LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

FORMES FONDAMENTALES

 

 

 

FORMES FONDAMENTALES

 

La simplicité de cette règle est telle qu'en peu de mots le processus de l'évolution créative est résumé. Sur le plan mental, une idée prend forme et, sur le plan du désir, l'énergie émotive pénètre cette forme. Selon le processus évolutif, la forme croît.

Par la juste direction donnée à la forme et son orientation correcte, le but du penseur s'accomplit.

Toute la vie est vibration et le résultat de la vibration est la forme dense ou subtile ; elle devient de plus en plus subtile à mesure que l'on s'élève. Plus a vie progresse, plus l'intensité de vibration se modifie et, dans ce changement de vibration, réside le secret de la destruction et de la construction des formes.

Les formes sont de quatre sortes dans cette ère de la quatrième ronde :

1.
La forme de la personnalité, véhicule de la matière physique, astrale et mentale, et instrument de contact dans les trois mondes. Elle est reconstruite dans chaque vie et la note dominante de la vibration est le résultat de la précédente incarnation. Chez l'homme commun, la forme reste la même jusqu'à la mort. L'homme qui entre sur le sentier occulte modifie ses véhicules à mesure qu'il avance ; il les améliore durant son incarnation et, plus il progresse, plus il travaille consciemment à ce changement. D'où l'agitation continuelle et la mauvaise santé fréquente du débutant sur le sentier occulte. Il devient conscient de la loi et de la nécessité d'élever le ton de ses vibrations ; souvent il commence par des fautes. Il commence à reconstruire son corps physique par le régime et la discipline au lieu d'agir de l'intérieur vers l'extérieur. La discipline stricte du mental, la manipulation de la matière mentale et la transmutation des émotions produisent des changements sur le plan physique. Si vous ajoutez la pureté de la nourriture et du genre de vie, en sept ans, vous aurez construit trois corps neufs autour des atomes permanents.

2.
La forme du milieu. C'est en réalité l'expression de l'évolution de l'âme de groupe involutive. Elle se rapporte à nos contacts non seulement extérieurs, mais aussi intérieurs. La cohérence vient de la ressemblance des vibrations. Quand un homme élève la fréquence de sa vibration et reconstruit de nouveau ses véhicules, naturellement le ton de la vibration change, ce qui produit une dissonance dans son milieu et souvent la discorde. Il est inévitable que – selon la loi – survienne une période de solitude et de tristesse pour celui qui aspire aux Mystères et à connaître et appliquer la loi. A un moindre degré, cela arrive à chacun ; cet isolement complet est la caractéristique de l'arhat, ou initié du quatrième degré. Le disciple se trouve à mi-chemin entre la vie dans les trois mondes et la vie dans le monde des adeptes.
Avant l'initiation, sa vibration ne se synchronise ni avec celle d'un groupe, ni avec celle d'un autre groupe. Selon la loi, il est seul, mais ce n'est que temporaire. Si le milieu est satisfaisant, ce n'est pas un bon signe ; c'est l'indice de stagnation dans le progrès spirituel.
L'application de la loi cause tout d'abord une rupture.

3.
La forme du dévot. Par ces mots, j'entends exprimer une idée abstraite.
Chacun, quel que soit son degré d'évolution, a sa dévotion qui est sa raison de vivre et à laquelle – par ignorance, connaissance ou sagesse – il applique autant de la loi qu'il peut en saisir. Cette dévotion peut être purement physique, tournée vers le désir de la chair, la soif d'or ou de biens concrets. Le dévot emploie toute sa force à la recherche de la satisfaction de cette forme concrète et, ainsi, il apprend. Son but peut être purement émotif : amour pour sa femme, son enfant, sa famille, ou orgueil de race, ou désir d'être aimé. Il y voue toute son énergie et se sert du corps physique pour satisfaire au désir du corps astral.
La forme de la dévotion peut être supérieure : amour de l'art, de la science, de la philosophie, de la religion. Il y consacre son énergie physique, astrale et mentale, mais la forme demeure celle de la dévotion. Toujours la vibration s'élève vers le but, l'atteint, le dépasse, puis se désintègre. La douleur accompagne toute destruction de la forme et tout changement de ton de la vibration. Pendant des milliers d'années, de nombreuses vies se succèdent avec des vibrations inférieures. Au fur et à mesure de l'évolution, le développement devient plus rapide, l'intensité des vibrations change de vie en vie, tandis que, dans les premiers stades, le ton des vibrations pouvait rester le même pendant plusieurs vies. Le Sentier de probation de l'homme qui avance est couvert de formes brisées ; il passe par des cycles de durée toujours plus brève ; le ton change plusieurs fois dans une seule vie et l'intensité de vibration augmente. C'est pourquoi la vie de tous les aspirants, s'ils progressent selon la rapidité voulue, est en constant mouvement ; elle change et varie constamment, se construit et se détruit ; des plans sont échafaudés qui ensuite s'effondrent. C'est une vie de souffrance incessante, de heurts avec le milieu, d'amitiés qui se nouent et se dénouent, de transformations continues et, par conséquent, de souffrance. Les idéals sont transcendés afin d'être des stations sur le chemin d'idéals plus grands ; les visions perçues sont remplacées par d'autres, les rêves conçus se réalisent pour être abandonnés ; les amis sont aimés puis laissés en arrière sur le sentier où ils suivent lentement et avec effort les pas de l'aspirant qui avance avec un rythme rapide. Pendant ce temps, la quatrième forme se construit.

