce système, à son tour, ne serait qu'un atome cosmique ; nous trouverions alors place pour un schéma encore plus vaste : nous aurions un centre, autour duquel graviterait notre système, et au sein duquel il agirait comme l'électron de l'atome.
Les astronomes nous disent, en effet, que tout notre système gravite probablement autour d'un point central, situé dans le firmament.

De sorte que l'idée fondamentale que j'ai tenté de mettre en lumière peut être décelée à travers tout, depuis l'atome du chimiste et du physicien, à travers l'homme, à travers la Vie énergisante de la planète, jusqu'au Logos, cette Déité de notre système solaire, jusqu'à l'Intelligence ou Vie qui se trouve derrière toutes les manifestations, ou nature et, enfin, jusqu'à quelque schéma plus grand encore, dans lequel notre Dieu lui-même doit jouer son rôle et trouver Sa place. C'est une image merveilleuse, si elle est vraie.

Je ne puis traiter, ce soir, des différents développements de cette intelligence qui anime tous les atomes, mais je voudrais examiner un instant ce qui est, peut-être, la méthode de leur évolution, et ceci du point de vue humain (lequel nous concerne le plus intimement), en nous rappelant toujours que ce qui est vrai d'un atome quelconque doit aussi être vrai pour tous, à un degré plus ou moins grand.

Quand on considère les atomes du système solaire, en y comprenant ce système lui-même, on remarque d'emblée deux choses : la première est la vie et l'activité intense de l'atome lui-même, et son énergie atomique interne ; la seconde est son action sur les autres atomes – repoussant les uns et attirant les autres. Peut-être pourrons-nous en déduire que, pour chaque atome, la méthode d'évolution vibration est due à deux causes : d'une part à la vie interne de l'atome lui-même ; de l'autre, à son action sur les autres atomes et à ses relations avec eux. Ces deux stades sont visibles dans l'évolution de l'atome humain. Le premier a été souligné par le Christ, lorsqu'il a dit : "Le Royaume de Dieu est en vous", montrant ainsi, à tous les atomes humains, le centre de vie ou Energie qui se trouve en eux, et leur apprenant que c'est en partant de ce centre qu'ils doivent croître et s'étendre. Chaque individu est conscient du fait qu'il est centré sur lui-même ; il considère toutes choses de son propre point de vue, et les événements extérieurs ne l'intéressent, le plus souvent, que dans la mesure où ils le concernent lui-même. Nous réagissons aux choses dans la mesure où elles nous affectent personnellement, et, à un certain stade de notre évolution, tout ce qui arrive aux autres n'a d'importance pour nous que si cela nous concerne aussi. Nombreux sont ceux qui en sont encore à ce stade ; c'est la période d'individualisme intense, dans laquelle le concept du "Moi" est investi d'une importance capitale. Elle engendre beaucoup d'activité interne.

La deuxième façon dont croît l'atome est par ses relations avec les autres atomes, et ceci est une chose qui commence seulement à poindre dans l'intelligence humaine et à y prendre son importance légitime. Nous commençons seulement à entrevoir la valeur respective de l'émulation et de la coopération et sommes sur le point de comprendre que nous ne pouvons vivre égoïstement notre vie, à l'écart du groupe où nous avons notre place ; nous commençons à savoir que si notre frère est retardé dans ses progrès, et si les autres atomes humains ne vibrent pas comme ils le devraient, chaque atome du corps constitué en souffre. Aucun de nous ne sera complet avant que toutes les autres unités n'aient atteint le terme de leur développement.

Je reviendrai plus longuement sur cette question la semaine prochaine quand je parlerai de la construction des formes. Je me bornerai, ce soir, en guise de conclusion, à vous rendre conscients de la place tenue par chacun d'entre nous dans le plan général, pour vous permettre de comprendre l'importance des relations mutuelles entre atomes. Je m'efforce de vous montrer combien il est nécessaire pour nous de trouver notre place au sein du groupe auquel nous appartenons naturellement (c'est-à-dire dans lequel nous occupons la position des électrons vis-à-vis de la charge positive) afin de procéder ensuite au travail qui nous incombe au sein de ce plus grand atome qu'est le groupe.

Ceci fait de toute notre hypothèse, non point un rêve audacieux, mais une idée pratique et utile. S'il est vrai que toutes les cellules de notre corps, par exemple, sont des électrons que nous maintenons dans un état cohérent, et si nous sommes un facteur énergisant, au sein d'une forme matérielle, il est d'une importance primordiale que nous reconnaissions ce fait et que nous traitions ces formes et leurs atomes d'une façon correcte et scientifique. Ceci a pour corollaire le soin pratique de notre corps physique et l'adaptation de toute notre énergie au travail à accomplir et à la nature de l'objet dont nous poursuivons la réalisation. Pour cela il nous faut utiliser judicieusement cet agrégat de cellules qui est notre instrument, ou notre outil, et notre sphère de manifestation. Ceci est une chose dont nous ignorons encore presque tout.
Quand cette pensée se sera développée et que l'être humain sera considéré par tous comme étant un centre de force, l'attitude des gens à l'égard de leur travail et de leur mode de vie subira une transformation radicale. Le point de vue du monde médical, par exemple, sera modifié, et l'on étudiera la façon correcte d'utiliser l'énergie. La maladie causée par l'ignorance n'existera plus et l'on approfondira les lois de la transmission des forces. Nous serons alors des atomes pleinement intelligents – ce que nous ne sommes pas encore.

En outre, nous ne serons pas seulement pratiques dans la façon de traiter nos corps matériels, parce que nous comprendrons leur constitution, mais nous trouverons consciemment notre place dans le groupe et nous utiliserons notre énergie pour le bénéfice du groupe, et non pas, comme à présent, pour nos buts personnels. Beaucoup d'atomes n'ont pas seulement une vie interne qui leur est propre : ils rayonnent aussi, et mieux on comprendra la radio-activité, plus se développera la science de l'homme en tant que centre de radiation active. Nous nous trouvons, de nos jours, à la veille de découvertes prodigieuses : nous nous approchons d'une synthèse merveilleuse de la pensée mondiale ; nous avançons vers cette période où la science et la religion viendront au secours l'une de l'autre et où la philosophie apportera sa contribution à la compréhension de la vérité.

L'usage de l'imagination nous apportera fréquemment des visions merveilleuses, et si cette imagination est basée sur des vérités essentielles, si elle part d'une hypothèse logique, peut-être nous conduira-t-elle vers la solution de quelques-uns des mystères et des problèmes qui angoissent le monde moderne. Si les choses nous paraissent mystérieuses et inexplicables, n'est-ce pas à cause de cette grande Entité Qui se manifeste à travers notre planète, occupée à accomplir un dessein défini et un plan, de même que vous et moi le faisons dans notre vie ? A certains moments, il nous arrive de mettre notre véhicule physique dans des situations à la fois douloureuses et angoissantes et dont découlent un certain nombre de problèmes et de difficultés ; une fois admise l'hypothèse sur laquelle nous travail- travaillons, il peut paraître logique de supposer que la grande Intelligence de notre planète est en train, d'une façon similaire, de mettre parfois Son corps entier de manifestation (qui contient la famille humaine) dans des situations qui sont douloureuses pour les atomes qui le composent. Il est sûrement logique de supposer aussi que la clé du mystère de tout ce que nous voyons autour de nous réside dans la volonté et le dessein intelligent de cette plus grande Vie Qui s'accomplit par l'entremise de Son corps physique, et qui n'est, Elle-même, qu'un atome à l'intérieur d'une sphère plus vaste, habitée par le Logos solaire, l'Intelligence Qui est la somme totale de toutes les vies inférieures.

L'EVOLUTION DE LA FORME, OU DU GROUPE


Je désire insister, ce soir, sur l'idée fondamentale de l'unité de la conscience, ou de l'intelligence, telle que je l'ai développée au cours de notre dernier entretien, et élargir ensuite ce concept. On a dit que l'évolution allait de l'homogène à l'hétérogène, pour revenir ensuite à l'homogène, et on a remarqué que :

"L'évolution est la marche constamment accélérée de toutes les particules de l'univers ; marche qui les mène toutes ensemble, par un chemin semé de destructions, mais sans interruption ni coupure, de l'atome matériel à cette conscience universelle au sein de laquelle résident l'omnipotence et l'omniscience ; en un mot, à la réalisation complète de l'Absolu de Dieu."

Ce processus part de ces particules infiniment petites que nous appelons les molécules et les atomes, traverse les formes qu'elles constituent en s'agrégeant les unes aux autres, et se poursuit par l'édification de formes toujours plus grandes, jusqu'à la totalité du système solaire. Tout ceci s'effectue selon une loi, et cette même loi fondamentale régit à la fois l'évolution de l'atome et celle du système solaire. Le macrocosme se répète dans l'homme, qui est le microcosme, et le microcosme se reflète à son tour dans tous les atomes inférieurs.

Ces remarques, ainsi que celles que nous avons faites au cours de nos entretiens précédents, concernent avant tout la manifestation matérielle du système solaire, mais ce que je veux mettre en valeur dans nos entretiens futurs, c'est ce que nous pourrions appeler l'évolution psychique, ou démonstration graduelle et déploiement évolutionnaire de cette intelligence subjective, ou conscience, qui se tient à l'arrière-plan de la manifestation objective.

Comme d'habitude, cette conférence se divisera en quatre parties : d'abord nous examinerons le processus évolutionnaire lui-même qui est, dans ce cas particulier, l'évolution de la forme, ou du groupe ; puis la méthode suivant laquelle le groupe se développe ; ensuite nous verrons les stades que traversent ces formes au cours de leur évolution, et nous terminerons par une conclusion pratique, en cherchant à en dégager quelques vérités applicables à notre vie quotidienne.

La première question qui se pose à nous est la suivante : qu'est exactement la forme ? Si nous consultons un dictionnaire nous trouverons ce mot défini de la façon suivante : "La forme est la configuration extérieure d'un corps. "Dans cette définition, l'accent est mis sur le côté extérieur, tangible et exotérique de la manifestation. Cette même pensée apparaît si nous étudions attentivement l'étymologie du mot "manifestation". Celui-ci provient de deux mots latins qui signifient "toucher de la main" (manus, main, et fendere, toucher), et l'idée qui surgit alors à notre esprit est triple : ce qui est "manifesté" est ce qui peut être senti, touché et appréhendé. Cependant, dans chacune de ces interprétations, on a perdu de vue la partie essentielle du concept, et il nous faut chercher ailleurs une meilleure définition. A mon avis, Plutarque nous rend l'idée de la manifestation du subjectif par le moyen de la forme objective, d'une façon beaucoup plus lumineuse que le dictionnaire. Il dit :

"Une idée est un être incorporel qui n'a aucune existence en lui-même, mais qui donne figure et forme à la matière amorphe, et devient la cause de la manifestation".

Vous avez ici une phrase des plus intéressantes, une phrase douée d'un véritable sens occulte. Elle mérite d'être soigneusement examinée, car elle contient un concept qui n'est pas seulement valable pour cette petite manifestation qu'est l'atome du chimiste ou du physicien, mais pour toutes les formes constituées par les atomes, y compris la manifestation de l'être humain et celle de la Déité d'un système solaire, cette grande Vie, ou esprit universel qui embrasse tout, ce centre vibrant d'énergie et cette grande conscience déployée que nous appelons Dieu, ou Force, ou Logos : L'Existence Qui S'exprime par le moyen du système solaire.

Dans la Bible chrétienne, la même pensée se trouve exprimée par saint Paul. Celui-ci dit, en parlant de Dieu, dans la deuxième épître aux Ephésiens :
"Nous sommes Son œuvre". La traduction littérale du grec serait : "Nous sommes Son poème, ou Son idée" et l'apôtre pense que, par le moyen de chaque vie humaine ou par celui de l'agrégat de vies qui compose le système solaire, Dieu est en train de réaliser une idée, un concept spécifique, ou un poème détaillé. Un homme est une pensée incarnée et c'est ce concept que nous retrouvons à 'état latent dans la définition de Plutarque. Vous y trouvez d'abord l'idée d'une entité consciente, puis la pensée ou le dessein que s'efforce d'exprimer cette entité et finalement le corps ou forme qui en est la résultante.

Le terme Logos, que l`on traduit par le "Verbe", est fréquemment employé dans le Nouveau Testament pour désigner la Déité. Le passage le plus marquant où ce mot est cité est le premier chapitre de l'Evangile selon saint Jean, où on lit : "Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu". Arrêtons-nous un instant à cette formule. Sa traduction littérale est "le Verbe", et l'on a défini celui-ci comme étant "le fait de rendre une pensée cachée par une expression objective". Si vous prenez un substantif quelconque, et si vous étudiez son sens objectif, vous verrez qu'il a pour objet de transmettre à votre esprit une pensée précise, incluant un dessein, une intention, et peut-être un concept abstrait. Si nous pouvons étendre cette même méthode à l'idée de la Déité, ou du Logos, nous pourrons projeter beaucoup de clarté sur le problème difficile de la manifestation de Dieu, cette Intelligence centrale, par le moyen de la forme matérielle, soit que nous le voyions manifesté à travers la forme minuscule de l'atome chimique soit à travers ce corps physique gigantesque que nous appelons un système solaire.

Nous avons vu, au cours de notre dernière conférence, que les savants commençaient à reconnaître une faculté caractéristique à tous les atomes. Ils nous ont montré que les atomes sont doués de tous les symptômes de la pensée et d'une forme d'intelligence rudimentaire. L'atome témoigne d'une faculté de discrimination ou pouvoir sélectif, et de la capacité d'attirer et de repousser. Il peut sembler étrange d'appliquer à l'atome le mot intelligence, mais le sens étymologique du mot incarne parfaitement cette idée. Celui-ci provient de deux mots latins : inter, entre, et légère, choisir. L'intelligence, donc, est la faculté de penser ou de choisir, de sélectionner et de discriminer.
Elle est, en réalité, ce je ne sais quoi d'abstrait qui se trouve derrière la grande loi de l'attraction et de la répulsion, qui est une des lois fondamentales de la manifestation. Cette faculté fondamentale d'intelligence caractérise toute la matière atomique, et régit également la construction des formes, ou agrégats d'atomes.

Nous avons étudié plus haut l'atome en lui-même, mais nous n'avons pas encore envisagé sa façon de créer des formes, ou cette totalité de formes que nous appelons un règne de la nature. Nous avons examiné, en quelque sorte, l'essence de l'atome, et sa caractéristique primordiale, l'intelligence, en soulignant ce dont sont faites toutes ces formes – celle du règne minéral, du règne animal, et du règne humain. La somme de toutes ces formes constitue la totalité de la nature, telle qu'on l'entend généralement.

Etendons à présent notre pensée au-delà des formes individuelles qui constituent chacun de ces quatre règnes de la nature et considérons-les comme fournissant cette forme plus vaste que nous appellerons le Règne lui-même.
Ceci nous permettra de voir, en lui, une unité consciente, formant un tout homogène, de sorte que chaque règne de la nature peut être considéré comme une forme à travers laquelle se manifeste une conscience, de quelque espèce ou de quelque degré qu'elle soit. De même, l'agrégat des formes animales compose cette forme plus grande que nous appelons le Règne lui-même, et ce règne animal, à son tour, possède sa place dans un corps plus grand que lui. Et, de même qu'une vie consciente peut chercher à s'exprimer à travers ce règne, une Vie subjective plus vaste encore peut s'efforcer de se manifester à travers l'agrégat des règnes.

Dans tous ces règnes – minéral, végétal, animal et humain – nous nous trouvons une fois de plus en présence de trois facteurs, en admettant, naturellement, que la base de notre raisonnement soit exacte : d'abord, que l'atome originel est lui-même une vie ; deuxièmement que toutes les formes sont faites d'une multitude de vies, constituant ainsi un tout cohérent à travers lequel une entité subjective est en train d'accomplir un dessein ; troisièmement, que la vie centrale incluse dans la forme est son impulsion directrice, la source de son énergie, l'origine de son activité, et la force qui assure l'unité permanente de cette forme.

Cette pensée peut être facilement appliquée à l'homme. Nous pouvons définir l'homme comme une énergie centrale, une vie, ou une intelligence, opérant à travers une manifestation matérielle, ou forme, cette forme étant constituée par des myriades de vies plus petites. A ce propos, un phénomène très curieux a été souvent remarqué au moment de la mort ; il m'a été signalé tout particulièrement, il y a quelques années, par une des meilleures infirmières de chirurgie travaillant aux Indes. Elle avait été athée pendant très longtemps, mais avait commencé à s'interroger sur les raisons de son incroyance, après avoir constaté, à plusieurs reprises le phénomène suivant : elle me déclara qu'au moment de la mort elle avait vu, dans plusieurs cas, un jet de lumière jaillir du sommet de la tête du mourant et, dans un cas particulier (celui d'une jeune fille sans doute très développée au point de vue spirituel et qui avait mené une vie d'une pureté et d'une piété exemplaires), la pièce avait semblé soudain éclairée à l'électricité. D'autre part, il n'y a pas longtemps, le corps médical d'une ville importante du Middle West, a reçu une lettre d'une personne intéressée par ces questions, demandant si ces médecins avaient remarqué quelque phénomène particulier au moment de la mort. Plusieurs d'entre eux répondirent qu'ils avaient aperçu une lumière bleuâtre jaillissant du sommet du crâne, et un ou deux ajoutèrent qu'ils avaient entendu un léger craquement dans cette région de la tête. Cette dernière déclaration corrobore le passage de l'Ecclésiaste, où se trouve mentionné le relâchement de la "corde d'argent", c'est-à-dire la rupture de ce lien magnétique qui unit l'entité immanente, ou penseur, à son véhicule d'expression. Dans les deux cas cités ci-dessus on peut voir, apparemment, le retrait de la lumière centrale, ou vie, la désintégration de la forme qui en est le corollaire, et la dispersion des myriades de vies plus petites qui la composent.

