LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

20. L'AME ET SON MECANISME

LE PROBLEME DE LA PSYCHOLOGIE

par ALICE A. BAILEY

Mis sur support informatique sous la responsabilité de l'Association Lucis Trust.


TABLES

SOMMAIRE

AVANT-PROPOS
CHAPITRE I — INTRODUCTION
CHAPITRE II — LES GLANDES ET LE COMPORTEMENT HUMAIN
CHAPITRE III — LA THEORIE DU CORPS ETHERIQUE
CHAPITRE IV — LA NATURE DE L'AME ET SON SIEGE
CHAPITRE V — LES ENSEIGNEMENTS DE L'ORIENT RELATIFS A L'AME, L'ETHER
ET L'ENERGIE
CHAPITRE VI — SEPT CENTRES DE FORCE
CHAPITRE VII — CONCLUSION
APPENDICE

Note I — Relative au chapitre IV
Note II — Relative au chapitre VII


BIBLIOGRAPHIE
The Glands
Psychology
The centres :
General

LIVRE

"On peut facilement montrer que, dans les rapports entre le corps et l'âme, il n'y a pas d'énigme plus grande que dans n'importe quel autre cas de cause à effet, et que seule notre prétention à comprendre quelque chose de l'un des cas provoque notre étonnement à constater que nous ne comprenons rien de l'autre."

RUDOLPH HERMANN LOTZE

"La compréhension qui descend de l'espoir central du soi enveloppe le corps ; celui-ci devient une cité de significations et non plus simplement une cité de cellules. Ses organes ne sont pas de simples choses, mais des symboles, périlleux et profonds. Il devient en tant qu'ensemble un objet de valeur, de beauté ou de laideur, de grâce et de mécanisme, d'une philosophie implicite ; les attitudes d'orgueil et de honte l'intérêt infini de l'art, la diverse signification de la danse, tout devient intelligible.
Les attitudes, les gestes et un million de changements subtils et expressifs de couleur et de tension deviennent les manifestations immédiates spontanées d'un jeu intérieur. La poésie et la morale, la religion et la logique retrouvent leur place dans nos membres comme dans notre mental, et le monde retrouve l'unité concrète dont nos analyses menaçaient de nous priver."

Self, Its body and freedom

By WM. E. HOCKING

 AVANT-PROPOS

 

Notre attitude à l'égard de la pensée philosophique et psychologique orientale est, en grande partie, soit une attitude d'admiration sans discernement, soit une méfiance manquant tout autant de discernement.
C'est bien dommage. Ceux qui pratiquent l'adoration ne valent pas mieux que ceux qui pratiquent la méfiance. Ni les uns ni les autres ne nous facilitent une juste appréciation de ce vaste domaine de la pensée orientale si curieusement différente de la nôtre et qui est pourtant, comme on s'en aperçoit après quelque temps, si fondamentalement la même dans sa recherche essentielle.

C'est, sans doute, cette attitude sans discernement qui est responsable de la presque totale omission de la pensée orientale dans nos ouvrages de philosophie et de psychologie – ceci et une autre chose. Les langues orientales sont difficiles à comprendre pour l'Occident. Non traduites, elles font que l'écriture orientale semble un étrange jargon dû soit à de la poésie confuse, soit à une mystification.

Alice Bailey, en écrivant cet ouvrage, a rendu le grand service d'amener un mental critique à se pencher sur la pensée orientale, un mental prêt à reconnaître que la pensée orientale, tout comme la pensée occidentale, ne peut prétendre avoir atteint la sagesse absolue. Elle n'a pas recours à des méthodes et des attitudes solennelles, priant l'Occidental de renoncer à ses erreurs grossières et d'adopter une doctrine mystérieuse d'autant plus merveilleuse qu'à lui elle peut paraître absurde. En effet, elle dit : "Cette pensée orientale consiste en une recherche dans les problèmes profonds de l'existence. Elle n'est pas nécessairement meilleure que la pensée occidentale. Elle est différente ; elle aborde les problèmes sous un angle différent. L'Orient comme l'Occident se sont spécialisés dans leur manière de penser. Chacun d'eux a donc la vertu de sa propre sincérité et de sa pénétration particulière. Mais la spécialisation n'a de valeur que si elle mène à l'intégration. Le temps n'est-il pas venu d'unir l'Orient et l'Occident dans la zone la plus profonde de leur vie, c'est-à-dire dans leur pensée philosophique et psychologique ?"

Cet ouvrage est important, ne serait-ce que parce qu'il constitue une tentative, non seulement de mettre l'Orient à la portée de l'Occident et vice-versa, mais aussi parce qu'il tente d'harmoniser les deux manières de penser en une seule. Au lecteur de dire si elle est parvenue à accomplir cette intégration. Cette tentative est importante et devrait porter les fruits d'une approche plus intelligente des deux formes de pensée.

Ce qui donne à cet ouvrage une signification particulière est la comparaison qui, pour la première fois, est faite entre l'étude occidentale des glandes et l'étude orientale des "centres". Le philosophe occidental Spinoza, il y a bien longtemps, avait noté le parallélisme indissociable de ce qu'il appelait le corps et l'âme dans la vie de l'Absolu et dans la vie des expressions de l'Absolu que nous appelons individus. Si ce parallélisme existe, nous devons nous attendre à trouver dans chaque manifestation extérieure la force intérieure ou psychique qui se manifeste ainsi.

Jusqu'à présent, nous n'avons considéré cette hypothèse d'intérieur et d'extérieur que de manière générale. En se concentrant essentiellement sur l'étude des glandes qui sont les régulateurs, pourrait-on dire, de notre personnalité, cet ouvrage présente les rapports entre le corps et le mental non seulement d'une façon étonnamment riche de suggestions en vue d'une formation plus adéquate de l'individu, mais ouvre, également, des possibilités de recherche ultérieure fascinantes. En Occident, nous parlons de la thyroïde ou des glandes surrénales en nous limitant à leur comportement physiologique. Ce comportement n'a-t-il pas aussi une contrepartie psychique ? C'est peut-être là une question bizarre, une question qui, au premier abord, devrait provoquer la risée des physiologistes. Et pourtant, à moins que nous ne soyons des dogmatistes farouches non encore sortis des ténèbres du matérialisme du dix-neuvième siècle, nous parlons bien de la contrepartie psychique de l'organe physiologique que nous appelons cerveau. Alors, pourquoi ne pas parler des contreparties psychiques de la thyroïde, des glandes surrénales et des autres glandes ?

Si nous poursuivons la question jusqu'à sa fin logique, sans aucun doute nous apprendrons à pousser notre conception de la vie psychique de l'individu bien au-delà du point atteint par les intellectuels plutôt naïfs qui considèrent que le seul centre de vie se trouve dans le cerveau.

Je ne me rallie pas aux essais de conclusions présentées par l'auteur de cet ouvrage ; des conclusions particulières devront peut-être subir des modifications ou même être rejetées. Mais je n'ai aucun doute que l'auteur ait ouvert le champ à de nouvelles possibilités qui peuvent conduire finalement à des recherches en physiologie et en psychologie revêtant une grande importance. Ce livre constitue non seulement un défi, il jette aussi une vive lumière sur ces problèmes. Pour le mental occidental, il sera une surprise, mais je pense que cette surprise sera accompagnée d'une admiration très sincère pour les processus de pensée de l'Orient à l'égard desquels nous, les Occidentaux, sommes restés beaucoup trop ignorants.

H.A. OVERSTREET
New York City

Mai 1930

CHAPITRE I

 

INTRODUCTION


Trois raisons ont motivé la rédaction de cet ouvrage. La première est le désir de faire fusionner la psychologie matérialiste ou extérieure et la psychologie introspective ou intérieure. La deuxième est le désir de rapprocher l'Occident matérialiste et l'Orient introspectif, en regardant au-delà de la psychologie scientifique du passé, vers le domaine plus vaste de la pensée et de la psychologie de l'homme. La troisième est de montrer que tous ces aspects qui s'opposent ne sont que des facettes d'une seule vérité et que, ensemble, ils constituent l'unique Réalité.

Ces trois motifs trouvent leur origine dans la position actuelle de l'enseignement de la psychologie. Il y a actuellement deux grandes catégories de psychologie et Will Durant les a bien résumées dans son ouvrage "Les Demeures de la Philosophie." Nous citons :

"Comme nous l'avons vu, il y a deux manières d'étudier l'homme. L'une part de l'extérieur avec l'environnement et considère l'homme comme un mécanisme d'ajustement ; elle réduit la pensée à une chose et le mental à la matière, et se manifeste dans le matérialisme déguisé de Spencer et la philosophie du comportement de Watson (...) L'autre part de l'intérieur ; elle regarde l'homme comme un système de besoins, d'impulsions et de désirs qui le poussent à étudier, à utiliser et à dominer son environnement ; elle voudrait réduire les choses à la pensée et la matière au mental ; elle commence par "l'entéléchie" d'Aristote (qui soutient que toute forme est déterminée par un dessein intérieur) et se manifeste dans le vitalisme de Bergson et le pragmatisme de William James." (Durant Will, The mansions of philosophy.)

W. B. Pillsbury estime que ce double système conduit à une répétition inutile :
"Si on retient la théorie du comportement, cela veut dire que nous devons avoir deux psychologies, une externe et une interne, une psychologie vue de l'extérieur et une autre vue de l'intérieur. Le moins qu'on puisse dire est que c'est là, au mieux, une complication inutile." (Pillsbury W.B., The History of Psychology.)

Reconnaissant qu'il y a là deux positions et étant d'accord avec W. B. Pillsbury pour penser que deux lignes d'interprétation sont inutiles, je suis convaincue qu'il est possible de fusionner ces deux théories en une troisième qui, elle, serait unique. Je voudrais donc présenter une hypothèse qui prouverait la justesse de l'école mécaniste et également la justesse de l'école introspective. Je cherche également à montrer que les deux écoles sont nécessaires pour tenir compte de tous les faits, et qu'elles se complètent mutuellement. Ainsi donc, nous pourrions établir une troisième école, ou école mixte, basée sur la connaissance exacte de l'Occident et la sagesse introspective de l'Orient.

Lorsqu'on considère ces deux écoles, il est évident que la psychologie moderne est surtout matérialiste et que l'école la plus populaire l'est entièrement. Si on étudie les ouvrages les plus récents de psychologie qui proviennent des nombreuses et différentes écoles européennes et américaines, on voit que la majorité de ces textes se préoccupent surtout de soutenir ou de rejeter la philosophie mécaniste de l'école du comportement ; s'ils ne le font pas, c'est qu'ils présentent une autre forme de psychologie matérialiste. Wolfgang Kohler écrit, par exemple, dans Gestalt Psychology :

"Les gens pensent en général qu'ils perçoivent eux-mêmes directement les raisons pour lesquelles ils adoptent une attitude déterminée à un certain moment et une autre attitude à un autre moment. Ils pensent aussi, le plus souvent, qu'ils savent et comprennent directement pourquoi ils sont enclins à faire une chose dans une certaine situation particulière et à faire une chose toute différente plus tard dans des conditions différentes. Ils pensent donc qu'ils perçoivent directement et vraiment une grande partie de ce contenu dynamique, dont le développement constitue la vie mentale. La position de la plupart des psychologues actuels les plus expérimentés ne concorde pas avec cette manière de penser qui leur est tout à fait étrangère. Ils estiment que l'individu est enclin à faire une chose maintenant, puis une autre parce que, dans le premier cas, certaines voies nerveuses sont plus disponibles et que, dans l'autre cas, ce sont d'autres voies qui sont plus libres. Bienheureux les gens chez qui les voies nerveuses les plus perméables sont dans la pratique les plus justes et les mieux appropriées !" (Köhler Wolfgang, Gestalt Psychology.) 

Mais tout le problème est plongé dans la confusion, et, comme l'a dit Will Durant, "la psychologie a à peine commencé de comprendre, et encore moins de contrôler, la conduite et les désirs des hommes ; on y trouve du mysticisme et de la métaphysique, de la psychanalyse, de la philosophie du comportement, de la mythologie glandulaire et d'autres maladies de l'adolescente." (Durant Will, The Mansions of Philosophy.)

La psychologie chemine à la frontière de l'invisible auquel nous conférons les noms d'énergie – qu'elle soit nerveuse, atomique ou vitale – de force, de vibrations éthériques, de courants et de charges électriques et de force flottant librement à laquelle a été donné le nom de libido. Toutes les sciences semblent converger vers le même terrain vague, vers l'indéfinissable. Lorsque le voile sera levé, il nous révélera peut-être la terre promise des rêves et des aspirations de l'homme. Parallèlement aux certitudes et aux faits indiscutables de la science moderne se manifeste un esprit d'incertitude et d'attente. C'est presque comme si l'humanité se trouvait devant le rideau d'une scène cosmique, attendant qu'il se lève et qu'il révèle l'acte suivant auquel les hommes pourront participer d'une manière intelligente. C'est une humanité avec un long passé, ayant acquis une grande expérience et accumulé une grande connaissance, qui se tient là, attendant ; mais c'est aussi une humanité qui réalise qu'elle peut être amenée à prendre part à une révélation et à un développement absolument inattendus et pour lesquels son équipement actuel et sa compréhension de la vie peuvent s'avérer inadéquats. 

Entre temps, sur cette scène cosmique, la science aborde la vérité de différentes façons, arrangeant les faits connus pour en déduire le prochain développement possible et procédant dans ses diverses branches et champs d'activité à l'élaboration d'hypothèses qui, correctes ou non, valent la peine d'être expérimentées Exprimant ce qui devrait être l'attitude d'esprit de ceux qui étudient tous les champs de la connaissance humaine, Bertrand Russel dit :

"Ce n'est pas la volonté de croire dont nous avons besoin, mais le désir de découvrir, ce qui est exactement le contraire."

Le genre de mental le mieux capable de comprendre cette situation scientifique est, de nos jours, celui qui fait preuve de scepticisme, mais qui cependant est prêt à être convaincu ; agnostique, mais décidé à enquêter loyalement ; posant des questions mais ne refusant pas d'être convaincu si les faits prouvent qu'ils peuvent être démontrés ; et, par-dessus tout, un esprit large qui réalise que la Vérité ne peut être connue que par l'expression de nombreuses vérités. C'est seulement celui dont le mental est étroit, l'homme sans envergure, qui est athée, dogmatique, critique, destructeur, statique, tournant le dos à la lumière et au jour nouveau.

Ce type de mental scientifique, curieux, chercheur, convient particulièrement bien à la psychologie, le rameau le plus ancien de la connaissance, et pourtant celui qui a été le dernier à entrer dans le domaine de la véritable étude scientifique. C'est seulement en étant prêt à considérer ce champ comme un tout, et non pas en se limitant à une seule école et en réservant son opinion jusqu'à ce que davantage soit connu, que le chercheur pourra éviter les dangers qui menacent celui dont la vision est limitée, qui ne voit que ses propres points de vue isolés, mais jamais le panorama dans lequel ils se trouvent, et qui ne s'intéresse jamais qu'aux fractions et aux décimales sans parvenir à une unité intégrale.

Un des signes les plus encourageants des temps actuels est la compréhension grandissante du point de vue oriental et la tendance à l'étudier. La psychologie des deux hémisphères est si complètement différente et leur approche de la vérité si dissemblable, que ce n'est que récemment que la possibilité de leur unité fondamentale a été étudiée et qu'une nouvelle perspective de l'homme et de son milieu peut naître de la fusion des interprétations occidentale et orientale de la vie. Les anciennes interprétations peuvent s'avérer erronées, mais les vérités anciennes demeureront ; les anciennes idées fausses peuvent être reconnues comme induisant en erreur, mais la réalité émettra une lumière et une beauté plus claires. L'union de nos sciences, de nos pensées et de nos déductions différentes peut faire apparaître une nouvelle psychologie basée sur la compréhension, si familière à l'Occident, de la structure de l'homme et sur la compréhension, si familière à l'Orient, de l'énergie, ou esprit, utilisée par l'homme pour animer et diriger son instrument. Ces deux facteurs, la structure et l'énergie motivante, ne s'opposent pas ; elles dépendent l'une de l'autre ; elles présentent une unité essentielle.

La psychologie occidentale s'intéresse surtout à la structure, à l'univers tangible et objectif et à la réaction de l'homme objectif à cet univers. Elle traite l'homme comme un corps animé ; elle met l'accent sur la mécanique de sa nature et sur l'instrument qu'il utilise. Elle est donc de système mécaniste et ne traite que de ce qui peut être l'objet de tests et d'expérimentation. Elle étudie le corps et explique les émotions et la mentalité et même ce qu'elle appelle l'âme, en fonction du corps. Durant indique cette position comme suit : "En ce qui concerne le Soi ou Ame, c'est seulement la totalité du caractère héréditaire et des expériences acquises de l'organisme." C'est en fonction du mécanisme que les différents types et tempéraments sont expliqués. Louis Berman, dans son livre intéressant, résume comme suit cette attitude :

"La parcelle de connaissance la plus précieuse que nous possédions aujourd'hui, relativement à l'homme, est qu'il est le produit de ses glandes à sécrétion interne. C'est-à dire que l'homme, en tant qu'organisme indépendant, est le produit, le sous-produit d'un certain nombre de fabriques de cellules qui contrôlent les parties de sa constitution, comme les différentes divisions d'une fabrique d'automobiles produisent les différentes parties d'une voiture. Ces fabriques de produits chimiques sont composées de cellules, elles produisent des substances spéciales qui agissent sur les autres cellules du corps et ainsi mettent en marche et déterminent les nombreux processus que nous appelons Vie. La vie, le corps et l'âme émergent des activités du limon magique de leur chimie silencieuse, exactement comme l'arbre de cristaux d'étain qui se forme lors de réactions chimiques amorcées par un courant électrique dans une solution de sels d'étain.

L'homme est réglé par ses glandes à sécrétion interne. Au début de la troisième décennie du vingtième siècle, après avoir lutté pendant au moins cinquante mille ans pour se définir et se connaître, l'homme peut accepter cela comme étant la vérité sur lui-même. C'est une opération mentale qui a de profondes implications ; c'est une implication valable, appuyée par une multitude de faits détaillés." (Berman Louis, The Glands Regulating the Personality.)


Ainsi donc, la psychologie occidentale met l'accent sur le côté physique et sur ce qu'on voit et, dans son propre champ d'action, elle est scientifique. Par sa forme même, elle s'oppose aux vagues et rêveuses spéculations du mystique visionnaire. Ses efforts ont abouti à isoler un ensemble de faits qui englobe effectivement la vérité en ce qui concerne l'homme, son comportement et son équipement. Cette connaissance devrait être inappréciable pour la production d'un meilleur mécanisme permettant à une race plus évoluée de fonctionner.

Dans ses écoles les plus extrêmes, la psychologie occidentale est activement déterministe, car elle apparente toute sensation, toute pensée et toute activité au fonctionnement des cellules physiques et des organes du corps. Le libre arbitre est donc en grande partie éliminé et remplacé par l'organisme, le système nerveux et le système endocrinien ; les citations suivantes le démontrent :

"Dans son ouvrage "La psychologie du point de vue du comportement", Watson enseignait que "l'émotion est un ensemble de réactions héréditaires impliquant de profonds changements du mécanisme corporel pris comme un tout, et particulièrement des systèmes viscéral et glandulaire". Il enseigne aussi que "la pensée est l'action du mécanisme du langage, une activité corporelle hautement intégrée et rien de plus" et que, lorsque "nous étudions des processus orporels nous étudions la pensée". Watson ne veut pas dire par-là qu'il dentifie la pensée à l'activité correspondante corticale du cerveau, mais avec tous les processus corporels en jeu qui, implicitement et explicitement, entrent en fonction pour produire le langage parlé, écrit et de signes, c'est-à dire l'activité musculaire de l'appareil vocal, du diaphragme, des mains, des doigts, des mouvements des yeux, etc. (Prince, Morton, Psychologies of 1925.)

"La psychologie étudie le monde par l'homme, c'est-à dire qu'elle étudie l'expérience comme dépendant du système nerveux, tandis que la physique étudie l'expérience comme existant indépendamment du système nerveux. Il faudrait donc inclure la psychologie parmi les sciences générales, comme une discipline qui dévoile les traits généraux du mental et qui définit celui-ci comme "la totalité de l'expérience humaine considérée comme dépendant d'un système nerveux (...) La psychologie étudie la totalité de l'environnement considéré comme existant seulement au moment où il affecte le système nerveux (humain), tandis que la physique étudie la totalité de l'environnement comme existant au-delà du moment où il affecte le système nerveux (humain).

Troisièmement, la foi du mécaniste implique deux hypothèses qu'il faut soigneusement distinguer ; car l'une peut être fausse même si l'autre est juste. Ces deux hypothèses sont, la première, que tous les processus du monde appartiennent fondamentalement à une seule catégorie, et la deuxième, que tous ces processus appartiennent à la catégorie communément admise par les sciences physiques dans leurs interprétations concernant la nature inorganique, c'est-à-dire des événements d'ordre mécaniste, ou strictement déterminés et par conséquent strictement prévisibles." (Mc Dougall William, Psychologies of l925, p. 303.)

Herman Rubin dit, "l'apparence physique de l'individu, ses traits psychiques ou ce qui pourrait être appelé la chimie de son âme, sont démontrés, [20@22] dans une large mesure, par le caractère et par la quantité des sécrétions internes de ses diverses glandes." (Rubin Herman, Your mysterious glands, p. 54.)

Certaines écoles vont jusqu'à nier l'existence de la conscience et à la considérer comme étant inhérente à la matière ; le chercheur oriental dirait qu'elles le font avec raison. Leary dit que "la conscience caractérise les nerfs comme la vibration caractérise d'autres formes de matière". (H. Leary Daniel, Modern Psychology, normal and abnormal, p 116.)

Ailleurs, la conscience est définie comme "une intégration et une succession complexes d'activités corporelles qui sont, soit étroitement apparentées aux mécanismes du verbe et des gestes, ou bien qui les impliquent et, partant, déterminent le plus souvent l'expression sociale". (S. Hunter Waltet, Psychologies of 1925, p. 91.)

Watson avertit le lecteur qu'il ne trouvera pas d'exposé concernant la conscience, ni de référence à des expressions telles que sensation, perception, attention, volonté, image et autres choses semblables. "Ces termes, dit-il, ont bonne réputation mais j'ai découvert que je peux m'en passer aussi bien pour poursuivre une investigation que pour présenter à mes étudiants la psychologie comme un système. Franchement, je ne sais pas ce qu'ils veulent dire et je ne pense pas que qui que ce soit d'autre puisse les utiliser". (11 Psychologies of 1925, p. 201.)

Finalement, on nous dit que "lorsque la psychologie sera complètement séparée de la psyché, alors nous pourrons mettre de côté les termes "conscience", "mental" et "mémoire". Le comportement humain aura alors une base scientifique et ne sera plus une branche de la littérature ou une spéculation philosophique ou religieuse. Le "mental" cédera la place à la personnalité, la "conscience" en général à des manifestations spécifiques de comportement appris et la "mémoire" à l'appel d'une quelconque partie du tissu musculaire strié ou lisse de l'individu." (Dorsey Georges A., Why we behave like human beings, p. 333.)

Cette tendance très matérialiste de la psychologie occidentale est d'autant plus surprenante lorsque nous nous souvenons que le terme "psychologie" dérive du terme "logos", mot qualifiant la psyché ou âme.