4.
La forme du corps causal. C'est le véhicule de la conscience supérieure, le temple de Dieu en l'homme, temple d'une beauté si rare et d'une telle stabilité, qu'au moment de la destruction de ce chef-d’œuvre de beaucoup de vies, la coupe à vider est vraiment amère et l'unité de conscience est désolée. Dès lors, conscient seulement de l'Esprit divin inné, de la Vérité de Dieu, réalisant jusqu'au fond de son être la nature éphémère de la forme et de toutes les formes, seul dans le tourbillon des rites initiatiques, privé de tout appui (ami, Maître, doctrine, milieu) l'initié peut s'écrier : "Je suis Celui qui suis et rien d'autre n'est". Il peut alors (au figuré) mettre sa main dans celle de son Père qui est dans les cieux et, de l'autre main, bénir le monde des hommes, car seules les mains qui ont laissé tomber tout ce qu'il y a dans les trois mondes sont libres de donner une ultime bénédiction à l'humanité qui souffre. Alors, l'initié se construit une forme à sa convenance, une forme nouvelle, non plus sujette à la destruction, mais adéquate à ses besoins, qu'il peut utiliser ou mettre de côté selon les circonstances.

Maintenant, il est nécessaire de réfléchir sur le sujet de la forme, car, à l'apparition d'un nouveau rayon et au commencement d'une nouvelle ère, survient toujours une période de très grands bouleversements avant l'adaptation des formes à la nouvelle vibration. Cette adaptation se fera, chez ceux qui ont cultivé l'adaptabilité et la souplesse et dont la personnalité est sur le nouveau rayon, avec moins de destruction que chez ceux qui ont un esprit cristallisé.

Aujourd'hui spécialement, il s'agit d'acquérir la souplesse et l'adaptabilité de la forme, car lors de la venue de Celui que nous adorons tous, croyez-vous que sa vibration ne causera pas de destruction où il y a cristallisation ? Il en fut ainsi autrefois et il en sera ainsi de nouveau.

Cultivez la juste réaction aux vibrations des Grands Etres, visez à l'expansion mentale et apprenez sans cesse. Réfléchissez autant que possible en termes abstraits ou numériques ; aimez toutes les créatures, travaillez pour obtenir la plasticité du corps astral. L'amour pour tout ce qui respire conduit à la capacité de vibrer avec tout l'univers et la souplesse astrale conduit à réagir à la vibration du Grand Seigneur.

Ce processus de la construction des formes est également vrai pour Dieu et son œuvre créatrice cosmique ; pour l'âme qui construit son instrument d'expression, soit inconsciemment dans les premiers stades, soit consciemment plus tard. Il est vrai pour le disciple qui cherche à exprimer sa compréhension du travail, par le [4@266] moyen du groupe et de la réorganisation de sa vie ; il est vrai pour l'homme ayant atteint la perfection et qui apprend, par l'expérience, à concentrer ses forces sur le plan mental afin d'atteindre son but en produisant les formes-pensées qui façonnent le mental des hommes et incarnent l'aspect du Mental Universel nécessaire à la réalisation d'une fraction du Plan que requièrent son époque et sa génération.

Ces diverses applications de la règle pourraient être développées ; l'essentiel toutefois est de garder notre problème présent à l'esprit. Nous sommes des âmes conscientes ou en voie de le devenir. Par la pratique de la méditation et l'application à l'étude, nous commençons à travailler sur le niveau mental. Nous créons continuellement des formes, leur insufflant de l'énergie et les envoyant accomplir leur mission selon notre dessein subjectif réalisé.