Il peut donc sembler, à beaucoup d'entre-nous, que c'est une hypothèse logique de considérer que, si l'atome du chimiste est une sphère minuscule, ou forme, douée d'un noyau positif, maintenant dans son orbite les électrons négatifs qui gravitent autour de lui, de même, toutes les formes de tous les règnes de la nature sont doués d'une structure identique et ne diffèrent que par leur degré de conscience ou d'intelligence. Nous pouvons donc considérer les règnes eux-mêmes comme l'expression physique de quelque grande vie subjective et nous pouvons reconnaître, par un raisonnement logique, que chaque unité de la famille humaine est un atome dans le corps de cette unité plus grande que certains passages des Ecritures nomment "l'homme céleste".

Nous arrivons ainsi, pour finir, à l'idée que le système solaire n'est qu'un agrégat de tous les règnes et de toutes les formes, et le corps d'un Etre s'exprimant à travers lui et l'utilisant pour accomplir un dessein particulier et une idée centrale. Dans toutes les extensions de notre hypothèse primitive nous retrouvons la même trinité : une vie informante, ou Entité, se manifestant à travers une forme ou une multiplicité de formes, et faisant preuve d'intelligence discriminative.

Il n'est pas possible de parler de la méthode par laquelle les formes se construisent, ni d'analyser en détail le processus évolutif grâce auquel les atomes se combinent en formes, et les formes elles-mêmes se réunissent en cette plus grande unité que nous appelons un règne de la nature.
Mais nous pouvons résumer cette méthode en trois mots : l'involution ou intégration de la vie subjective dans la matière, c'est-à-dire la méthode par laquelle l'Entité immanente s'adjoint son véhicule d'expression ; l'évolution ou utilisation de cette forme par la vie subjective, son perfectionnement progressif, et la libération finale de la vie emprisonnée ; enfin, la loi d'attraction et de répulsion par laquelle la matière et l'esprit se coordonnent, par laquelle la vie centrale acquiert l'expérience, accroît sa conscience et atteint la connaissance et le contrôle d'elle-même à travers cette forme particulière. Tout s'effectue suivant cette loi fondamentale. Dans chaque forme, vous avez une vie centrale ou idée, en train de se manifester, s'intégrant de plus en plus à la substance, se revêtant d'une forme adaptée à ses besoins, utilisant cette forme comme un moyen d'expression, et puis – avec le temps – se libérant de la forme qui l'entoure pour en acquérir une nouvelle, mieux adaptée à ses besoins nouveaux.
Ainsi, l'esprit, ou vie, progresse à travers toutes les formes, jusqu'à ce qu'il ait parcouru, en entier, le chemin du retour et soit revenu à son point d'origine.
Ceci est le sens de l'évolution et ici réside le secret de la réincarnation cosmique. Pour finir, l'esprit se libère de la forme et atteint la liberté, en même temps qu'une qualité psychique accrue et une conscience plus vaste.

Arrêtons-nous à ces différents stades et étudions-les très brièvement. Nous avons tout d'abord le processus d'involution. Cette période est celle où a lieu la limitation de la vie à l'intérieur de la forme, ou enveloppe, et c'est un processus long et lent qui s'étend sur des millions d'années. Chaque type de vie participe à ce grand cycle. Il se décèle dans la vie du Logos solaire. Il constitue une partie du cycle vital de l'Esprit planétaire se manifestant à travers une sphère comme notre terre ; il comprend cette vie que nous nommons humaine et entraîne dans son sillage cette vie minuscule qui fonctionne à travers l'atome chimique. C'est le grand processus du devenir, celui qui rend possible l'existence et l'être. Cette période de limitation et d'emprisonnement croissant est caractérisée par une descente toujours plus profonde au sein de la matière ; elle est suivie par une période d'adaptation, dans laquelle la vie et la forme deviennent intimement reliées l'une à l'autre et, à la suite de cette période, il en vient une autre pendant laquelle cette relation intérieure devient parfaite. La forme est alors adaptée aux besoins de la vie et peut être utilisée. Puis, au fur et à mesure que la vie interne croît et grandit, survient une cristallisation parallèle de la forme, laquelle devient insuffisante en tant que moyen d'expression. Succédant à la cristallisation, nous arrivons alors à une période de désintégration.
Limitation, adaptation, utilisation, cristallisation et désintégration – tels sont les stades que traverse la vie de toute entité, ou idée incarnée, de quelque degré qu'elle soit, cherchant à s'exprimer à travers la matière.

Développons à présent cette idée en l'appliquant à l'être humain. Le processus de limitation correspond à la prise de possession d'une forme physique et à cette période initiale et rebelle où l'homme est plein de désirs, d'aspirations de vœux et d'idéaux qu'il semble incapable d'exprimer ou d'assouvir. Puis vient la période d'adaptation, dans laquelle l'homme commence à utiliser ce qu'il possède et à s'exprimer le mieux qu'il peut par le moyen de ces myriades de vies et d'intelligences plus petites constituant ses corps physique, émotionnel et mental. Il infuse son énergie à sa triple forme, la forçant à exécuter ses volontés et à accomplir ses desseins, réalisant ainsi son plan, qu'il soit bon ou mauvais. Cette période est suivie par un stade au cours duquel l'homme utilise sa forme, selon la mesure de ses capacités, et parvient à ce que nous appelons la maturité. Finalement nous voyons, dans le dernier stade de la vie, une cristallisation de la forme et l'homme prend conscience de sa désadaptation progressive. Alors vient cette libération heureuse que nous appelons la mort, ce grand moment dans lequel "l'esprit captif" s'évade d'entre les murs de la forme physique qui l'enserre. Nos idées sur la mort sont toutes erronées. Nous l'avons considérée jusqu'ici comme la grande terreur ultime, alors qu'elle est en réalité la grande évasion, l'accès à une mesure d'activité plus pleine, et la libération de la vie hors du véhicule cristallisé et de la forme inadéquate.

On peut appliquer des pensées similaires à toutes les formes et pas seulement à celles ayant trait au corps physique de l'être humain. On peut les appliquer à des formes de gouvernement, à des formes religieuses, et aux formes de la pensée scientifique et philosophique. L'époque à laquelle nous vivons nous en offre certains exemples particulièrement intéressants. Tout est brassé ; le vieil ordre change et une période de transition s'ouvre devant nous ; dans tous les domaines de la pensée, les vieilles formes sont en train de se désagréger, mais seulement afin que la vie qui leur a donné l'existence puisse s'évader pour s'en construire d'autres plus satisfaisantes et plus adéquates.
Prenez, par exemple, la vieille forme religieuse de la foi chrétienne. Ici je vous prie instamment de ne pas vous méprendre sur le sens de mes paroles. Je ne cherche pas à prouver que l'esprit du christianisme est inadéquat, je ne m'efforce pas de démontrer que ses vérités bien fondées et bien vérifiées sont erronées. Je cherche seulement à vous montrer que la forme à travers laquelle cet esprit cherche à s'exprimer est déjà un peu usée et témoigne d'une certaine limitation. Ces mêmes grandes vérités et ces mêmes idées fondamentales ont besoin, à présent, d'un véhicule plus adéquat pour accomplir leur mission. Les penseurs chrétiens ont grand besoin, à notre époque, de dissocier soigneusement les vérités vitales du Christianisme, de la forme cristallisée de la théologie. L'impulsion vitale a été donnée par le Christ. Il a énoncé ces grandes vérités éternelles et les a envoyées dans le monde souffrant pour qu'elles y prennent corps et le soulagent. Elles furent limitées par la forme, et il vint alors une longue période au cours de laquelle ces formes (dogmes religieux et doctrines) grandirent peu à peu et se stabilisèrent. Des siècles suivirent durant lesquels la forme et la vie semblaient parfaitement adaptées, et les idéaux chrétiens s'exprimèrent par le moyen de cette forme.
Maintenant la période de cristallisation a commencé et la conscience chrétienne, qui cherche à croître encore, éprouve un sentiment de restriction et de gêne à se sentir enfermée dans les limitations imposées par les théologiens.
Le grand édifice de dogmes et de doctrines construit par les hommes d'Eglise et les théologiens du passé doit se désagréger inévitablement, mais seulement afin que la vie s'en évade, pour pouvoir se construire des moyens d'expression plus adéquats, et redevienne à la hauteur de la mission dont elle a été chargée.

Nous assistons partout au même phénomène, dans toutes les écoles de pensée. Toutes expriment une idée par le moyen d'une forme particulière et il est indispensable, pour nous, de nous souvenir que la triple vie se trouvant derrière chaque forme est néanmoins une, bien que les véhicules d'expression soient différents et se révèlent toujours plus inadéquats au fur et à mesure que le temps passe.

Quel est, alors, le dessein situé derrière ce processus infini de la construction des formes et cette combinaison de formes inférieures ? Quelle est la raison de tout ceci et quel doit en être le but final ? C'est sûrement le développement de la qualité, l'expansion de la conscience, le développement de la faculté de comprendre, la production des pouvoirs de la psyché, ou de l'âme, l'évolution d’intelligence. C'est sûrement la démonstration graduelle de l'idée fondamentale ou du dessein que cette grande Entité que nous appelons le Logos, ou Dieu, est en train de réaliser, par le moyen du système solaire. C'est la démonstration de sa vertu psychique, car Dieu est l'Amour intelligent ; c'est l'accomplissement de Son dessein déterminé, car Dieu est la Volonté intelligente et aimante.

Un but et un dessein précis sont également assignés à tous les différents degrés et aux différents types d'atomes. Il y a un but pour l'atome de la chimie ; il y a un point de perfection pour l'atome humain, l'homme ; un jour viendra où l'atome planétaire nous livrera, lui aussi, son dessein fondamental, et la grande Idée qui se trouve derrière le système solaire nous sera révélée. Est-il possible, pour nous, d'acquérir en quelques brefs instants d'étude une conception saine de ce dessein ? Peut-être pourrons-nous nous en faire une idée d'ensemble si nous nous approchons du sujet avec un respect suffisant et une perception très vive, en nous rappelant toujours que seul l'ignorant émet des affirmations dogmatiques, et que seul l'homme dénué de sagesse veut scruter dans leurs moindres détails des problèmes aussi gigantesques.

Nous avons vu que l'atome du chimiste, par exemple, fait preuve d'intelligence ; il manifeste des symptômes de l'esprit discriminatif et des rudiments de faculté sélective. De ce fait, la vie minuscule qui anime la forme atomique témoigne de sa qualité psychique. L'atome est ensuite amalgamé à d'autres atomes pour constituer des formes diverses, à des moments et à des stades différents et, chaque fois, il gagne quelque chose suivant la force et la vie de l'entité qui anime cette forme et préserve son homogénéité. Prenez, par exemple, l'atome entrant dans la composition d'une forme du règne minéral ; il fait preuve, non seulement de pensée discriminative et sélective, mais aussi d'élasticité. Ces deux qualités apparaissent ensuite dans le règne végétal, et il vient alors s'y adjoindre une troisième qualité que vous pourriez appeler une sorte de sensation rudimentaire. L'intelligence initiale de l'atome a acquis sans cesse des qualités nouvelles en progressant de forme en forme et de règne en règne. Sa faculté de répondre aux contacts et sa connaissance se sont accrues.
Nous reviendrons plus en détail sur ce point lorsque nous étudierons l'évolution de la conscience. Je me bornerai, ce soir, à vous montrer que, dans le règne végétal, les formes composées d'atomes ne font pas seulement preuve d'intelligence discriminative et d'élasticité, mais sont aussi douées de sensation ou du moins de ce qui correspond, dans le règne végétal, à la sensation et à l'émotion, cette dernière n'étant en somme qu'un amour rudimentaire. Nous arrivons ensuite au règne animal, dans lequel les formes ne font pas seulement preuve de toutes les qualités énumérées ci-dessus, mais possèdent, en outre, l'instinct, ou ce qui s'épanouira un jour sous forme de pensée. Pour finir, nous arrivons à l'être humain qui possède toutes ces qualités à un degré beaucoup plus élevé, car le quatrième règne n'est que le macrocosme des trois règnes inférieurs. L'homme fait preuve d'activité intelligente, il est capable d'émotion ou d'amour, et y a ajouté encore un facteur supplémentaire : la volonté intelligente. Il est la déité de son propre petit système ; il n'a pas seulement conscience du monde extérieur, il est conscient de lui-même. Il construit son propre corps de manifestation, tout comme le Logos, mais sur une échelle minuscule ; il contrôle son petit système par la grande loi de l'attraction et de la répulsion, de même que le Logos ; il lui infuse son énergie et synthétise sa nature triple en une unité cohérente. Il est trois en un et un en trois, tout comme le Logos.

Il y a un avenir pour chaque atome dans le système solaire. Devant chaque atome, fût-ce le plus infime de tous, se dresse un but immense et, au fur et à mesure que les éons se succèdent, la vie qui anime cet atome traversera tous les règnes de la nature jusqu'à ce qu'il trouve sa consommation dans le règne humain.

Nous pouvons, à présent, étendre cette idée, en considérant cette grande Entité Qui est la vie informante de la planète, maintenant tous les règnes de la nature dans le champ de Sa conscience. N'est-il pas possible que Son intelligence, qui informe la totalité des groupes et des règnes, soit le but de l'homme, de l'atome humain ? Avec le temps, peut-être la dimension de Sa réalisation actuelle deviendra-t-elle la nôtre et, pour Elle comme pour toutes ces grandes Vies qui informent les planètes du système solaire, le but peut consister à atteindre cette formidable étendue de conscience caractérisant cette grande Existence Qui est la Vie animatrice du système solaire. N'est-il pas vrai que, dans les différents degrés de conscience s'étendant, par exemple, de l'atome du chimiste et du physicien jusqu'au Logos du système solaire, il n'y a ni solution de continuité, ni transitions abruptes, mais une expansion progressive et une évolution graduelle d'une forme d'intelligence à une autre, la vie incluse dans la forme progressant sans cesse en qualité, par le moyen de l'expérience ?

Quand nous avons fait pénétrer cette idée dans notre conscience, quand nous avons compris qu'il y a un dessein et une direction sous-jacents à toutes choses, quand nous avons vu que rien n'arrive qui ne soit le résultat de la volonté consciente de quelque entité, et quand nous savons que tout ce qui arrive à un but défini, alors nous avons un indice qui nous permet de nous comprendre nous-mêmes, ainsi que tout ce qui arrive dans le monde. Si nous nous rendons compte, par exemple, que nous construisons nos corps physiques, que nous contrôlons notre nature émotionnelle, et que nous sommes responsables du développement de notre mental ; si nous concevons clairement que nous sommes les facteurs infusant l'énergie à nos corps, et que, lorsque nous nous en retirons, ces corps se désagrègent et se démembrent, alors, peut-être, pouvons-nous deviner ce que fait la Vie informante de la planète lorsqu'elle travaille, sur cette terre, à travers toutes les formes existantes, les continents, les civilisations, les religions et les organisations ; nous comprenons ce qui s'est passé sur la lune, qui est une forme en voie de désagrégation ; ce qui se passe dans le système solaire, et ce qui lui arrivera lorsque le Logos se retirera de ce qui n'est pour Lui qu'une manifestation temporaire.

Cherchons, maintenant, une application pratique de ces pensées. Nous vivons à une époque où toutes les formes de la pensée semblent en train de se briser, où la vie religieuse des peuples n'est plus ce qu'elle était jadis, où tous les dogmes et les doctrines sont soumis à une critique sévère. De même, beaucoup d'anciennes formes de la pensée scientifique sont en train de se désagréger, et les vieilles philosophies semblent ébranlées jusque dans leurs fondements. Notre sort est de vivre dans une des périodes les plus difficiles de l'histoire universelle, une période caractérisée par la destruction des nations, l'anéantissement des anciens liens et des anciennes relations, et le démembrement, en apparence imminent, de la civilisation. Il faut reprendre courage en pensant que tous ces phénomènes sont dus au fait que la vie incluse à l'intérieur de ces formes est en train de devenir si forte que ces formes lui paraissent une prison et une limitation ; et nous devons nous dire que cette période de transition contient les plus grandes promesses que le monde ait jamais connues. Il n'y a pas de place pour le pessimisme et le désespoir, mais seulement pour l'optimisme le plus profond. Aujourd'hui, beaucoup d'entre nous sont bouleversés et angoissés parce que les fondements sont ébranlés, parce que les structures chéries et tendrement protégées de la pensée et de la croyance religieuses semblent sur le point de s'écrouler, mais notre angoisse provient simplement de ce que nous accordons une importance beaucoup trop grande à la forme, que nous sommes préoccupés avant tout de notre prison et, si celle-ci se désagrège, c'est uniquement pour que la vie puisse se construire de nouvelles formes, afin de progresser dans son évolution. Le travail du destructeur est autant le travail de Dieu que le travail du constructeur, et le grand Dieu de la destruction doit briser et broyer les formes désuètes pour que le travail du constructeur soit possible, et que l'esprit soit mis à même de s'exprimer d'une façon plus adéquate.