Il y a cependant en Occident des voix opposées. C'est le cas de l'école de psychologie introspective, et aussi de l'école mentaliste. Elles admettent l'existence de la conscience et supposent une entité consciente. Leary définit ainsi ces groupes :

"Le partisan de l'introspection s'intéresse à la conscience, à la connaissance, au Soi, aux images du Moi et à bien d'autres choses qu'ignore, ridiculise et refuse le partisan de la théorie du comportement qui a été soumis à un strict entraînement et à une technologie rigide (...) Le partisan de l'introspection tourne son attention vers l'intérieur ; il se souvient, il fait des comparaisons mentales, puise ses informations dans la communion avec le soi et demande aux autres de faire de même. Le partisan de la théorie du comportement traite théoriquement l'animal humain comme il traiterait n'importe quelle forme de vie inférieure ; il observe simplement les réponses évidentes et objectives de l'animal d'une manière assez semblable à celle d'un physicien ou d'un chimiste observant dans son laboratoire les réactions des corps et des composés. En outre, l'école subjective peut se montrer ultra-rationnelle et systématique, l'école du comportement, plus empirique et pragmatique…

"Le partisan du mental soutient que l'activité psychique n'est pas le simple reflet de l'activité physique ; qu'outre le corps et le cerveau et les dépassant, il existe quelque chose de différent, sur un niveau également différent, qu'il soit appelé mental, esprit, conscience ou autrement.
La pensée n'est pas le résultat du fonctionnement de la matière. D'un autre côté, les matérialistes, tout en ayant leurs différences, prétendent exactement le contraire, c'est-à-dire que tout est physique, que toute conduite humaine, qu'elle soit pensée, sensation, émotion, activité musculaire ou activité nerveuse, est due au fonctionnement de cellules physiques matérielles, et que, sans une telle structure, il ne peut y avoir aucune activité.
Ce qui agit, quel qu'il soit, est physique, quelle que soit la manière dont il agisse. D'un côté nous avons donc un pouvoir ou esprit qui informe et utilise les structures du corps physique et, de l'autre, nous avons, comme seule et indispensable base, une structure de fonction et cela malgré le caractère complexe, délicat et noble que peut avoir cette fonction du point de vue de la moralité et de la religion." (Leary Daniel B., Modern psychology, normal and abnormal, pp. 6-7.)

Les partisans de l'introspection et du mental n'ont pourtant pas donné une preuve scientifique de leur point de vue ; leur position se trouve encore affaiblie par l'existence des nombreux groupes divisant la psychologie. W. Hocking, d'Harvard, dit :

"C'est vrai, la psychologie ne s'exprime pas par une seule voix. Il existe une psychologie dynamique et une psychologie basée sur le dessein, une psychologie de la Gestalt, une psychologie des réactions, une psychologie freudienne, une [20@25] psychologie structurale, une psychologie du comportement et bien d'autres écoles.
Elles présentent des images différentes du soi. Mais elles ont toutes un net aspect physiologique. Nous pouvons choisir la théorie du comportement comme un excellent exemple car c'est elle qui va le plus loin." (Hocking Wm. E. Self, Its body and freedom, pp. 17-18.)

M. Prince nous offre le tableau suivant de la façon dont la psychologie est divisée :
"Les psychologues sont divisés en trois groupes, celui des psychologues du soi, celui des psychologues qui ignorent le soi et celui des psychologues qui se tiennent entre les deux. Le premier groupe maintient que le contenu de chaque processus conscient inclut un soi, la connaissance du soi et la conscience du soi. Par conséquent, toute conscience est une conscience ou connaissance de quelque chose par un soi.

"Le second groupe prétend être incapable de trouver un soi quelconque, ou une conscience de soi par l'introspection ; il nie son existence et soutient que les processus mentaux fonctionnent sans aucune réalité semblable. Le "Moi" et le "Vous" ne sont que des expressions rendues obligatoires par les besoins du langage." (Prince Morton, Psychologies of 1925, p. 223.)

Dans son ensemble, la psychologie occidentale est nettement matérialiste ; elle est mécaniste, florissant dans une époque de machines.

La position du psychologue mécaniste occidental est donc très forte, car elle est fondée sur des vérités connues et sur des faits prouvés. Il peut faire la preuve de sa position et citer ses exemples ; sa connaissance du mécanisme de l'homme, qu'il considère comme étant l'homme entier, est basée sur une expérimentation et des tests qui aboutissent à des résultats objectifs et tangibles. 

Ce qu'on peut immédiatement critiquer dans cette psychologie matérialiste, c'est l'importance presque exclusive que le psychologue occidental accorde à ce qui est anormal, déficient et pathologique.

L'individu supra normal, le génie, et celui qu'on dit hautement spirituel ont été négligés et une grande partie de ce qui est beau, essentiel et vrai pour l'homme ordinaire est rejeté. Si le Christ avait été psychanalysé, il se serait certainement vu classé comme souffrant d'un "complexe de Jéhovah" et regardé comme sujet à des hallucinations. Pourtant, Sa structure et la qualité de la "conscience caractérisant Son système nerveux" étaient tels qu'Il a imposé Sa marque sur les temps. Comment une telle structure peut-elle être reproduite ? Que faire pour reproduire un mécanisme semblable ?

La psychologie moderne est seulement au seuil de son développement et Walt Whitman voit ainsi le champ élargi :

"Vive la science positive ! Vive la démonstration exacte ! Vos faits sont utiles, mais pourtant ils ne sont pas ma demeure. Par eux, je ne fais qu'entrer dans un coin de ma demeure." (Whitman Walt, Leaves of Grass, p. 10.)

En net contraste avec l'Ecole occidentale se trouve l'Ecole orientale, de laquelle les partisans occidentaux de l'introspection et du mental ne sont qu'un pâle reflet. La psychologie orientale traite de ce qu'elle estime se trouver derrière la forme. Elle est spirituelle et transcendante.
Elle admet l'existence d'une âme et d'un esprit, et toutes ses déductions et conclusions sont basées sur cette prémisse Elle admet parfaitement la forme et la structure, mais elle met l'accent sur celui qui utilise la forme et l'énergie avec lesquelles il va de l'avant. C'est la psychologie de la vie et de l'énergie.

Cela a été la pensée de l'Orient depuis des temps immémoriaux ; et est dépeint clairement dans cet écrit vénérable de l'Inde, La Bhagavad Gîta :

"L'Esprit suprême, ici dans le corps, est appelé le Spectateur, le Penseur, le Défenseur, le Dégustateur, le Seigneur, le Soi le plus élevé.

Illuminé par le pouvoir qui réside dans tous les sens, et pourtant libre de tous les pouvoirs des sens, détaché, supportant tout, non divisé en pouvoirs, et pourtant jouissant de tous les pouvoirs.

A l'extérieur et à l'intérieur de tous les êtres, immobile, mais en mouvement, ne pouvant être perçu, est Cela ; à cause de sa subtilité, Cela se trouve loin et pourtant tout près. XIII : 22, 14, 15.

Ces corps temporels appartiennent au seigneur éternel du corps, impérissable, immensurable. II : 17.

Ils disent que les pouvoirs des sens sont supérieurs aux objets ; qu'aux pouvoirs des sens, l'émotion est supérieure ; qu'à l'émotion, la compréhension est supérieure ; mais, supérieur à la compréhension, il y a Lui. III : 42."

La psychologie orientale traite donc de la cause, du créateur, du soi, que ce soit le soi humain divin fonctionnant dans son propre petit univers d'activité mentale, émotionnelle et physique, ou que ce soit le grand Soi en qui tous les petits soi ont la vie, le mouvement et l'être. Elle revendique de grands Démonstrateurs et a donné des hommes qui disent connaître le Soi et, par cette connaissance, qui sont en rapport avec le Soi subjectif, avec l'Ame adombrante. Ils déclarent que ce qu'ils avancent peut être démontré et prouvé par ceux qui étudieront leurs méthodes et qui se soumettront à leur entraînement spécial. Dans la sphère du Soi qui confère l'énergie, de l'esprit qui se trouve derrière le Soi et au-delà, leur position est aussi claire que celle du psychologue occidental dans le domaine de la forme qui reçoit l'énergie.

Les défauts des deux systèmes sont évidents et, dans les deux cas, donnent des résultats déplorables. L'Occident met l'accent sur le mécanisme ; il tend à nier l'existence de l'âme et d'une puissance intelligente et motrice. Pour lui, l'homme n'est que la poussière et l'esprit de Dieu n'a jamais été insufflé dans ses narines. L'Orient admet l'existence du physique, mais il le méprise et, ce faisant, il porte la responsabilité des misérables conditions physiques de l'Orient. Aussi sérieux que soient ces défauts, n'est-il pas vrai que dans ce domaine aussi l'union fait la force ?

Si le Soi existe – et ceci doit être démontré – et s'il est l'Ame divine consciente, n'est-il pas capable d'être conscient du plan physique aussi bien que de son affiliation divine ? Si ce Soi est l'énergie dominante qui produit toutes les manifestations – et ceci devrait aussi être prouvé – cette énergie ne peut-elle être adaptée à la structure qu'elle utilise d'une façon assez sage et assez significative pour parvenir aux meilleurs résultats possibles ? Est-ce qu'on ne pourrait pas amener à fusionner d'une manière intelligente la connaissance scientifique de l'Occident sur la forme, et la sagesse accumulée et héritée de l'Orient sur la nature de l'âme ? Ainsi, on pourrait obtenir une parfaite expression de l'âme au moyen de son mécanisme. La matière ne peut-elle s'élever vers le mental, vers l'âme, vers l'esprit – peu importe le nom qu'on lui donne – et l'esprit ne pourrait-il faciliter cette envolée, perfectionner le véhicule au moyen duquel il se manifeste et irradier de manière plus éclatante ?

C'est dans cet espoir que j'écris cet ouvrage : coordonner la psychologie matérialiste et la psychologie introspective, établir l'harmonie entre l'Occident et l'Orient, et indiquer ainsi que la force et la réalité résident en leur union.

CHAPITRE II

 

 LES GLANDES ET LE COMPORTEMENT HUMAIN

 

L'étude des glandes est dans son enfance. Lorsqu'on lit ce qui a été écrit à leur sujet on voit qu'en fait on connaît peu de chose, que l'essence même de leur sécrétion – appelée hormones – n'a pas encore été découverte et que toute cette étude demeure mystérieuse. Il est vrai que les sécrétions de certaines glandes ont été découvertes et qu'on entend couramment parler de la glande thyroïde et de l'utilisation de son extrait dans certains cas, mais en ce qui concerne la plupart des glandes, leurs sécrétions sont encore inconnues ou bien n'ont été qu'en partie isolées.

Dans ces conditions, un homme intelligent, même s'il n'est ni médecin ni psychologue, s'il s'arme de patience et d'un gros dictionnaire, peut très bien s'aventurer dans le sujet des glandes, de leurs sécrétions et de leurs effets et, après une étude diligente du matériel disponible, il peut survoler ce sujet et rédiger un rapport. Cela peut, en effet, être très utile au public en général, en mettant à sa portée un résumé facile d'un problème important. Ce rapport pourrait aider aussi les spécialistes, non seulement en les renseignant sur l'effet produit sur les autres par des écrits techniques, mais aussi et plus spécialement en montrant comment un esprit ouvert, qui n'est pas encombré de données scientifiques, peut souvent avoir une meilleure perspective du sujet dans son entier. Cela serait particulièrement vrai si celui qui se livre à ce survol a pendant longtemps étudié les très anciennes croyances et les convictions de l'Orient sur la psychologie en général.

Dans mon examen du système des glandes endocrines, je n'ai pas l'intention de le décrire dans ses rapports et ses effets physiologiques ordinaires, telle que sa relation avec la croissance du corps, avec les cheveux, le cœur, le sang et les organes de procréation. Tout cela se trouve dans n'importe quel ouvrage médical, même dans ceux publiés au siècle dernier. Mon intention est d'exposer ce que les chercheurs modernes aux idées avancées, médecins et psychologues, déduisent d'une étude des glandes et ce qu'ils pensent être les effets de celles-ci sur le comportement humain. Je veux aussi vérifier les assertions si souvent émises, selon lesquelles ces mystérieuses sécrétions internes sont responsables des actes, des émotions et de la mentalité de l'homme lui-même. Les spécialistes disent : comprenez les glandes et vous comprenez l'homme.

En considérant ainsi les glandes, je citerai souvent certains ouvrages, non seulement parce que ces citations donnent plus d'autorité à ce qu'on écrit, mais aussi parce qu'on peut ainsi rendre plus clair le point de vue donné. 

Ces ouvrages, et en général les spécialistes de la question, utilisent des termes qui confondent le lecteur ordinaire. La sécrétion de la glande thyroïde, par exemple, a été étiquetée "acide tri-iodo-trihydro-exygindolepropionique"
! Dans toute la mesure du possible, j'éviterai l'emploi d'expressions aussi comiques.

Avant de considérer les glandes, il est sans doute indiqué de dire ce que nous entendons par le terme "psychologie". L'Occident ne tient plus compte du sens dérivé, déjà indiqué, de logos ou loi, de psyché ou âme.
Leary nous en donne une définition claire :

"La science du comportement humain, dans le sens le plus large du terme "comportement", est le sens qui inclut tout ce que fait l'être humain, tout ce qu'il a. Dans ce sens, c'est le comportement de la personnalité intégrée tout entière qui est considéré.

La psychologie traite de l'organisme pris comme un tout, comme un individu intégré et orienté, en contact avec d'autres individus dans un environnement extérieur complexe, en partie physique et en partie social, en résumé, comme une personnalité.

Psychologiquement, le comportement des êtres humains (...) ramène à des faits et des conclusions physiologiques, puis à ceux du domaine de la biologie, ensuite à ceux de la biochimie, puis à ceux de la chimie en général et enfin, inévitablement, à la physique en tant que science de la matière en mouvement." (LearyDaniel B., Modernpiychology, normal and abnormal, pp. 10, 14,)

La psychologie est, par conséquent, la science de l'activité de l'homme en tant qu'organisme vivant, dans le milieu où il se trouve ; c'est la science des rapports entre l'homme et ce milieu. C'est la science du comportement humain, mais non dans le sens éthique de bonne ou mauvaise conduite. Mais que trouve-t-on derrière ce comportement ?
Hocking dit, "Le soi est en réalité un système de comportement. Mais c'est un système de comportement poursuivant un but qui provient d'un espoir persistant. Le noyau même du soi est son espoir." (Hocking William E., Self Its body and freedom, p 46.)

L'espoir que la vie peut devenir quelque chose de plus grand qu'elle ne le fut auparavant est en vérité un espoir persistant. Mais nous savons que, s'il doit être réalisé, il faut que nous-mêmes participions à cette réalisation.
De là vient ce comportement qui poursuit un but dont parle Hocking.

Il y a trois principaux facteurs dans ce domaine du comportement humain et de la personnalité. D'abord, l'environnement. Il est beaucoup plus qu'un simple fait présent, ou ensemble de faits, ou qu'une simple scène sur laquelle se joue le drame. Il a été défini comme étant "tout ce qui n'est pas l'organisme, que ce soit culturel, social, physique ou de quelque autre nature, présent en fait ou enregistré". (Leary Daniel B., Modern psychology, normal and abnormal, p 45. ) Il y a ensuite l'appareil humain et particulièrement l'appareil de réponse que nous allons examiner avec plus de détails. Il y a enfin, la conduite, ou le résultat des relations entre le milieu et l'appareil de réponse. Avec un milieu donné et un certain appareil de réponse, certaines lignes de conduite sont inévitables. L'interaction de ces trois facteurs aboutit au comportement humain.

Nous nous intéressons ici plus particulièrement au deuxième de ces facteurs, l'appareil de réponse.

Certains aspects du mécanisme de cet appareil méritent plus d'attention que d'autres, notamment le système nerveux et celui des glandes endocrines, deux systèmes qui, dans le corps humain, fonctionnent en étroite coordination.

C'est par l'intermédiaire du système nerveux, qui est peut-être la partie la plus complexe et la plus merveilleuse de la structure humaine, que nous prenons contact avec notre milieu, le monde extérieur et que nous sommes adaptés pour fonctionner en lui. Par ce système, nous devenons conscients de ce qui est tangible ; grâce au réseau des nerfs, à la colonne vertébrale et au cerveau, nous devenons conscients des informations qui nous sont constamment communiquées. Le long des millions de lignes télégraphiques que sont nos nerfs, ces messages sont transportés vers la centrale de force qu'est notre cerveau et transformés alors d'une manière mystérieuse en informations. Nous réagissons à ces informations ; une activité inverse est ainsi instituée et nous passons à l'action.

Parallèlement à cette démonstration d'énergie nerveuse qui arrive et qui repart, il y a les activités du système des glandes endocrines et du système musculaire ; ces activités sont si étroitement interdépendantes que si les glandes endocrines ne fonctionnent pas normalement, il n'y a pas de réponse adéquate aux informations transmises, ni de transformation d'un type d'énergie en un autre.

L'appareil de réponse et le mécanisme correspondant ont été résumés comme suit :

"L'organisme est un dispositif de transformation qui modifie l'énergie provenant du milieu et qui est reçue par les organes récepteurs, en une énergie musculaire et glandulaire. En même temps, en tant que dispositif de transformation, il se transforme aussi lui-même selon ceux-là et d'autres stimuli d'origine interne ; ces deux ensembles de stimuli et ces deux productions d'énergie coopèrent à l'acte complet, au comportement de l'organisme." (Leary Daniel B., Modern psychology, normal and abnormal, p 33.)

Le système nerveux et les muscles peuvent être considérés comme étant l'appareil physique de réponse et le moyen par lequel s'exprime la réponse physique au milieu, mais il faut considérer le système nerveux et les glandes endocrines comme l'appareil intelligent et émotionnel de réponse et le moyen par lequel cette réponse est faite.

On prétend que l'activité réciproque entre l'appareil et le milieu provoque la conduite et le comportement, que le sentiment et l'activité de la pensée ont leur siège dans le système endocrinien et que la nature même de l'homme est ainsi expliquée !

"Il est probable", continue Leary, "qu'en fin de compte, lorsque la spéculation actuelle aura été remplacée par une connaissance plus adéquate et mieux fondée, nous découvrirons que le siège du tempérament se trouve dans les glandes endocrines ou qu'il y a une étroite relation avec elles." (Ibid., page 189.)

H. Rubin dit que "tout ce que nous sommes et tout ce que nous ne pouvons jamais espérer être, dépend très largement du fait que nous soyons nés ou non avec des glandes endocrines normales." (Rubin H H, Your mysterious glands, p 10.).
Et Leary dit "Les émotions sont plus étroitement concernées que les instincts par les intercepteurs, les muscles lisses et les glandes endocrines." (Leary B., ouvrage cité, p. 61.). I. G. Cobb nous dit :

"(…) la différence entre l'intelligence et l'idiotie est représentée par seulement trois grains et demi de sécrétion thyroïdienne. C'est proprement effrayant de penser que l'absence d'un élément chimique peut empêcher le développement du mental et du corps d'un individu." (Cobb I. G, The glands of destiny. )
Dans son Introduction, Cobb nous dit également :

"Il est indiscutable que c'est l'action des glandes qui détermine la structure du corps ; et l'attitude mentale – les complexes de comportement – de l'individu semble dépendre du bien-être physique ; sans aucun doute, le bien-être physique dépend de l'action et des réactions harmonieuses des diverses sécrétions glandulaires (...).

Bien que nous ne soyons qu'au début de cette étude, nous avons pourtant suffisamment avancé pour réaliser que, de même que certains éléments se forment dans le corps par l'action particulière des glandes endocrines, de même, le mental reçoit sa part de la même source."

Dans une récente allocution, le professeur J. S. Huxley disait : "Il paraît clair que le tempérament – plus important que l'intellect pur pour parvenir au succès – dépend surtout de l'équilibre des diverses glandes à sécrétion interne, la thyroïde, la pituitaire et les autres. Il se pourrait bien que, plus tard, la physiologie appliquée découvre la manière de modifier le tempérament.

En ce qui concerne le tempérament, Hocking fait observer :

"Il n'y a pas la moindre raison de douter du fait que les glandes à sécrétion interne telles que les glandes surrénales, la thyroïde ou les glandes interstitielles exercent un profond effet sur le tempérament. La stimulation de certaines de ces glandes, ou l'injection de leur sécrétion, ou l'absorption de celle ci peuvent produire des changements considérés jadis comme miraculeux. Un crétin auquel on administre de la thyroxine peut arriver à être presque normal ; si on arrête le traitement, il revient à son état antérieur. Si on augmente la dose, malheureusement ni lui ni personne d'autre ne passe de l'état normal au génie ; on ne produit qu'une autre forme d'anomalie. Jusqu'à présent, aucune découverte chimique ne justifie l'espoir d'améliorer l'être humain normal. Il existe bien certaines drogues qui permettent à un individu de se sentir comme un génie, mais si les résultats ne sont pas évalués sous la même influence, ils sont étrangement décevants. Nous ne pouvons donc pas fonder sur ces découvertes
de trop grands espoirs pour l'avenir de l'humanité. Mais il est certain que, dans un sens original, l'âme a sa propre chimie et un manque d'iode transformera un homme intelligent en un idiot."

L'étude des glandes endocrines et de leurs effets non seulement sur la structure physique, mais aussi sur le comportement, est donc d'une importance vitale. Que sont donc les glandes ? Et que sont les glandes endocrines souvent mentionnées ? I. G. Cobb nous dit :

"On peut diviser les glandes en deux groupes principaux, celles qui concernent le système de drainage, les glandes Lymphatiques, et celles qui sécrètent des produits utilisés dans le travail du corps. Les glandes Lymphatiques ne nous intéressent pas ici. Le rôle des glandes composant le second groupe est d'apporter des fluides qui, agissant de concert, contrôlent et règlent les processus physiques ; elles se subdivisent à leur tour en deux groupes.

Le premier comprend les glandes ayant des canaux qui leur permettent de décharger leur contenu. Le second n'a pas de canaux ; les sécrétions sont absorbées directement par le courant sanguin. Elles sont appelées glandes endocrines et leurs produits, sécrétions internes. On appelle endocrinologie l'étude des glandes à sécrétion interne."

Le terme "endocrine" provient du mot grec "krinein" qui signifie séparer.

H. H. Rubin écrit : 
"Les glandes à sécrétion interne ou organes de sécrétion sont souvent appelées les glandes endocrines. Leurs sécrétions sont absorbées directement par le sang et par les courants de Lymphe nutritive ; il semble donc que le corps fournit ses propres drogues.

Ces sécrétions contiennent les hormones ou messagers chimiques de l'organisme qui provoquent certaines des réactions les plus merveilleuses que connaisse la physiologie. En fait, il a été dit que les hormones sont à la physiologie ce que le radium est à la chimie." (Rubin H. H., Your mysterious glands, pp. 8 et 9.)

Ce système des glandes endocrines constitue une unité fonctionnelle qui travaille grâce à une coopération et une interdépendance maximum. L. Berman nous dit que "le corps et le mental forment une corporation parfaite dirigée par les glandes à sécrétion interne (...). Derrière le corps et derrière le mental se trouve ce conseil de direction." (Berman Louis, The glands regulating personality, p. 96, 97. ) En réalité, toutes les glandes travaillent à l'unisson. On sait qu'elles harmonisent leur activité, s'équilibrent les unes les autres, et on prétend que c'est en unissant leurs effets qu'elles font de l'homme ce qu'il est.

En réalité, elles forment un système étroitement entrelacé, ayant des fonctions et des organismes différant clairement de ceux des autres systèmes du mécanisme humain. Le système sanguin et le système nerveux poursuivent leurs propres activités, mais sont étroitement liés au système endocrinien. Le sang transporte d'une manière mystérieuse les hormones particulières des différentes glandes, et le système nerveux paraît être plus spécialement relié au développement psychique, lequel repose sur le fonctionnement normal ou non des glandes endocrines.

Cet examen du système des glandes endocrines nous amène naturellement à poser la question : "Que sont donc les glandes endocrines ?"

 

Nom

Emplacement

Sécrétion

1.

Pinéale

Tête

inconnue

2.

Pituitaire

Tête

 

 

 

antérieure

inconnue

 

 

postérieure

Pituitrine

3.