Pour beaucoup d'entre nous, ces idées peuvent sembler hardies, fantastiques, voire insoutenables. Mais même si ce ne sont que des hypothèses, elles sont peut-être intéressantes et nous fournissent peut-être l'une des clés du mystère. Nous voyons s'effondrer les civilisations et vaciller les systèmes religieux, nous voyons les philosophies attaquées avec succès et les fondements matériels de la science être ébranlés. Et cependant, que sont, après tout, les civilisations ? Que sont les religions ? Que sont les grandes races ?
Simplement les formes à travers lesquelles cherche à s'exprimer la Vie triple et centrale qui informe notre planète. De même que nous nous exprimons par le moyen de notre nature physique, émotionnelle et mentale, de même Elle s'exprime à travers la totalité des règnes de la nature et à travers les nations, les races, les religions, les sciences et les philosophies. Comme cette Vie palpite à travers tous les domaines de Son être, nous, qui sommes les cellules et les atomes à l'intérieur de cette plus grande manifestation, suivons chaque mouvement et sommes irrésistiblement entraînés d'un stade à un autre. Au fur et à mesure que le temps avancera et que notre conscience s'accroîtra, nous pénétrerons de plus en plus dans la connaissance de Son plan, tel qu'Elle est en train de le réaliser, et parviendrons, à la fin, par occuper une position qui nous permettra de collaborer avec Elle, et de prendre une part active à Son dessein essentiel.

Pour résumer la pensée centrale de cette conférence : efforçons-nous de comprendre que la matière inorganique n'existe pas, mais que chaque atome est une vie. Efforçons-nous de voir que toutes les formes sont des formes vivantes et que chacune d'elles n'est que le véhicule d'expression de quelque entité immanente. Cherchons à percevoir que cette affirmation est vraie, également, en ce qui concerne tous les agrégats de formes. Nous aurons ainsi la clé de notre propre mystère, et peut-être aussi la clé de celui du système solaire.

L'EVOLUTION DE L HOMME, LE PENSEUR


Nous voici arrivés à la quatrième conférence de cette série. Nous avons déjà eu trois entretiens au cours du mois écoulé, et peut-être nous ont-ils permis de nous faire une idée de l'un des principes fondamentaux de l'évolution, tel que nous le voyons à l'œuvre dans le système solaire.

Commençons par récapituler brièvement ce qui a déjà été dit, afin d'aborder notre nouveau sujet avec certaines idées clairement formulées. Nous avons vu que notre interprétation des processus de la nature se fonde sur un triple concept. Celui-ci a trait respectivement à la vie, à la substance, et à leurs rapports mutuels tels qu'ils découlent de la faculté d'intelligence se manifestant sous forme de conscience. Par le moyen de la matière, ces rapports mutuels produisent, pour finir, l'expression parfaite du dessein conscient de quelque entité immanente. Je voudrais insister sur ce point : c'est que mon but est de vous présenter une hypothèse qui contient peut-être le germe d'une vérité possible et qui semble, à certains d'entre nous, la façon la plus claire d'expliquer le mystère de l'univers. Nous avons vu que le grand tout se décompose en trois parties : l'esprit, ou vie, se manifestant par l'entremise d'un second facteur que nous avons appelé substance, ou matière, et utilisant un troisième facteur, l'intelligence. L'évolution de la conscience consiste dans la synthèse progressive des trois aspects composants de la déité.

 Nous sommes arrivés ensuite à une discussion plus technique sur la substance elle-même, traitant non pas les substances différenciées, ou éléments, mais du concept de la substance primordiale, en nous efforçant de remonter autant que possible à ce que Sir Williams Crookes a appelé "protyle", ou "ce qui est derrière le tangible et l'objectif". Nous avons examiné l'atome et avons trouvé que sa définition la plus récente était celle d'une unité de force consistant en une charge positive d'électricité infusant de l'énergie à un grand nombre de particules négatives. Il nous est apparu que l'atome minuscule du chimiste et du physicien était, en lui-même, un système solaire, doué d'une conformation générale identique à celle du plus grand système, et témoignant d'une activité similaire, régie par les mêmes lois. Nous avons trouvé qu'il possédait un soleil central et des électrons gravitant autour de celui-ci en orbites régulières. Nous avons noté, également, que les éléments ne diffèrent que par le nombre et l'arrangement des électrons tournant autour de la charge centrale positive. De là, nous sommes passés à l'examen de l'âme, ou psyché de l'atome, et nous avons vu que les savants sont d'accord pour reconnaître que les atomes eux-mêmes possèdent des qualités, manifestent des symptômes de pensée ou d'intelligence et peuvent discriminer, sélectionner et choisir.

Nous avons tenté, alors, de tisser l'un dans l'autre ce qui semblait être les éléments d'un conte de fées. Nous avons décrit l'être humain comme un atome et avons signalé la ressemblance de l'homme avec l'atome ; nous avons trouvé qu'il attirait et maintenait dans sa sphère d'influence la matière de ses différents corps, mental, émotionnel et physique, exactement comme les atomes maintiennent les électrons gravitant autour de leur foyer central. Cette idée s'étant avérée susceptible d'une extension plus grande, nous avons tourné notre attention vers la planète, la dépeignant sous un aspect similaire à l'atome humain et à l'atome primitif puisqu'elle n'est, elle aussi, que l'expression d'une force vitale se manifestant par le moyen d'une forme sphérique et cherchant à réaliser un dessein intelligent. Puis nous avons atteint le point culminant de notre investigation et avons décrit le système solaire comme un atome cosmique énergisé par la vie du Logos.

Nous avons donc sous les yeux quatre espèces d'atomes :

1.
L'atome du chimiste et du physicien ;
2.
L'atome humain, ou l'homme ;
3.
L'atome planétaire, énergisé par un Logos planétaire, ou homme céleste ;


4. L'atome solaire, animé par le Logos solaire, ou Déité.
Si notre thèse fondamentale est juste, et s'il y a un fond de vérité à notre conception de l'atome, nous pouvons y voir une vie opérant intelligemment par le moyen d'une forme. Peut-être pouvons-nous alors prouver que l'homme est également une vie, ou centre d'énergie, se manifestant par l'entremise de ses corps ; et nous pouvons peut-être démontrer que la planète, elle aussi, est le moyen d'expression d'un centre d'énergie plus grand encore. Faisant un pas de plus en nous servant de la loi d'analogie, nous pouvons peut-être prouver aussi qu'il existe un Dieu ou Vie centrale derrière la nature matérielle, et une Entité opérant consciemment à travers le système solaire.

Au cours de notre dernière conférence, nous avons examiné une autre phase de la manifestation. Nous avons étudié l'atome lui-même et avons observé comment il entre en rapport avec d'autres atomes, formant des groupes ou des agrégats d'atomes grâce à leur pouvoir de cohérence mutuelle. En d'autres termes, nous avons étudié l'atome tel qu'il entre dans les différentes formes et les différents règnes de la nature, et nous avons trouvé qu'au cours du processus de l'évolution les atomes eux-mêmes gravitent vers d'autres points centraux plus vastes, devenant à leur tour des électrons. De ce fait, chaque forme n'est qu'un agrégat de vies plus petites.

Nous avons abordé alors très brièvement les différents règnes de la nature et avons suivi, à travers chacun d'eux, le développement de l'âme ou psyché.
Nous avons déjà affirmé que l'atome contient de l'intelligence, ou pouvoir de discrimination, et nous avons vu apparaître peu à peu, dans la construction des formes du règne minéral, végétal et animal, ce que nous appelons la sensation, obtenant ainsi les rudiments embryonnaires de l'émotion, ou sentiment – réflexion de l'amour sur le plan physique. Nous avons obtenu ainsi un aspect de la triple nature de Dieu : l'intelligence, se manifestant par le moyen de l'atome, et l'amour, ou qualité attractive, se manifestant à travers la forme. Dans ces deux aspects de la Vie divine centrale vous avez la troisième personne de la Trinité Logoïque, coopérant avec la seconde ; vous avez l'activité intelligente de la divinité, ou l'aspect du Saint-Esprit, travaillant en liaison avec le second aspect, ou le Fils, constructeur des formes. Cette conception se trouve exprimée d'une façon intéressante dans le Livre VIII des Proverbes où la Sagesse s'écrie (la Sagesse, dans l'Ancien Testament, représente toujours l'aspect du Christ) : "L'Eternel m'a créée dès le commencement, avant qu'Il ne fît aucune de ses œuvres", et continue en disant : "Quand Il posait les fondements de la terre, j'étais auprès de Lui, comme son maître ouvrier et son constructeur".
Mes auditeurs feront bien d'étudier ce chapitre à la lumière des idées que je formule ici, en vérifiant soigneusement l'exactitude de la traduction.

Nous arrivons à présent à ce qui est notre sujet de ce soir, c'est-à-dire l'évolution de l'homme, le penseur. Nous verrons apparaître, dans l'homme un nouvel aspect de la divinité. Dans son poème "Paracelsus", Browning énonce le sujet de notre étude de la façon la plus intéressante et le résume comme ceci :

Ainsi, Il (Dieu) réside en tout,
En l'homme – la consommation de ce schéma
D'existence, l'accomplissement de cette sphère
De vie : Dont ici et là, les attributs
Disséminés jadis à travers le monde visible
Demandaient à se rejoindre, fragments confus, destinés
A s'unir en quelque tout prodigieux
Qualités imparfaites répandues à travers la Création.
Suggérant une créature unique encore à naître,
Un foyer où pourraient se rencontrer tous ces rayons épars,
Convergeant vers les facultés de l'homme.

Ayant déjà découvert deux aspects de la divinité dans l'atome et dans la forme, nous trouverons la trinité accomplie dans l'homme. On nous a dit que l'homme est fait à l'image de Dieu et nous pouvons donc nous attendre à le voir refléter la triple nature du Logos. Il doit être doué d'intelligence, faire preuve d'amour, et manifester de la volonté. Examinons quelques-unes des définitions de l'homme, telles qu'elles nous sont données dans les dictionnaires et ailleurs.

Celle que nous trouvons dans le Standard Dictionary est très décevante. La voici : "L'homme est un individu de la race humaine". Ensuite vient une longue énumération de termes dérivés du mot homme, empruntés à toutes les langues, et se terminant par l'affirmation que beaucoup d'entre eux sont d'origine douteuse. La définition qui me paraît la plus satisfaisante est celle qui fait provenir le mot homme de la racine sanscrite "MAN" – celui qui pense.

Mme Besant donne, dans l'un de ses livres, la définition suivante qui est remarquablement claire : "L'homme", écrit-elle, "est l'être en lequel l'esprit le plus haut et la matière la plus basse sont reliés l'un à l'autre par l'intelligence".
Ici l'homme est décrit comme étant le point de rencontre des trois lignes de l'évolution : l'esprit, la matière et l'intelligence qui leur sert de lien. Il est présenté comme celui qui unit en lui le moi, le non-moi, et la relation existant entre les deux ; il est décrit comme étant ce qui connaît, ce qui est connu et la connaissance elle-même. Quel est le but de l'intelligence, ou du savoir ? C'est sûrement l'adaptation de la forme matérielle aux besoins et aux exigences de l'esprit qui vit en elle ; c'est sûrement le fait de permettre au penseur résidant dans le corps d'utiliser ce dernier d'une façon intelligente, en vue de quelque fin définie ; et elle existe sûrement pour que l'unité centrale et énergisante puisse contrôler son aspect négatif d'une façon constructive. Nous sommes tous des entités animant une forme et nous nous efforçons, grâce à notre intelligence, d'utiliser cette forme dans un dessein spécifique, inclus dans la volonté consciente du moi véritable.

On trouve dans un vieux livre occulte – si vieux qu'il est impossible de lui assigner une date – une définition de l'homme qui projette une grande clarté dans nos esprits, et qui corrobore la ligne de pensée que nous cherchons à développer ce soir. L'homme y est défini comme étant "La Vie et les vies".
Nous avons vu que l'atome est une vie se manifestant par le moyen de la petite sphère dont elle est le centre. Nous avons vu que toutes les formes sont des agrégats de vies dont la structure constitue les règnes minéral, animal et végétal. A présent, nous pouvons passer au stade suivant de cette échelle de l'évolution, et nous trouvons alors que l'être humain est la suite logique de tout ce qui le précède. Nous avons d'abord la substance primordiale, l'énergie essentiellement intelligente ; puis, la matière atomique qui forme, sous ses activités variées, les combinaisons élémentales ; puis la forme, c'est-à-dire l'agrégation des atomes, jusqu'à l'habitant intérieur qui réside dans ces formes et qui n'est pas seulement l'intelligence active, l'attraction inhérente et l'amour, mais aussi la volonté agissant en vue de réaliser un plan défini. Cet "habitant intérieur" a pris possession de la forme au moment où elle a atteint un certain degré de préparation et quand les vies qui la composent avaient acquis une certaine capacité de vibration ; maintenant il l'utilise, répétant à l'intérieur de sa zone d'influence le travail accompli par l'atome matériel ; toutefois il ne se manifeste pas d'une seule façon, ou de deux, mais de trois. En conséquence nous avons dans l'homme, en fait et en vérité, ce que le Chrétien appellerait "une image de Dieu". Car la seule façon dont nous puissions connaître Dieu – et cela doit être évident pour tous les penseurs – est par l'étude de Sa nature ou de Sa qualité psychique. Nous savons que Dieu est intelligence, nous savons qu'Il est amour, c'est-à-dire la grande force attractive du système solaire, et nous savons qu'Il est la grande volonté, ou dessein, qui existe derrière toute manifestation. Dans tous les livres sacrés de l'humanité la Déité est dépeinte sous ces trois aspects et se manifeste de cette triple façon à travers la nature.

L'évolution de la substance est une croissance progressive ; elle est complétée, avec le temps, par la lente apparition de la qualité subjective de la vie de Dieu, et ainsi se trouve démontrée Sa nature essentielle. D'abord vous voyez émerger un aspect, puis un autre ; enfin surgit le troisième, et vous avez alors cette combinaison prodigieuse et cette consommation qu'est l'être humain.
Celui-ci synthétise et fond ces trois aspects en les unissant en lui-même. Il est la totalité des attributs divins, quoique ceux-ci soient encore à l'état nettement embryonnaire, et il doit répéter, à l'intérieur de son cycle d'évolution, un processus identique à celui que l'atome a accompli dans le sien. De même que l'atome poursuit sa propre course interne et de même qu'il lui a fallu plus tard se mélanger et s'associer à d'autres atomes pour former un groupe, de même l'atome humain doit trouver sa place au sein d'une forme plus grande.

Considérons un instant ce qu'est, pour l'être humain, la méthode du processus évolutif. Nous avons vu que les trois lignes convergent en lui, qu'il est un point de synthèse doué d'un triple aspect dont l'un, l'intelligence, est encore prédominant, le second, l'amour sagesse, ne commence qu'à se faire sentir, et le troisième, la volonté spirituelle, est encore purement embryonnaire.

Nous avons presque tous été élevés dans la croyance de ce que l'on appelle "la Chute de l'homme". Mais rares sont ceux qui croient encore, de nos jours, que la Chute s'est réellement passée telle qu'elle est décrite au premier Livre de la Genèse, et nous pensons presque tous que ce récit doit posséder un sens allégorique. Quelle est la vérité occulte qui se cache derrière cette curieuse histoire ? Simplement, que la vérité concernant la chute de l'esprit dans la matière a été expliquée par une image à la mentalité enfantine de l'homme primitif. Le processus de la convergence de ces lignes est double. Vous avez la descente de l'entité, ou de la vie centrale, dans la matière et l'incarnation de l'esprit ; puis vous avez la remontée, hors de la matière, de cette vie, ou esprit, accrue de tout ce qu'elle a acquis par l'utilisation de la forme. Dans l'expérimentation de la matière, dans l'habitation à l'intérieur de la forme, dans l'Exode du Jardin d'Eden (où il n'y avait pas place pour son développement nécessaire) et dans les pérégrinations de l'Enfant Prodigue à travers les contrées lointaines, vous avez les différents stades dépeints dans la Bible chrétienne, où l'homme découvre qu'il n'est pas lui-même la forme mais celui qui l'utilise. Il est intelligence et est fait, par conséquent, à l'image de la troisième personne de la Trinité ; il est amour et, par lui, cet aspect de la Déité sera manifesté un jour d'une façon parfaite, et il sera capable de dire, avec son frère aîné le Christ, en réponse à la question : "Seigneur, montrez-nous le Père", que "celui qui m'a vu a vu le Père", car Dieu est amour ; et, finalement, l'aspect le plus haut, la volonté de Dieu, se manifestera aussi et l'homme deviendra parfait comme son Père est parfait.

De même que nous avons distingué trois stades dans l'évolution de la substance – celui de l'énergie atomique, celui de la cohérence du groupe, et celui de la synthèse finale – de même trois stades apparaîtront dans l'évolution de l'homme. Vous aurez, dans les premiers stades de l'évolution humaine, ce que nous pourrions appeler le stade atomique, dans lequel l'homme accède graduellement à la connaissance de son moi en tant qu'unité consciente, et acquiert sa propre personnalité. Tous ceux qui ont élevé des enfants connaissent ce stade. On le reconnaît dans leur façon de dire constamment "moi, moi, moi" ; c'est le stade de l'appropriation, dans lequel l'enfant ne se préoccupe nullement de l'existence des autres êtres humains. Les enfants sont naturellement, judicieusement et sagement égoïstes. C'est le stade de la reconnaissance graduelle de l'existence séparée, de l'utilisation toujours plus efficace, par l'atome humain, de sa propre force atomique interne.
L'enfant se rebelle contre la tutelle de ceux qui cherchent à le protéger et se considère capable de se suffire à lui-même. Ceci se remarque aussi bien dans l'individu que dans la race.

Puis, tandis que la vie se poursuit, l'homme passe du stade atomique à un stade meilleur et plus élevé, où ses relations avec le groupe lui deviennent perceptibles, où il s'aperçoit qu'il a des responsabilités envers le groupe et qu'il a des fonctions à exercer, en corrélation avec d'autres atomes séparés. La conscience du groupe commence à se faire sentir. Ainsi l'atome humain trouve sa place au sein du groupe – cette unité plus grande à laquelle il appartient – et l'amour commence à devenir visible. L'homme est passé du stade atomique à celui de la cohérence du groupe.

Plus tard, vient le stade où l'homme commence à comprendre qu'il n'a pas seulement des responsabilités envers le groupe mais aussi envers quelque chose de plus grand encore. Il s'aperçoit qu'il fait partie de la grande vie universelle sous-jacente à tous les groupes, qu'il n'est pas simplement une partie du groupe mais qu'après avoir fondu sa personnalité dans celle du groupe – sans cependant jamais la perdre – le groupe lui-même doit être fondu à son tour dans la grande Identité Qui est leur synthèse à tous. Il arrive ainsi au stade final, qui est la compréhension intelligente de l'unité divine.
Cette triple idée se trouve résumée dans une phrase fort intéressante de la Bible, celle où Jéhovah dit à Moïse, l'homme représentatif : "Je suis Celui qui suis". Si vous coupez cette phrase en trois tronçons, vous aurez ce que j'ai cherché à mettre en lumière ce soir. D'abord, la conscience atomique : Je suis.
Puis le groupe : Je suis Celui ; c'est là l'expression d'une conscience qui n'est pas simplement celle de l'individu isolé, ni celle de l'unité centrée sur elle-même, ni celle d'une entité consciente de son propre moi, mais une chose beaucoup plus grande encore. L'homme accède alors à la connaissance qui l'incitera à sacrifier son identité au groupe et à fondre sa conscience dans celle du groupe. Nous ne savons encore pratiquement rien d'une union de ce genre.
Ce stade est suivi par un autre, plus grand, où le "Je suis Celui qui suis" ne sera plus pour nous un idéal inaccessible mais une réalité fondamentale. Alors l'homme faisant partie d'un agrégat se reconnaîtra comme étant une expression de la vie universelle et la conscience du groupe se fondra dans celle de l'Agrégat de tous les groupes.

Nous supposons, et nous espérons que nous sommes en train de sortir rapidement du stade atomique et que notre sphère d'influence et d'intérêt n'est pas limitée entièrement par notre mur atomique, mais que nous sommes en train de devenir radioactifs, pour nous servir d'un terme à présent couramment employé. Quand cette évolution sera accomplie, nous ne serons plus circonscrits et limités par notre propre coquille et par les confins étroits de notre vie individuelle, mais nous commencerons à rayonner et à entrer en contact avec d'autres atomes, atteignant ainsi le second stade – le stade attractif.

Quel est donc le but qui se trouve devant chacun de nous ? Quel est le but de tous ces atomes différents dont nous nous occupons ? Certains textes religieux de l'Orient nous disent que le but de l'atome matériel est la conscience de lui-même. Quel est alors le but de l'atome humain, déjà conscient de lui-même, déjà individualisé et qui se dirige par le moyen de sa volonté ? Qu'y a-il à l'horizon de l'homme ? Simplement, l'expansion de la conscience, de sorte qu'elle devienne assez grande pour inclure la conscience de la grande Vie, ou Etre, dans le corps duquel l'homme n'est lui-même qu'une cellule. Notre corps physique, par exemple, est fait d'innombrables vies plus petites, distinctes chacune par son activité propre et formant chacune une sphère qui maintient à l'intérieur de sa périphérie d'autres sphères plus petites ou électrons.

Nous avons vu que l'homme est la charge positive et qu'il tient la multiplicité de ses atomes, ou vies plus petites, liées en formes cohérentes ; il leur infuse, en outre, son énergie. Au moment de la mort, quand l'esprit se retire, la forme se désagrège et se dissout, et ces petites vies conscientes se dispersent ayant accompli leur mission. La conscience de l'atome dans le corps est très différente de la conscience de l'homme, ce qui est facile à comprendre.
Si nous admettons que l'homme est une cellule dans une plus grande sphère, n'est-il pas possible qu'il existe aussi une conscience qui soit à l'homme ce que sa conscience est à celle de la cellule ? N'est-il pas possible que nous ayons devant nous la possibilité d'atteindre à cette conscience plus grande, de même que l'atome de la substance atteindra un jour la conscience de l'être humain ?
N'est-ce pas ce que pensait Robert Browning lorsqu'il dit : "L'humanité, faite de tous les hommes isolés ; une telle synthèse marque la fin de l'histoire" ? Ici, il nous montre le concept d'un plus grand Homme, qui est la synthèse, ou somme totale de toutes les unités plus petites qui le composent. Peut-être cette synthèse est-elle la grande Vie, ou Entité planétaire Qui se trouve derrière la manifestation de notre planète, et Qui est la somme totale de la conscience de tous les groupes. Je suggère que, tout comme la conscience de soi-même est le but des formes sub-humaines et la conscience du groupe, ou conscience de l'Homme céleste, le but de l'être humain, ainsi, pour l'Entité planétaire à son tour il peut y avoir un but, et ce but peut consister à atteindre la conscience divine. C'est à cette Entité qu'incombe la lutte pour parvenir à la compréhension du Logos solaire.

Ainsi nous pouvons suivre l'unité de la conscience depuis l'atome le plus infime jusqu'à la Déité Elle-même. Ainsi se déploie devant nous une image merveilleuse et s'ouvre une possibilité infinie. Ainsi la vie de Dieu peut être aperçue dans sa triple manifestation essentielle opérant à travers une conscience toujours croissante ; elle se manifeste dans l'atome de la substance et grandit, par le moyen de la forme, jusqu'à ce qu'elle trouve un point culminant dans l'homme ; puis, poursuivant sa course, elle monte vers la conscience planétaire qui est la somme totale de tous les états de conscience existant sur notre planète, pour aboutir enfin à la Vie fondamentale Qui tient toutes les évolutions planétaires synthétisées dans Sa plus grande sphère, le système solaire. Ainsi, en les additionnant, nous avons quatre stades d'activité intelligente que nous pourrions appeler : la conscience, la conscience de soi-même, la conscience du groupe et la conscience divine. Celles-ci se manifestent à travers quatre types d'atomes : d'abord l'atome chimique et toutes les formes atomiques ; puis l'atome humain ; ensuite l'atome planétaire ; et enfin l'atome solaire qui embrasse tout. Les types de vie sub-humaines animent les formes atomiques, depuis la vie de l'atome de la substance jusqu'à la vie informante des animaux les plus élevés ; puis nous rencontrons cette vie que nous appelons humaine, celle de l'homme, le penseur ; ensuite nous avons l'Homme céleste, et enfin la grande Vie du système solaire que les chrétiens appellent Dieu, ou Logos.

Browning exprime, par les vers suivants, cette idée d'une expansion graduelle de la conscience humaine tendant à se surpasser pour atteindre quelque chose de plus grand et de plus vaste que lui-même :

Quand la race entière sera parfaite Comme l'homme, qui est : tous tendant vers l'humanité Et l'homme produit, tout aura sa fin...
Mais dans l'homme accompli commence de nouveau Une tendance vers Dieu. Les présages ont annoncé L'approche de l'homme ; de même, en l'homme surgissent. Des anticipations augustes, des symboles, des types D'une splendeur voilée, jamais encore atteinte Dans ce cycle éternel que poursuit la vie. Car les hommes commencent à transgresser les bornes de leur nature. Découvrant de nouveaux espoirs et des soucis qui supplantent vite. Leurs propres joies et leurs chagrins : ils deviennent trop grands .
Pour les croyances étroites qui se flétrissent Devant la soif incommensurable du bien : tandis que la paix Sourd, toujours plus puissante au fond d'eux-mêmes.

Dès à présent il existe de tels hommes sur terre, Sereins, parmi les créatures à demi formées qui les entourent Qui seront un jour sauvées par eux, et unies à eux.

L'EVOLUTION DE LA CONSCIENCE


La semaine dernière nous avons étudié, d'une façon sommaire, l'évolution de l'homme, le penseur, c'est-à-dire l'habitant des corps qui les utilise durant le cycle de l'évolution. Nous avons vu qu'il était l'aboutissement des évolutions qui l'avaient précédé. Nous étions parvenus à l'étude de cette évolution à la suite des deux conférences précédentes, dans lesquelles nous avions examiné tout d'abord la substance, ou matière atomique, antérieurement à sa construction en une forme, ou l'atome minuscule avant qu'il ne se soit incorporé à un véhicule d'aucune sorte. Puis nous avons étudié la construction des formes par le moyen de la grande loi d'attraction qui rassemble les atomes, les incitant à s'unir et à vibrer à l'unisson, et produisant ainsi une forme ou agrégat d'atomes. Nous constatâmes alors que nous avions, dans la substance atomique, un aspect de la Déité et de la force centrale ou énergie du système solaire se manifestant sous l'aspect de l'intelligence, et nous vîmes se manifester dans les formes de la nature une autre qualité de la Déité, celle de l'amour ou attraction, la force cohésive qui assure l'unification de la forme. Puis nous avons étudié l'être humain, ou homme, et avons remarqué que ces trois aspects divins se rencontraient en lui. Nous vîmes en l'homme une volonté centrale, se manifestant à travers une forme composée d'atomes et douée des trois qualités de Dieu : l'intelligence, l'amour sagesse, et la volonté, ou pouvoir.

Aujourd'hui, nous quitterons l'aspect matériel de ces manifestations auquel nous avons consacré nos précédents entretiens, pour aborder la conscience résidant à l'intérieur de la forme. Nous avons vu que l'atome peut être considéré comme la vie centrale se manifestant à travers une forme sphérique et douée des facultés de la pensée ; mais l'atome humain peut, lui aussi, être considéré comme une vie centrale positive utilisant une forme et douée des différentes qualités que nous avons énumérées plus haut ; puis nous avons dit que si notre hypothèse concernant l'atome était juste, et si nous avions raison de considérer l'être humain comme un atome, nous pourrions étendre cette conception à la planète et dire qu'il y a, dans l'atome planétaire, une grande Vie se manifestant par l'entremise d'une forme douée de qualités spécifiques, grâce auxquelles elle tend à réaliser un dessein précis ; et nous devrons étendre, enfin, ce même concept à la grande sphère du système solaire et à la Déité qui l'habite.

Examinons à présent la question de la conscience elle-même et étudions un peu le problème que posent les réactions de la vie à l'intérieur des formes. Si nous pouvons en extraire quelques idées générales conformes à ce qui a été dit plus haut, je pourrai poser une nouvelle pierre à l'édifice que je m'efforce de construire devant vous.

Le mot conscience vient de deux mots latins : con, avec, scio, savoir, et signifie littéralement "Ce avec quoi nous savons". Si vous prenez un dictionnaire et que vous cherchiez ce mot, vous le trouverez défini à peu près de la manière suivante : "L'état de perception, ou la capacité de répondre à des stimulations, la faculté de ressentir les contacts, et le pouvoir de synchroniser les vibrations. Toutes ces phrases pourraient faire partie de n'importe quelle définition de la conscience mais celle que je désire mettre en évidence, ce soir, est celle que nous donne le Standard Dictionary et que j'ai citée plus haut. Le penseur qui feuillette la majorité des manuels traitant de cette question les trouvera sans doute très troublants, car ils divisent la conscience et l'état de perception en d'innombrables divisions et subdivisions, qui laissent le lecteur dans une confusion absolue. Ce soir, nous n'aborderons que trois types de conscience que nous pourrions appeler : la conscience absolue, la conscience universelle et la conscience individuelle. De ces trois formes de conscience on ne peut en définir clairement que deux.

Le penseur ne peut se faire pratiquement aucune idée de la conscience absolue. On l'a définie, dans un livre, comme étant : "cette conscience en laquelle tout est inclus, à la fois l'actuel et le possible" ; elle se rapporte à tout ce qui est imaginable, c'est-à-dire à tout ce qui est, à tout ce qui sera et à tout ce qui pourrait être. Ceci est, probablement, la conscience absolue, et, du point de vue de l'être humain, c'est la conscience de Dieu Qui embrasse et contient, à la fois, le passé, le présent et le futur. Qu'est alors la conscience universelle ? On pourrait la définir comme étant la conscience pensant dans le temps et dans l'espace, et contenant en elle l'idée de situation et de succession. Cette conscience est, en réalité, celle du groupe, le groupe lui-même formant une unité plus ou moins grande. Enfin, la conscience individuelle peut être définie comme étant la quantité de conscience universelle qu'une unité séparée est capable de percevoir et d'appréhender par elle-même.

Pour comprendre ces expressions un peu vagues – la conscience absolue, universelle et individuelle – il pourrait être utile de chercher à les illustrer par des exemples. On pourrait s'y prendre de la façon suivante : nous avons vu, au cours de nos précédentes conférences, qu'il faut considérer l'atome du corps humain comme une petite entité, une vie minuscule mais intelligente, et une sphère microscopique et active. Si nous prenons cette petite cellule comme point de départ, nous pourrons acquérir une notion de ce que sont ces trois types de conscience en les considérant du point de vue de l'atome et de l'homme. Pour un des atomes minuscules qui constituent le corps humain, la conscience individuelle serait sa propre vie vibratoire, sa propre activité interne et tout ce qui la concerne spécifiquement. Pour cette même petite cellule, la conscience universelle serait la conscience du corps physique tout entier, en considérant ce dernier comme l'unité en laquelle est incorporé l'atome. La conscience absolue pourrait être envisagée, toujours par l'atome, comme la conscience de l'homme, doué de pensée, infusant son énergie au corps. Cette dernière forme de conscience serait, pour l'atome, quelque chose de si éloigné de sa propre vie interne qu'elle lui serait pratiquement inconcevable et inconnue, bien qu'elle régisse par l'action de sa volonté, non seulement la forme et l'atome inclus dans cette forme, mais encore tout ce qui les concerne. Il suffirait d'appliquer cette même idée à l'homme, considéré comme un atome ou une cellule faisant partie du corps d'une grande Entité, pour retrouver, sur ce plan nouveau, une conception similaire de la triple conscience. Mais, parvenus à ce point, il serait plus sage pour nous de redescendre de la conscience absolue à des spéculations d'un caractère plus pratique.

La science occulte arrive, peu à peu, aux conclusions énoncées par la philosophie ésotérique de l'Orient, à savoir que l'on ne doit pas seulement considérer la conscience comme un privilège exclusif de l'animal et de l'être humain, mais qu'il faut l'étendre au règne végétal, et même jusqu'au règne minéral et que la conscience de soi-même doit être considérée comme le couronnement de la croissance évolutionnaire de la conscience à travers les trois règnes inférieurs. Il m'est impossible, étant donné le peu de temps dont je dispose, d'entrer dans l'étude prodigieusement attrayante du développement de la conscience dans le règne animal, dans le règne végétal et son apparition dans le règne minéral. Si nous pouvions le faire, nous verrions que même les minéraux manifestent des symptômes de conscience et réagissent aux stimulants, qu'ils manifestent des signes de fatigue, et qu'il est possible d'empoisonner un minéral et de l'assassiner comme on assassine un être humain. On admet plus volontiers que les fleurs sont douées de conscience et on a publié, sur la sensibilité des plantes, des articles d'un vif intérêt ouvrant des perspectives très vastes à notre pensée. Nous avons vu que la seule chose que nous puissions affirmer avec certitude, au sujet de la matière atomique, c'est qu'elle fait preuve d'intelligence, c'est-à-dire qu'elle est douée du pouvoir de sélectionner et de discriminer. C'est là le trait prédominant de la conscience, telle qu'elle se manifeste à travers l'ensemble du règne minéral. Une nouvelle qualité apparaît dans le règne végétal : celle de la sensation, quoiqu'elle ne dépasse pas un stade rudimentaire. Les végétaux "répondent" aux influences extérieures d'une autre façon que les minéraux. Une troisième réaction apparaît dans le royaume animal ; l'animal ne donne pas seulement des signes de sensation, d'une façon infiniment plus grande que le végétal, il fait preuve également de facultés intelligentes et est doué d'un embryon de pensée.
L'instinct est une faculté dont sont douées toutes les unités animales, et ce mot a la même racine que le verbe latin "instigare". Quand la faculté d'instigation s'ébauche chez l'animal, c'est le signe qu'un embryon de pensée commence à se manifester. Dans tous ces règnes, vous avez différents degrés et différents types de conscience mais, dans l'homme, vous trouvez enfin les premiers symptômes de la conscience de soi-même, ou la faculté par laquelle il se sent être une entité séparée ; par elle, il s'aperçoit peu à peu qu'il est l'impulsion vivante au sein du corps, et qu'il est en train d'accroître sa conscience par le moyen de ce corps. Ces choses ont été enseignées depuis longtemps en Orient, et la philosophie ésotérique nous apprend "que tout vit et est doué de conscience, mais que toute vie et toute conscience ne sont pas semblables à celles de l'homme". Elle met aussi en lumière le fait que "de vastes intervalles existent entre la conscience de l'atome et celle de la fleur, entre celle de la fleur et celle de l'homme, entre celle de l'homme et celle de Dieu. Comme l'a dit Browning :"Dans l'homme commence une tendance nouvelle vers Dieu". Il n'est pas encore un Dieu, mais un Dieu en formation ; il est en train de façonner l'image de Dieu, et il la produira un jour d'une façon parfaite. Il est celui qui s'efforce de démontrer la vie subjective divine et triple, par l'entremise de l'univers objectif.

La méthode du développement évolutionnaire de la conscience n'est, dans l'être humain, qu'une répétition, à un tournant plus élevé de la spirale, des deux stades que nous avons déjà signalés dans l'évolution de l'atome : celui de l'énergie atomique et celui de la cohérence du groupe.