Thyroïde

Gorge

Thyroxine

4.

Thymus

Thorax

inconnue

5.

Pancréas

Région du Plexus solaire

Insuline

6.

Surrénales

Derrière les reins

 

 

 

Cortex

 

 

 

Moelle

Adrénaline

7.

Gonades

Abdomen des testicules et des ovaires

 

Ainsi nous avons dans la tête et le torse un réseau de glandes importantes qui, dit-on, déterminent physiologiquement la structure, la croissance et les transformations chimiques du corps et qui, psychologiquement, déterminent les réactions émotionnelles et les processus de pensée de l'être humain. Partant, elles produiraient ses qualités, bonnes ou mauvaises, son comportement, sa façon de mener ses affaires et même son caractère.

Nous allons maintenant étudier les sept glandes mentionnées, mais nous nous en tiendrons à l'étude de leurs effets mentaux et psychiques.

1.
La glande pinéale, située dans la tête et dont la sécrétion est inconnue.
Elle est en forme de cône, de la grosseur d'un petit pois ; elle se trouve au centre du cerveau, dans une petite cavité, derrière et au-dessus de la glande pituitaire qui se trouve un peu à l'arrière de la racine du nez. La glande pinéale est reliée au troisième ventricule du cerveau. Elle contient un pigment semblable à celui de la rétine de l'œil et aussi une certaine quantité de ce qui a été appelé "particules de sable du cerveau". F. Tilney dit :

"De nombreuses tentatives ont été faites pour déterminer la fonction de la glande pinéale, si tant est qu'elle en ait une. Est-elle indispensable
à la vie, ou bien joue-t-elle un rôle important à une certaine phase de l'activité du métabolisme ? Nous pouvons sans doute admettre que cet organe a une fonction chez l'homme et chez la plupart des mammifères. Il n'est pas improbable que ce rôle soit particulièrement déterminé par une sécrétion interne certainement non indispensable à la vie.
L'influence exacte qu'exerce la sécrétion pinéale demeure encore obscure." (Tilney Frederick, The pineal gland, pp. 537-542.)

Il a été aussi suggéré que cette glande détermine notre réaction à la lumière, qu'elle exerce un effet précis sur la nature sexuelle, qu'elle a un rapport avec la croissance du cerveau et qu'une plus grande activité de sa part provoque une certaine précocité intellectuelle, ainsi que l'indique clairement le cas cité ci-dessous.

Les recherches concernant les glandes endocrines ont continué depuis que ce chapitre fut rédigé. Les informations données ici ne sont donc pas les dernières en date, mais les postulats fondamentaux de l'auteur gardent toute leur valeur. F.B.

Cette glande a aussi été appelée le troisième œil et aussi l'œil du Cyclope. A part ces faits ou ces suppositions, les chercheurs avouent franchement qu'ils ne connaissent rien et que peu d'informations ont été apportées par les expériences tentées.

On a fait absorber de l'extrait de glande pinéale à des enfants et à des anormaux ; les sujets âgés de plus de quinze ans n'ont manifesté aucune réaction, et celle-ci a été contradictoire dans tous les autres cas ; en conséquence, il n'a pas été possible d'en tirer une déduction.

Jusqu'à ces dernières décennies, peu d'attention avait été accordée à la glande pinéale. Puis se produisit le cas, signalé par le Dr Berman, d'un enfant soigné dans une clinique allemande pour des troubles oculaires et des maux de tête. Il avait cinq ans, était avancé pour son âge et avait apparemment atteint le stade de l'adolescence. Il était d'une intelligence anormalement brillante, capable de discuter de sujets métaphysiques et spirituels. Il avait une conscience de groupe développée et n'était heureux que lorsqu'il pouvait partager ce qu'il avait avec les autres. Son état empira rapidement après son arrivée à la clinique et il mourut au bout d'un mois. L'autopsie fit découvrir une tumeur de la glande pinéale. (Berman Louis, The glands regulating personality, p 89.)

Comme on le verra plus loin, ce cas présente un intérêt spécial en raison des conclusions des philosophes orientaux.
La plupart des ouvrages signalent que la glande pinéale est indiquée par les philosophes anciens comme étant le siège de l'âme et on se réfère souvent à Descartes qui a dit que "chez l'homme, l'âme et le corps ne se rencontrent qu'à un seul endroit, la glande pinéale, dans la tête".

N'y aurait-il pas un lien réel, une indication de vérité cachée dans l'ancienne croyance selon laquelle la glande pinéale est le siège de l'âme et, dans le fait – qui semble établi – que cette glande est caractéristique de l'enfance et que, plus tard, elle s'atrophie ? Les enfants croient facilement en Dieu et reconnaissent Son existence.
Le Christ dit que "le Royaume des Cieux est en vous" et "à moins que vous ne deveniez comme des petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux."

Cela fait également penser à "l'Ode évoquant le sentiment de l'Immortalité, d'après les souvenirs de la petite enfance", de Wordsworth :
"Notre naissance n'est qu'un sommeil et qu'un oubli ;
L'âme qui monte en nous, l'étoile de notre vie
A effectué autre part son coucher
Et vient de très loin ;
Pas dans un oubli total,
Et pas non plus dans une nudité complète,
Mais traînant derrière nous des nuages de gloire, nous venons
De Dieu qui est notre demeure :
Les cieux se trouvent autour de nous dans notre enfance !
Les ombres de la prison commencent à se refermer
Sur l'Enfant qui grandit,
Mais il aperçoit la lumière et l'endroit d'où elle vient
Et il la voit dans sa joie.
L'adolescent qui en s'éloignant chaque jour de l'Est
Doit voyager, reste cependant le prêtre de la Nature
Et sur sa route il est accompagné
De la vision splendide.
A la longue, l'Homme l'aperçoit qui meurt
Et s'évanouit dans la lumière des jours ordinaires."

La philosophie orientale confirme l'existence du lien possible entre la glande pinéale et l'âme.

2.
Le corps pituitaire, situé dans la tête, dont la sécrétion de sa partie antérieure est inconnue et celle de sa partie postérieure est la pituitrine.
On a témoigné de l'intérêt à la glande pituitaire depuis des siècles ; mais jusque vers la fin du siècle dernier, on savait si peu de chose à son sujet qu'on la considérait comme un organe à sécrétion externe. En fait, il s'agit de deux glandes en une ; elle a la grosseur d'un pois et se trouve à la base du cerveau à peu de distance de la racine du nez.

Elle a été appelée "le cher trésor de la nature", du fait qu'elle repose dans une niche, comme "un crâne à l'intérieur d'un crâne".
Comme toutes les glandes, sous une forme ou une autre, elle a un rapport étroit avec le sexe et avec certains phénomènes périodiques tels que le sommeil et les époques menstruelles. Il nous est dit qu'elle fournit un effort continu, qu'elle consomme de l'énergie et qu'elle est essentielle à la vie. On pense qu'elle stimule les cellules cérébrales et exerce "une influence importante et directe sur la personnalité". Il nous est aussi dit que son développement insuffisant cause, ou du moins accompagne, une infériorité morale et intellectuelle frappante, ainsi qu'une absence de contrôle de soi, mais qu'un développement satisfaisant s'accompagne d'une activité mentale prononcée. Elle semble avoir un rapport très étroit avec nos qualités émotionnelles et mentales.

Comme nous l'avons dit, la glande pituitaire est en réalité deux glandes en une. La sécrétion de la glande pituitaire postérieure est appelée la pituitrine.

"La glande pituitaire postérieure régit les instincts sexuels maternels et leur sublimation, les instincts sociaux et créateurs (...). On pourrait dire qu'elle vitalise profondément les émotions et la tendresse (...). Car tous les sentiments fondamentaux (opposés au sentimentalisme intellectualisé et auto protecteur), la tendresse du cœur, la sympathie et la sensibilité font partie de ses fonctions."

On ne connaît pas la sécrétion de la glande pituitaire antérieure.
"On a décrit la glande pituitaire antérieure comme la glande de 'intellectualité (...). Par ce terme nous voulons dire la capacité du mental de dominer le milieu au moyen de concepts et d'idées abstraites."
Le Dr Berman ajoute ceci :

"L'activité mentale s'accompagne d'un fonctionnement accru de la glande pituitaire antérieure si elle est intellectuelle, et de la pituitaire postérieure si elle est émotionnelle."

De l'étude de ces commentaires, on voit que les qualités de la personnalité – les émotions, que ce soit l'instinct maternel ressenti aussi par les animaux, l'amour du prochain ou l'amour de Dieu – sont considérées comme dépendant en grande partie de la condition de la glande pituitaire ; il en est de même de la capacité d'intellectualiser.

Envisageant le problème sous un angle différent, l'étudiant de la sagesse orientale démontre la justesse relative de toutes ces suppositions. 

3.
La thyroïde, située dans la gorge et dont la sécrétion est la thyroxine.
La thyroïde est mieux connue que la pinéale ou la pituitaire ; du point de vue de la sagesse orientale, c'était prévisible. Cette glande, située à la partie antérieure et inférieure du cou, près du larynx, est de grande dimension. Ce fut jadis une glande sexuelle ; appelée souvent le "troisième ovaire" elle est toujours impliquée dans les cas intéressant ces organes. Chez les vertébrés inférieurs, elle est nettement liée aux canaux des organes sexuels mais au cours de l'évolution, "ce rapport se perd et la thyroïde se déplace de plus en plus vers la tête pour devenir le lien principal entre le sexe et le cerveau". On nous dit aussi qu'elle préside à la différenciation des tissus et qu'elle a un pouvoir antitoxique, prévenant les empoisonnements et accroissant la résistance au poison.

Cependant, la glande thyroïde, par-dessus tout, contrôle le métabolisme. On l'a appelée le lubrificateur efficace de la transformation de l'énergie et elle est le grand catalyseur de l'énergie dans le corps. Elle dirige la rapidité de la vie et constitue la clé de voûte du système endocrinien. Elle est indispensable à la vie.

Grâce au travail fait avec les anormaux, les attardés et les idiots, les chercheurs sont parvenus à la conclusion que, selon le Dr Berman :

"Sans la thyroïde, il ne peut y avoir complexité de pensée faculté d'apprendre, éducation, habitudes, capacité de réponse aux situations, pas plus qu'il n'y aurait développement physique de faculté et de fonction, ni reproduction d'espèce ; il n'y aurait ni signe d'adolescence à l'âge habituel, ni manifestation de tendances sexuelles par la suite.

La sensibilité, la possibilité de discerner les différents degrés de sensation et l'acuité des perceptions constituent une autre faculté de la glande thyroïde. La thyroïde très développée rend plus énergique comme elle rend plus sensible ; l'homme sent mieux les choses, il ressent la souffrance plus rapidement, car il parvient plus vite au stade où le stimulus endommage son système nerveux."

Comme la pituitaire, la thyroïde a des rapports étroits avec la mémoire.
"(...) la pituitaire paraît concerner la préservation de ce que conserve la mémoire (...)
La mémoire de la thyroïde s'applique plus particulièrement à la perception et aux préceptes, la pituitaire à la conception (lecture, étude, pensée) et aux concepts."

4.
Le thymus, situé dans le thorax supérieur et dont la sécrétion est inconnue.
On ne sait pratiquement rien de cette glande qui est l'une des plus mystérieuses. Comme la glande pinéale, elle est considérée comme une glande de l'enfance, mais toutes deux ont échappé à toutes les recherches jusqu'ici.

Le thymus est situé dans la poitrine et recouvre la partie supérieure du cœur ; il est peut-être lié à la nutrition et à la croissance ; il semble avoir un rapport avec l'absence du sens des responsabilités propre à l'enfance ; lorsqu'il continue à fonctionner chez l'adulte, celui-ci fait preuve 'irresponsabilité et d'amoralité.

5.
Le pancréas, situé dans la région du plexus solaire et dont la sécrétion est l'insuline. La plupart des informations en ce qui concerne le pancréas sont d'ordre strictement physiologique et, par conséquent, n'ont pas leur place ici. Il suffit de dire qu'il est situé dans l'abdomen, près du plexus solaire (cerveau de la nature animale instinctive) et qu'il concerne étroitement la "mobilisation de l'énergie dans des buts physiques et mentaux. Il produit deux sécrétions appelées toutes deux insuline ; l'une est liée au processus de digestion et l'autre intéresse le métabolisme du sucre. Si les cellules n'ont pas une quantité suffisante de sucre aucun travail musculaire ou nerveux, essentiel dans la lutte pour la vie, n'est possible."

6.
Les glandes surrénales, situées derrière les reins ; la sécrétion de leur cortex n'est pas connue et celle de leur moelle est l'adrénaline.
Ces glandes sont doubles et situées de chaque côté de l'abdomen, sur et derrière les reins. Elles agissent sur la croissance générale et sur celle des cellules cérébrales. La substance corticale (à laquelle aucun nom n'a été donné) est l'une des sources de la sécrétion interne qui produit la maturité. 

Les glandes surrénales sont essentiellement des glandes de combativité. Elles produisent la réaction puissante et immédiate que manifestent les hommes en face du danger et dans la colère ; leur sécrétion est stimulée dans les moments critiques. La souffrance, la rage et la peur ont un effet très net sur leur sécrétion.

Et aussi :
"Le courage est si étroitement lié à la peur et à la colère que dans toute discussion on les trouve toujours associés. Le courage est considéré généralement comme l'émotion opposée à la peur. Cela indiquerait que le courage est simplement une inhibition du travail des surrénales. En réalité, le mécanisme du courage est plus complexe. Il faut distinguer le courage animal et le courage délibéré. Le premier est littéralement le courage de la bête. Comme on l'a fait remarquer, les animaux possédant la plus grande quantité de cortex surrénal sont batailleurs, agressifs, prêts à charger ; ce sont les rois des forêts et des plaines. L'émotion qu'ils ressentent est probablement la colère accompagnée d'un désir de sang, sans préoccupation des conséquences. Pour eux, l'objet qu'ils attaquent agit comme un chiffon rouge agité devant le taureau ; il stimule puissamment la sécrétion du cortex surrénal et cet apport dans le sang allume pour ainsi dire l'instinct de colère. Dans le courage, le courage délibéré, il y a plus que l'instinct. Il y a un acte de volition, une manifestation de volonté. En admettant que, sans le cortex surrénal, le vrai courage soit impossible, il faut pourtant attribuer à la pituitaire antérieure le principal mérite du courage. En réalité, c'est le mélange de sa sécrétion avec celle du cortex surrénal qui produit le véritable courage. C'est donc la raison pour laquelle ce sont surtout les hommes appartenant au type pituitaire antérieur qui accomplissent les actes de courage."

7.
Les gonades, situées dans l'abdomen inférieur et dont la sécrétion est celle des testicules et des ovaires.
Les gonades ou glandes interstitielles sont les glandes sexuelles à sécrétion externe, mais on sait qu'elles ont également une sécrétion interne. Leur principale sécrétion sert à la reproduction.
Il n'est pas nécessaire de s'étendre sur les effets de ces glandes sur la personnalité. L'impulsion sexuelle et ses divers effets secondaires physiques et psychiques sont bien connus et ils sont l'objet de nombreuses études ; ces études, qui concernent surtout les perversions et les inhibitions, se sont montrées d'une importance vitale pour la compréhension de l'humanité. Certains psychologues attribuent toutes les réactions humaines – physiques, émotionnelles et mentales – au sexe et seulement au sexe ; derrière les opinions extrêmes, nous savons qu'il y a un fond de vérité. D'autres psychologues considèrent que le sexe joue un rôle important, mais qu'il n'explique pas tout. La sagesse orientale offre une interprétation qui mérite considération et que nous exposerons lors de l'étude des centres de force et leur rapport avec les glandes.

De tout ce qui précède, et aussi de nombreux livres et articles écrits à ce sujet, nous pouvons donner le bref résumé suivant.

Toute la question en est encore au stade expérimental et il reste beaucoup à faire. Il existe cependant un rapport étroit entre les glandes et une certaine similitude de fonctionnement ; la plupart d'entre elles agissent sur le métabolisme et la croissance ; toutes paraissent étroitement liées à la vie sexuelle. Enfin, elles déterminent apparemment le type et le tempérament de la personnalité.

Toute expérimentale que soit cette science, il semble que l'homme ait été enfin compris et psychanalysé. Ces processus, difficiles à saisir et intangibles que sont les émotions et les concepts mentaux, sont maintenant expliqués par rapport à la matière.
L'homme est classé selon le fonctionnement de ses glandes et du système nerveux, selon le développement et le fonctionnement, bon ou mauvais, de l'appareil de contact et de réponse. Un saint peut devenir un pécheur et un pécheur, un saint, en augmentant ou en diminuant simplement certaines sécrétions internes. L'homme n'est par conséquent ni meilleur ni pire que l'équipement avec lequel il est venu au monde ; et son mécanisme en est la parfaite expression. Il peut l'améliorer ou le détériorer, mais cet appareil constitue le facteur déterminant. Le libre arbitre est éliminé et l'immortalité niée. Ce qu'un homme peut faire de mieux est de faire en sorte qu'il soit heureux et, aussi, d'assumer la responsabilité de construire des corps meilleurs afin que les prochaines générations puissent être psychiquement meilleures.

Que nous soyons d'accord ou non avec ces conclusions, nous pouvons au moins admettre que, le mécanisme étant l'objet de toute cette étude, il devrait finalement être possible de déterminer les lois et les méthodes permettant la construction de corps parfaits qui, à leur tour, deviendraient les instruments permettant à une parfaite nature psychique de fonctionner.

Mais toutes ces conclusions concernant les glandes endocrines sont-elles, en réalité, correctes ? L'homme, dans ses grandes lignes, a-t-il été classifié, catalogué et ne reste-t-il plus rien à faire que de remplir certains blancs dans ce schéma général ? Qui peut le dire ? Je crois que la solution peut se trouver en répondant à deux questions ou à deux groupes de questions : la première a trait à l'individu et la seconde, au tout.
En ce qui concerne l'individu, les glandes et les fonctions glandulaires sont-elles des causes premières ou bien simplement des effets ou des moyens ? N'y a-t-il pas, en réalité, derrière elles, quelque chose de plus grand ? En chacun de nous, n'existe-t-il pas une âme, agissant au moyen du mécanisme physique et psychique ? En résumé, Saint Paul n'avait-il pas raison de dire que l'homme a un corps physique et un corps spirituel, faisant comprendre que la gloire du corps physique est une chose, et que la gloire du corps spirituel en est une autre ?
En ce qui concerne la seconde et plus vaste question, un simple mécanisme est-il tout ce qui constitue l'existence et tout ce à quoi elle aboutit, et notre seule étoile guidant le perfectionnement de ce mécanisme ? Dans l'affirmative, alors "mangeons et buvons, car demain nous mourrons". En réalité, n'y a-t-il pas en nous non seulement un soi plus subtil – appelé esprit, âme ou autre chose – mais un soi qui, lui-même, fait partie d'un tout transcendant – appelé Dieu comme le fait la religion, ou Ame adombrante comme le fait Emerson, ou de n'importe quel autre nom, mais de toute manière un tout transcendant, dont la gloire et le rayonnement dépassent toute compréhension ? Ne pourrons-nous jamais être un avec Cela, et, en attendant, notre besoin d'union ne nous conduit-il pas toujours plus avant ? Ce qui est corruptible ne sera-t-il pas un jour incorruptible ? Ce qui est mortel ne pourra-t-il devenir immortel ? Ne vaincrons nous jamais la mort ?

Pour trouver des réponses à ces questions, tournons-nous maintenant vers la sagesse orientale.

CHAPITRE III

 

 LA THEORIE DU CORPS ETHERIQUE

 

Le psychologue oriental commence par ce que l'Occident considère comme hypothétique. Il insiste sur la nature spirituelle de l'homme et pense que la nature physique elle-même est le résultat d'une activité spirituelle. Il affirme que tout ce qu'on voit objectivement n'est que la manifestation extérieure d'énergies subjectives et intérieures. Il considère tous les mécanismes du cosmos et de l'homme comme des effets et pense que la science ne traite que d'effets. Sa position peut être résumée comme suit :

Premièrement : Il n'y a rien d'autre que l'énergie ; elle fonctionne au moyen d'une substance qui interpénètre et crée toutes les formes et qui est semblable à l'éther du monde moderne. La matière est énergie ou esprit dans sa forme la plus dense, et l'esprit est la matière dans son aspect le plus subtil.

Deuxièmement : Comme toutes les formes sont interpénétrées par l'éther, chaque forme possède une forme éthérique ou corps éthérique.

Troisièmement : De même que le minuscule atome a un noyau positif, ou des noyaux positifs, ainsi que des aspects négatifs, de même dans chaque corps éthérique se trouvent des centres positifs de force au milieu de la substance négative. L'être humain possède aussi un corps éthérique, positif par rapport au corps physique négatif, qui pousse ce corps à l'action et agit comme force de cohésion, le maintenant en existence.

Quatrièmement : Le corps éthérique de l'homme a sept principaux noyaux d'énergie à travers lesquels s'écoulent diverses sortes d'énergie, produisant son activité psychique. Ces noyaux sont apparentés au système cérébro-spinal, et la base de l'activité psychique ou siège de l'âme se trouve dans la tête. Le principe régissant l'ensemble se trouve donc dans la tête et, de ce centre, tout le mécanisme devrait être dirigé et vitalisé au moyen des six autres centres de force.

Cinquièmement : Certains centres seulement fonctionnent actuellement chez l'homme ; les autres ne sont pas encore éveillés.
Chez un être humain devenu parfait, tous les centres sont actifs et amènent un développement psychique parfait et un parfait mécanisme.

L'importance que l'Orient accorde à l'énergie spirituelle, et celle que l'Occident donne à la structure ou au mécanisme justifient pleinement la nature psychique de l'homme, tant de ses aspects supérieurs que de ses aspects inférieurs.

Si on veut faire fusionner la conception vitaliste orientale, et la conception mécaniste occidentale, et ainsi franchir le fossé qui les sépare, il faut démontrer l'existence du corps éthérique.

Le système oriental est abstrus et complexe ; il ne peut être résumé.

Cependant, il faut pourtant en faire une brève introduction et indiquer ses grandes lignes ; ce sera là un travail incomplet, mais nous aurons cependant une idée générale de ce système, qui nous permettra de poursuivre cette étude.

Dans cet exposé, nous ne répéterons pas chaque fois que "le psychologue oriental pense", que "les Orientaux déclarent" et autres formules semblables. Il suffit de reconnaître une fois pour toutes et délibérément que la pensée orientale doit être présentée à l'Occident comme une hypothèse, qu'elle doit être mise à l'épreuve, ce qui démontrera sa valeur ou la fera rejeter.

Après cette introduction, nous allons décrire les grandes lignes de la théorie orientale.

Il existe une substance universelle, source de tout, si subtile, si affinée qu'elle est vraiment au-delà de ce que l'intelligence humaine peut réellement saisir. Comparés à cette substance, les parfums les plus délicats, l'éclat des rayons du soleil, la gloire pourprée du soleil couchant ne sont que matière grossière et terrestre. C'est "un tissu de lumière" toujours invisible à l'œil humain.

Le terme "substance" qui suggère quelque chose de matériel est mal approprié. Il est bon cependant de le reporter à ses racines latines, "sub" qui signifie dessous et "stare" qui veut dire se tenir. Ainsi donc, la substance est ce qui se trouve au-dessous, ce qui est sous-jacent.

Toute subtile et fugace qu'elle soit, cette substance universelle est cependant, dans un certain sens, plus dense que la matière même. Si l'on pouvait concevoir un agent en dehors de la substance universelle – hypothèse contraire à tous les faits et toutes les possibilités – et si un tel agent cherchait à comprimer la substance universelle ou à l'influencer de quelque autre manière de l'extérieur, on découvrirait alors que la substance est encore plus dense que n'importe quel autre matériel connu.