Un fait qui apparaît clairement à tous ceux d'entre nous qui s'intéressent aux problèmes de la conscience, et qui ont l'habitude de noter ce qui se passe autour d'eux, est la différence de degré que nous rencontrons partout entre les diverses mentalités et les différents types de conscience existant simultanément parmi les hommes. Nous rencontrons des gens qui sont alertes, vifs, qui répondent aux divers courants de pensée animant les affaires humaines, et conscients des contacts de toutes sortes ; puis, nous rencontrons des gens qui semblent endormis ; il y a si peu de choses, croirait-on, qui les intéresse. Ils paraissent totalement indifférents aux contacts ; ils sont encore plongés dans un stade d'inertie et ne semblent guère en mesure de réagir devant les stimulants extérieurs ; ils ne sont pas vivants au point de vue mental. On remarque la même chose chez les enfants. Les uns répondent vite, tandis que les autres nous paraissent stupides. Ce n'est pas que les uns soient, au fond, plus stupides que les autres ; leur différence est simplement due au stade interne auquel l'enfant est parvenu, et à ses plus fréquentes réincarnations c'est-à-dire au temps plus long qu'il a mis à devenir conscient.

Prenons à présent les deux stades : le stade atomique et celui de la forme, et voyons comment se développe la conscience humaine, en nous rappelant toujours que l'atome humain a accumulé en lui tout ce qui a été acquis dans les trois règnes inférieurs de la nature.

L'homme bénéficie de l'immense processus évolutionnaire s'étendant derrière lui. Il part avec, à l'état latent, tout ce qui y a été acquis. Il a conscience de lui-même et voit un but défini devant lui, qui est l'accession à la conscience du groupe. Le but de l'atome de la substance avait consisté à atteindre la conscience de soi-même. Le but de l'être humain consiste à atteindre une Conscience plus grande, un plus vaste horizon de perception.

Le stade atomique, que nous examinons en ce moment, est particulièrement intéressant pour nous parce que c'est celui où se trouve la plus grande partie de la famille humaine. Au cours de ce stade, nous passons à travers la période (extrêmement nécessaire) de l'égocentrisme, ce cycle dans lequel l'homme est préoccupé principalement de ses propres affaires, de ce qui l'intéresse directement, et où il vit intensément sa propre vie interne et vibratoire. Pendant la longue période qui a précédé la nôtre, et peut-être au stade actuel (car je ne pense pas que beaucoup d'entre nous se sentent offensés si on les considère comme n'ayant pas encore atteint la perfection, ni touche au but), la majorité d'entre nous est intensément égoïste et ne s'intéresse que mentalement à tout ce qui se passe dans le monde – et peut-être seulement parce que nos cœurs sont touchés et que nous n'aimons pas être gênés dans nos habitudes ; ou bien nous sommes intéressés parce que c'est la mode de l'être ; et cependant, malgré cette attitude mentale, toute notre attention est concentrée sur les choses qui concernent notre vie individuelle. Nous sommes dans le stade atomique et dépensons une énergie intense dès que nos problèmes personnels sont en cause. Regardez les foules circulant dans les rues de n'importe quelle grande ville et vous verrez partout des gens qui se trouvent dans le stade atomique, entièrement centrés sur eux-mêmes, uniquement absorbés par leurs propres affaires, poursuivant leur plaisir personnel, désireux de s'amuser et ne s'intéressant qu'incidemment aux problèmes du groupe. Ce stade est nécessaire. Il agit comme une protection et est d'une valeur essentielle pour chaque unité de la famille humaine. Le fait de comprendre ce fait nous rendra sûrement plus patients à l'égard de ceux d'entre nos frères et sœurs qui nous irritent si souvent.

Quels sont les deux facteurs grâce auxquels nous entrons et sortons du stade atomique ? En Orient, on a considéré pendant longtemps la méthode de l'évolution comme étant double. On a appris à l'homme qu'il évolue et devient conscient d'abord par le moyen de ses cinq sens, et ensuite par le développement de la faculté de discrimination joint à l'impassibilité. Ici, en Occident, nous avons mis principalement l'accent sur les cinq sens, et l'on ne nous a rien appris concernant la discrimination pourtant essentielle. Si vous observez le développement d'un nourrisson, vous verrez qu'un bébé développe habituellement ses cinq sens suivant un ordre régulier. Le premier sens qu'il développe est l'ouïe : il bougera la tête en entendant un son. Le second sens qui apparaît est celui du toucher, et il commence à sentir avec ses petites mains. Le troisième sens qui s'éveille est la vue. Je ne veux pas dire par-là que le bébé ne peut pas voir, ni qu'il naît aveugle comme les petits chats, mais il faut souvent plusieurs semaines avant qu'un bébé puisse voir consciemment et reconnaître ce qu'il voit. La faculté a toujours été présente mais il ne s'en est pas rendu compte. Il en va de même en ce qui concerne l'expansion de la conscience chez l'homme et les buts qui se trouvent aujourd'hui devant lui. Dans ces trois sens majeurs, l'ouïe, le toucher et la vue, vous pouvez déceler une très curieuse analogie avec la triple manifestation de la Déité, le moi, le non-moi, et la relation qui les unit. Le moi, d'une façon occulte, entend et répond à la vibration, prenant ainsi conscience de lui-même.
Par le toucher, il devient sensible au non-moi et à sa tangibilité, mais c'est seulement quand apparaît la vue, la reconnaissance consciente des choses, que la relation s'établit entre le moi et le non-moi. Deux autres sens sont encore utilisés par le moi pour renforcer ses contacts avec le monde : le goût et l'odorat ; mais ils jouent, dans l'éveil de l'intelligence un rôle moins grand que les trois autres. A travers ces cinq sens, il nous est loisible d'établir tous les contacts possibles sur le plan physique ; par eux, nous apprenons, nous croissons, nous devenons conscients, nous nous développons ; ce sont les grands sens protecteurs, qui nous permettent, non seulement d'entrer en contact avec notre milieu, mais aussi de nous en protéger.

Ayant donc appris à devenir des unités intelligentes, par le moyen de ces cinq sens et ayant, grâce à eux, agrandi notre conscience, nous arrivons à une période de crise où il nous faut avoir recours à un nouveau facteur : la discrimination intelligente. Ici, je fais allusion à ce choix conscient que nous exerçons, vous et moi, et que nous serons forcés d'utiliser de plus en plus, au fur et à mesure que l'évolution nous mènera vers ce point où nous apprendrons à distinguer entre le moi et le non-moi, entre le réel et l'irréel, entre la vie immanente à la forme, et la forme dont se sert la vie, entre celui qui pense et ce qui est pensé. Ici, nous voyons le dessein complet de l'évolution, l'accession à la conscience du moi véritable par le moyen du non-moi.

Nous traversons une longue période, ou cycle de vies successives, au cours de laquelle nous nous identifions toujours plus étroitement à la forme, et devenons si unis au non-moi que nous ne distinguons plus entre les deux, entièrement préoccupés que nous sommes par les choses éphémères et transitoires. C'est cette identification au non-moi qui est la cause de toute la douleur, du mécontentement et de la détresse qui existent dans le monde, mais nous devons cependant nous rappeler que c'est par cette réaction du moi à l'égard du non-moi que nous acquerrons inévitablement la connaissance et que nous nous arracherons, pour finir, à l'emprise de ce qui est éphémère et irréel. Ce cycle de l'identification à l'irréel s'effectue parallèlement au stade de la conscience individuelle. De même que l'atome de la substance doit trouver sa place au sein de quelque forme, pour ajouter son potentiel d'activité à l'unité plus grande, de même, par le moyen du développement de la conscience, l'atome humain doit atteindre un point où il reconnaîtra la place qui lui est assignée dans un plus grand Tout, et assumera sa part de responsabilité dans l'activité du groupe. Ceci est le stade dont s'approche actuellement un grand nombre de membres de la famille humaine. Les hommes commencent à distinguer, plus vivement qu'ils ne l'ont jamais fait auparavant, le réel de l'irréel, le permanent de l'éphémère ; par la souffrance et la douleur, ils commencent à entrevoir que le non-moi ne suffit pas, et ils cherchent autour d'eux, et en eux-mêmes, ce qui est plus exactement adapté à leurs besoins. Les hommes s'efforcent de comprendre, de trouver en eux le royaume de Dieu et, grâce à la science mentale, à la Pensée nouvelle, et à l'étude de la psychologie, ils parviendront à certaines connaissances qui seront d'un intérêt incalculable pour la race humaine. Ceci nous indique que le stade de la forme approche à grands pas et que les hommes sont en train de quitter le stade atomique pour un autre stade infiniment plus grand et meilleur. L'homme commence à percevoir la vibration de cette plus grande Vie dans le corps de laquelle il n'est qu'un atome, et il commence, petit à petit, à répondre consciemment à cet appel plus vaste, et à trouver les chenaux qui lui permettent de comprendre cette plus grande Vie qu'il pressent confusément mais ne connaît pas encore. S'il persiste dans cette voie il trouvera, enfin, le groupe auquel il appartient et changera alors son centre. Il ne sera plus limité par son petit mur atomique, mais passera outre, et deviendra à son tour une partie consciente, active et intelligente, d'un plus grand Tout.

Comment ce changement peut-il s'opérer ? Le stade atomique s'est développé par le moyen des cinq sens et par l'emploi de la faculté de discrimination. Deux moyens permettent d'accéder au stade dans lequel l'homme s'éveille à l'idée du groupe et participe consciemment à ses activités : la méditation et une série d'initiations. Mais quand j'emploie le mot de "méditation", je ne veux pas dire ce que l'on entend généralement par ce terme, c'est-à-dire un état d'esprit négatif réceptif, ou un état de transe. Il y a beaucoup de malentendus, de nos jours, en ce qui concerne la méditation, et il y a beaucoup de soi-disant méditations dont la description a été fort exactement donnée récemment par une personne qui disait, en parlant de cet état : "Je ferme les yeux, j'ouvre la bouche, et j'attends que quelque chose arrive". La vraie méditation exige l'application la plus intense du mental, le contrôle suprême de la pensée, et une attitude qui n'est ni négative ni positive mais un équilibre parfait entre les deux. Dans les Ecrits orientaux, l'homme qui médite est décrit comme suit – et l'examen attentif de ces mots peut nous éclairer grandement sur le sens de la chose – : "Le Maha Yogi est le grand ascète en qui est centrée la plus haute perfection de la pénitence et de la méditation abstraite, par laquelle les pouvoirs illimités sont atteints, les merveilles et les miracles accomplis, le suprême savoir spirituel acquis, et où se réalise enfin l'union avec le grand Esprit de l'univers". Ici l'union avec la vie du groupe se trouve clairement soulignée comme étant le fruit de la méditation et il n'y a aucun autre moyen de l'atteindre.

La véritable méditation (dont les stades préliminaires sont la concentration intense sur une ligne de pensée quelconque) diffère suivant les individus et les types. L'homme religieux, le mystique, concentrera son attention sur la vie immanente à la forme, sur Dieu, sur le Christ, ou sur ce qui incarne son idéal.
L'homme d'affaires qui, durant ses heures de travail, est concentré uniquement sur la question qui le préoccupe, et qui garde son attention fixée sur le problème qu'il doit résoudre, apprend lui aussi à méditer. Plus tard, quand il parviendra à une conception plus spirituelle de la méditation, il s'apercevra qu'il a déjà accompli la partie la plus dure de la route. La personne qui lit un livre difficile, et le lit en y mettant toute la puissance de son cerveau, parvenant ainsi au sens se trouvant derrière les lignes écrites, peut être en train de méditer autant qu'il lui est possible, Je dis ceci pour vous encourager parce que nous vivons dans un cycle ou l'on écrit beaucoup de livres sur la méditation et où l'on trouve beaucoup d'écoles de méditation. Tous incarnent un aspect de la vérité et beaucoup font énormément de bien, mais peut-être n'incarnent-ils pas toujours ce qu'il y a de meilleur pour tel ou tel individu, pris en particulier.
Il nous faut trouver notre manière personnelle de nous concentrer et notre propre méthode pour nous approcher de ce qui est à l'intérieur des choses ; il nous faut étudier individuellement, et chacun pour nous, la question de la méditation.

Je voudrais, ici, vous donner un avertissement. Evitez ces écoles et ces méthodes qui combinent les exercices respiratoires avec la méditation, qui vous enseignent que la méditation dépend de certains gestes et de certaines attitudes physiques, et qui apprennent à leurs élèves à concentrer leur attention sur certains organes corporels, ou centres. Ceux qui suivent ces méthodes vont droit au désastre et, sans parler des dangers physiques, des risques de déséquilibre mental et des désordres nerveux qu'ils comportent, ils se préoccupent uniquement de la forme, qui est une limitation et non de l'esprit, qui est la vie. Le but recherché ne peut être atteint par cette voie.
Pour la plupart d'entre nous, la concentration intellectuelle qui découle du contrôle du mental et la capacité de penser clairement et de ne penser que ce que nous voulons penser doivent précéder la vraie méditation, qui est une chose que peu de gens connaissent. La véritable méditation, sur laquelle il m'est impossible de m'étendre ici, aura pour résultat un changement défini de polarisation, ouvrira à l'homme un champ d'expériences inimaginable, lui révélera des contacts dont il n'a encore aucune notion, et lui permettra de trouver sa place au sein du groupe. Il ne sera plus confiné dans les murs de sa vie personnelle, mais commencera à se fondre dans le plus grand Tout. Il ne sera plus absorbé par ses intérêts égoïstes, mais consacrera toute son attention aux problèmes du groupe. Il ne passera plus son temps à cultiver sa propre identité, mais s'efforcera de comprendre cette plus grande Identité dont il fait partie. C'est là, en fait, ce que tous les hommes avancés sont en train de faire.
Quoique l'homme moyen ne s'en rende guère compte, c'est grâce à la méditation que les grands penseurs, comme Edison et les autres, parviennent à la solution de leurs problèmes. Par une concentration prolongée, par une récapitulation constante, par une application ardue à la ligne de pensée particulière qui les intéresse, ils captent les réservoirs intérieurs de l'inspiration et, ayant atteint les hauteurs du plan mental, ils en font découler des résultats dont bénéficie le groupe. Quand nous aurons accompli nous-mêmes un certain travail dans cette ligne, lorsque nous cultiverons les intérêts du groupe et non nos intérêts particuliers, quand nous aurons développé des corps physiques forts et sains, et des corps émotionnels bien contrôlés et non plus entraînés dans le tourbillon des désirs, quand nous aurons des corps mentaux qui seront nos instruments et non nos maîtres, alors nous saurons ce qu'est la vraie méditation.

Quand, par le moyen de la méditation, un homme est entré en contact avec le groupe auquel il appartient, quand il est devenu, par conséquent, toujours plus conscient du groupe, il est alors en mesure de traverser ce que l'on appelle une série d'initiations. Ces initiations sont simplement des expansions de la conscience, accomplies avec l'aide de Ceux ayant déjà atteint le but, s'étant déjà identifiés au groupe, et Qui sont une partie consciente de l'Homme céleste.
Grâce à leur assistance, l'homme accédera peu à peu au degré de connaissance qui est le Leur.

De nos jours, on s'intéresse beaucoup à l'initiation. Mais on a trop insisté sur son caractère rituel. Il nous faut nous souvenir que tout déploiement de la conscience est une initiation. Tout pas en avant, accompli sur le chemin de la connaissance, est une initiation. Quand l'atome de la substance fut incorporé à une forme ce fut, pour cet atome, une initiation. Il est devenu conscient d'un nouveau type de force et le registre de ses contacts s'est élargi.

Lorsque la conscience des règnes minéral et végétal fusionnèrent, et que la vie passa du règne inférieur au règne plus élevé, ce fut aussi une initiation. Quand la conscience de l'animal grandit et devint celle de l'être humain, ce fut encore une autre grande initiation. Quand la conscience fit son entrée dans chacun des quatre règnes de la nature, ce fut par un processus d'expansion, ou d'initiation.
A l'horizon de la famille humaine se trouve, à présent, un cinquième règne : le règne spirituel ; et l'on y entre également par le moyen d'une certaine initiation, comme le savent ceux qui ont lu avec attention le Nouveau Testament. Dans chacun de ces cas, l'initiation n'a été accomplie qu'avec l'aide de Ceux qui savent déjà. De sorte qu'à l'intérieur du plan de l'évolution nous n'avons pas de grands abîmes vides entre les règnes, entre un état de perception et un autre, mais un développement graduel et continu de la conscience, dans lequel – tous autant que nous sommes – nous avons déjà eu et nous aurons notre part.

Si nous nous rappelons cette universalité de l'initiation, nous nous en ferons une image beaucoup plus correcte et harmonieuse. Chaque fois que nous prenons plus clairement conscience de notre milieu, nous traversons une initiation, quoique sur une toute petite échelle. Chaque fois que notre horizon s'élargit et que nous voyons et pensons d'une façon moins étroite, c'est une initiation, et c'est en cela que réside, pour nous, la valeur de la vie et la grandeur des chances qui nous ont été données.

Je tiens, avant de finir, à souligner un point : c'est que chaque initiation doit être une auto-initiation. Ce stade final, où une aide précise nous est apportée par des agents extérieurs, n'est pas atteint parce qu'il existe des grands Etres, désireux de nous aider, venant à notre secours et cherchant à nous élever.
Il vient lorsque nous avons accompli le travail nécessaire et rien, alors, ne peut l'empêcher de venir, car nous y avons pleinement droit. Ceux qui ont atteint un stade plus élevé peuvent et veulent nous aider, et ils nous aideront effectivement, mais Leurs mains sont liées, jusqu'à ce que nous ayons accompli notre part de l'œuvre commune. Rien, en conséquence, de ce que nous faisons pour accroître notre utilité dans le monde, aucun effort accompli pour construire des corps plus vigoureux, pour nous contrôler nous-mêmes et pour équiper notre corps mental, n'est jamais perdu. Tout cela vient s'ajouter au total qui s'accumule en nous, et nous apportera un jour la grande révélation. Chaque jour d'effort grossit le flux d'énergie qui nous entraînera comme une marée jusqu'aux portes de l'initiation. Le sens du mot "initiation" est "entrer dans". Il signifie simplement qu'un initié est celui qui a accompli ses premiers pas dans le royaume spirituel et a eu ses premières révélations spirituelles, dont chacune est la clé d'une révélation plus grande.

 

LE BUT DE L'EVOLUTION


C'est avec une extrême circonspection que j'énonce ce titre : le but de l'évolution. Je me rends parfaitement compte que la seule chose que je puisse faire est de vous présenter certaines suppositions qui me sont fournies par mon imagination. Il est évidemment impossible à un mental fini d'estimer à sa juste mesure le plan de la Déité. Tout ce que nous pouvons faire c'est étudier l'histoire du passé, analyser les conditions présentes et vérifier certaines tendances raciales et naturelles, en avançant pas à pas d'une façon aussi logique que possible. Tout ce qui nous est permis, c'est de partir de la base solide des faits acquis et de l'expérience, puis de rassembler tous ces éléments épars pour tirer de leur somme une hypothèse concernant le but possible de l'évolution.
Mais il nous est impossible d'aller plus loin.

Comme je l'ai dit dans la première de ces conférences sur l'évolution, nous avons émis certaines suppositions et dégagé certaines possibilités. Nous savons certaines choses, et certaines vérités ont été confirmées ; mais, même les faits de la science par exemple, tels qu'on les définissait il y a quarante ans, ne sont plus considérés comme des faits et ne sont plus affirmés avec autant de certitude et de rigueur qu'autrefois. Chaque année, la science s'aperçoit de plus en plus combien son savoir est relatif. Plus un homme connaît de choses et plus est vaste l'horizon qui s'ouvre devant lui. Les savants s'aventurent, aujourd'hui, dans les plans les plus subtils de la matière et, par conséquent, dans le domaine de l'in vérifié. Or, nous ne devons pas oublier que c'est là un domaine dont la science avait refusé jusqu'ici d'admettre l'existence. Nous sommes en train de franchir les limites de ce que l'on appelait jadis la "matière solide", pour pénétrer dans les régions mystérieuses des "centres d'énergie", des "forces positives et négatives", et des "phénomènes électriques". L'accent est mis, de plus en plus, sur la qualité, plutôt que sur ce que l'on nommait, récemment encore, la substance. Plus nous regardons devant nous, plus nos spéculations s'élargissent ; plus nous tenterons d'expliquer les phénomènes télépathiques, psychiques et autres, plus nous nous enfoncerons dans ce monde qui est considéré, actuellement, comme celui du subjectif et du subconscient, et plus nous serons obligés de nous exprimer en termes de qualité, ou d'énergie.
Si nous réussissons, aussi peu que ce soit, à éclairer ce qui est exceptionnel et à expliquer ce qui nous paraît encore inexplicable, si nous réussissons à vérifier la réalité du monde occulte, nous accomplirons un travail que l'on pourra presque qualifier de paradoxal. Nous transformerons peu à peu le subjectif en objectif.

Le sujet que je vais examiner à présent est un de ceux qui nous touchent du plus près : à savoir, l'accession, par l'homme, à cette conscience du groupe qui est son but et les expansions par lesquelles sa petite conscience devient capable de s'identifier à la plus grande conscience qui l'enveloppe. Vous vous souvenez que, lorsque j'ai tenté d'expliquer la différence existant entre la conscience de soi-même, la conscience du groupe et la conscience divine, j'ai démontré que, dans le petit atome de substance faisant partie du corps humain, dans cette petite vie centralisée entrant dans la constitution de la forme humaine, nous avions quelque chose qui correspondait à la conscience de soi-même, telle que l'éprouve l'être humain ; que la vie du corps physique, considéré comme un tout, est à cette petite cellule isolée ce que la conscience du groupe est à la nôtre ; et que la conscience de l'homme véritable, l'entité informante à l'intérieur du corps est, à cet atome, ce qu'est pour nous la conscience divine, c'est-à-dire une chose prodigieusement éloignée et inexplicable. Si nous pouvons étendre cette conception de l'atome de nos corps et de ses rapports avec l'homme, le penseur, à l'atome humain, considéré comme une unité à l'intérieur d'un corps plus grand, nous comprendrons peut-être la différence radicale existant entre ces trois rayons de conscience.

On remarque une analogie très intéressante entre l'évolution de l'atome et celle de l'homme (et je présume qu'une analogie semblable doit exister entre l'évolution de la Déité planétaire et celle du Logos solaire). Nous avons vu que l'atome possède sa propre vie atomique et que chaque atome de substance composant le système solaire est un petit système complet, doué d'un centre positif ou soleil central, entouré d'électrons ou particules négatives décrivant leurs orbites autour de lui. Telle est la vie interne de l'atome centré sur lui-même. Nous avons noté également que l'on étudie l'atome sous un angle nouveau, celui de la radioactivité, et l'on y décèle, dans bien des cas, la présence d'une radiation active. Il est impossible de dire où cette découverte nous conduira car l'étude de la radioactivité est encore dans l'enfance et l'on n'en connaît encore que peu de choses. Bien des anciens dogmes de la physique ont été révolutionnés par la découverte du radium, et plus les savants progressent dans leurs travaux, plus il devient manifeste (comme ils s'en rendent compte eux-mêmes) que nous sommes sur le seuil de découvertes immenses, à la veille de révélations profondes.

On peut trouver également deux stades dans l'être humain, au fur et à mesure qu'il évolue et se développe. Il y a le stade primitif ou atomique dans lequel tout l'intérêt de l'homme est situé à l'intérieur de sa propre sphère, et où le fait, pour lui, d'être centré sur lui-même est une loi naturelle, une mesure protectrice et nécessaire. Au cours de ce stade d'évolution, l'homme est un être purement égoïste, absorbé avant tout dans ses propres affaires. Ce stade est suivi par une seconde phase dans laquelle la conscience de l'homme prend davantage d'extension et où ses intérêts commencent à résider en dehors de sa propre sphère ; enfin, arrive la période dans laquelle il sent, en fonction du groupe auquel il appartient. Ce stade peut être considéré comme correspondant à celui de la radioactivité. A présent, il n'est pas seulement une vie centrée sur elle-même mais il commence à avoir une influence précise sur son entourage. Il détourne son attention de sa propre vie égoïste pour chercher un centre plus grand. Auparavant il était un atome ; maintenant il commence à devenir un électron ; il commence à subir les effets de la grande Vie centrale qui le tient dans Sa sphère d'influence.

S'il en est ainsi nous décèlerons des stades analogues dans la vie de la Déité planétaire, ce qui expliquerait peut-être certaines des vicissitudes qui se manifestent sur la planète. Nous considérons souvent que les affaires du monde sont dues à l'activité humaine. On dit fréquemment, par exemple, que la guerre mondiale a été le résultat des erreurs et des faiblesses humaines. Peut-être st-ce vrai, car il est indéniable que les conditions économiques et les ambitions humaines ont largement contribué à la déchaîner ; mais peut-être a-t-elle été due, en partie, à l'opération de la grande Vie centrale Dont la conscience n'est pas encore la nôtre, Qui a ses propres idéaux, et Qui, peut-être, se livre, Elle aussi, à des expériences avec la vie. Sur une échelle plus vaste et sur Son propre niveau élevé cet esprit planétaire apprend à vivre, à établir des contacts, et est en train, Lui aussi, d'étendre Sa conscience. Il est à l'école, comme vous et moi ; Il peut en aller de même de notre système solaire, ce qui donnerait naissance à des événements d'une grandeur telle qu'ils échappent totalement à notre entendement. Peut-être certains événements survenant à l'intérieur du système solaire, sont-ils dus à l'action de la Déité, ou Logos, cette vie centrale qui est la source énergisante de tout ce qui existe à l'intérieur du système solaire. Je me trompe peut-être, mais cette supposition nous ouvre une ligne de pensée intéressante, et il n'y a aucun mal à faire des spéculations de ce genre si elles nous apportent une vision plus large des choses, une tolérance plus grande et un surcroît d'optimisme.

Maintenant que nous avons vu que l'évolution de tous les atomes du système solaire est caractérisée par deux stades : – celui de l'activité atomique et celui de la radioactivité – voyons quels développements nous pouvons en attendre au fur et à mesure qu'évolue la conscience incluse dans l'atome humain. Je voudrais attirer votre attention sur ce type humain de conscience, car il représente un phénomène central dans l'évolution du système solaire.

Lorsque les trois aspects de la vie divine se rejoignent – la vie immanente ou esprit, la forme matérielle ou véhicule substantiel, et le facteur de l'activité intelligente – il en découle certains résultats spécifiques. Nous avons la croissance graduelle d'un certain genre de conscience, l'effet de la vie subjective sur la forme matérielle, l'utilisation de la forme en vue de certaines fins spécifiques, et l'acquisition de certaines qualités, par l'entité immanente. La vraie nature de la vie centrale, que ce soit celle de Dieu ou celle de l'homme, se manifeste durant un cycle de vie, qu'il soit solaire ou humain. Ceci est vrai en ce qui vous concerne, comme en ce qui me concerne. C'est probablement vrai également en ce qui concerne le Logos planétaire et aussi, par voie de conséquence, en ce qui concerne le Logos solaire.

Essayons, si nous le pouvons, de suivre quelques-uns des différents développements de nos quatre types d'atomes – l'atome de la substance, l'atome humain, l'atome planétaire et l'atome cosmique. Un des premiers et des plus importants sera la réponse consciente à toute vibration et contact, c'est-à-dire la capacité de répondre au non-moi sur tous les plans. Laissez-moi illustrer ce phénomène par un exemple. Je pourrais aller dans certaines salles de cette ville et rassembler un public d'ouvriers non spécialisés et d'illettrés ; je pourrais leur répéter ce que je viens de vous dire ce soir, sans en obtenir aucune réponse.
Mais je pourrais aussi y aller pour leur faire une causerie strictement conforme aux préceptes de l'Evangile, comme je le faisais il y a dix ans, et j'obtiendrais d'eux une réaction immédiate. Il ne s'agit pas ici de savoir qui a tort ou raison, mais de marquer simplement combien les divers degrés de types et d'êtres humains sont doués d'une capacité différente de répondre à la vibration et au contact selon le stade où ils se trouvent de leur évolution. Cela signifie simplement que certaines personnes sont encore à un stade où on ne peut les toucher qu'en faisant appel à leurs émotions et en leur parlant de leur propre salut personnel, car elles sont encore dans le stade atomique primitif. Il existe un autre stade, qui inclut le précédent, mais qui nous permet aussi de répondre à un appel plus intellectuel, et nous rend capable de prendre de l'intérêt à des discussions comme celles de ce soir, et ayant trait au groupe, par exemple. Mais chacun de ces deux stades est également légitime.

Nous pouvons encore considérer ce problème sous un autre angle : il est tout à fait possible que nous rencontrions des individus remarquables, des grands hommes et des femmes admirables sans être cependant impressionnés par eux. Nous pouvons passer à côté d'eux sans même nous en apercevoir, perdant ainsi ce qu'ils ont à nous donner. C'est ce qui arriva en Palestine avec le Christ, il y a deux mille ans. Pourquoi ? Parce que nous ne sommes pas nous-mêmes assez grands pour répondre à leur message. Il y a quelque chose qui nous manque encore, de sorte que nous sommes incapables de comprendre ou de ressentir leur vibration particulière. J'ai entendu dire, et je crois que c'est vrai, que si le Christ revenait sur terre et Se promenait parmi les hommes comme Il le fit jadis, Il pourrait vivre, jour après jour, parmi nous, sans que nous ne remarquions aucune différence entre Lui et les autres êtres bons et altruistes de notre connaissance. Nous n'avons pas encore cultivé en nous-mêmes la capacité de répondre au divin qui réside dans notre frère. Nous ne voyons généralement que ce qui est mauvais et vulgaire. Nous sommes encore insensibles aux êtres supérieurs.

Un autre développement consistera dans le fait que nous serons capables de fonctionner consciemment sur tous les plans. Nous fonctionnons actuellement sur le plan physique, et rares sont ceux qui peuvent fonctionner d'une façon également consciente sur le plan plus subtil que l'on appelle le plan astral (un mot que je n'aime pas car il ne comporte, pour nous, aucune signification précise), ou plan de la nature émotionnelle, sur lequel un homme est actif en dehors de son corps physique, c'est-à-dire pendant ses heures de sommeil et immédiatement après sa mort. Très rares sont les êtres humains qui peuvent fonctionner sur le plan mental, avec une conscience pleinement éveillée, et encore plus rares ceux qui peuvent le faire sur le plan spirituel. Le but de l'évolution est de nous permettre de fonctionner consciemment, c'est-à dire avec une continuité parfaite de connaissance, sur les plans physique, émotionnel et mental. Telle est la grande promesse que nous accomplirons un jour. Nous saurons, alors, ce que nous faisons à chaque heure de la journée, et pas seulement, comme à présent, quatorze heures environ sur vingt-quatre. Actuellement, nous ne savons pas où se trouve notre véritable entité pensante pendant nos heures de sommeil. Nous ne connaissons, ni ses activités, ni les conditions de ce qui l'entoure, mais un jour viendra où nous utiliserons et emploierons chaque minute de chaque heure de la journée.

Un autre but de l'évolution offre un caractère triple : par elle nous devons acquérir un dessein ou volonté, l'amour, et l'énergie. Mais ces trois facteurs doivent être coordonnés. Il n'en est pas encore ainsi. Nous voyons dépenser beaucoup d'énergie intelligente autour de nous, mais il est très rare de rencontrer une personne dont toute la vie s'inspire d'un dessein central, inébranlablement poursuivi, et qui soit animée par l'amour, opérant par le moyen de l'activité intelligente. Le temps approche, cependant, où nous aurons agrandi à tel point notre conscience et où nous serons doués d'une si grande activité interne que nous deviendrons radioactifs. Nous poursuivrons alors la réalisation d'un dessein précis, qui sera l'œuvre de l'amour, et nous atteindrons notre but par le moyen de l'intelligence. N'est-ce-pas ce dont Dieu Lui-même nous donne l'exemple ? Dans notre stade de développement actuel, nous sommes intelligents, certes, mais il y a encore trop peu d'amour en nous. Nous pouvons éprouver un peu d'amour pour ceux que nous rencontrons ou avec qui nous sommes en contact, et un amour plus marqué pour notre famille et nos amis intimes, mais nous ne savons pratiquement rien de l'amour de groupe. Lorsque l'un des grands idéalistes de la race humaine proclame l'amour de groupe, il est indéniable que nous y répondons tant soit peu, et nous sentons que c'est là une chose que nous voudrions voir se réaliser. Il est bon de se souvenir que plus nous nous habituons à penser selon des directives nettement altruistes, et plus nous construisons une chose de grande valeur : nous édifions, par étapes lentes et laborieuses, les rudiments de cette véritable conscience de groupe qui est encore très loin d'être atteinte par la plupart d'entre nous.

Il existe encore plusieurs autres développements découlant du processus évolutif ; nous pourrions en parler ce soir. Mais ils sont, à l'heure actuelle, encore si éloignés de nous qu'on ne peut pratiquement les concevoir qu'à condition d'être doué d'un cerveau susceptible de raisonner d'une façon tant soit peu abstraite. Il y aura un stade où nous transcenderons le temps et l'espace, où la conscience du groupe réparti sur tous les continents de la planète, par exemple, sera notre propre conscience, et où il nous sera aussi facile d'entrer en contact avec un ami résidant aux Indes ou en Afrique, par exemple, qu'avec une personne vivant à nos côtés. La distance et la séparation n'opposeront aucun obstacle aux relations humaines. On peut en voir des prémisses dans les facultés de télépathie ou psychométrie, dont sont doués certains individus.

Il est excellent de se représenter à l'avance ce but éloigné et d'imaginer ce que sera l'opération du Logos dans quelques milliards d'années.
Mais il est, pour nous, d'un intérêt vital de nous faire une idée exacte de ce qui est le stade situé immédiatement devant nous, et de comprendre ce que nous pouvons logiquement supposer devoir être l'œuvre du processus évolutif au cours des mille ou deux mille ans à venir.

Examinons un instant cette idée. Nous savons qu'il existe, dans le monde, trois lignes principales de pensée : scientifique, religieuse et philosophique.
Que représentent-elles pour nous ? La ligne de pensée scientifique englobe tout ce qui concerne la substance et l'aspect matériel de la manifestation ; elle s'occupe du monde objectif, avec les phénomènes tangibles et visibles ; elle se consacre, littéralement, à ce qui peut être démontré. La pensée religieuse est tournée vers la vie immanente à la forme ; elle s'intéresse au retour de l'esprit à sa source et à tout ce que l'esprit a gagné au cours de son usage de la forme. La pensée philosophique analyse ce que je pourrais appeler l'utilisation de l'intelligence par la vie immanente, afin que la forme puisse s'adapter à ses besoins. Considérons certains développements dont nous pouvons attendre la venue dans un proche avenir, en fonction de ces trois lignes de pensée, et rappelons-nous que tout ce que je dis ne veut être qu'une suggestion, car je n'énonce ici rien de dogmatique.