Inhérente à la substance et formant contrepartie il y a la vie, la vie qui ne cesse jamais. La vie et la substance sont une seule et même chose, à tout jamais inséparables, mais cependant des aspects différents de la même réalité. La vie est l'électricité positive, et la substance, la négative. La vie est dynamique, la substance statique. La vie est activité ou esprit, la substance est forme ou matière. La vie est le père qui engendre, la substance est la mère qui conçoit.

Outre ces deux aspects, vie et substance, il y en a un troisième. La vie est activité théorique ou potentielle ; elle a besoin d'un champ d'action, la substance ; de l'union de la vie et de la substance surgit la flamme de l'énergie active.

Ainsi nous avons une seule réalité la substance universelle et, en même temps, une dualité, la vie et la substance, et une trinité, la vie, la substance et l'activité réciproque qui en résulte, ce que nous appelons conscience ou âme.

Le monde manifesté tout entier provient de l'énergie et des facteurs concomitants, la substance et la conscience. Tout ce que nous pouvons voir, du grain de sable le plus petit à l'immensité des cieux étoilés, du sauvage au Bouddha ou au Christ, est le produit de l'énergie. La matière est l'énergie dans sa forme la plus dense ou la plus basse ; l'esprit est cette même énergie dans sa forme la plus haute ou la plus subtile. La matière est donc l'esprit descendant et dégradé ; réciproquement, l'esprit est la matière ascendante et glorifiée. 

En devenant plus dense, l'énergie descend dans sept degrés ou plans.
L'homme en manifeste trois. Il a un corps physique, un corps émotionnel et un corps mental ; il fonctionne par conséquent sur trois plans, il est conscient sur trois plans, les plans physique, émotionnel et mental. Il est sur le point de reconnaître un quatrième facteur, plus élevé, l'Ame, le Soi, et bientôt il en prendra conscience. Il n'est pas utile de traiter ici des trois plans supérieurs.

Chacun des sept plans est subdivisé en sept sous-plans. Nous ne traiterons ici que des sept sous-plans du plan le plus bas, le plan physique.

Tout le monde connaît les trois sous-plans du plan physique, les sous-plans solide, liquide et gazeux, par exemple la glace, l'eau et la vapeur. En outre, il y a quatre sous-plans plus subtils, ou plutôt quatre différentes sortes d'éther ; ils coexistent avec chacun des trois sous-plans bien connus et les interpénètrent.

Le corps physique de l'homme ne fait pas exception. Il a lui aussi sa contrepartie éthérique, son corps éthérique positif alors que le corps physique dense est négatif. Le corps éthérique est le facteur de cohésion qui maintient le corps physique en vie.

La contrepartie éthérique d'un homme ou de n'importe quelle chose physique est faite de substance universelle, de vie universelle et d'énergie universelle ; elle fait partie de ces trois éléments mais elle ne jouit pas d'une existence indépendante et n'est pas autosuffisante. Elle est alimentée par le réservoir d'énergie universelle, dont elle a la vie le mouvement et l'être. C'est donc au moyen du corps éthérique que fonctionne l'énergie.

C'est également vrai de l'homme. L'énergie universelle fonctionne à travers son corps éthérique. Comme l'homme existe sur sept plans, le corps éthérique a donc sept points de contact avec l'énergie ; mais, comme trois plans seulement sont en activité, les quatre autres étant encore en sommeil il n'y a donc que trois centres de force qui sont complètement développés et quatre qui ne le sont pas encore. Nous en reparlerons plus loin.

En tentant de rapprocher les deux écoles, on se pose naturellement la question : la science occidentale corrobore-t-elle la théorie orientale ?

Un savant aussi remarquable que Isaac Newton accepte sans discuter l'existence de l'éther comme intermédiaire universel. Dans le dernier paragraphe de son ouvrage "Principia", il écrit :

"Nous pourrions ajouter quelque chose concernant un certain esprit des plus subtils qui pénètre et se trouve dans tous les corps ; par sa force et son action, les particules des corps s'attirent mutuellement à petite distance et s'assemblent si elles sont contiguës ; les corps électriques opèrent à de plus grandes distances, repoussant aussi bien qu'attirant les corpuscules voisins ; la lumière est émise, reflétée, réfractée, réfléchie, et chauffe les corps ; toutes les sensations se trouvent stimulées, et les membres des corps animaux se meuvent et obéissent aux ordres de la volonté par les vibrations de cet esprit qui sont propagées le long des filaments des nerfs, des organes extérieurs des sens au cerveau, et du cerveau aux muscles. Mais ces choses ne peuvent pas être expliquées en quelques mots, et nous n'avons pas à notre disposition assez d'expériences pour déterminer et démontrer avec rigueur les lois qui régissent l'activité de cet esprit électrique et élastique."

Newton reconnaissait donc l'existence du corps éthérique sous-jacent à toutes les formes y compris la forme humaine.

Comme Newton n'est plus, consultons une récente édition de "Encyclopaedia Britannica" (1926). Ce qui suit est intitulé "Ether".

"Sous une forme ou sous une autre, on a souvent débattu la question de savoir si l'espace constitue une simple abstraction géométrique, ou s'il a des propriétés physiques définies qui peuvent être examinées. En ce qui concerne les parties occupées par la matière, c'est-à-dire de substance qui fait appel aux sens, il n'y a jamais eu aucun doute ; on peut dire que toute la science n'est que l'étude des propriétés de la matière. Mais de temps à autre on s'est penché sur les portions intermédiaires de l'espace où la matière tangible est absente ; car elles ont aussi des propriétés physiques auxquelles on a à peine commencé à s'intéresser.

Ces propriétés physiques ne relèvent pas directement des sens et sont donc relativement obscures ; on ne peut douter de leur existence même dans les milieux où l'on préfère encore utiliser le terme "espace". Mais un espace doué de propriétés physiques est davantage qu'une abstraction géométrique ; il est plus facile d'y penser comme à une réalité substantielle pour laquelle un autre nom serait donc plus approprié. Le terme utilisé importe peu, mais il y a longtemps qu'on avait inventé le terme ETHER ; Isaac Newton l'avait adopté et nous pouvons l'employer nous aussi. Ce terme signifie donc l'existence d'une véritable entité qui occupe tout l'espace, sans interruption, unique réalité physique omniprésente, que l'on considère de plus en plus comme ce en quoi consiste toute chose dans l'univers matériel ; la matière elle-même n'est probablement que l'une de ses modifications (...).

Ainsi un éther est nécessaire pour transmettre ce qui est appelé force de gravitation entre deux fragments de matière et aussi dans le but, plus important et universel, de transmettre des ondes de radiation entre différents fragments de matière, si petits et si éloignés soient-ils (...).

On ne peut probablement pas exprimer les propriétés de l'éther en fonction de la matière ; mais, puisque nous n'avons rien de mieux, nous devons procéder par analogie et pouvons parler de l'élasticité et de la densité de l'éther comme étant ce qui, s'il s'agissait de matière, serait appelé de ces noms-là. Nous ne savons pas encore ce que ces termes expriment réellement ; mais si, comme on pense maintenant que c'est probable, la matière atomique est une structure de l'éther, on a toutes les raisons de dire que, en un certain sens, l'éther est bien plus dense que n'importe quelle substance matérielle connue.

La matière peut donc être comparée à une structure de réseaux dans un milieu très substantiel (...)"

Ces vues sont reprises et commentées par d'autres savants réputés.

Le Dr Burtt cite dans les termes suivants Henry More, savant platonicien du 17ème siècle :

"Je demande donc s'il serait indigne d'un philosophe de demander à un autre philosophe s'il n'existe pas dans la nature une substance incorporelle qui, tout en pouvant imprimer à un corps toutes les qualités du corps, ou du moins la plupart d'entre elles, comme le mouvement, la forme, la position des éléments le composant, etc. serait en outre capable (puisqu'il est presque certain que cette substance déplace et arrête les corps) d'ajouter tout ce qu'implique de semblables mouvements ; c'est-à dire unir, diviser, disperser, lier, former de petits fragments, ordonner les formes, les animer d'un mouvement circulaire si elles en sont capables, ou les mouvoir de n'importe quelle manière, arrêter leur course circulaire, et faire avec elles ce qui serait nécessaire pour produire, selon vos principes, la lumière, les couleurs et les autres objets saisis par les sens (...). Finalement, une substance incorporelle ayant le pouvoir merveilleux d'assembler et de dissiper la matière, de la combiner, de la diviser, de la projeter en avant et en même temps d'en garder la maîtrise en restant elle-même, sans liens, sans projections ni autres instruments ; n'est-il pas probable que cette substance puisse rentrer de nouveau en elle-même, puisqu'il n'y a rien qui la rende imperméable, et qu'elle puisse se dilater de nouveau et recommencer."

Commentant la position d'Henry More, E. A. Burtt ajoute :

"Dans ce passage, More poursuit son raisonnement en partant de l'existence d'une substance incorporelle chez les êtres humains et passe à la supposition de l'existence d'une substance incorporelle semblable mais plus vaste dans la nature considérée comme un tout, car il était convaincu que les faits scientifiques montraient que la nature n'est pas plus une simple machine que ne l'est un être humain." (Burtt Edwin Arthur, Metaphysical Foundations of modern physical science.)

Ecrivant également au 17ème siècle, Robert Boyle proposa la même hypothèse et dotait l'éther de deux fonctions : propager le mouvement par des impulsions successives, et être un intermédiaire par lequel se manifestent de curieux phénomènes tels que le magnétisme. Il disait :

"Ceux qui affirment l'existence d'une semblable substance dans l'univers apporteront probablement comme preuves plusieurs phénomènes dont je vais parler ; mais je ne traiterai pas de l'existence d'une matière correspondant exactement aux descriptions qu'ils font du premier et du second élément, bien que diverses expériences semblent prouver l'existence d'une substance éthérée très subtile et assez diffuse."

En revenant aux temps modernes, William Barrett dit :

"L'univers nous montre, par un ensemble de phénomènes physiques, vitaux et intellectuels, que le lien qui existe entre le monde de l'intellect et celui de la matière est le monde de la vitalité organisée, occupant tout le règne animal et végétal ; par lui, d'une manière incompréhensible pour nous, des mouvements prennent naissance parmi les molécules de matière, d'un caractère tel qu'ils semblent les placer sous le contrôle d'un agent autre que physique, transcendant les lois ordinaires qui règlent les mouvements de la matière inanimée ; en d'autres termes, il donne naissance à des mouvements qui ne résulteraient pas de l'action de ces lois. Ce principe implique, par conséquent, l'origine de la force." (Barret William, On the threshold of the Unseen.)

L'enseignement de l'Orient considère le corps vital comme l'intermédiaire entre le physique et l'intellect ; il agit comme organe du mental dans l'être humain, et du Mental universel dans un système solaire. Il est intéressant de remarquer, à ce propos, l'énumération que fait W. Barrett : "physique, vital et intellectuel". Olivier Lodge a souvent été critiqué pour ses idées au sujet de la communication entre les vivants et les morts ; mais en ce qui concerne la science pure, il est au premier rang des savants de son temps. Il dit :

"Que dire de l'éther qui maintient ensemble les atomes, qui les soude, qui est essentiel à la configuration caractéristique d'un corps, et qui est aussi essentiel que la matière elle-même ?

Nous ne nous occupons généralement pas de l'aspect éthérique d'un corps ; nous n'avons aucun organe, aucun sens qui nous permette de l'évaluer ; nous ne saisissons directement que la matière. Nous la saisissons clairement lorsque nous sommes des enfants, mais, en grandissant, nous en supposons l'existence ; du moins, certains de nous le font. Nous savons qu'un corps ayant une certaine forme ne peut exister sans les forces de cohésion, ne peut donc exister sans l'éther. Nous entendons donc maintenant par éther non pas la totalité mais la partie immatérielle, siège de la tension et réceptacle de l'énergie potentielle, la substance dans laquelle se trouvent les atomes de matière. Non seulement il existe un corps matériel, mais il y a aussi un corps éthérique ; tous deux coexistent." (Lodge Oliver, Ether and Reality.)

O. Lodge traite encore de ce même sujet dans un article qui parut dans le Hibbert Journal ; il y fait des suggestions et tire des conclusions du plus haut intérêt :
"La lumière est un attribut de l'éther. La lumière est à l'éther ce que le son est à la matière (...). Assujetti à toutes les lois du temps et de l'espace, entièrement soumis aux lois de l'énergie, en grande partie source de l'énergie terrestre, gouvernant toutes les manifestations des forces physiques, à la base de l'élasticité, de la ténacité et de toute autre propriété statique de la matière, l'éther commence seulement à prendre sa juste place dans le schéma de la physique (...).
Les charges électriques, composées d'éther modifié, seront reconnues comme étant le matériel de construction cosmique (...). Il existe une grande quantité d'éther non différencié qui emplit tout l'espace et dans lequel se produit tout ce qui est matériel. A travers toute la physique se trouve la dualité : matière et éther.
Toute énergie cinétique appartient à ce que nous appelons matière, que ce soit sous la forme atomique ou corpusculaire ; le mouvement ou la locomotion le caractérise. Toute énergie statique appartient à l'éther non modifié et universel ; ses caractéristiques sont la tension et l'effort. Sans cesse, l'énergie passe et repasse de l'un à l'autre, de l'éther à la matière et vice-versa, et c'est dans ce passage que le travail s'accomplit.

Il est probable que tout objet tangible possède à la fois une contrepartie matérielle et une autre éthérique. Nos sens n'ont conscience que d'un seul aspect ; il nous faut déduire l'autre. Mais la difficulté de percevoir cet autre aspect – la nécessité d'inférer indirectement – dépend surtout de la nature des organes sensoriels, lesquels nous renseignent sur la matière mais non sur l'éther. Et pourtant l'un est aussi réel et substantiel que l'autre, et leurs qualités fondamentales sont la coexistence et l'interaction. Non pas l'interaction toujours et partout, car beaucoup de zones sont sans matière, bien qu'il n'y ait pas de zone sans éther. Mais partout prévaut la potentialité d'interaction et souvent sa réalité est évidente ; elle constitue l'ensemble de nos expériences du monde."

Dans une note supplémentaire à cet article, l'auteur ajoute :

"L'éther appartient au cadre physique des choses et personne ne pense qu'il est une entité psychique, mais il tend probablement à servir des objectifs psychiques, tout comme le fait la matière. Les professeurs Tait et Balfour
Stewart supposaient et donnaient, déjà en 1875, à l'éther de l'espace une signification psychique ; dans un ouvrage très critiqué, "l'Univers invisible", ils le considéraient d'un point de vue religieux. Dans son article sur l'"Ether" qui parut dans la neuvième édition de l'Encyclopaedia Britannica, le grand mathématicien et physicien James Clerk Maxwell concluait par une expression de foi, non envers cette hypothèse, pour laquelle il se montrait très prudent, mais envers l'existence réelle d'un moyen de liaison universel suprasensible, et à la probabilité qu'il ait un grand nombre de fonctions insoupçonnées."

Le Dr Sajous, professeur d'endocrinologie à l'Université de Pennsylvanie, affirme sa croyance en ce moyen universel, dans les termes suivants :

"La nécessité d'un moyen fondamental et intelligent, créateur et doué de coordination s'affirme de tous côtés (...).

L'éther, tel qu'interprété par les milieux scientifiques, remplit toutes ces conditions et c'est le seul moyen connu de la science qui soit capable de le faire. Il est invisible, il pénètre en toute matière et se répand dans l'espace par des mouvements d'ondes, et dans l'univers il n'a pas de limites. Il n'offre pratiquement aucune résistance à l'énergie rayonnante, ni même à la lumière du soleil et des étoiles les plus lointaines qu'on a pu découvrir. C'est
le moyen qui transmet les ondes "radio", les ondes de la télégraphie sans fil, les rayons de Becquerel, les rayons X ou de Roentgen, etc. 

L'éther est doué d'un pouvoir créateur dans l'espace et sur la terre (...). Par conséquent, l'éther de l'espace construit les systèmes solaires comme il construit la matière, avec intelligence et coordination, et il dote tous les éléments chimiques des propriétés que nous leur connaissons (...)" (Sajous Ch., Strength of religion as shown by science.)

C. E. M. Joad, de l'Université d'Oxford, nous dépeint les activités de cette force vitale, de cet "état de vie" qui anime la matière, et il nous montre le rapport entre la vie et la forme. Il approche vraiment de très près la théorie orientale de la contrepartie éthérique et de l'énergie qui fonctionne par elle.
"La force de vie. Supposons que, tout d'abord, l'univers soit purement matériel. C'était le chaos, sombre, sans vie sans énergie et sans but. Dans cet univers inorganique, à un certain moment, s'introduisit, d'une source ignorée, un principe de vie ; par le terme "vie", je veux dire quelque chose qui ne soit pas explicable en termes de matière.
Aveugle et trébuchant, au début, simple poussée ou impulsion instinctive, ce principe cherche ensuite à s'exprimer en luttant pour parvenir à un degré de conscience toujours plus élevé. Nous pouvons considérer le but ultime de la force de vie comme l'achèvement d'une conscience totale et universelle, qui ne pourra être obtenu que par une pénétration de tout l'univers par la vie et l'énergie, de sorte qu'ayant commencé par être un monde de "matière", l'univers puisse finir par être un monde de "mental" ou "esprit". Dans la matière et au moyen de la matière, ce principe travaille dans ce but, infusant et pénétrant la matière de son propre principe d'énergie et de vie. A la matière ainsi infusée, nous donnons le nom d'organismes vivants qui doivent être considérés comme des [20@68] instruments que la force de vie crée afin de parvenir à ses objectifs. Comme l'univers lui-même, chaque organisme vivant est formé d'un substratum de matière animé par la vie, de manière assez semblable au fil chargé d'un courant électrique.
C'est un courant de vie isolé dans un fragment de matière.

La force de vie est loin d'avoir tous les pouvoirs. Elle est limitée par la matière qu'elle cherche à dominer : ses méthodes sont de nature expérimentale, changeant suivant le stade d'évolution dans les organismes qu'elle a créés. Son dessein, à des stades différents, est mieux servi par des catégories d'êtres différentes." (Joad C. E. M, Mind and Matter.)

Will Durant, sans aucun doute l'auteur dont les ouvrages philosophiques sont les plus répandus, dit ceci :

"Plus nous étudions la matière et moins elle nous apparaît comme étant fondamentale, et plus aussi nous la percevons comme étant simplement le côté extérieur de l'énergie, tout comme notre chair est l'aspect extérieur de la vie et du mental (...). Dans le cœur de la matière, lui donnant forme et pouvoir, se trouve quelque chose qui n'est pas matériel, qui possède sa propre spontanéité et sa propre vie ; cette vitalité subtile, cachée et pourtant toujours révélée est l'essence finale de tout ce que nous connaissons (...). En premier et intérieurement, il y a la vie ; la matière, coexistant avec elle dans le temps et inextricable dans l'espace, lui est inférieure en essence, en logique et en importance ; la matière est la forme et le côté visible de la vie (...).

La vie n'est pas une fonction de la forme, la forme est un produit de la vie ; le poids et la solidité de la matière sont le résultat et l'expression de l'énergie intra-atomique, et chaque muscle ou chaque nerf du corps est l'instrument modelé du désir." (Durant W, Mansions of Philosophy.)

Ces savants montrent que la doctrine orientale qui considère le corps éthérique comme l'intermédiaire d'une force vitale, de l'énergie ou de la vie, n'est pas le rêve vague d'un peuple porté au mysticisme, mais un fait naturel pour de nombreux chercheurs occidentaux ayant le sens pratique.

Nous pourrions résumer ainsi nos idées :

Derrière le corps objectif se trouve une forme subjective formée de matière éthérique qui agit comme conducteur du principe de vie, ou énergie, ou prana. Ce principe de vie est l'aspect force de l'âme ; l'âme anime la forme au moyen du corps éthérique, lui donne ses qualités et attributs particuliers, imprime sur elle ses désirs et finalement la dirige par l'activité du mental. L'âme, par l'intermédiaire du cerveau, pousse le corps à l'activité consciente, et, par l'intermédiaire du cœur, toutes les parties du corps se trouvent pénétrées de vie.

Cette théorie est très proche de la théorie animiste occidentale et nous y reviendrons. Jusqu'à présent, on s'est contenté du terme "animisme" ; mais il est probable qu'il sera remplacé par celui de "dynamisme" en raison des développements de la conscience humaine elle-même. L'homme étant maintenant une entité pleinement consciente de soi, sa personnalité fonctionnant comme un tout intégré, le temps est venu où il peut faire preuve, pour la première fois, de desseins conscients et de volonté directrice.

Les trois états de la nature humaine auxquels on se référait au début de ce chapitre – physique, sensible et mental – forment pour la première fois dans l'histoire de la race humaine une unité coordonnée.

Le soi directeur peut donc maintenant imposer sa maîtrise, et, au moyen du mental agissant sur le corps vital ou éthérique et ayant son point de contact dans le cerveau, il peut conduire son instrument à une expression entièrement contrôlée et à l'activité créatrice subséquente. Ainsi émergera ce que Keyserling appelle le "Soi le plus profond". Il dit :

"La prochaine question est de savoir si et comment il est possible de développer le Soi profond. Lorsque nous parlons de l'Etre d'un homme en le distinguant de ses capacités, nous voulons dire son âme ; et lorsque nous disons que cet Etre prend une décision, nous voulons dire que toutes ses expressions sont imprégnées de vie individuelle, que chaque expression particulière rayonne la personnalité, et que cette personnalité est, en dernière analyse, responsable. Une telle pénétration peut être accomplie là où elle n'existe pas encore. La chose est possible grâce au fait que l'homme, ayant un mental et une âme, constitue une connexion de sens dans laquelle sa conscience se meut librement. Il est libre d'insister là où il le désire ; selon la "place" où l'homme a dirigé son attention, l'organisme psychique trouvera un nouveau centre d'Etre. Par conséquent, si la recherche théorique montre qu'il dépend de là où est concentrée sa conscience qu'un homme ait son centre dans son Etre ou à la superficie, il doit être alors possible en pratique de provoquer le processus de déplacement nécessaire. Il en résulte qu'en principe chacun peut parvenir à son Etre ; pour y parvenir, il lui suffit de mettre l'accent avec persévérance sur son Etre essentiel, de s'obliger à ne jamais exprimer que ce qui est compatible avec son Etre intérieur. C'est certainement là une tâche ardue.
Non seulement le processus est très lent, mais il demande aussi une technique spécifique." (Keyserling Hermann, Creative Understanding.)

Lorsque la psychologie orientale et la psychologie occidentale auront fusionné et que la relation des glandes au corps vital avec ses centres de force aura été étudiée et comprise, alors sera hâtée pour l'homme la possibilité de fonctionner comme âme, comme synthèse de mécanisme, de vie, de dessein et de volonté. A ce propos, Hocking parvient à la conclusion suivante :

"Il semble qu'il y ait des raisons d'espérer un meilleur futur physique de la race humaine à l'aide d'une saine hygiène mentale. Terminée l'ère des charlatans et, dans une certaine mesure, avec leur aide, il semble qu'il sera possible d'étendre graduellement la maîtrise du soi, puisque le caractère spirituel d'une discipline telle que le Yoga rejoint les simples éléments de la psychologie occidentale et une saine éthique. Aucun d'eux n'a beaucoup de valeur sans les autres." (Hocking W E, Self Its body and freedom.)

Avant de passer à l'examen des enseignements orientaux au sujet des centres de force, deux points méritent notre attention. L'un considère la nature de l'âme, et l'autre est un essai pour considérer les témoignages des siècles passés au sujet du siège probable de l'âme. 