Il est évident, pour la plupart des penseurs, qu'en entreprenant l'étude de la radioactivité, la science est à la veille de découvrir ce qu'est la nature de la force contenue dans l'atome. Il est probable qu'avant longtemps nous nous servirons de l'énergie de la matière atomique dans toutes sortes de buts : pour le chauffage, l'éclairage, et ce que nous pourrions appeler la mise en mouvement de tout ce qui s'accomplit dans le monde. Cette forme, comme quelques-uns d'entre nous le savent, fut presque découverte aux Etats-Unis, il y a cinquante ans environ, par un certain Keely, mais celui-ci ne fut pas autorisé à la divulguer au monde, à cause des dangers qu'elle comporte. Les hommes sont encore trop égoïstes, à l'heure actuelle, pour qu'on leur confie la maîtrise de l'énergie atomique. Il est probable que cette découverte se fera parallèlement au développement de la conscience de groupe. C'est seulement lorsque l'homme deviendra radioactif et pourra travailler et penser en fonction du groupe, qu'il sera assez sage et assez prudent pour utiliser la puissance latente dans l'atome. Tout, dans la nature, est merveilleusement coordonné et rien ne peut être découvert ou utilisé avant l'heure prescrite. C'est seulement lorsque l'homme aura perdu tout égoïsme que cette formidable puissance sera remise entre ses mains. Néanmoins, nous pouvons nous attendre, je crois, à ce que la science fasse des progrès énormes dans la compréhension de l'énergie atomique.

Puis, parallèlement encore à l'évolution de l'être humain nous pouvons nous attendre à voir l'homme imposer sa domination à l'air. Il existe dans le système solaire un plan, ou une grande sphère vibratoire, appelé, dans certains livres occultes, le plan intuitif, on l'appelle le plan bouddhique dans la littérature orientale, et son symbole est l'air. De même que l'homme commence, par le développement de son intuition, à trouver le chemin qui mène à ce plan, de même la science commence à découvrir comment on domine l'air et, au fur et à mesure que l'intuition de l'homme se développera et grandira, sa maîtrise de l'air deviendra de plus en plus effective.

Une autre chose à laquelle nous pouvons nous attendre (et ceci est en train d'être peu à peu reconnu) est le développement de la faculté de voir des matières plus subtiles. De toutes parts naissent des enfants doués de la faculté de voir plus que vous ou moi. Je parle ici d'une chose basée sur des principes purement matériels et concernant l'œil physique. Je fais allusion à la vision éthérique, qui est la faculté de voir une matière plus subtile du plan physique, ou ce que l'on appelle les éthers. Les travaux les plus intéressants ont été accomplis dans ce domaine par des savants et des hommes de science en Californie. Le Dr Frédéric Finch String s'est consacré à cette question d'une façon extrêmement utile ; il enseigne que l'œil est capable de voir éthériquement plus encore : que c'est là, en réalité, la véritable fonction de l'œil.
Que signifiera le développement de cette faculté ? Il signifiera que la science devra réajuster définitivement ses points de vue concernant les plans plus subtils. Si, au cours du siècle prochain, des formes de vie considérées jusqu'ici comme purement imaginaires entrent dans le champ de vision de l'homme ou de la femme normal, nous en aurons brisé, une fois pour toutes, avec le matérialisme grossier qui a caractérisé la science pendant si longtemps ; et si l'on en vient à accorder une existence indiscutable à ce qui est actuellement invisible, qui peut prédire jusqu'où nous progresserons, avec le temps ? Ici encore, toute la tendance de l'évolution est orientée vers la synthèse.
Aussi longtemps que nous descendons dans la matière, aussi longtemps que nous tendons à la matérialisation, nous tendons à l'hétérogénéité ; mais, lorsque nous retournons vers l'esprit, nous tendons à l'unité ; de sorte que nous pouvons nous attendre à voir l'unité réapparaître au sein du monde religieux. Il existe partout, aujourd'hui, un esprit de tolérance beaucoup plus grand qu'il y a cinquante ans ; mais le temps approche rapidement où la grande unité fondamentale sous-jacente aux diverses religions, et le fait que chaque confession est nécessairement un fragment d'un unique grand tout, seront partout reconnus et, grâce à cette reconnaissance, nous obtiendrons une simplification de la religion. Les grands faits centraux seront mis en lumière et étudiés ; par contre, les petites différences d'organisation et d'exégèse seront délibérément négligées.

Nous pouvons nous attendre également à voir arriver un événement très intéressant concernant la famille humaine, car qu'arrivera t-il le jour où la conscience de groupe deviendra, sur une plus grande échelle, la conscience objective de l'homme ? Vous verrez l'homme en train de faire ses premiers pas dans ce que le monde religieux appelle "le sentier". Vous le verrez se prendre lui-même en main, s'efforcer de vivre la vie de l'esprit et refuser plus longtemps de mener une vie atomique centrée sur elle-même. Vous le verrez, cherchant sa place au sein du grand Tout, la trouvant, par le moyen d'auto intuitions bien définies, et s'unifiant enfin avec le groupe. Tout ceci est ce que veulent dire les religions protestante, catholique et bouddhiste, lorsqu'elles parlent du "sentier". Toutes enseignent la nécessité, pour l'homme, de s'engager sur ce sentier, mais elles lui donnent des noms différents : les unes l'appelant la Voie, les autres le Sentier octuple, les troisièmes le sentier de l'Illumination ou le chemin de la Sainteté. Cependant, ce n'est qu'un seul et même sentier, brillant d'un éclat de plus en plus vif, et menant au Jour parfait.

Nous pouvons aussi nous attendre à un développement de la faculté de penser d'une façon abstraite et à l'éveil de l'intuition. Au fur et à mesure que les grandes races humaines se sont succédé sur la planète, on a assisté à un développement harmonieux et dirigé des pouvoirs de l'âme, et à un ordre de succession clairement ordonné. Dans la troisième race racine, la race Lémurienne, l'aspect physique de l'homme a été porté à un degré élevé de perfection. Plus tard, dans la race Atlante qui précéda la nôtre et périt, submergée par les flots, on assista au développement de la nature émotionnelle de l'homme. Puis, dans la race à laquelle nous appartenons, la race Aryenne, ou cinquième race, le but consiste à développer le mental concret, ou mental inférieur, et nous nous approchons de ce but d'année en année.
Quelques-uns sont également en train de développer en eux le pouvoir de penser en termes abstraits.

Quand cette faculté sera généralisée, nous verrons des manifestations plus nombreuses de cette faculté curieuse et intéressante que possèdent déjà certaines personnes, et que j'appellerai la faculté d'être inspiré. Je ne parle pas ici des phénomènes de médiumnité, ni de la faculté médiumnique. Il n'y a rien de plus dangereux que ce qu'on entend habituellement par ce terme de "médium". Le médium courant est un homme doué d'une nature moyenne et réceptive. Les trois facteurs de sa nature sont rattachés les uns aux autres d'une façon si lâche qu'une entité extérieure peut utiliser son cerveau, sa main, ou son corps pour se manifester. C'est un phénomène très répandu. L'écriture automatique, les planchettes et les séances spiritualistes d'un ordre inférieur sont très répandues de nos jours et mènent des milliers de gens à la folie ou, du moins, à de graves désordres nerveux. Mais il y a une chose dont la médiumnité n'est qu'une déformation, et ceci est l'inspiration. Pouvoir être inspiré signifie qu'un être humain a atteint un degré d'évolution où il se trouve, consciemment et positivement, sous le contrôle de son moi le plus élevé, du Dieu qui vit en lui. Ce maître intérieur, ce moi véritable, peut contrôler, par un contact précis, son cerveau physique, et permettre à l'homme de prendre des décisions et de comprendre la vérité, tout à fait en dehors de la faculté de raisonnement, ce Dieu intérieur permet à l'homme de parler, d'écrire et de transmettre la vérité, sans faire usage du mental inférieur. La vérité est en nous. Quand nous pourrons entrer pleinement en contact avec notre Dieu intérieur, la vérité nous sera révélée dans sa totalité. Nous serons "ceux qui connaissent". Mais ceci est une chose positive, non pas négative, et signifie le fait de se mettre soi-même dans un alignement direct et conscient avec notre Ego, ou moi supérieur, et non le fait d'ouvrir sa personnalité à n'importe quelle entité, à n'importe quel fantôme.

On assiste, de temps à autre, à des phénomènes de ce genre, mais il est très rare que l'homme moyen entre en contact avec son moi supérieur. Ceci n'arrive qu'à nos heures de suprême effort ou dans nos moments de grande crise, et cet état est le fruit d'une longue discipline et d'une méditation soutenue. Mais, un jour viendra où nous gouvernerons nos vies entières, non du point de vue personnel et égoïste, mais du point de vue du Dieu Qui est en nous, et Qui est la révélation directe de l'esprit sur un plan supérieur.

La chose que je chercherai, pour finir, à mettre en lumière ce soir, est que le but assigné à chacun d'entre nous est le développement des facultés de l'âme, ou de la psyché. Ceci veut dire que vous et moi allons devenir des êtres psychiques. Mais je n'emploie pas ce mot de "psychique" dans son sens habituel et courant. La psyché est, littéralement parlant, l'âme intérieure ou moi supérieur, émergeant du triple moi inférieur, comme le papillon de sa chrysalide ; c'est une merveilleuse réalité, dont l'accomplissement sera le résultat de notre, ou de nos vies terrestres. Les vraies forces psychiques sont celles qui nous mettent en contact avec le groupe. Les forces du corps physique, que nous utilisons quotidiennement, nous mettent en contact avec les individus mais, lorsque nous aurons développé les forces de l'âme, lorsque nous aurons déployé ses puissances latentes, nous serons psychiques dans le plein sens du mot. Quels sont donc ces pouvoirs ? Ils sont innombrables. Tout ce que je puis faire, ce soir, est d'en énumérer quelques-uns.

L'un d'eux est le contrôle conscient de la matière. La plupart d'entre nous contrôlent consciemment leurs corps physiques, les obligeant à exécuter leurs volontés sur le plan physique. Quelques-uns d'entre nous contrôlent consciemment leurs émotions, mais rares sont ceux qui peuvent contrôler leur mental. La plupart d'entre nous sont régis par leurs désirs et leurs pensées. Mais le temps viendra où nous contrôlerons consciemment notre triple nature inférieure. A ce moment, le temps n'existera plus pour nous. Nous posséderons cette continuité de conscience sur les trois plans de l'être – physique, émotionnel et mental – qui nous permettra de vivre, comme le Logos, au sein de cette abstraction purement métaphysique qu'est l'Eternel Présent.

Un autre pouvoir de l'âme est la psychométrie. Qu'est-ce que la psychométrie ? On pourrait la définir comme la faculté de prendre un objet tangible appartenant à un individu, et de se mettre en rapport avec cet individu – ou un groupe d'individus – par le moyen de cet objet. La psychométrie est la loi de l'association des idées, appliquée à la qualité vibratoire de la force, dans un but d'information.

En outre, l'humanité deviendra clairaudiente et clairvoyante, ce qui signifie qu'elle sera capable de voir et d'entendre sur les plans plus subtils, aussi clairement et exactement qu'elle le fait actuellement sur le plan physique. De cette faculté découlera la possibilité d'entendre et de voir tout ce qui concerne le groupe – c'est-à-dire d'entendre et de voir dans la quatrième et dans la cinquième dimension. Je ne suis pas suffisamment mathématicienne pour vous expliquer ce que sont ces dimensions, et il m'arrive moi-même d'être assez troublée quand j'y pense, mais un jeune penseur suédois m'a fourni une image qui projette sur elles une certaine clarté :

"La quatrième dimension", m'a-t-il dit, "est la faculté de voir à travers et autour des choses. La cinquième est la faculté de prendre un œil, par exemple, et de se mettre, par le moyen de cet œil, en rapport avec tous les autres yeux du système solaire. La sixième dimension pourrait être définie comme le pouvoir de ramasser un caillou sur une plage et, par le moyen de ce caillou, de se mettre en accord avec la planète entière. Dans la cinquième dimension, lorsque vous avez pris un œil vous avez été limité à une certaine ligne de manifestation, tandis que, dans la sixième dimension, lorsque vous avez ramassé un caillou, vous avez été mis en contact avec la planète entière". Ceci est encore très éloigné de nous, mais il est intéressant d'en parler, car ces choses contiennent une promesse pour chacun et pour tous.

Je n'ai plus le temps de vous entretenir des autres pouvoirs de l'âme, ni même de vous les énumérer tous. Parmi ceux-ci, nous trouverons, entre autres, le pouvoir de guérir par le toucher, la manipulation des fluides magnétiques et la création consciente, par le moyen des sons et des couleurs. Qu'il nous suffise, pour l'instant, de nous dire, qu'avant tout, il faut nous prendre consciemment en mains, nous efforcer de nous placer de plus en plus sous le contrôle du égent intérieur, afin de devenir radio-actifs, et d'acquérir, enfin, la conscience de groupe.

L'EVOLUTION COSMIQUE


Faire une conférence sur l'évolution cosmique pourrait paraître une tentative ridicule, car c'est là, naturellement, une question dont ni moi, ni aucun mortel, ne sait rien, et nous sommes, par conséquent, totalement incapables de nous exprimer sur elle. Néanmoins, en nous servant de la loi d'analogie, nous pouvons nous livrer à certaines déductions qui nous conduiront peut-être vers des régions très intéressantes de la pensée.

Voici plusieurs semaines que nous examinons l'évolution de l'atome et, d'étape en étape, nous en sommes venus à considérer le système solaire tout entier comme un "atome". Nous avons étudié d'abord, d'une façon générale, l'atome de la substance, puis l'atome humain, et nous avons appliqué ensuite ce que nous avions appris, concernant ces deux atomes, à cette sphère plus grande qu'est la planète et que nous avons appelée l'atome planétaire. Puis, nous avons étendu cette idée à l'atome du système solaire et nous avons affirmé qu'il devait avoir, lui aussi, sa place dans un ensemble plus grand encore.

Nous avons étudié les trois méthodes de l'évolution, ou développement, en fonction de ce sujet. Nous avons vu les différents aspects sous lesquels se présentent ces atomes, leurs qualités, ou nature psychique, et nous avons vu que la seule qualité psychique que nous puissions attribuer à l'atome de la substance était l'intelligence. Puis, nous sommes passés aux formes atomiques, en commençant par les formes sub-humaines ; nous avons vu que celles-ci, constituant les deux règnes inférieurs de la nature, le règne minéral et le règne végétal, possédaient une autre qualité de la Déité : celle de la sensation, ou émotion et amour embryonnaires ; nous avons vu apparaître ensuite une troisième qualité dans le règne animal, c'est-à-dire un rudiment de mental et, quand nous sommes parvenus à l'atome humain, nous l'avons trouvé en possession de trois aspects : l'intelligence, l'amour, et une volonté centrale.
Nous avons étendu ce concept à la planète et au système solaire ; nous avons vu qu'une grande Intelligence, ou Mental, opérait à travers la forme du système solaire et qu'Elle utilisait cette forme afin de manifester une autre qualité encore : l'amour ou sagesse ; le tout étant énergisé par une grande VOLONTE centrale. Nous en avons déduit, en conséquence, que cette volonté centrale pourrait être la manifestation d'une Entité informant le système entier, depuis l'ultime atome de la substance jusqu'à cette grande Vie Qui infuse son énergie au dessein planétaire.

Ayant posé ces prémisses, nous sommes passés à l'examen de l'évolution de la vie consciente résidant à l'intérieur de la forme atomique et nous avons trouvé que chaque atome tend, systématiquement, vers un type de conscience plus élevé ; que la conscience humaine se distingue de toutes les autres formes inférieures par le fait qu'elle est consciente d'elle-même ; que l'homme est une volonté intelligente, accomplissant consciemment des actes susceptibles de réagir au milieu qui l'entoure et s'adonnant à une activité précise, afin de réaliser un but spécifique. La conscience que l'homme prend de lui-même nous mène, elle aussi, à quelque chose de plus grand : la conscience du grand Esprit planétaire dont la meilleure dénomination est peut-être "la conscience de groupe". Au fur et à mesure des progrès de l'évolution, l'homme passera du stade de la conscience de lui-même, où vous et moi nous trouvons actuellement, à la compréhension de ce que signifie la conscience de groupe – une chose encore pratiquement inconnue, si ce n'est comme un idéal merveilleux et un rêve qui se matérialisera peut-être, dans un avenir lointain.
La conscience de groupe, à son tour, nous mènera logiquement à ce que j'appellerai, faute de mieux, la conscience de Dieu, bien que je réprouve 'usage du mot Dieu, à cause des innombrables controverses qu'il suscite parmi les différents penseurs de la famille humaine. Ces différences d'opinion sont causées principalement par des différences d'organisation et de terminologie, c'est-à-dire par des divergences dans la signification donnée aux mots dont on se sert pour exprimer des pensées fondamentales. Quand le savant, par exemple, parle de force, ou d'énergie, le Chrétien de Dieu, et l'Hindou de concepts équivalents à la formule : "Je suis Celui qui suis", ou le "Soi", ils font tous allusion à la même grande Vie, mais perdent beaucoup de temps à chercher à se prouver, les uns aux autres, qu'ils ont tort, et à affirmer l'exactitude de leurs interprétations respectives.

Nous avons vu, ensuite, d'une façon très sommaire, que l'évolution atomique pouvait se diviser en deux stades : l'un nommé stade atomique et l'autre que nous avons appelé, faute de mieux, le stade radioactif. Le stade atomique est celui dans lequel l'atome poursuit sa propre vie, centrée sur elle-même, et est exclusivement préoccupé de sa propre évolution et des résultats des contacts qu'il opère. Puis, au fur et à mesure que l'évolution se poursuit, il devient manifeste que l'atome commence à réagir à une plus grande vie, extérieure à lui-même, et ceci correspond à la période où se construisent les formes, c'est-à-dire à celle où les atomes de la substance sont attirés par une charge d'énergie plus grande – ou force électrique positive (si vous préférez l'appeler ainsi) – qui les attire à elle et en construit une forme ; ces atomes de la substance devenant à leur tour des électrons. Nous avons trouvé, ensuite, que le même processus se répète dans votre cas comme dans le mien et dans celui de toutes les unités conscientes d'elles-mêmes, et que nous voyons alors une vie centrale tenant dans sa sphère d'influence les atomes qui constituent ses différents corps : mental, émotionnel et physique ; que nous nous manifestons, que nous nous mouvons et poursuivons notre vie, que nous exécutons enfin nos desseins, en attirant à nous les atomes de la substance nécessaire à nos besoins et par l'entremise desquels nous pouvons effectuer les contacts nécessaires. Ces atomes sont, pour nous qui sommes leur vie centrale, ce que sont les électrons pour la charge centrale positive contenue dans l'atome de la substance. Puis, nous avons vu que si cette conception est vraie, c'est-à dire s'il y a d'abord un stade centré sur soi-même, ou période purement atomique, pour l'atome de la substance comme pour l'atome humain, nous devons pouvoir en déduire logiquement qu'il existe un état semblable pour l'atome de la planète, animé par sa vie centrale spirituelle. Ceci nous a introduits dans le champ de la spéculation. Nous nous sommes demandés, alors, si tout ce qui arrive sur notre planète n'est pas dû au fait que l'Entité Qui est en train d'accomplir ses desseins par le moyen de notre sphère n'est pas, encore, centrée sur elle-même. Pour finir, nous avons hasardé la même idée en ce qui concerne le système solaire.