CHAPITRE IV

 

LA NATURE DE L'AME ET SON SIEGE

 

L'âme a toujours été l'objet de discussions, de débats et d'essais de définition. Au cours des temps et encore maintenant, elle a été et est d'un intérêt intellectuel très grand et le thème de toutes les religions et de toutes les philosophies. De cela seul nous pourrions sans doute déduire qu'il est possible que l'âme soit un fait réel, car un témoignage plusieurs fois millénaire doit être basé sur quelque réalité. Si on élimine toutes les conclusions basées sur des visions et des expériences d'hystériques, de névrosés et de cas pathologiques, il reste encore des témoignages et des déductions de penseurs, de philosophes et de savants réputés et sains d'esprit qui ne peuvent être ignorés et qui méritent d'être reconnus par l'humanité.

Richard Muller-Freienfels dit : "Ecrire l'histoire de la croyance de l'homme en l'âme, signifie écrire l'histoire de toute la race humaine." (Muller-Freienfels R., Mysteries of the Soul.)

Le professeur Ames a bien résumé le problème :

"D'un côté, il y avait le soi ou âme, avec sa pensée ; de l'autre, le monde objectif, les autres personnes et Dieu.
Pendant des siècles, les sages se sont efforcés de trouver le moyen de franchir l'abîme entre le soi et les objets. Mais entre les idées se produisant dans la tête, et les choses extérieures, il n'y avait aucun pont garantissant que les représentations intellectuelles correspondaient bien aux objets se trouvant dans le domaine extérieur.
Des philosophes sur ces deux positions ; les idéalistes du côté du soi, tentant vainement de parvenir à la réalité qu'ils avaient supposée comme étant en dehors de leur atteinte ; du côté opposé, les matérialistes, s'efforçant d'ignorer le soi ou de le considérer comme un fantôme ou un épiphénomène, un souffle ou une nuée exsudant du monde physique. Certains, appelés les dualistes, supposaient que le psychique et le physique étaient tous deux réels, mais ils leur allouaient à chacun une place sans parvenir à donner une réponse satisfaisante à la question de savoir comment le mental peut sortir de lui-même et aller vers un objet aussi différent, ou comment cet objet peut être lui-même et pourtant être connu." (Ames Edward Scribner, Religion.)

Nous allons donner quelques définitions de l'âme choisies parmi beaucoup. On remarquera une grande uniformité de définition et d'exégèse. Webster définit l'âme en des termes des plus intéressants et, du point de vue de la Sagesse orientale, avec une grande exactitude.

"Une entité, conçue comme l'essence, la substance ou la cause effective de la vie individuelle, particulièrement de la vie psychique ; le véhicule de l'existence individuelle, séparé du corps et considéré généralement comme séparable de l'existence."

Lorsqu'on recherche les différentes interprétations concernant la nature de l'âme, on remarque trois points de vue, bien résumés dans le dictionnaire de Webster :

"Premièrement, l'âme a été considérée comme une entité, ou un sujet, se manifestant particulièrement dans les activités de pensée volitive de l'homme ; c'est le sujet de l'expérience méditée par le corps ; ce n'est pas le mental, mais ce qui pense et veut.

Deuxièmement, l'âme est identifiée au mental ou à l'expérience consciente ; c'est ce sens que lui donne en général la psychologie, et c'est en général la conception des idéalistes.

Troisièmement, l'âme est considérée comme une fonction ou la totalité des fonctions du cerveau ; ainsi Pierre J. G. Cabanis (1757-1808), enseignait que le cerveau sécrète les pensées comme l'estomac digère la nourriture."

Webster ajoute le commentaire suivant qui rejoint la tendance actuelle de la pensée mondiale :

"Certaines conceptions, telle celle de Fechner, d'après lesquelles l'âme constitue le processus spirituel unitaire en conjonction avec le processus corporel unitaire, semblent se tenir à mi-chemin entre le point de vue des idéalistes et celui des matérialistes."

Il est possible, après tout, que le "noble chemin du milieu" sur lequel insistent les bouddhistes, offre à la prochaine génération la voie qui leur permettra d'échapper à ces deux positions extrêmes.

Les Egyptiens pensaient que l'âme est un rayon divin agissant au moyen d'un composé particulier ressemblant à un fluide alors que les Juifs la considéraient comme le principe vital. Les Hindous enseignent que l'âme humaine est une partie d'un Principe immuable, l'Ame du Monde, l'Anima Mundi, l'Ether pénétrant tout (Akasha) de l'espace. Cet éther est simplement le conducteur de certaines catégories d'énergie ; c'est l'intermédiaire entre l'esprit essentiel et la matière tangible.

Pythagore, qui fit tant à son époque pour rapprocher les philosophies orientale et occidentale, enseignait la même chose. En Chine, Lao-tse enseignait que l'âme spirituelle est unie à l'âme vitale semi-matérielle, et qu'à elles deux, elles animent le corps physique.

Quant aux Grecs, ils pensaient que l'âme (avec toutes les facultés mentales) pouvait se séparer du corps, tandis que les Romains considéraient l'âme comme ayant une triple nature, une âme spirituelle, une âme intellectuelle, ou mental, et un corps vital. Beaucoup, comme Théophraste, considéraient l'âme comme "le principe réel de la passion", etc.…

"Les stoïciens trouvèrent une nouvelle façon de désigner le principe animateur ou théorie des processus vitaux, à savoir pneuma (...). Avec l'emploi de ce terme commença la trichotomie de la personnalité humaine en corps, âme et esprit qui prit une part importante dans les spéculations des théologiens. Le concept de l'âme ou psyché (...) se différencia en deux concepts (...) d'une part la force vitale des physiologistes, et d'autre part l'esprit ou âme immatérielle de l'homme." (Hollander Bernard. M.D., In search of the Soul.) 

Les stoïciens soutinrent donc un enseignement qui est pleinement en accord avec la philosophie orientale. Ils comblèrent par conséquent la brèche entre les deux hémisphères.

Platon exposait la doctrine de l'âme de la manière suivante :

"Il pensait que l'âme est composée de trois parties. L'une immortelle ou rationnelle, vient de Dieu ; une autre, mortelle animale ou sensible, est le siège des appétits et des sensations relatifs au corps ; et une troisième partie, volonté ou esprit, entre les deux premières rend possible leur interaction et permet à la raison de vaincre le désir.
Les plantes ont la partie la plus basse ; les animaux, les deux parties inférieures, mais la partie rationnelle est exclusivement humaine.

Il considérait cette âme rationnelle comme immatérielle et de nature métaphysique, que les sens ne pouvaient percevoir et que seul l'intellect pouvait saisir. L'union avec le corps physique, mortel et matériel, ne constitue qu'un incident mineur dans sa longue carrière (...). Platon établissait donc une distinction fondamentale entre l'âme et le corps."

Aristote considérait l'âme comme étant la totalité des principes vitaux et comme étant au corps ce que la vision est à l'œil. Pour lui, l'âme était l'Etre véritable dans le corps, et Plotin était de son avis. Il considérait l'âme comme étant la sensibilité vivante du corps, appartenant à un degré d'être supérieur à la matière. Pour Tertullien, l'âme se divisait en deux parties, un principe vital et un principe rationnel, et St. Grégoire pensait de même. La plupart des écoles orientales considèrent l'âme comme étant le soi, l'individu ; quant aux mystiques chrétiens, ils s'appuient sur l'enseignement de St. Paul pour lequel dans chaque être humain réside une puissance latente qu'il appelle le "Christ en vous" et qui, par sa présence, permet à chaque homme de parvenir finalement à l'état de Christ.

Une comparaison attentive des enseignements chrétiens et orientaux amène à la conclusion que les termes de Soi, d'âme et de Christ signifient le même état d'être ou de conscience et indiquent en chaque homme la même réalité subjective.

Les premiers Pères de l'Eglise étaient très profondément influencés par les idées des Grecs au sujet de l'âme, et leur enseignement fut plus tard coloré par le gnosticisme et le manichéisme ; pour eux, l'âme était la lumière et le corps, les ténèbres ; la lumière devait irradier le corps et devait être finalement libérée du corps. Au 4ème siècle, St. Grégoire insistait sur la triplicité formée par le corps, l'âme et l'esprit comme le faisait St. Paul. Il résumait dans son enseignement les idées des meilleurs penseurs de son temps et disait que (pour citer B. Hollander) :

"(...) l'âme ne peut pas se diviser, et pourtant Grégoire distinguait des facultés de nutrition, de sensibilité et de raison correspondant au corps, à l'âme et à l'esprit. La nature rationnelle n'est pas également présente dans toutes les parties du corps. La nature supérieure utilise la nature inférieure en tant que véhicule. Dans la matière réside le pouvoir vital ; dans ce pouvoir réside le pouvoir de sensibilité, et celui-ci est uni au pouvoir rationnel.
L'âme sensible est donc un moyen, plus pure que la chair et plus grossière que l'âme rationnelle. L'âme ainsi unie au corps est la véritable source de toutes les activités."

Du 5ème au 17ème siècle, on trouve les idées de diverses écoles ; celles des scolastiques, des philosophes arabes, des cabalistes, des philosophes du Moyen Age et du groupe d'hommes remarquables, responsables de la Réforme et de la Renaissance. Ils discutèrent des diverses théories relatives à l'âme, mais ne firent guère de progrès, car les esprits étaient surtout intéressés par l'apparition de la science moderne, de la médecine moderne et par les révélations de l'époque de l'électricité. Peu à peu, l'attention fut captivée par l'aspect forme de la nature et par les lois régissant les phénomènes naturels ; de plus en plus, les spéculations relatives à l'âme et à sa nature furent laissées aux soins des théologiens.

Au 17ème siècle, Stahl écrivit abondamment au sujet de l'âme et résuma une grande partie des enseignements de son époque. C'est ce qu'on a appelé l'animisme. Selon cette doctrine, l'âme est le principe vital, responsable de tout le développement organique.

Nous parlons de l'animisme des races peu évoluées qui personnifient et adorent les forces de la nature ; nous reconnaissons, à notre époque, l'animisme décrit par Stahl comme ayant toujours été présent ; nous étudions l'enseignement des savants modernes relatif à l'énergie, à l'atome, à la force, et nous découvrons que nous avons à faire face à un monde d'énergies qui ne peuvent être niées. Nous vivons dans un univers animé par des forces. Vitesse, activité, vitalité, transports, transmission du son, énergie électrique et bien d'autres termes semblables sont communément employés de nos jours. Nous pensons, nous parlons en termes de force.

Stahl récapitula l'enseignement dans les termes suivants :

"Le corps est fait pour l'âme, l'âme n'est pas faite pour le corps et n'en est pas le produit (...). L'âme est la source de tous les mouvements vitaux ; elle construit la machine qu'est le corps et le protège pour un certain temps des influences extérieures (...). La cause immédiate de la mort n'est pas la maladie, mais l'action directe de l'âme qui abandonne la machine corporelle, soit parce qu'elle ne fonctionne plus, du fait de sérieuses lésions, soit parce qu'elle ne désire plus l'employer."

La définition de l'âme donnée par Berkeley est intéressante ; pour lui, c'est un être simple, actif et révélé par l'expérience.

La psychologie matérialiste moderne, qui considère l'âme comme le produit de l'activité du cerveau, n'a peut-être pas entièrement tort, mais elle s'occupe là d'une manifestation secondaire de l'âme vitale.

Le Dr. Müller-Freienfels dit :

"(...) nous ne devons pas considérer le corps comme un mécanisme atomistique, mais plutôt comme le véhicule d'une énergie vitale intelligente ; le "corps" cesse donc d'être simplement de la matière et doit être considéré comme un être "animé"." 

Et il poursuit :

"Nous avons enfin maintenant la possibilité de parvenir à un concept de l'âme ! Rappelons-nous la manière dont l'humanité en est venue à former ce concept. Non pas pour expliquer la "conscience" (car l'âme peut exister sans la conscience) ; mais, afin de rendre compréhensible cette continuité complexe d'activités que nous appelons la vie, l'humanité créa le concept de l'âme. Nous avons déjà insisté sur le fait que, dans toutes les cultures primitives, l'âme ne s'identifie en aucune façon avec la conscience, et que cette identification constitue une réserve apportée récemment par la philosophie. En réalité, ce que l'homme primitif entend par "âme" est ce qu'aujourd'hui nous appelons "vie". "Animé" et "vivant" sont absolument identiques, de même que sont identiques
"inanimé" et "mort". Le mot grec psyché ne signifie pas seulement conscience, mais peut généralement se traduire simplement par "vie" ; de même, dans bien des cas, les mots allemands Leben et Seele ainsi que les mots anglais "life" et "soul" sont interchangeables (...).

Nous sommes en cela d'accord avec les principales tendances philosophiques récentes. Même les matérialistes durent admettre que l'âme n'est pas une substance, mais que les processus psychiques se produisent dans la substance et ils la considèrent donc comme équivalent au "mouvement". D'autre part, les partisans de la conscience considéraient aussi les processus psychiques comme des "événements" qu'il leur fallait arriver à mettre en relation avec les mouvements physiques.

Nous acceptons ces deux idées. Ce que nous appelons "âme" n'est ni une "substance" accrue ni une "substance" pensante ; ce n'est en aucune façon une "substance", mais un facteur extrêmement compliqué, une série d'effets, qui se révèlent d'une part dans la construction du corps et, d'autre part, dans la conscience. 

Néanmoins, notre doctrine ne divise pas l'univers en substance et en conscience mais établit un lien, un rapport entre les deux, qui se manifeste matériellement, mais qui est aussi l'hypothèse de la conscience ; elle diffère à la fois du matérialisme et des partisans de la conscience en cela qu'elle ne conçoit pas l'âme comme existant dans la substance seulement, pas plus que dans la seule conscience. Au contraire, le corps et la conscience nous apparaissent tous deux comme n'étant que des effets d'une troisième chose qui les inclut tous les deux, produisant la conscience et donnant aussi forme à la matière brute. Nous avons déjà vu qu'il faut nécessairement à la conscience un "être" plus profond, tandis que la théorie matérialiste exige un "pouvoir" formateur qui forme le corps et avec lui l'âme. On peut qualifier cette théorie de "moniste" bien qu'elle ne soit ni dualiste ni unitaire ; simplement sa conception a été trop élaborée et la théorie de la conscience comme la théorie matérialiste sont – bien qu'à tort – qualifiées de monistes.
Nous appelons la théorie vers laquelle nous tendons la théorie dynamiste, car elle représente la nature de l'âme comme une force dirigée. Nous pourrions aussi l'appeler vitaliste, car cette force qui donne au corps sa forme et qui engendre la conscience s'identifie à la vie." (Müller-Freienfels Richard, Mysteries of the Soul.)

Dans la Doctrine secrète nous trouvons une indication du rapport entre l'esprit, l'âme et le corps.

"Nous considérons la vie comme l'Unique Forme d'Existence se manifestant dans ce qu'on appelle Matière, ou ce que, en les séparant d'une manière erronée, nous appelons Esprit, Ame et Matière dans l'homme. La matière est le véhicule de manifestation de l'âme sur ce plan d'existence, et l'âme est le véhicule, sur un plan supérieur, de la manifestation de l'Esprit ; tous les trois forment une Trinité qui trouve sa synthèse dans la Vie, qui les pénètre tous." (Blavatsky H. P., The Secret Doctrine.)

 Dans la littérature orientale, l'âme, le soi, sont des termes synonymes.
La Bhagavad Gîta est le principal traité concernant l'âme, sa nature, son but et son genre d'existence ; c'est l'ouvrage le plus connu de toutes les Ecritures orientales. Deussen résume comme suit son enseignement en ce qui concerne Atma, le soi ou l'âme :

"Si, pour donner suite à notre intention, nous maintenons cette distinction entre Brahman, le principe cosmique de l'univers, et Atman, le principe psychique, nous pouvons exprimer la pensée fondamentale de toute la philosophie
Upanishad par cette simple équation :

Brahman = Atman

C'est-à-dire que Brahman, le pouvoir qui se présente à nous comme matérialisé dans tout ce qui existe, qui crée, soutient et conserve, et qui reçoit de nouveau en lui tous les mondes, ce pouvoir divin, infini et éternel est identique à Atman, à ce que, après que nous l'ayons dépouillé de tout ce qui est extérieur, nous découvrons en nous-mêmes comme étant notre être réel essentiel, notre soi individuel, l'âme. Cette identité de Brahman et d'Atman, de Dieu et de l'âme, est la pensée fondamentale de toute la doctrine des Upanishad (...).

Comme on l'a souvent fait remarquer, l'atman est une idée pouvant s'interpréter de manières très différentes. Le mot signifie seulement "le soi" ; la question se pose donc de savoir ce que nous considérons comme notre soi. Il y a trois possibilités, suivant que nous considérons l'atman comme (1) le soi corporel, le corps ; (2) l'âme individuelle, indépendante du corps, qui est le sujet qui connaît, distinct et séparé de l'objet ; ou (3) l'âme suprême, dans laquelle on ne distingue plus le sujet de l'objet, ou qui, suivant la conception hindoue, est le sujet qui connaît sans objet." (Deussen Paul, The religion and philosophy of India.)

Voici les commentaires que fait un écrivain oriental :

"Tout être organique a un principe d'autodétermination auquel on donne généralement le nom d'âme. Dans le sens étroit, le mot "âme" appartient à tout être ayant en lui la vie, et les différentes âmes sont fondamentalement identiques. Les différences sont dues aux organismes physiques qui obscurcissent et contrarient la vie de l'âme.
La nature des corps dans lesquels les âmes sont incarnées explique leurs divers degrés d'obscurcissement.

Chaque bouddhi, avec notamment ce que lui apportent ses sens, est un organisme isolé déterminé par son karma passé et avec une certaine dose d'ignorance (avidya).
L'ego est l'unité psychologique de ce courant d'expériences conscientes qui constitue ce que nous savons être la vie intérieure d'un soi empirique.

Le Soi empirique est un mélange d'esprit libre et de mécanisme, de purusa et de prakriti (...). Chaque ego possède à l'intérieur du corps matériel grossier, qui est dissous à la mort, un corps subtil formé de l'appareil psychique, comprenant les sens." (Radhakrishnan S. Indian phylosophy, Vol. II.)

Un texte hindou résume ainsi cet enseignement : 

"Il y a donc quatre Atma, la vie, le mental, l'âme, l'esprit.
L'ultime force qui repose à la racine du pouvoir macrocosmique des manifestations de l'âme, du mental et du principe de vie, est l'esprit." (Rama Prasad, Nature's finer forces. (Extrait de Prashnopanishad).)

Tout semble donc être l'expression de la force de vie ; et nous commençons à nous rapprocher de la vérité telle qu'elle est formulée en Orient, c'est-à-dire que la matière est l'esprit ou l'énergie à son degré le plus bas de manifestation, et que l'esprit est la matière dans sa plus haute expression. Entre ces deux extrêmes, se manifestant donc dans le temps et dans l'espace, se produisent les divers aspects de la vie-conscience manifestée qui absorbent l'attention des religieux, des psychologues, des scientifiques et des philosophes, suivant leurs tendances et leurs prédilections particulières. Ils étudient tous l'aspect changeant de la vie une et animatrice.

Ce qui cause la plupart des confusions, ce sont les différenciations, les terminologies et les classements en catégories qui accompagnent ces diverses manières d'approcher la vérité. Nous sommes en train de séparer et de réduire en morceaux une Réalité unique ; ce faisant, nous perdons notre sens des proportions et nous insistons trop sur la partie que nous sommes en train de disséquer. Mais l'ensemble reste intact, et notre compréhension de cette Réalité augmente lorsque, dans notre conscience, nous devenons inclusifs et que nous participons à une expérience véritable.

Nous retrouvons le témoignage de cette expérience en remontant à la nuit des temps. Depuis l'apparition de la famille humaine au cours de l'évolution et du déroulement du plan mondial, un déroulement graduel et parallèle se produit en ce qui concerne l'idée de Dieu pour expliquer la nature, et l'idée de l'âme pour expliquer l'homme. Il nous reste donc à entreprendre l'anthologie de l'âme, mais il est probable que l'immensité de la tâche sert d'empêchement.

On a toujours ardemment discuté du siège de l'âme dans la forme humaine. Voici quelques-unes des théories qui ont été avancées à ce sujet.

Platon estimait que le principe vital se trouve dans le cerveau, et que celui-ci et l'épine dorsale coordonnent la force vitale.

Straton plaçait l'âme dans la partie frontale du cerveau, entre les sourcils.

Hippocrate plaçait la conscience ou âme dans le cerveau.

Hérophile considérait que le calamus scriptorius était le principal emplacement de l'âme.

Erasistrate plaçait l'âme dans le cervelet et disait qu'elle présidait à la coordination des mouvements.

Galien, le grand précurseur de la médecine moderne, pensait que le quatrième ventricule du cerveau était le siège de l'âme en l'homme.

Hippolyte disait : "Les membranes de la tête sont doucement poussées par l'esprit qui avance vers la glande pinéale. A côté de celle-ci, se trouve l'entrée du cervelet par où passe le courant de l'esprit et qui le distribue dans la colonne vertébrale. [20@86] Le cervelet, par un processus ineffable et inconnaissable, attire à travers la glande pinéale la substance spirituelle qui donne la vie."

Saint Augustin pensait que l'âme se trouvait dans le ventricule central.

Les philosophes arabes qui ont si fortement influencé la pensée du Moyen Age considéraient que les ventricules du cerveau étaient le siège de l'âme ou de la vie consciente.

 Le Dr Hollander nous dit que :

"La raison pour laquelle les philosophes anciens, dont les arabes adoptèrent les idées au sujet du siège de l'âme, placèrent les facultés dans certaines cellules, c'est-à-dire dans certaines cavités ou ventricules, était sans doute que cette solution laissait davantage de place pour l'expansion du pneuma, la substance gazeuse (...).
Certains d'entre eux distinguaient quatre régions. Le premier ventricule, ou ventricule antérieur du cerveau, que l'on supposait tourné vers le devant, était le ventricule du sens commun ; on pensait en effet que c'était à partir de ce ventricule que se séparaient les nerfs des cinq sens extérieurs et que c'était dans ce ventricule et au moyen de ces nerfs que toutes les sensations se trouvaient réunies. Le deuxième ventricule communiquait par une toute petite ouverture avec le premier et était considéré comme le siège de la faculté d'imagination car c'était en lui que, par l'intermédiaire du premier ventricule, les impressions provenant des cinq sens extérieurs se trouvaient réunies, faisant ainsi une deuxième étape dans leur trajet à travers le cerveau. Le troisième ventricule était le siège de l'entendement ; et le quatrième était consacré à la mémoire parce qu'il était situé commodément pour être l'entrepôt où pouvaient être accumulées et examinées les conceptions mentales digérées dans le deuxième ventricule. Le fait est que ce qu'on appelle le ventricule antérieur est composé de deux ventricules, les ventricules latéraux de droite et de gauche qui communiquent entre eux et qui sont contigus au troisième ventricule – qu'on appelait jadis le ventricule du milieu – par l'intermédiaire de l'orifice de
Monro. Quant au troisième ventricule, il communique avec le quatrième ventricule – que les anciens appelaient le ventricule postérieur – par l'intermédiaire de l'aqueduc de Sylvius.

Les ventricules latéraux sont recouverts par le corps calleux ; le troisième est recouvert par le thalame optique et le quatrième est situé entre le cervelet et le pont de Varole.

(...) Si les sens de la vue et de l'ouïe sont stimulés en même temps, leurs effets dans la conscience sont simultanés ; et la connaissance de ce fait donna naissance à l'hypothèse d'un centre sensoriel qu'on appela le sens commun. Certains considéraient ce centre comme le siège de l'âme. Les parties de cerveau étant doubles, les endroits à choisir se trouvaient très limités ; on ne pouvait choisir que des structures se trouvant sur la ligne médiane ; c'était le cas, par exemple, de la glande pinéale choisie par Descartes, et, au 19ème siècle, du thalamus optique choisi par W.B. Carpenter, et du pont cérébral choisi par Herbert Spencer." (Hollander Bernard, In search of the Soul, Vol. I.)

Roger Bacon pensait que c'était au centre du cerveau qu'on pouvait trouver l'âme.

Ludovic Vives "considérait l'âme comme le principe non seulement de la vie consciente, mais de la vie en général ; le cœur étant le centre des activités vitales ou végétatives, et le cerveau celui des activités intellectuelles".

Mondino, anatomiste célèbre du Moyen Age, croyait fermement aux "esprits animaux". Il enseignait que ces esprits animaux passaient dans le troisième ventricule par une étroite ouverture. Il enseignait aussi que les cellules du cerveau sont le siège de l'intellect.

Vésale a été le premier à faire la distinction entre la matière grise et la matière blanche du cerveau et à décrire les cinq ventricules, il distinguait "trois âmes (...) et c'est au cerveau qu'il assigna l'âme principale, la totalité des esprits animaux dont les fonctions sont nettement mentales".

Servet plaçait l'âme dans l'aqueduc de Sylvius, ce canal qui relie les troisième et quatrième ventricules du cerveau.

Telesio, dans "De natura rerum", enseignait que l'âme était la forme la plus subtile de la matière, une substance très délicate, enfermée dans le système nerveux et par conséquent échappant à nos sens. Son siège se trouve surtout dans le cerveau, mais il s'étend aussi à la moelle épinière, aux nerfs, aux artères, aux veines et aux membranes recouvrant les organes intérieurs (...). Il reconnaît que le système nerveux est en rapports étroits avec la vie de l'âme et que, chez l'homme, l'âme diffère seulement en degré de celle des animaux. Il suppose qu'à côté de l'âme matérielle de l'homme, se trouve une âme divine, incorporelle, implantée directement par Dieu et unie à l'âme matérielle".

Willis assignait les diverses facultés de l'âme, telles que la mentalité, la vitalité, la mémoire, etc., à différentes parties du cerveau.

Vieussens plaçait l'âme dans le centre ovale.

Swedenborg dit : "La route royale des sensations du corps vers l'âme (...) passe par le corps strié (...). C'est aussi par cette route que descendent toutes les déterminations de la volonté (...). C'est le Mercure de l'Olympe ; il communique à l'âme ce qui se passe dans le corps, et il apporte les ordres de l'âme au corps".

Le corps strié est formé par deux larges ganglions du cerveau se trouvant juste sous la région antérieure et supérieure du cerveau.

Hollis concluait que "la sensation comme le mouvement tirent leur pouvoir de la moelle du cerveau. C'est donc là que se trouve le siège de l'âme".

Charles Bonnet disait : "Les différents sens dont nous sommes doués (...) ont quelque part dans le cerveau des communications secrètes au moyen desquelles ils peuvent agir les uns sur les autres. On peut considérer comme étant le siège de l'âme l'endroit où ces communications ont lieu (...). C'est au moyen de cette partie du cerveau que l'âme agit sur le corps, et, par le corps, sur tant d'êtres différents. Or, l'âme n'agit que par l'intermédiaire des nerfs".

Von Sommering situait le siège de l'âme dans le fluide des ventricules cérébraux.

W. B. Carpenter, le physiologiste, considérait le thalame optique comme le siège de la vie de l'âme.
Cependant, depuis l'époque de Franz Josef Gall, le physicien et animiste bien connu, fondateur de la science de la phrénologie, l'attention n'est plus concentrée sur le siège probable de l'âme. Le mental est arrivé sous les projecteurs ; le caractère, l'éthique et ce qu'on appelle l'éthologie ont fait leur apparition. Les rapports entre les qualités psychiques et le cerveau reçoivent maintenant l'attention, et aujourd'hui nous allons même plus loin et nous incluons les glandes dans nos recherches. En psychologie, les enseignements de la théorie moderne mécaniste ont remplacé temporairement les idées anciennes vitalistes, animistes et mystiques. L'approche matérialiste a cependant été extrêmement profitable. Elle a amené, entre autres, deux choses ; elle a d'abord conservé l'équilibre et produit une structure de connaissance basée sur des faits naturels, qui a contrebalancé les erreurs et les déductions des mystiques visionnaires et les superstitions des théologiens. Secondement grâce aux conclusions auxquelles on est parvenu par le travail des psychologues modernes, par l'étude du mental et de son pouvoir, et par l'influence d'organisations telles que la Science chrétienne et la New Thought, un pont a été construit entre l'Orient et l'Occident. Il est maintenant possible d'apprécier, et de comprendre les enseignements de l'Orient relativement à la triplicité : âme, mental et cerveau. Une fois éliminés certains aspects indésirables (il y en a plusieurs) et une fois établie la collaboration avec la science occidentale, la lumière peut de nouveau venir de l'Orient ; elle peut indiquer la voie conduisant l'humanité vers un nouvel état d'être, vers une plus pleine réalisation de pouvoir et vers une compréhension plus réelle de la nature de l'âme humaine. On comprendra peut-être alors combien est vraie la conception
que Browning nous offre de cet être humain intégré :

"Trois âmes qui font une âme, c'est-à-dire Tout d'abord l'âme de chacune et toutes les parties corporelles, Installée là, travaillant, étant CE QUI FAIT, ce qui utilise la terre et fait descendre l'homme.

Mais, levant les yeux vers le haut pour demander son chemin elle se transforme et croît, imprégnée par l'âme suivante, laquelle, installée dans le cerveau, rassemble les facultés de la première, sent, pense, veut-EST CE QUI SAIT :
A son tour et en temps opportun, celle-ci se tourne vers le haut, se transforme et croît, pénétrée par la dernière âme, laquelle se sert des deux premières, subsiste avec ou sans leur aide et, constituant le soi humain, est ce qui est.

Elle s'appuie sur la précédente, la fait agir puis s'impose, comme la deuxième fit avec la première ; puis, elle s'élève, soutient, est soutenue par Dieu, et l'homme dirige son élan vers le haut, vers le point redoutable des interrelations, et d'endroit elle n'a nul besoin, car c'est vers lui qu'elle retourne ce qui fait, ce qui sait, ce qui est, Trois âmes, un seul homme." (Browning, Robert, A Death in the desert.)

CHAPITRE VI

 

SEPT CENTRES DE FORCE

 

Nous avons vu au chapitre précédent que, d'après l'enseignement de l'Orient, le corps vital ou éthérique est composé d'éther et agit comme conducteur du prana, principe de vie, qui vitalise la matière et produit la forme. Le corps vital incarne aussi ce principe sensible de la nature appelé âme ; ou plutôt, le corps vital est l'expression et le véhicule de l'âme.

La caractéristique principale de l'âme est la conscience. En tant que vie, l'âme est "située dans le cœur et, en tant que conscience spirituelle rationnelle, elle est située "sur le trône entre les sourcils". René Guénon l'exprime comme suit :

"Ainsi, du point de vue physique, ce qui réside dans le centre vital est l'éther ; du point de vue psychique, c'est "l'âme vivante" ; nous restons là dans le domaine des possibilités individuelles. Mais aussi et par-dessus tout, du point de vue métaphysique, c'est le "Soi" principal et inconditionné. C'est donc vraiment "l'Esprit Universel" (Atma) qui en réalité est Brahma lui-même, le "Souverain Suprême". La désignation de ce centre comme Brahma – pura est donc pleinement justifiée.
Mais considéré ainsi au-dedans de l'homme (et on pourrait le considérer aussi de cette façon par rapport à tout état d'être), Brahma est appelé Purusha, car Il demeure dans l'individualité (...) comme dans une ville (puri-shaya), car pura, dans son sens véritable et littéral signifie ville." (Guénon René, L'Homme et son devenir.)

La force de vie a sept points de contact principaux avec le corps physique, ils sont appelés centres.

Ces sept centres de force transmettent la force de vie et sont les agents de l'âme. Ils maintiennent l'existence corporelle et produisent son activité.

Dans son ouvrage, le Rêveur dit : (The Dreamer, Studies in the Bhagavad Gîta.)

"Que sont donc les centres de l'homme ? Ils sont les reflets du Soi unique dans les noyaux respectifs de l'upadhi. Si nous examinons la manière dont s'opère l'imprégnation de la matière par l'Energie divine, appelée parfois vagues de vie, nous verrons que, du fait de la projection du Soi dans les limites de l'objectivité appelée matière, certaines qualités sont imparties à la matière et se développent en ce que nous appelons tattva. Chaque tattva possède un tanmatra comme vie animée par l'âme, ou, si l'on veut, une modification de la conscience divine. La conscience divine se trouve donc dans chaque tattva en tant que vie centrale, tandis que l'idée de résistance constitue le mur extérieur."

Nous avons vu qu'en vertu de son pouvoir de manifestation, le Soi se réfléchit dans les divers upadhi ; il y développe des centres artificiels qui forment, peut-on dire, à un certain et même moment, le noyau de l'upadhi ainsi que les représentants du Soi dans les différents plans."

Un centre de force porte le nom indien de "chakra". Voici le siège des sept centres de force et leur nom indien :

1. Centre de la tête Chakra sahasrara
2. Centre entre les sourcils Chakra ajna
3. Centre de la gorge Chakra vishuddha
4. Centre du cœur Chakra anahata
5. Centre du plexus solaire Chakra manipura
6. Centre sacré ou sexuel Chakra svadhistana
7. Centre à la base de l'épine dorsale Chakra muladhara
On remarquera que quatre centres se trouvent au-dessus du diaphragme et trois au-dessous.

Bien des choses ont été écrites au sujet de ces centres de force et on pourrait en ajouter encore, mais ce qui suit peut servir de résumé et d'introduction.

Les centres de force transportent l'énergie pranique dans toutes les parties du corps ; ils ont d'étroites relations avec les trois subdivisions du système nerveux : cérébro-spinal, sympathique et périphérique.

L'énergie vitale ou pranique provenant des centres de force est distribuée le long de lignes de direction subtiles. Ces lignes sont appelées "nadis" ; elles ont d'étroits rapports avec les nerfs et en même temps avec les artères. Elles sont apparemment à la base du système nerveux. Dans l'Homme et son Devenir, nous lisons :

"En ce qui concerne les nadis ou artères de la forme subtile, ils ne doivent pas être confondus avec les artères du corps qui assurent la circulation du sang ; physiologiquement, ils correspondent plutôt aux ramifications du système nerveux, car ils sont décrits très clairement comme étant lumineux. Mais le feu étant, en quelque sorte, polarisé en chaleur et en lumière, l'état subtil est lié à l'état corporel de deux manières différentes et complémentaires : par le sang en ce qui concerne l'aspect de la chaleur et, par le système nerveux, en ce qui concerne l'aspect lumière. Il faut cependant clairement comprendre qu'entre les nadis et les nerfs, il n'y a que simple correspondance et non pas identification ; les nadis en effet ne sont pas corporels et en réalité nous avons affaire à deux domaines différents de l'individualité intégrale. De même, lorsqu'on affirme l'existence d'un rapport entre les nadis et la respiration, car le maintien de la vie l'exige et qu'elle correspond vraiment à la principale activité vitale, il ne faut aucunement en conclure qu'on peut les concevoir comme une sorte de canaux au travers desquels l'air circule ; ce serait confondre le "souffle vital" (prana), qui appartient nettement à la manifestation subtile, avec un élément corporel.

On a déclaré que le nombre total des nadis s'élève à soixante douze mille ; selon d'autres textes, il y en aurait sept cent vingt millions ; toutefois la différence ici est plus apparente que réelle puisque, comme cela se produit toujours en pareils cas, ces nombres doivent être pris symboliquement, non littéralement." (René Guénon)

Rama Prasad, qui emploie le terme indien de "lotus" pour désigner les Chakras ou les centres de force offre à ce sujet l'intéressant commentaire suivant :

"Les plexus nerveux des anatomistes modernes coïncident avec ces centres. Il ressort de ce qu'on a dit plus haut que ces centres sont constitués par des vaisseaux sanguins. La seule différence entre les nerfs et les vaisseaux sanguins est celle qui existe entre les véhicules du prana positif et du prana négatif. 
Les nerfs sont le système positif du corps et les vaisseaux, le système négatif. Partout où il y a des nerfs, on trouve des vaisseaux sanguins qui leur correspondent.
Les uns et les autres sont des nadis, sans faire de distinction. Un de ces systèmes a pour centre le lotus du Cœur et l'autre, le lotus aux mille pétales du cerveau.
Dans un tableau exact du système nerveux, le système des vaisseaux sanguins est en réalité seulement l'ombre de celui-là. De même que le cœur, le cerveau a ses divisions supérieure et inférieure, le cerveau et le cervelet, et aussi sa division en côtés droit et gauche." (Prasad Ratna, Nature's finer forces.)

Les centres de force sont situés le long de la colonne vertébrale et dans la tête. Arthur Avalon dit :

"La description des Chakras comprend, d'abord, un exposé de l'anatomie et de la physiologie occidentale des systèmes nerveux central et sympathique ; deuxièmement, un exposé du système nerveux tantrique et des Chakras ; et troisièmement, dans la mesure du possible, la corrélation des deux systèmes, anatomiquement et physiologiquement, car le reste est en général particulier à l'occultisme tantrique.

La théorie tantrique relative aux Chakras et à Sahasrara concerne, du point de vue physiologique (...) le système spinal central y compris le cerveau contenu dans le crâne, et la moelle épinière contenue dans la colonne vertébrale (Merudanda). Il faut remarquer que, de même qu'il existe cinq centres décrits ici, la colonne vertébrale est elle-même divisée en cinq régions qui, en partant du bas, sont la région du coccyx formée de quatre vertèbres imparfaites souvent unies pour former un seul os appelé le coccyx ; la région sacrée formée de cinq vertèbres unies entre elles pour former un seul os, le sacrum ; la région lombaire ou région des reins, formée de cinq vertèbres ; la région dorsale ou du dos formée de douze vertèbres, et la région cervicale ou du cou, formée de sept vertèbres. Comme le montrent les segments, la moelle épinière a différentes caractéristiques correspondant à chacune des régions. Dans l'ensemble, ces caractéristiques correspondent aux régions placées sous la maîtrise des centres ou chakras Muladhara, Svadhistana, Manipura, Anahata et Vishudda. Ces régions sont la base de la colonne vertébrale, le centre sacré, le centre du plexus solaire, le centre du coeur et le centre de la gorge. Le système central est relié à la périphérie par les trente et un nerfs spinaux et les douze nerfs crâniens qui sont à la fois sensoriels et moteurs, selon qu'ils provoquent la sensation et poussent à l'action. Les six derniers nerfs crâniens proviennent du bulbe spinal (medulla) et les six autres, sauf les nerfs olfactifs et optiques, proviennent des régions du cerveau se trouvant juste devant le bulbe. Les écrivains appartenant aux écoles de Yoga et de Tantra utilisent de préférence le terme "nadi" pour désigner les nerfs. Ils entendent donc les nerfs crâniens lorsqu'ils parlent de Shira, n'appelant jamais ainsi les artères comme le font les publications médicales. Il faut cependant noter que les nadis du Yoga ne sont pas les nerfs matériels ordinaires, mais des lignes de direction plus subtiles que suivent les forces vitales. Une fois sortis du foramen intervertébral, les nerfs spinaux entrent en communication avec les ganglions du système nerveux sympathique, de chaque côté de la colonne vertébrale.
Chez l'homme, le cordon médullaire part de la limite supérieure de l'atlas, sous le cervelet, passe dans la moelle et finalement dans le quatrième ventricule du cerveau, descendant ensuite dans la deuxième vertèbre lombaire où elle se termine en un point appelé le filum terminal." (A. Avalon) 

Comme la citation ci-dessus se réfère au système tantrique, il convient de noter qu'il s'agit là d'un système hindou de maîtrise de l'énergie ne pouvant être utilisé sans danger que par ceux qui font preuve de la moralité la plus haute, d'une grande pureté de vie et de pensée. On ne saurait condamner trop sévèrement les prétendues pratiques tantriques d'un caractère avilissant rencontrées dans certaines écoles d'Orient et d'Occident.

Ces centres de force ne sont pas seulement situés le long de la colonne vertébrale et dans la tête comme nous venons de le dire ; ils sont reliés entre eux par l'intermédiaire de la colonne vertébrale, établissant ainsi des rapports trop complexes pour être étudiés ici.

Deux des sept centres sont situés dans la tête et cinq dans l'épine dorsale. Les deux centres de la tête sont liés directement aux facultés mentales et du mouvement. Le centre sahasrara (centre de la tête), appelé généralement lotus aux mille pétales, représente l'énergie spirituelle se manifestant comme volonté, comme mental spirituel ou abstrait et comme intuition. Le centre ajna, ou centre entre les sourcils, intéresse le mental inférieur et la nature psychique de cet organisme intégré que nous appelons la personnalité.

Les cinq centres de la colonne vertébrale se rapportent aux diverses activités de l'organisme alors que l'homme manifeste l'instinct animal, les réactions émotionnelles et le dessein de sa vie. Ces centres sont surtout influencés par la force qui se déverse dans les centres de la tête et qui en proviennent.

Arthur Avalon écrit :

"Les centres influencent non seulement les combinaisons musculaires concernées par les mouvements volontaires, mais aussi les fonctions de l'innervation vasculaire, de la sécrétion, et d'autres fonctions semblables dont les centres les plus proches se trouvent dans la moelle épinière. On dit cependant que les centres cérébraux ne régissent ces fonctions qu'en relation avec la anifestation de la volonté, du sentiment et des émotions ; alors que les centres spinaux et le système sympathique subordonné seraient le mécanisme de l'adaptation inconsciente, conformément aux diverses conditions des stimuli essentiels au maintien de l'existence de l'organisme. La moelle, en outre, est à la fois un moyen de communication entre les centres supérieurs et la périphérie, et un centre indépendant régissant, dans le système, des fonctions de la plus haute importance. Il faut noter que les fibres nerveuses qui transportent les impulsions motrices descendant du cerveau vers la moelle épinière traversent assez soudainement d'un côté à l'autre en passant à travers le bulbe spinal, fait que les Tantra signalent dans leur description de la Mukta Triveni ; de nombreuses voies qui arrivent à celle-ci et qui en partent la relient au cervelet et aux ganglions cérébraux. Au-dessus du cervelet se trouve le cerveau dont l'activité est généralement associée à la volonté consciente, à la formation des idées et à l'origine des mouvements volontaires. Il ne faut cependant pas confondre la fonction physiologique et la notion de Conscience qui est l'objet essentiel de la psychologie introspective. Par conséquent, il n'existe aucun organe de conscience, tout simplement parce que la conscience n'est pas un concept organique et qu'elle n'a aucun rapport avec la conception physiologique d'énergie dont elle représente l'aspect intérieur et introspectif. En soi, la conscience est l'Atma.
Le mental et le corps, dont le cerveau fait partie, sont tous les deux des expressions imparfaites et voilées de la Conscience qui, dans le cas du corps, est si voilée qu'elle donne l'impression d'inconscience. Le cerveau vivant est constitué de matière sensible grossière (Mahabhuta) infusée de prana. Cette matière a été travaillée de façon à constituer un véhicule approprié pour exprimer la conscience sous une forme mentale (Antahkarana). La conscience n'est ni une propriété du corps ni une simple fonction du cerveau. Le fait que la conscience mentale est affectée ou disparaît à la suite de désordres du cerveau prouve que celui-ci est nécessaire pour exprimer une telle conscience, mais ne prouve pas que la conscience soit inhérente au seul cerveau ou qu'elle en soit la propriété. De chaque côté de la colonne vertébrale se trouve une chaîne de ganglions reliés par un cordon nerveux, appelé système sympathique (Ida et
Pingala) qui va de la base du crâne jusqu'au coccyx, et qui communique avec la moelle épinière. Il est à noter qu'il y a dans les régions thoracique et lombaire un ganglion de chaque chaîne correspondant très régulièrement à chaque nerf spinal bien que, dans la région cervicale, il en manque beaucoup ; un amas de structure nerveuse se trouve aussi dans la région du coeur, de l'estomac et des poumons, qui sont les zones régies par Anahata, Manipura et Vishuddha, respectivement, les trois Chakras supérieurs des cinq décrits plus loin. De la chaîne sympathique de chaque côté, partent des fibres nerveuses vers les viscères de l'abdomen et du thorax. De ces organes, partent également des nerfs qui retournent vers les nerfs spinaux et d'autres qui passent dans certains des nerfs crâniens, distribués aux vaisseaux sanguins des membres, du tronc et d'autres parties vers lesquelles vont les nerfs spinaux ou crâniens. Les nerfs sympathiques transportent surtout les impulsions gouvernant le tissu musculaire des viscères et le revêtement musculaire des petites artères des divers tissus. C'est à travers le sympathique qu'est maintenue la vitalité des vaisseaux sanguins par l'action du centre vasomoteur du bulbe spinal.
Toutefois, les impulsions distribuées par le sympathique proviennent du système nerveux central et non du sympathique lui-même. Les impulsions proviennent de la moelle épinière, par les racines antérieures des nerfs spinaux et passent à travers de brèves ramifications dans les chaînes du sympathique. La circulation, la digestion et la respiration sont contrôlées et influencées par le travail du système sympathique.

L'anatomie du système nerveux central est extrêmement compliquée. Ce qui se passe dans cet enchevêtrement de fibres, de cellules et de fibrilles, est, d'autre part, à peu près inconnu. On a donc admis que, dans la physiologie du système nerveux central, nous ne pouvons actuellement guère faire plus que tracer les lignes par lesquelles les impulsions pourraient passer d'une partie du système à l'autre et, des connexions anatomiques, déduire avec plus ou moins de certitude la nature du réseau physiologique que ses diverses parties forment entre elles et avec le reste du corps. Cependant d'une manière générale, il pourrait y avoir des raisons de supposer que certains centres nerveux du système central sont reliés de manière spéciale à des mécanismes sensoriels, sécrétifs ou moteurs, et que des centres – tel que le centre génitospinal – existent dans des parties bien déterminées de la moelle épinière et exercent une action physiologique donnée. Ce qu'on appelle ici Chakra est l'aspect subtil de tels centres en tant qu'expressions de conscience (chaitanya) incarnés en diverses formes de Maya Shakti. Ils sont reliés par des conducteurs intermédiaires aux organes de la génération, de la nutrition, de la digestion, de l'action cardiaque et de la respiration en relation avec les chakras Muladhara,
Svadhistana, Manipura, Anahata et Vishuddha respectivement, tout comme d'autres zones ont été assignées, en relation spéciale sinon exclusive avec divers processus de la perception, de la volition et de l'idéation." (A. Avalon)

L'activité de ces centres varie suivant le degré d'évolution de l'individu. Chez certaines personnes, certains centres sont "éveillés" et, chez d'autres, ils peuvent être à un stade de repos relatif. Chez certains, le centre du plexus solaire peut être actif ou dominant ; chez d'autres ce sera le centre cardiaque et chez d'autres encore le centre de la gorge.

Jusqu'ici le centre de la tête n'est actif que chez de rares personnes.
D'une façon générale, ce sont les trois centres se trouvant au-dessous du diaphragme – le centre à la base de la colonne vertébrale, le centre sacré et le centre du plexus solaire – qui sont actifs et dominants chez les sauvages et les gens peu évolués, tandis que les trois centres au-dessus du diaphragme sont encore "en sommeil". Dans l'humanité moyenne, le centre de la gorge commence à se manifester, tandis que les centres de la tête et du cœur sont encore endormis. Chez les êtres humains hautement évolués, les guides de l'humanité, les philosophes intuitifs et les savants, comme chez les grands saints, les centres de la tête et du cœur font tous deux sentir leurs vibrations, la priorité allant soit au centre de la tête soit au centre du cœur suivant le type d'homme, la qualité de la conscience émotionnelle et mentale.