Nous sommes passés alors à l'examen du second stade, celui que les savants étudient depuis vingt ans en fonction de l'atome du chimiste et du physicien, le stade radioactif. Nous avons vu qu'il existait un phénomène analogue dans l'évolution de l'atome humain et qu'il existe, antérieurement à ce stade, un autre stade, parallèle au stade atomique, auquel l'homme est purement égoïste ; entièrement égocentrique, n'accordant aucune attention au bien du groupe auquel il appartient. Ce stade antérieur est très apparent dans le monde actuel. Un fort pourcentage de la famille humaine se trouve, de nos jours, dans le stade atomique, mais il faut nous souvenir que celui-ci est un stade protecteur et nécessaire. Chaque unité de la famille humaine le traverse avant de trouver la place qui lui revient au sein du groupe, et il permet à chaque unité d'acquérir une valeur personnelle dont elle pourra faire don au groupe, au moment où elle entrera dans le second stade.

Dans le monde actuel, certaines unités de la famille humaine sont déjà en train de passer au second stade ; elles sont en voie de devenirs radioactifs et magnétiques, influençant d'autres formes et acquérant la conscience de groupe.
Elles quittent le stade du "Je suis", pour entrer dans le domaine du "Je suis Celui" Elles commencent à percevoir l'existence et le dessein de cette grande Entité du corps de laquelle elles font partie. Elles deviennent sensibles au dessein se trouvant derrière la vie de l'Esprit planétaire Qui est l'impulsion subjective qui se tient derrière toutes les manifestations objectives de notre terre. Elles commencent à collaborer à Ses plans, à travailler au bien de leur groupe ; et la différence entre elles et les autres unités de la famille humaine est qu'elles ont acquis la conscience de groupe, qu'elles possèdent un horizon plus large, une perception plus claire du groupe et cherchent à réaliser un but plus grand. Elles ne perdent pas la conscience d'elles-mêmes, ni leur identité personnelle, et elles conservent leur propre vie sphéroïdale ; toutefois, elles ne consacrent plus toute la force et l'énergie s'écoulant à travers elles à la réalisation de leurs propres plans, mais à une coopération intelligente avec la plus grande Vie dont elles font partie. De tels humains sont rares et disséminés, mais lorsqu'ils seront plus nombreux, nous constaterons un changement dans les affaires du monde, et le temps viendra, dont parle saint Paul, lorsqu'il dit : "Il ne doit y avoir aucune division dans le corps, mais les membres doivent avoir le même souci les uns des autres. Quand un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; quand un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui. C'est le même Dieu qui opère en tout. Les dons sont divers, mais l'Esprit est un ; il y a différents ministères (ou services), mais le Seigneur est le même".

Lorsque nous aurons tous acquis la conscience de groupe, lorsque nous serons tous sensibles au dessein se trouvant derrière les manifestations de notre planète, lorsque nous serons consciemment actifs, et que nous consacrerons toute notre énergie à la réalisation des plans du groupe, alors nous arriverons à ce que le Chrétien appelle le "Millenium".

Maintenant, si nous constatons ces deux stades dans l'évolution de l'atome de la substance et dans celle de l'atome humain, et s'ils sont la base de tout développement futur, nous devons retrouver ces deux mêmes stades dans l'atome planétaire : le stade dans lequel la Vie planétaire accomplit Ses propres plans, et un stade ultérieur, dans lequel Elle s'intègre aux plans plus vastes de la Vie qui anime le système solaire. N'étant pas encore en mesure de m'entretenir avec l'Esprit planétaire, il m'est impossible de vous dire s'il est déjà en train de collaborer aux desseins du Logos solaire ; mais nous pourrions nous faire une idée approximative de ces desseins en étudiant l'évolution de la race et le développement des grands courants internationaux à l'intérieur de la planète. Il nous faut aussi garder présent à l'esprit que, bien que nous nous considérions comme les manifestations les plus grandes et les plus hautes de la planète, il peut y avoir d'autres évolutions par le moyen desquelles opère la Vie centrale, et dont nous ne savons jusqu'ici que peu de choses. Il nous faut étudier, non seulement l'évolution de l'homme, mais celle de l'ange – ou évolution du Déva, comme disent les Hindous – Ceci nous ouvre un immense champ d'étude et de spéculation.

A l'intérieur du système solaire, nous pouvons nous attendre à trouver, encore une fois, des stades analogues. Nous trouverons probablement que la grande Vie Qui anime tout le système solaire, la grande Entité Qui se sert de celui-ci pour réaliser un dessein défini, lui infuse son énergie par le moyen de ces grands centres de force que nous appelons les atomes planétaires ; que ces centres, à leur tour, opèrent par l'entremise de centres moins grands, ou groupes, transfusant leur énergie aux différents règnes de la nature, en descendant à travers les groupes d'atomes humains, pour aboutir, tout au bas de l'échelle, au petit atome de la substance qui reflète à son tour tout le système solaire. Cette question de la vie atomique, quand on y songe, est d'un intérêt prodigieux : elle ouvre à notre pensée plusieurs séries d'hypothèses. L'un des points les plus intéressants qu'elle nous propose est la corrélation intime et l'interaction étroite des atomes de toutes sortes, ainsi que l'unité pénétrant tout et devant être finalement reconnue. Puisque nous avons trouvé qu'il survient un stade dans l'évolution de tous les atomes, où ceux-ci s'efforcent de trouver leur place à l'intérieur du groupe, et se forment, d'éléments positifs en éléments négatifs, dans leur aspiration à une vie plus grande, et s'il est vrai que, dans toutes les manifestations de la conscience, on découvre un stade de "conscience de soi-même", et un stade de "conscience de groupe", n'est-il pas logique et possible de penser, qu'après tout, notre système solaire n'est qu'un atome au sein d'un ensemble plus vaste ? Ne peut-il donc y avoir, pour notre système solaire et notre Logos solaire, une Vie centrale, plus grande encore, vers Laquelle est attiré, graduellement, l'Esprit informant qui réside dans la sphère solaire et à la conscience Duquel notre Déité aspire ? Pouvons-nous déceler, quelque part, une force attractive ou un but de ce genre ? Existe-t-il des grandes sphères de Vie en dehors de notre système solaire exerçant leur influence sur lui ? Cette idée n'est peut-être qu'une simple hypothèse mais elle contient certains éléments intéressants.

Si nous étudions les livres d'astronomie et si nous cherchons à obtenir, sur cette question, la confirmation des astronomes, nous nous heurtons à une foule d'opinions contradictoires. Nous voyons que certains d'entre eux prétendent qu'il existe, dans la constellation des Pléiades, un point central autour duquel gravite notre système solaire ; d'autres affirment que le foyer d'attraction de notre système solaire se trouve dans la constellation d'Hercule.
Ailleurs, vous trouvez ces deux opinions formellement démenties. Certains astronomes parlent "d'étoiles à la dérive", et affirment que la dérivation des astres a lieu suivant une direction précise. D'autres disent, de leur côté, que les distances sont si énormes, qu'il est impossible de savoir si certains systèmes décrivent, ou non, une orbite définie.

Néanmoins, si nous consultons certains livres anciens – ceux que l'on appelle mythologiques (et un mythe est une chose contenant une grande vérité cachée attendant le moment où nous serons capables de la comprendre) – et si nous étudions les anciens livres de l'Orient, nous voyons que tous affirment que certaines constellations ont une relation intime avec notre système solaire. Les astronomes modernes professent, jusqu'à présent, un scepticisme marqué à l'égard de ces idées, et ils ont raison de le faire si l'on se place du point de vue de la science matérialiste. Ce que je cherche à souligner ici est un problème à l'égard duquel les savants et les astronomes sont encore divisés, mais qui n'en est pas moins objet de discussion, et au sujet duquel les livres orientaux nous font entendre un son de cloche très pur. Il doit donc être basé sur certains faits réels et contenir, probablement, un aspect de la vérité. A mon point de vue personnel, je suggérerai que cet aspect de la vérité sera trouvé, non point en suivant des lignes d'interprétations physiques, mais en suivant celles de la conscience ; que ce à quoi ces lignes font allusion est l'évolution psychique se poursuivant à l'intérieur de chaque atome (en donnant au mot "psychique" le sens de conscience subjective), et que ce qu'elles cherchent à nous suggérer, c'est que nous avons une relation occulte avec d'autres systèmes solaires. C'est peut-être ici que nous pouvons trouver la vérité. La vie subjective peut être une ; l'énergie coulant de l'une à l'autre de ces vies peut être une ; mais la diversité réside dans la forme physique. Peut-être l'unité réside-telle dans l'évolution de l'intelligence, dans la manifestation de l'amour, ou conscience de groupe, et dans le développement de la volonté, ou dessein. Mais on n'apercevra l'unicité de la vie subjective que lorsqu'on aura fini par reconnaître que la séparation et la différenciation ne sont que dans la forme, et dans la forme seulement.

Les anciens livres de l'Orient déclarent, à ce propos, que les sept étoiles de la Grande Ourse, les sept étoiles des Pléiades, et le soleil Sirius, ont des relations très étroites avec notre système solaire, et qu'ils exercent une influence magnétique et psychique intimes sur notre Logos solaire.

Nous avons vu que le but de l'atome de la substance est la conscience de lui-même et que, pour l'Entité opérant par le moyen d'une planète, ce but peut être la conscience de Dieu. Maintenant, si vous considérez le Logos solaire, Lui aussi doit avoir un but, bien que les mots nous manquent pour le définir. Vous pouvez l'appeler, si vous le voulez : la Conscience Absolue. Tâchons d'illustrer cette pensée par un exemple. On nous a dit que notre corps était composé d'une multitude de petites vies, ou cellules, ou atomes, toutes douées de leur conscience individuelle. Ceci correspond à la conscience que l'atome prend de lui-même. La conscience du corps physique, pris comme un tout, pourrait être considérée, par l'atome, comme étant sa conscience de groupe. Puis, nous avons la conscience de l'homme, le penseur. C'est lui qui énergise le corps et le fait obéir à sa volonté ; il est, à un atome de ce corps, l'équivalent de ce que nous pourrions appeler la conscience divine. La conscience que nous prenons de nous-mêmes est aussi éloignée de celle de l'atome que celle du Logos solaire l'est de la nôtre. A présent, au regard de l'atome de notre corps, ne pourrions-nous appeler la conscience du Logos solaire : la conscience absolue ? Nous pouvons étendre cette pensée à l'atome humain et à l'atome planétaire ; en l'étendant encore, nous pouvons affirmer que le Logos solaire tend à une conscience supérieure à la Sienne dans la proportion de celle-ci par rapport à celle de l'atome de notre corps.

Ici, vous voyez s'ouvrir devant vous une perspective merveilleuse, une perspective qui est, en elle-même, des plus encourageantes car, si nous étudions attentivement la cellule du corps physique, et si nous considérons la route immense parcourue entre sa conscience et celle qu'un homme sait aujourd'hui être la sienne, nous y trouvons la promesse et l'espoir de notre perfection future, et une raison profonde de persévérer dans nos efforts.

Les antiques livres orientaux ont conservé secrète pendant des siècles, la vérité concernant bien des choses qui commencent seulement à pénétrer dans la conscience de l'Occidental. Ils ont enseigné la radioactivité de la matière il y a déjà des milliers d'années, et il peut y avoir, par conséquent, une part de vérité égale dans leurs enseignements concernant les constellations. Peut-être les étoiles que nous apercevons au fond du firmament et la vie gravitant en elles sont-elles le but de notre Logos solaire, et peut-être émane-t-il d'elles des influences attractives dont le flux L'attire vers elles et Le rend radioactif. Les livres orientaux disent que le soleil Sirius est la source de la sagesse et que, de lui, émane l'influence, ou énergie, de l'amour. Ils disent qu'il y a une constellation encore plus étroitement liée à notre Logos solaire, car ce dernier n'est pas encore suffisamment évolué pour répondre complètement à l'appel de Sirius, mais qu'il peut répondre, en revanche, à l'influence des sept "sœurs des Pléiades". Ce groupe est des plus intéressants. Si vous ouvrez le dictionnaire au mot "électricité", vous y lirez que l'on attribue l'origine de ce terme à l'étoile Electra, l'une de ces sept sœurs, que l'on suppose être l'une des petites Pléiades perdues. Les maîtres orientaux disent que le mystère de l'électricité contient la clé de toutes les connaissances et que, lorsque nous l'aurons élucidé, nous saurons tout ce qu'il est possible de savoir. Il n'est pas possible de dire ce qu'est la relation des Pléiades avec notre système solaire mais, même notre Bible chrétienne en fait mention, et Job parle de "la douce influence des Pléiades", tandis que certains écrits orientaux disent que cette relation réside dans le son, ou la vibration. Peut-être les Pléiades sont-elles la source de la vie atomique de notre Logos, l'aspect de l'intelligence active, celui qui s'est développé en premier et que nous pourrions appeler la matière électrique.

Puis, il y a la Grande Ourse. On trouve bien des choses intéressantes, dans les textes orientaux, concernant les relations existant entre la Grande Ourse et les Pléiades. On y dit que les sept sœurs sont les sept épouses des sept étoiles de la Grande Ourse. Quelle peut être la vérité se cachant derrière cette légende ? Si les Pléiades sont la source de la manifestation électrique, l'aspect d'intelligence active du système solaire, et si leur énergie est celle qui anime toute la matière, peut-être les sept sœurs représentent-elles l'aspect négatif, dont le pôle opposé, ou aspect positif, est leurs sept époux, ou les sept étoiles de la Grande Ourse. Peut-être est-ce l'union des deux qui produit le système solaire ? Peut-être ces deux types d'énergie émanant, l'un des Pléiades, l'autre de la Grande Ourse, se rencontrent-ils, et peut-être est-ce leur conjonction qui produit ce grand embrasement céleste que nous appelons notre système solaire ?

Les rapports de ces deux constellations, ou plus exactement leur relation subjective, doit être sûrement basée sur des faits. Sans quoi toutes les mythologies n'y feraient pas constamment allusion. Il doit exister, parmi les myriades de constellations, quelque chose qui relie celles-ci plus particulièrement à notre système solaire. Mais nous nous égarons lorsque nous cherchons à expliquer la chose d'une façon purement physique. Si nous suivons les lignes de la vie subjective, et si nous rattachons ce phénomène à l'énergie, à la qualité, et à la force, nous rencontrerons peut-être la vérité, et nous découvrirons une partie de la réalité qui se cache derrière ce qui semble être, à première vue, une fable dénuée de sens. Tout ce qui élargit notre horizon et nous permet d'acquérir une vision plus vaste et une perception plus claire de ce qui se passe dans le processus évolutionnaire, est pour nous d'une grande valeur, non parce qu'il est utile d'accumuler des faits démontrés, mais parce que ces faits nous permettent de faire plus de choses avec nous-mêmes, accroissent notre capacité de penser en termes plus larges et plus vastes, nous rendent capables de regarder au-delà de notre point de vue égocentrique, et d'intégrer à notre conscience des aspects nouveaux et différents de ceux que nous possédons par nous-mêmes. Ce faisant, nous développons la conscience de groupe et nous finirons par comprendre que les faits, apparemment stupéfiants, pour lesquels nous avons combattu et pour lesquels nous sommes morts à travers les siècles, et que nous avons affirmé être la vérité entière, n'étaient en réalité que les fragments d'un plan et les fractions infinitésimales d'une somme gigantesque. Lorsque nous reviendrons sur cette terre et que nous regarderons en arrière vers les choses qui nous intéressent passionnément aujourd'hui, peut-être la façon dont nous les concevons à présent nous paraîtra-t-elle tout à fait erronée. Les faits, au fond, ne comptent pas. Les faits du siècle dernier ne sont plus les faits d'aujourd'hui et, au siècle prochain, peut-être les hommes de science riront-ils de nos affirmations dogmatiques et s'étonneront ils de notre conception actuelle de la matière. Ce qui compte véritablement, c'est le développement de la vie et les relations de la vie avec tout ce qui l'entoure ; et par-dessus tout, l'influence que nous exerçons sur ceux avec lesquels nous sommes associés, et le travail que nous accomplissons. Car celui-ci affecte, pour le meilleur ou pour le pire, le groupe entier au sein duquel nous vivons.

Pour terminer cette série de conférences, je ne puis mieux faire que citer le passage de Saint Paul, où l'apôtre dit : "Je pense que les souffrances du temps présent ne méritent pas d'être comparées à la Gloire qui sera révélée en nous car nous sommes sauvés par l'espérance. Et je suis convaincu que, ni la vie, ni la mort, ni les anges, ni les principautés, ni les dominations, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature, ne seront capables de nous séparer de l'amour de Dieu".

FIN DU LIVRE.

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