Ces centres de force s'éveillent et dominent donc suivant le degré de développement des êtres et, suivant le degré d'éveil de ces centres, différents types d'activité se manifestent. Les centres situés au-dessous du diaphragme gouvernent la vie physique de la forme matérielle et la vie psychique animale, communes à l'homme et à l'animal. Les centres au-dessus du diaphragme concernent la vie intellectuelle et spirituelle et les activités par lesquelles l'homme démontre que sa condition est différente et supérieure à celle de l'animal, et qu'il s'élève sur l'échelle de l'évolution.

Tel est, rapidement exposé, l'enseignement de l'Orient en ce qui concerne les sept centres de force ou Chakras.

Si nous comparons la doctrine orientale des sept centres à celle de l'Occident concernant les glandes, nous constatons d'abord un fait frappant en ce qui concerne l'emplacement. Les sept centres de force se trouvent dans les mêmes zones où sont les glandes, et chaque centre de force pourrait bien être (et d'après l'enseignement hindou, est) la source de pouvoir et de vie de la glande correspondante. Le tableau suivant montre l'identité des emplacements :

CENTRES GLANDES
Centre de la tête Glande pinéale
Centre entre les sourcils Glande pituitaire
Centre de la gorge Glande thyroïde
Centre du cœur Thymus
Centre du plexus solaire Pancréas
Centre sacré Les gonades
Centre à la base de l'épine dorsale Glandes surrénales

Un deuxième fait encore plus frappant est que les centres de force éveillés correspondent aux glandes dont les fonctions sont connues et dont la plupart des sécrétions, ou hormones, ont été découvertes. Les centres encore en sommeil ou qui s'éveillent chez les hommes plus évolués correspondent aux glandes dont les fonctions sont relativement inconnues et dont les sécrétions n'ont pas encore été isolées. On notera par exemple que, d'après le Dr Berman, les sécrétions de la glande pinéale, une des deux sécrétions de la glande pituitaire et celle du thymus ne sont pas connues, pas plus que la sécrétion de la glande surrénale. Ces glandes correspondent au centre du cœur, au centre de la gorge, au centre de la tête et à celui de la base de la colonne vertébrale qui sont en sommeil ou qui s'éveillent.

Est-ce là une intéressante coïncidence ? Ou bien devons-nous considérer comme un fait que, dans chaque cas, les glandes dont les hormones n'ont pas été découvertes correspondent à des centres en sommeil, dans l'humanité moyenne ?

Je pense qu'on finira par découvrir que les glandes sont le produit de l'énergie des centres. Car en effet les centres qui sont éveillés et qui fonctionnent dans l'humanité moyenne, semblent être apparentés aux glandes dont les sécrétions particulières ont été identifiées et dont l'action sur le courant sanguin est connue, tandis que les centres qui sont encore en sommeil paraissent être apparentés aux glandes dont les sécrétions sont seulement partiellement connues ou même totalement inconnues. C'est en tout cas digne de retenir l'attention.

Les psychologues occidentaux ont donc raison de dire qu'un homme est ce que ses glandes font de lui et que nous ne sommes ni meilleurs ni pires que notre système endocrinien particulier. La raison en est peut-être dans la justesse de la théorie orientale concernant les centres de force. C'est l'état des centres qui détermine la condition des glandes, leur super activité ou leur inactivité ainsi que leur fonctionnement bon ou mauvais. Ces glandes ne sont que les symboles, l'aspect matériel visible d'un système beaucoup plus vaste et compliqué. Elles sont déterminées par le caractère de la vie de l'âme qui agit par elle, et aussi par l'âme qui domine tout.

L'état des centres dépend donc du type et de la qualité de la force d'âme qui vibre en eux. Chez un individu non développé, c'est simplement la force de vie, le prana, qui est active et qui perçoit. Cette force de vie nourrit la vie animale et met en activité les centres inférieurs (centre à la base de la colonne vertébrale et centre sacré). Plus tard, alors que l'homme se développe, la conscience, aspect de l'âme, fait sentir graduellement sa présence et rend actif le centre du plexus solaire. Ce centre est le siège de la vie psychique inférieure sensible tant chez l'homme que chez l'animal.
Elle est souvent appelée le cerveau instinctif.

Bhagavan Das nous enseigne que :

"Il vaut la peine de noter que, dans la littérature sanscrite le nombril est souvent considéré comme plus central et presque plus essentiel à l'organisme que le cœur. Il est probable que, physiologiquement, le nombril était, au début de l'évolution, un organe plus vital et que, même à l'heure actuelle il est plus essentiellement lié au désir que le cœur. Il peut donc être considéré comme en rapport avec le désir" (Bhagavan Das, The Science of the sacred word.)

L'auteur cite Annie Besant :

"Le nombril représente le plexus solaire, le plexus le plus important peut-être du système sympathique ; il régit le système digestif et envoie ses ramifications vers le foie, la rate l'estomac, l'œsophage et les organes de la génération. Il est aussi relié aux poumons et au cœur.
Considéré comme le cerveau du système sympathique, il répond avec une facilité dangereuse à la pensée ; si on se concentre sur lui, ce qui se fait souvent de façon imprudente, il peut en résulter une forme de maladie nerveuse très difficile à soigner. Les émotions provoquent en lui des désordres violents, et la sensation de nausée qui suit souvent un choc émotionnel provient de sa trop grande excitation."

C'est au moyen de ces trois centres que la plupart des hommes fonctionnent aujourd'hui. Les forces du corps servent à alimenter et à stimuler la vie sexuelle au moyen des gonades ; elles créent le besoin puissant de lutter et d'évoluer au moyen des glandes surrénales, glandes du combat et de la lutte ; elles gouvernent la vie psychique instinctive au moyen du plexus solaire. Ainsi l'individu devient un être humain sensible et conscient. L'évolution continuant, le soi ou âme devient de plus en plus actif et dominant chez l'homme et dans son existence corporelle, et peu à peu toutes les parties de la structure éthérique s'éveillent. Graduellement, les centres supérieurs deviennent plus actifs et la force qui se déverse à travers le corps se déplace vers les centres en dessus du diaphragme. Le centre de la gorge s'éveille et devient l'organe du travail créateur ; celui du cœur est vivifié et l'homme devient conscient de ses relations d'âme, de ses responsabilités de groupe et du caractère inclusif de la vie de l'âme. Finalement, les centres de la tête s'éveillent et sa conscience connaît des perceptions d'une autre portée. Il devient conscient de lui-même en tant qu'âme, intégré en tant que personnalité ; plus tard encore, il devient conscient du monde de l'esprit, de la vie divine, du monde invisible des esprits et de ce "nuage de témoins" confirmant la réalité de la vie de l'âme.

Un des buts de l'évolution humaine est de parvenir à cette conscience.
Le centre à la base de l'épine dorsale, le centre du cœur et les centres de la tête doivent atteindre une pleine activité et ainsi, par une harmonisation de l'énergie latente dans la matière elle-même et accumulée dans le centre à la base de l'épine dorsale, de l'énergie de l'âme qui a son siège dans le cœur, et de l'énergie de l'esprit qui a son siège dans la tête, amener l'être humain au plus haut point de perfection. Par cette fusion des énergies, l'homme devient une expression active de Dieu ; l'esprit, l'âme et le corps ayant fusionné se trouvent unis de manière telle que le corps est vraiment le véhicule de l'âme, et que l'âme est vraiment l'expression de la volonté et du dessein de l'esprit. 

Que dit le Christ lorsqu'il se trouvait sur terre ? "Celui qui m'a vu a vu le Père" (Jean XIV : 9). Il dit aussi "Celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais ; et il en fera de plus grandes, parce que je vais au Père (Jean XIV : 12). Il était l'Ame incarnée, révélant le Père, l'Esprit ; Il manifesta, par le mécanisme du corps, les pouvoirs de l'âme qui, selon les Hindous, suivent l'éveil des centres et dont ils donnent la liste suivante :

1.
Anima... le pouvoir de pénétrer tous les corps et de ramener les morts à la vie. Le Christ pouvait traverser une pièce sans être vu et Il pouvait ressusciter les morts. (Voir Luc 24 : 36 ; Marc 16 : 14 ; Jean 20 : 19 ; Jean 11.)
2.
Mahima... le pouvoir de devenir grand jusqu'à comprendre l'univers. Le Christ connaissait toute chose. (Mathieu 12 : 25 ; Jean 2 : 24 ; Jean 6 : 64).
3.
Laghima... le pouvoir de se rendre assez léger pour être capable de voler et de marcher sur les eaux. Le Christ marchait sur les eaux. (Mathieu 14 : 25, 26 ; Marc 6 : 48.)
4.
Garima... le pouvoir de devenir très lourd. Les Evangiles ne relatent pas d'exemple du Christ ayant ce pouvoir.
5.
Prapti... le pouvoir de prévoir l'avenir. Le Christ avait prévu sa crucifixion, (Mathieu 26 : 2 ; Luc 24 : 7) et le pouvoir de guérir les malades (Mathieu 12 : 15, 14 : 15), également le pouvoir de clairvoyance et de clairaudience (Jean 1 : 48 ; Jean 12 : 29).
6.
Prakamega... Le pouvoir de conserver le corps. Le Christ réapparut à ses disciples après la mort avec le même corps qu'ils avaient connu (Jean 20 : 20-27).
7.
Visitvan... le pouvoir de maîtrise de soi, des hommes et des animaux. Il démontra ces pouvoirs et même celui de maîtriser des gens possédés par le démon. Il le manifesta en obligeant des pourceaux à se jeter d'une falaise dans la mer (Mathieu 8 ; Marc 5 et 9).
8.
Ishatvan... le pouvoir de domination universelle. Il est reconnu au Christ par tous. Il est assis à la droite du Père.
Est-ce si contraire à ce que l'Occident appelle le bon sens, que d'envisager la possession de ces pouvoirs et l'accomplissement de la prophétie du Christ suivant laquelle nous ferons de plus grandes choses ?
A la radio, nous émettons des ondes sonores et nous les amplifions ; mais, après tout, nous ne faisons que renforcer la forme subtile des ondes sonores autour de nous. Quoi de plus naturel du fait que l'homme, qui a construit ces amplificateurs, devienne lui-même si sensible qu'il soit apte à recueillir sans aide les ondes sonores, et qu'il devienne ainsi clairaudient.
Et la transmission de pensée – que les plus sceptiques sont obligés d'admettre – n'est-elle pas tout simplement une émission d'un genre particulier ? Il en est de même des autres "miracles". Le monde matériel n'est-il pas dominé par des forces et des pouvoirs subtils, et l'homme ne pourra-t-il pas, avec le temps, apprendre à agir dans un champ plus subtil et, par conséquent, acquérir la maîtrise de ce qui est purement physique et matériel ?

C'est depuis très longtemps le credo de l'Inde ; par le développement de l'âme, de l'esprit et de tous les centres, l'homme arrivera à la maturité et à la gloire.

CHAPITRE VII

 

CONCLUSION

 

Nous avons examiné, dans cet ouvrage, deux systèmes de psychologie, celui de l'Orient et celui de l'Occident. Ces deux systèmes ensemble nous donnent un tableau complet de l'homme en tant qu'âme vivante agissant grâce à un certain mécanisme. En font partie le corps éthérique avec ses centres, subtil, invisible et hors de portée de nos cinq sens, et le corps physique dense, c'est-à-dire les glandes endocrines et le système nerveux qui ont la maîtrise du reste de la manifestation physique.
Nous pensons que ces deux parties ne forment qu'un tout.

L'âme est toujours la grande réalité, l'expression de la vie unique constituée du corps éthérique et des corps denses. C'est la force de l'âme agissant sur le corps éthérique et à travers lui qui assure le développement des centres de ce corps, lequel, à son tour, agit sur le physique dense.

Ce qui intéresse surtout les Occidentaux est la manière dont on peut atteindre une plus grande efficacité de fonctionnement. L'homme, âme, voit son efficacité d'action limitée par la condition de son instrument. Si les glandes, le système nerveux et le corps éthérique et ses centres ont besoin d'être ajustés et ne fonctionnent pas bien, l'homme, âme doit y mettre bon ordre ou les guérir. Nous parvenons à peine à concevoir un mauvais fonctionnement des glandes parce que l'homme est essentiellement une âme vivante et nous parvenons plus difficilement encore à les étudier, les soigner et les perfectionner.

L'action directe sur les glandes et les centres nerveux par des médicaments ou d'autres moyens est surtout un travail de réparation qui se limite au niveau le plus élevé de leur développement. Cela est encore plus vrai des centres du corps éthérique qui peuvent être influencés par certaines pratiques orientales de respiration, mantrams et postures. De telles pratiques sont des plus dangereuses, pouvant même conduire à la folie. Il faut espérer qu'un jour viendra où nous aurons assez de connaissance et d'expérience pour travailler intelligemment sur les centres et pouvoir ainsi acquérir une plus grande maîtrise sur les névroses et les glandes du corps physique.

Trois théories ressortent de notre recherche, formant une triple hypothèse expliquant l'homme en tant qu'être humain doué de vie, de conscience de soi et de dessein intelligent.

1.
L'homme est tel que sont ses glandes et son système nerveux. Son tempérament, ses qualités et son intelligence à faire face à ses expériences et à son milieu sont déterminés par son système endocrinien. C'est ce qu'affirme l'Occident.
2.
L'homme est tel que sont ses centres. L'état de calme ou d'activité de certains points focaux d'énergie dans le corps éthérique détermine son caractère, ses modes d'expression, son type et son aspect physique. Ses activités sur le plan physique dépendent entièrement de la qualité de la force qui coule à travers ses centres. C'est ce qu'enseigne l'Orient.
3.
Les glandes et les névroses comme les centres dépendent de la maîtrise exercée ou non par l'âme.
On peut penser que nous n'avons fait que cacher tout le problème dans le domaine de l'invisible et de ce qu'on ne peut prouver. En est-il bien ainsi ? De nombreux éléments du problème émergeant de spéculations et de vagues hypothèses du passé ne sont-ils pas maintenant acceptés comme autant de réalités ? Ce qui, dans le passé, était considéré comme impossible à démontrer n'a-t-il pas été prouvé de nos jours ? Ne pourrait-on appliquer des techniques, utiliser des méthodes capables, avec le temps, du fait de l'abondance de preuves disponibles, d'éclairer des facteurs actuellement obscurs ?

Comme nous l'avons vu, l'Occident expose les faits qui se rapportent à la structure. Le mécanisme de l'homme est déterminé par son système endocrinien et par le système nerveux, l'appareil sensible. Ne pouvons-nous aborder le sujet sous cet angle et agir sur les glandes pour perfectionner le corps humain et amener ainsi l'homme à la pleine lumière de l'âme ? La divinité peut-elle s'épanouir par des moyens physiques ? Ou bien, acceptant la position prise par l'Orient et selon laquelle les centres sont des moyens d'expression de l'âme responsables de la construction et du contrôle du corps, utilisant le système nerveux et les glandes, pouvons-nous alors poursuivre nos recherches et appliquer une méthode reconnue comme dangereuse, agissant directement sur les centres ?

Existe-t-il une troisième méthode qui nous permettrait d'éviter une approche purement physique et le danger d'éveiller prématurément les centres ? Ne serait-il pas possible de parvenir à une solution, à une méthode donnant à l'âme la pleine utilisation de son instrument et produisant une activité réciproque parfaite entre l'âme et le corps, comme effet de la juste activité des centres ?

Il y a une méthode par laquelle l'homme peut s'assurer qu'il est vraiment une âme et, par conséquent, capable de maîtriser son instrument d'expression, la triple nature inférieure, totalité des états psychiques et mentaux. Par cette méthode, il est possible d'unir la sagesse de l'Orient et la connaissance de l'Occident, de manière que les meilleurs aspects de chaque système soient mis à la disposition de l'humanité.

Si l'on considère la possibilité pour l'homme de découvrir son âme, il faut qu'existe, tout d'abord, la volonté d'accepter une hypothèse, les hypothèses étant toujours le point de départ de la connaissance. Nous admettons donc comme hypothèse que l'homme est une âme, qu'il possède un corps et qu'il existe un lien unissant ces deux facteurs, un lien se présentant sous la forme d'un corps d'énergie. 

Il est possible de diviser en deux groupes ceux qui ont cherché à prouver l'existence de l'âme et de l'appareil qui concerne la vie. Tout d'abord, les mystiques qui ont utilisé l'aspiration et l'émotion et aussi les moyens physiques ; puis ceux de nature plus mentale qui ont utilisé l'intellect et la pensée pour parvenir à la connaissance spirituelle. Tous ceux qui ont connu Dieu ont utilisé différentes terminologies ; peu importe pour nous qu'ils aient appelé l'âme, le Soi, l'Aimé, l'Unique, Dieu ou le Christ. Les mystiques flagellaient le corps qu'ils maltraitaient par le jeûne et des disciplines excessives ; ils diminuaient ainsi l'appel des appétits charnels. Ils avaient une intense dévotion pour l'Aimé et un ardent désir de Vision. Après des années de travail ardu, ils trouvaient ce qu'ils cherchaient et s'unissaient à l'Aimé.

Ceux qui font partie du deuxième groupe utilisent la raison et pratiquent la maîtrise du mental ainsi que la maîtrise émotionnelle et physique. L'acuité de leurs recherches leur ont fait trouver la réalité et ils parviennent à une profonde conscience du plan éternel et à l'union avec l'Ame Universelle.

Les deux groupes témoignent que l'âme existe, mais leur témoignage, étant donné leurs méthodes, est partial. L'un est trop visionnaire, mystique et émotif, l'autre, trop intellectuel, trop académique et trop porté à la construction de formes. Maintenant que les connaissances sont largement diffusées et que livres, conférences et voyages créent d'étroites relations, le temps est venu où une fusion est possible pour la première fois. Selon les conclusions auxquelles sont parvenus, dans le passé, les philosophes et les saints, nous devrions être capables de mettre sur pied un système et une méthode qui, de nos jours et pour notre génération, seraient le moyen de parvenir à une réalisation spirituelle.

Un certain nombre de mesures peuvent être prises, que l'on peut résumer ainsi :

a.
Traitement intelligent du corps physique selon les connaissances de l'Occident, particulièrement en ce qui concerne la médecine préventive et l'hygiène générale du système endocrinien.
b.
Compréhension et application intelligentes des données fondamentales de la psychologie moderne et d'une saine psychanalyse ; ce qui permettrait de parvenir à la connaissance du mécanisme mental, émotionnel et physique par lequel l'âme cherche à s'exprimer.
c.
Reconnaissance du fait que le corps physique est un automate qui répond aux désirs et à la nature émotive et se trouve sous leur domination, et que, de même, ces états émotionnels de conscience (qui vont de l'amour de la nourriture à l'amour de Dieu) peuvent être placés sous la domination du mental et de la raison.
d.
Il en sortira une étude des lois du mental et ainsi les relations entre le mental et le cerveau pourront être comprises et utilisées.

Lorsque ces quatre points seront compris et qu'ils produiront leur effet sur la personnalité de l'homme, nous aurons un organisme intégré et coordonné. Cette structure sera prête à être dirigée par l'âme. Il faut bien comprendre que les stades décrits plus haut doivent être poursuivis simultanément et non l'un après l'autre. Il est évident qu'une parfaite compréhension de l'âme et du monde que celle-ci révèle n'est possible qu'à celui qui a l'équipement indiqué. Le sens du divin, la compréhension du vrai et du beau et la vision mystique sont toujours possibles à ceux dont le centre du cœur est éveillé.

De tels hommes ont toujours existé au cours des siècles ; ils sentent, perçoivent, aiment et adorent, mais le lien entre l'âme, le mental et le cerveau manque. Lorsqu'à cet équipement mystique s'ajoute l'intellect, alors le centre de la tête s'éveille, la glande pinéale n'est plus un organe atrophié, mais le siège de l'âme et de la volonté spirituelle directrice.

 

Lorsque ces deux centres sont éveillés, il en résulte les grandes personnalités spirituelles qui travaillent d'un cœur et d'un cerveau consacrés et laissent leur empreinte sur la pensée mondiale. Jusqu'à présent, la majorité des hommes a suivi le chemin du mysticisme et peu d'hommes ont choisi le chemin de l'intellect. Toutefois l'homme a atteint un point où, basant ses hypothèses sur les expériences mystiques, il peut passer du sentiment et de l'adoration à la connaissance, et de l'amour de Dieu à la connaissance de Dieu. 

Ce sera le cas lorsque la sagesse de l'Orient s'unira à la connaissance de l'Occident et que la technique de la science de l'âme sera appliquée par les intellectuels de l'Occident. Il n'est pas possible de s'étendre sur cette technique, mais on peut brièvement décrire ses huit stades ; ce sont :

1.
Maîtrise dans nos rapports avec les autres, ce qui se résume par le mot innocuité, définie en Orient par les cinq Commandements : innocuité, honnêteté, abstention du vol, de l'incontinence et de l'avarice.
2.
Pureté de vie selon les cinq Règles : purification intérieure et extérieure, contentement, aspiration ardente, lecture spirituelle et dévotion à Ishvara (le Soi divin).
3.
Equilibre.
4.
Juste maîtrise de la force de vie, d'une action directe de l'âme sur le corps éthérique. Ce contrôle de l'énergie et, par conséquent, des centres et du corps physique n'est possible que lorsque l'homme est parvenu à la pureté et à l'équilibre. Il ne peut connaître les lois qui gouvernent l'énergie tant qu'il n'a pas appris, par la discipline, la maîtrise sur la nature animale, et tant qu'il n'a pas atteint un point où il n'est plus influencé par l'humeur et l'égoïsme.
5.
Abstraction, pouvoir de centrer la conscience dans la tête et d'agir là comme âme, ou de retirer la conscience du monde objectif tangible et de la tourner à l'intérieur.
6.
Attention ou concentration. Il s'agit d'une existence consacrée et implique que les activités mentales prennent la place des émotions. Ainsi l'homme émotionnel et l'homme physique sont sous la direction du mental.
7.
Méditation qui est attention ou concentration prolongée ; elle donne le pouvoir de concentrer le mental sur l'âme et sur ce qui la concerne. Il en résulte des changements radicaux dans l'organisme et ainsi se trouve confirmé l'axiome suivant lequel "l'homme est tel que sont ses pensées".

8.
Contemplation, action par laquelle l'âme, sur son propre plan, prend contact avec les énergies du cinquième règne, le règne spirituel. Suit le déversement, dans le cerveau, de la connaissance et de l'énergie de l'âme, par l'intermédiaire du mental maîtrisé.
Cette activité de l'âme produit ce qui est appelé illumination ; elle dote l'homme tout entier de force vitale et imprime aux centres un rythme et une progression justes.
Cette énergie spirituelle consciemment dirigée, qui agit à travers le corps vital et les centres, doit, dit-on, amener l'homme physique et le système endocrinien à un parfait état de santé et offrir ainsi un appareil parfait pour l'expression de l'âme. Ainsi donc, il nous est enseigné que l'homme peut parvenir à une connaissance précise de l'âme et à la possibilité de se connaître soi-même comme "Etre profond", capable d'utiliser son mécanisme dans un but déterminé et, par conséquent, de vivre comme âme.

L'étude de la vie des grands mystiques, des saints et des adeptes des deux hémisphères fera connaître les phénomènes qui résultent de l'application de la méthode ci-dessus, après avoir éliminé une grande partie de ce qui peut être considéré comme de nature hallucinatoire et psychopathique. Formes de clairvoyance, de prévision, de télépathie, de clairaudience et de psychométrie sont fréquentes. Il faut cependant se souvenir que tous ces pouvoirs ont leurs manifestations spirituelles et aussi leurs aspects inférieurs. A.E. Powell écrit :

"Il y a deux catégories de clairvoyance, l'inférieure et la supérieure. La forme inférieure apparaît sporadiquement chez les êtres peu cultivés, tels que les populations sauvages d'Afrique centrale ; elle est une espèce de sensation complexe perçue par le corps éthérique plutôt qu'une perception sensible et précise communiquée par un organe déterminé. Pratiquement, cette sensation échappe au contrôle de l'homme. Le double éthérique étant en rapport très étroit avec le système nerveux, toute action de l'un réagit sur l'autre. Dans la forme de clairvoyance inférieure, les désordres nerveux correspondants se produisent presque exclusivement dans le système sympathique.

Dans les races plus évoluées, cette vague sensibilité disparaît généralement au fur et à mesure que les facultés mentales se développent. Plus tard, lorsque l'homme spirituel commence à se développer, il retrouve le pouvoir de clairvoyance, mais, cette fois, cette faculté est exacte et précise, placée sous le contrôle de la volonté et exercée au moyen d'un organe des sens. Toute activité nerveuse ainsi provoquée se passe exclusivement dans le système cérébro-spinal.

Les formes de psychisme inférieur se rencontrent chez les animaux et les gens inintelligents. Le psychisme de forme hystérique et mal contrôlé est dû au manque de développement du cerveau et à la prédominance du système sympathique ; les grandes cellules ganglionnaires nucléées de ce système contiennent une très grande proportion de matière éthérique facilement influencée par les vibrations grossières astrales."

On a souvent observé que les chats et les chiens ainsi que les êtres humains peu évolués peuvent fréquemment voir et entendre ce qu'un individu plus intelligent ne perçoit pas. Cette faculté est inconsciente et celui qui la possède est souvent victime d'hallucinations. Les saints et les prophètes voient et entendent, mais leurs pouvoirs sont utilisés à volonté et demeurent sous leur contrôle. Il y a un vaste champ de recherche pour les psychologues. Lorsque sera admise l'existence des centres et du corps éthérique, une vraie connaissance se fera jour.

Ceux qui professent la science orientale de l'âme disent que l'éveil des divers centres révèle des états de matière plus subtile que la matière physique. L'homme spirituel, cependant, est surtout intéressé par les centres se trouvant au-dessus du diaphragme, car ils confèrent les pouvoirs de perception spirituelle, de juste compréhension de leurs semblables, si bien que, comme le Christ, il sait ce qu'il y a en l'homme et il sait pourquoi il est ce qu'il est et agit comme il le fait. La force d'inspiration, pouvoir le plus élevé de tous les pouvoirs, se manifeste dans le travail créateur par l'intermédiaire du centre de la gorge et, dans les entreprises humanitaires, par l'intermédiaire du centre du cœur.

Ces instructeurs d'Orient disent aussi que la force des centres au-dessous du diaphragme est transférée aux centres au-dessus du diaphragme. Grâce à l'évolution et à la méditation, l'homme est capable de fonctionner consciemment au moyen de ses trois centres – tête, cœur et gorge – laissant les centres inférieurs – base de l'épine dorsale, centre sacré et plexus solaire – accomplir leurs fonctions normales qui consistent à vivifier automatiquement le corps, de manière que l'appareil digestif, le système de reproduction et certains aspects du mécanisme nerveux puissent poursuivre leur tâche. Selon cette théorie, la plupart des gens vivent "au-dessous du diaphragme" et la force de vie est concentrée dans la vie purement sensorielle et animale. La vie sexuelle et la vie émotionnelle dominent et toutes les forces qui entrent et sortent du centre sacré et du plexus solaire servent à stimuler certains processus physiologiques et de psychisme inférieur. L'homme, toutefois, évolue et la direction prise par ces forces change. Nous avons vu que la force est double, étant d'une part force de vie, et d'autre part force de l'âme, l'une s'exprimant par le sang et l'autre par le système nerveux. L'aspect force de vie poursuit sa fonction qui est de vivifier les organes et la structure du corps, mais la force de l'âme, jusqu'à présent en sommeil, commence à se tourner vers le haut. Du centre au bas de la colonne vertébrale, elle est transportée vers la tête par la voie du canal spinal ; elle passe par chacun des centres l'un après l'autre, recueillant chaque fois davantage d'énergie de l'âme.

Les effets psychologiques de ce transfert de conscience sont intéressants. Lorsque l'âme est "sur le trône" – ainsi que l'expriment les textes scientifiques orientaux – dans la tête, elle attire à elle, par la force de son magnétisme, la force latente qui se trouve à la base de l'épine dorsale.
Ainsi se produit la fusion totale de l'énergie spirituelle et de la force de la matière, grâce à l'énergie attractive de l'âme, C'est ce qui est appelé l'éveil du pouvoir de Kundalini. C'est par le magnétisme de l'âme qui domine qu'il faut procéder à cet éveil et non pas en méditant sur un centre ou en agissant de manière consciente sur la force de la matière.

L'énergie de l'âme du centre sacré doit être amenée au centre le plus élevé, celui de la gorge. L'accent sera mis alors sur un travail créateur entrepris pour le bien du groupe et non sur la vie sexuelle de la personne concernée.

L'énergie doit aussi être transférée au cœur ; alors la conscience n'est plus égocentrique, ni égoïste ; l'homme devient conscient du groupe, et son attitude à l'égard des autres et de la vie devient plus inclusive. Non plus exclusif et antagoniste, il sait et il comprend. Il éprouve de la pitié, il aime et sert. Quand seront compris les rapports entre les centres, et entre les centres et les glandes, de vastes recherches pourront être entreprises. Les résultats physiologiques et psychiques obtenus justifieront une étude attentive.

Une autre affirmation des étudiants de la Sagesse Eternelle est aussi intéressante. Quand un homme atteint un degré d'évolution assez élevé, le centre de la gorge entre en activité et l'homme commence à participer aux affaires du monde ; il exerce une activité déterminée dans l'un des domaines de l'activité mondiale. Sa personnalité est alors organisée et il a atteint la maturité. Les psychologues affirment que le corps pituitaire est le siège des aspects émotionnels et mentaux ; dans l'un des lobes, le mental rationnel, dans l'autre les facultés imaginatives et émotionnelles et le pouvoir de visualiser. Chez l'homme doté du pouvoir créateur et, par conséquent, ayant une personnalité développée, les deux lobes du corps pituitaire peuvent accomplir leur tâche ; c'est d'eux qu'on peut déduire les conditions de l'aspect matériel, c'est à dire du mécanisme par lequel l'âme se meut et s'exprime. Cette glande est reliée au centre entre les sourcils, négatif par rapport au centre de la tête, lequel répond à l'énergie de l'âme.
Lorsque, grâce à la technique indiquée, l'âme établit sa maîtrise, vivifie le centre de la tête et fait passer la glande pinéale de son état d'atrophie à un état de fonctionnement – comme aux temps de l'enfance – l'aspect positif commence à se manifester. Des [20@142] rapports s'établissent entre, d'une part, le centre négatif et sa contrepartie, le corps pituitaire et, d'autre part, entre le centre positif et sa contrepartie, la glande pinéale. On affirme que, avec le temps, un champ magnétique s'établit où l'âme naît dans la conscience de l'homme. C'est la naissance du Christ dans la Maison de Dieu, la venue de l'homme réel à la vie ; sur le plan physique, les organes sexuels et leur faculté de reproduction en sont les symboles extérieurs et concrets. Les perversions de la magie sexuelle si répandues sont une déformation de cette véritable union ou fusion spirituelle entre les deux centres d'énergie de la tête qui, à leur tour, symbolisent les rapports entre l'âme et le corps. La magie sexuelle relègue le processus à l'activité des centres au-dessous du diaphragme et aux rapports entre deux personnes sur le plan physique. Le véritable processus se poursuit dans la nature même de l'homme, concentré dans la tête ; les rapports s'établissent entre âme et corps et non entre homme et femme.

La relation entre les deux centres de la tête et leurs glandes correspondantes provoque l'apparition d'une brillante lumière. Les Ecritures du monde entier apportent à ce sujet beaucoup de témoignages, telle la recommandation du Christ à ceux qui le suivaient : "laissez briller votre lumière". Il y a de nombreux exemples dans la vie des mystiques qui, encore et toujours, apportent dans leurs écrits le témoignage de leur vision de cette lumière. J'écrivis un jour à un certain nombre d'étudiants (qui méditaient depuis des années) leur demandant si leur travail les avait amenés à constater certains phénomènes intéressants.
Cette lettre ne fut pas envoyée à des névrosés ou à des visionnaires, mais à des hommes et à des femmes qui avaient une position importante dans les affaires, qui avaient fait une belle carrière dans les milieux artistiques et littéraires. Soixante-cinq pour cent certifièrent avoir vu une lumière dans la tête. Etaient-ils hallucinés, victimes de leur imagination ? Qu'avaient-ils vu et continuaient à voir ?

Il y a là un vaste champ de recherches. Elles aboutiraient sans doute à ce fait fondamental reconnu par la science, selon lequel la lumière est matière et la matière est lumière. Quand l'âme est active et que l'homme parvient à une union consciente avec elle, il peut alors, en raison de la superstimulation ainsi causée, devenir conscient de la lumière du corps éthérique à son point de contact avec le corps physique, le centre de la tête.

Le professeur Bazzoni écrit :

"Toutes les formes de matière sur terre sont composées de 92 sortes d'atomes groupés en molécules ; ensemble, par millions, ils forment tous les corps que nous voyons autour de nous, y compris nos propres corps. Stimulé de certaines façons bien connues de la science, chacun de ces types d'atome peut être amené à produire de la lumière, généralement une lumière colorée ; la nature de cette lumière est, pour chacun des 92 atomes, caractéristique." (Bazzoni, C.B., Kernels of the Universe.)

Si l'on accepte l'hypothèse du corps éthérique, notre problème est-il plus clair ? Le halo autour de la tête des saints et des êtres divins de la peinture ancienne des deux hémisphères n'indique-t-il pas que les artistes savaient qu'ils représentaient des êtres illuminés aussi bien physiquement que spirituellement ? Il faudrait étudier cet argument, l'admettre ou le rejeter. La possibilité d'unifier les deux grandes écoles de pensée qui cherchent à expliquer l'homme selon la science occidentale et selon la philosophie orientale basée sur la domination de l'âme est donc de caractère expérimental. Si on est prêt à accepter, avec un esprit ouvert, ce que l'Occident considère comme hypothétique, que peut-on faire de pratique pour prouver ou rejeter les arguments présentés dans cet ouvrage ?

Maeterlinck cite Herbert Spencer :

"Rien ne peut mieux nous faire pleinement saisir la grandeur de ce que nous cherchons vainement à comprendre que de formuler perpétuellement des idées qui exigent un effort de toutes nos facultés, et de découvrir que ces idées doivent être abandonnées, car elles ne sont que le fruit d'une vaine imagination (...).
Chercher continuellement à connaître et échouer continuellement avec une grandissante conviction que cette connaissance est impossible, maintient vive la
conscience que c'est à la fois la plus haute sagesse et le devoir le plus bien sacré que de considérer comme Inconnaissable ce par quoi toute chose existe." ( Maeterlinck M., The Light beyond.)

Ne serait-il pas possible d'éclairer un peu notre vision et, "approfondissant notre conviction" de parvenir à une meilleure compréhension des formes et des aspects qui voilent cette Réalité essentielle inconnaissable dans le corps de laquelle "nous avons la vie, le mouvement et l'être" ?

En admettant que ce que nous voyons, soit la famille humaine, soit les formes avec lesquelles nous entrons en contact dans le royaume de l'âme, fait partie du monde des phénomènes, on pourrait finalement démontrer que, progressivement, les formes (s'élevant sur l'échelle de la vie) peuvent nous révéler de nouvelles vérités sur la Vie essentielle. Le mécanisme se développant et se erfectionnant, notre conception de la divinité peut faire de même.

Edward Carpenter exprime ainsi cette idée :

"Dans la conclusion de son ouvrage The Golden Bough, le Dr Frazer prend congé de ses lecteurs en ces termes :
"Les lois de la nature ne sont que des hypothèses pour expliquer la fantasmagorie de pensée toujours changeante que nous honorons en lui donnant les noms magnifiques de Monde et d'Univers. Magie, religion et science ne sont que des théories (de pensée) ; de même que la science a supplanté ce qui la précède, elle peut, par la suite, se voir remplacée par une hypothèse encore plus parfaite, peut-être par une façon différente de considérer les phénomènes, d'enregistrer les ombres sur l'écran, dont notre génération n'a aucune idée.
Je pense que le Dr Frazer a raison de croire qu'un jour on pourra adopter une manière de considérer les phénomènes différente de celle de la science. Mais je
pense que le changement viendra non pas tant du fait de la croissance de la science elle-même, de ses hypothèses, mais plutôt du fait de la croissance et de l'extension du cœur humain et du changement de sa psychologie et de ses pouvoirs de perception." (Carpenter E., Pagan and Christian Creeds ; their Origin and Meaning.)

Maeterlinck résume succinctement le tout :

"Il nous appartient donc de nous débarrasser des conceptions qui proviennent de notre corps, de même que les brumes qui voilent la lumière du jour à nos regards ne proviennent que des terres basses. Pascal a dit :
Les limites étroites de notre être nous cachent l'infini."

Il faudrait avancer des suggestions pratiques pour prouver que le surnaturel n'existe pas (si toutefois on peut lui donner ce terme) et que les états subjectifs dont les mystiques et les voyants certifient l'existence ne sont que des manifestations de force et de pouvoirs naturels. L'homme n'est pas encore parvenu à reconnaître et à maîtriser ces pouvoirs, de même qu'il n'est pas parvenu à reconnaître l'existence des forces qu'il est capable, actuellement, de comprendre et d'utiliser dans une certaine mesure et qui sont la gloire de notre civilisation actuelle. Prouvons donc que l'un des pouvoirs de l'âme est un fait naturel et que la porte d'un monde nouveau va s'ouvrir pour l'humanité. Leary expose ainsi le problème :

"On pense que certaines personnalités ont des aspects ou des traits de caractère que n'explique pas l'activité de la structure physique. C'est un point important qui ne peut être qualifié de simple superstition ; la chose est trop répandue, trop chargée d'émotion, connue de trop de gens, y compris de certains psychologues, pour être simplement ignorée. Il est nécessaire de répéter une fois encore que si de telles caractéristiques existent, spirituelles ou autres, non considérées comme basées sur une structure physique, la reconnaissance de la plus petite, de la plus insignifiante de ces caractéristiques fera rejeter tout le domaine de la science, car si on veut que le déterminisme soit authentique, il faut qu'il le soit entièrement".

En premier lieu, il devrait être possible de trouver un laboratoire où puissent être démontrées ou rejetées les affirmations de ceux qui étudient la philosophie orientale en ce qui concerne l'âme et son pouvoir vivifiant.
Les phénomènes relatifs à la mort devraient être étudiés en tant qu'effet du retrait de l'âme. Bien entendu, on s'est penché sur le rayonnement du corps humain, mais les recherches relatives à la colonne vertébrale et touchant les centres, constituent un champ d'activité encore nouveau, bien que le Dr Baraduc, de la Sorbonne, ait fait un travail intéressant à ce sujet, il y a quarante-cinq ans ; son livre, L'Ame vitale, fait réfléchir et contient des suggestions de valeur qu'il faudrait cependant appuyer sur des faits.

Tout ce qui a trait au corps vital et à ses effets sur le système nerveux et glandulaire est un immense champ d'étude. La relation entre le corps éthérique de l'homme, non seulement avec le système nerveux, mais aussi avec le corps éthérique planétaire ou éther dans lequel, comme organisme, il a sa place, est un domaine d'activité inexploré. En deuxième lieu, il devrait être possible de recueillir les témoignages qui se rapportent à l'existence et à la nature de la lumière dans la tête dont tant de gens ont affirmé l'existence.

Les récentes et spectaculaires expériences de télépathie sont dans la bonne direction, mais la technique à appliquer à la télépathie est à ses débuts. De nombreuses et importantes révélations seront obtenues quand sera établie nettement la distinction entre la communication de mental à mental – télépathie mentale – et celle beaucoup plus rare d'âme à âme et d'âme à cerveau. Cette dernière est l'inspiration. C'est d'elle que viennent les Ecritures et les soi-disant ouvrages "inspirés" ; c'est elle qui a guidé les processus mentaux des grands inventeurs, des savants, des poètes et des artistes.

De même que la radio et la lumière, la télépathie et l'inspiration dépendent du corps éthérique de l'individu et de ses rapports avec l'éther universel. Elles témoignent de l'existence du monde spirituel subtil et de l'âme.

Dans son livre The New Reformation, Pupin écrit :

"Le pouvoir créateur de l'âme est notre seul guide pour tenter de déchiffrer la signification de cette substance qui dépasse la matière. Il nous permet d'utiliser sûrement la comparaison entre l'âme d'un homme et celle d'un autre homme et l'âme des animaux inférieurs. Cette comparaison ressemble, dans une certaine mesure, aux méthodes scientifiques de mesures quantitatives et elle existe depuis les débuts de l'humanité. Le processus de cette recherche équivaut, de bien des façons, à la méthode de recherche scientifique basée sur l'observation, l'expérience et le calcul ; son défaut de précision est compensé par le très grand nombre de tentatives et d'erreurs s'étendant sur des siècles de mesures qualitatives et de soigneuses comparaisons. Le résultat fut le verdict universel reconnaissant que l'âme humaine est supérieure à l'âme animale et que cette différence est infiniment plus grande que celle qui existe entre leur structure physique. La comparaison fait aussi apparaître, dans cette différence, un élément qui dépasse toutes les autres différences, et c'est l'élément spirituel.
Le pouvoir créateur de l'âme humaine a créé un nouveau monde dans la conscience humaine, le monde spirituel."

Parmi les autres possibilités de recherche, il y a aussi le travail du Dr Kilner sur l'aura humaine (The Human Atmosphere). Les pouvoirs surhumains sont encore l'objet d'autres recherches et ont été bien résumés dans un article publié par un journal australien, The Federal Independent.

En voici deux extraits :

"De récentes études d'un savant sur la théorie de la relativité d'Einstein ont jeté une nouvelle lumière sur le récit du Christ marchant sur les eaux. A la suite de ses recherches, le professeur H.H. Sheldon affirme que le récit biblique, dont les sceptiques se moquent depuis si longtemps, peut être expliqué selon des lois scientifiques. Les esprits les plus sceptiques peuvent accepter ce miracle dès qu'ils reconnaissent que les lois fondamentales de la mécanique relativiste et celles de l'électricité peuvent être ramenées à une seule formule et que le pouvoir de l'électromagnétisme peut influencer et dominer totalement la gravitation. Selon les récentes théories mathématiques d'Einstein, il n'existe qu'une substance et une seule loi universelle ayant des composants électriques et gravitationnels réunis en une seule formule et s'influençant les uns les autres. En vertu de cette découverte, le Dr Sheldon pense qu'il sera possible d'entreprendre des recherches sur la possibilité, par exemple, de faire voler les avions sans moteur ni autre moyen mécanique, ou de sortir d'une fenêtre et passer dans l'air sans crainte de tomber. S'il est prouvé que l'électricité et la gravitation ne forment qu'une seule et même chose, nous pourrions en fait nous isoler de la force gravitationnelle. A l'appui de ces possibilités apparemment incroyables, il montrait comment une barre de permalloy, généralement sensible au magnétisme, reste suspendue grâce, semble-t-il, à l'air seul si on place un aimant au-dessous.

D'après la théorie d'Einstein, il se peut donc que le Christ n'ait pas été soumis aux lois ordinaires de la gravitation, lesquelles l'auraient fait couler dès que ses pieds touchèrent la mer, et que cela était dû à la quantité prodigieuse d'électromagnétisme accumulée dans son propre corps, et à la force vitale émanant de sa personnalité. Tous les tableaux le montrent avec un halo sur la tête, halo considéré comme le fruit d'une trop grande imagination de ses disciples. Toutefois, au cours des dernières années, tant la science que de nombreux étudiants des phénomènes psychiques, ont démontré par des expériences, que chaque être humain a une aura très semblable à la luminosité produite par une puissante machine électrique.

Une telle démonstration prouve que la science franchit rapidement la ligne de séparation entre ce qui est matériel et ce qui est spirituel. Quand nous comprendrons que la connaissance des lois supérieures peut vaincre la résistance des lois inférieures, nous entrerons dans notre véritable héritage spirituel."

Nous attendons avec confiance l'aube du jour où la religion sera fondée sur une base scientifique et les vérités attestées au cours des siècles démontrées et prouvées. M. Pupin écrit :

"Les réalités spirituelles de Dieu sont invisibles, mais elles sont illustrées et rendues compréhensibles par les réalités physiques. Selon l'interprétation donnée aux paroles de l'apôtre, les réalités physiques et spirituelles se complètent mutuellement. Ce sont deux pôles opposés d'une même réalité ; l'une réside dans l'âme humaine, l'autre dans les choses extérieures. C'est là une des raisons fondamentales pour lesquelles la Science et la Religion se complètent mutuellement. Ce sont les deux piliers de la porte par laquelle l'âme humaine entre dans le monde divin." (Pupin Michael, The New Reformation.)

Alors naîtra une nouvelle race ayant de nouvelles capacités, de nouveaux idéaux, une nouvelle conception de Dieu et de la matière, de la vie et de l'esprit. Dans l'humanité future, non seulement le mécanisme et la structure seront visibles, mais l'âme, entité qui s'en sert pour manifester sa propre nature qui est amour-sagesse et intelligence.

La science a même reconnu cette ultime possibilité ; elle a noté que la tendance du processus évolutif favorise une adaptation plus parfaite entre forme et vie. Un dessein s'élabore à travers toute la création et une volonté se manifeste vers la perfection. Ce dessein et cette volonté seront dirigés par l'amour et la sagesse. Ces deux énergies – dessein de l'esprit et force d'attraction de l'âme – sont appliquées d'une manière intelligente au perfectionnement de la matière. L'esprit, l'âme et le corps – triplicité divine – se manifestent dans le monde, le guidant vers la consommation que toutes les Ecritures du monde entier nous dépeignent avec un luxe de couleurs et de formes. La vision qu'a eue Browning de cette vérité et la manière dont il l'exprime résument les résultats de notre étude et en sont une juste conclusion.
"(...) et Dieu renouvelle
Son ancienne extase. Ainsi Il réside en toute chose,
Depuis les minuscules commencements de la vie, jusque, enfin
L'homme, la consommation de ce schéma de l'Etre,
L'achèvement de cette sphère
De vie, dont les attributs, çà et là
Ont été dispersés jadis dans tout le monde physique,
Aspirant à être amalgamés, ternes fragments destinés
A être réunis en un tout magnifique,
Qualités imparfaites dans toute la création,
Suggérant qu'il reste à faire une créature unique,
Un certain point où convergeraient tous les rayons dispersés
Formant ainsi les facultés de l'homme...
Lorsque toute la race aura atteint la même perfection,
En tant qu'homme, bien sûr ; tout visait à l'humanité,
Et une fois l'homme produit, tout aura atteint sa fin
Mais en l'homme ainsi terminé commence de nouveau
Une tendance vers Dieu. On a prédit
Que l'approche de l'homme va se faire ; et ainsi, dans le soi de l'homme
D'augustes anticipations se produisent, des symboles, des sortes
De vagues splendeurs que toujours
En un cycle éternel la vie poursuit.
Car les hommes commencent à sortir des limites de leur nature
Et à trouver de nouvelles espérances et de nouveaux buts qui rapidement
Remplacent leurs joies et leurs chagrins ; ils deviennent trop grands
Pour d'étroites croyances du juste et de l'injuste qui disparaissent
Devant une soif illimitée du bien ; tandis que la paix
Monte en eux de plus en plus,
Ces hommes sont déjà, sur terre
Sereins parmi les créatures à demi-formées qui les entourent."

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