L'accent doit être mis sur le mot "réalisé". De la clarté de notre vision et de la profondeur de notre réalisation intérieure dépendra la création d'une forme adéquate et la force de vie qui lui permettra de remplir la fonction préétablie.

Jusqu'à présent, la majorité des aspirants ont été capables d'exprimer les résultats d'une pensée faible et limitée, même s'ils ont montré de la rapidité dans l'action. Maintenant leur but devrait être d'arriver à penser rapidement et avec concentration, mais à agir lentement, ce qui aura des résultats puissants ; il ne devrait y avoir ni vaine agitation, ni réaction à retardement, ni tendance à l'hésitation. L'attention du penseur étant concentrée sur le plan mental, le progrès de sa pensée sera sûr et immanquable. Quand l'idée est saisie clairement, l'attention bien concentrée et l'énergie (ou aspect vie) appliquée avec fermeté, le résultat sera apparent et l'action puissante sur le plan physique.

Il faut y penser si l'on veut éviter les dangers du sentier de la main gauche.
Je vous donne quelques renseignements, brièvement, pour que vous ayez une meilleure compréhension des mots "sentier de la main gauche", nous occupant pour le moment des formes-pensées créées par l'homme.

1.
Le sentier de la main gauche se rapporte à l'aspect matière ; la vie qui est dans la forme ne sert qu'à vitaliser les atomes de la substance. Il manque l'aspect amour qui provient de l'âme.
2.
La forme créée est constituée de matière mentale, astrale et physique.
Il manque la contribution de l'âme. Son dessein concerne le développement de la forme, non l'expression de l'âme.
3.
Le sentier de la main gauche est donc le sentier du progrès pour la substance ou la matière. Ce n'est pas le sentier du progrès pour l'âme.
C'est la "voie du Saint-Esprit" non la voie du Fils de Dieu. J'exprime cette vérité en termes aptes à établir clairement la distinction, tout en maintenant l'intégrité de la substance-matière et son Unité au sein de la Vie Une.
Toutes les formes créées, à chaque stade, appartiennent au sentier de la main gauche, ou elles le dépassent pour suivre le sentier de la main droite. Le sens de cette phrase est difficile à saisir. Il faut savoir que toutes les formes, qu'elles suivent le sentier de la main gauche ou celui de la main droite, sont les mêmes jusqu'à un certain point. Elles passent par les mêmes stades progressifs et, pendant une certaine période, elles apparaissent semblables. Ce n'est que lorsque le but auquel elles tendent devient évident que la distinction est claire.
C'est pourquoi il est nécessaire que l'aspirant s'exerce à connaître le juste motif de ses pensées et de ses actions comme préparation au vrai travail occulte.

A ce point, on pourrait me demander : Qu'entend-on par travail occulte ?

Le vrai travail occulte implique :

1.
La possibilité de prendre contact avec le Plan.
2.
Le désir juste de collaborer à l'accomplissement du Plan.
3.
Le travail de construction de formes-pensées et la concentration de l'attention de celui qui les crée sur le plan mental seulement. Celui-ci est de nature si puissante que les formes-pensées ainsi créées ont un cycle de vie propre et ne manquent jamais de se manifester et d'accomplir leur travail.
4.
La direction de la forme-pensée à partir du plan mental et l'attention concentrée uniquement sur cette entreprise particulière, sachant que la juste pensée et la juste orientation conduisent au juste fonctionnement et à la certitude de ne pas dévier vers le sentier de la main gauche.
C'est une leçon peu appréciée des aspirants qui font appel au désir émotif pour obtenir la manifestation d'une forme-pensée, d'une idée. Ils consacrent beaucoup de temps à suivre les méthodes traditionnelles de travail sur le plan physique. Ils se fatiguent en s'identifiant avec la forme qu'ils ont créée, au lieu d'en être détachés, agissant seulement en tant que force directive. Apprenez à travailler sur le Plan mental. Construisez là votre forme-pensée, vous souvenant que, sinon, vous serez prisonnier de la forme dont vous êtes le constructeur responsable et qu'elle peut vous dominer et vous obséder. La forme deviendra alors le facteur dominant et non le but pour lequel elle existe. Quand la forme domine, elle risque de prendre une mauvaise direction et de se tourner vers le sentier de la main gauche, augmentant ainsi le pouvoir de la matière et son influence sur les âmes sensibles.

Ajoutons encore que tout ce qui tend à accroître le pouvoir de la matière et de la forme-substance détermine la tendance vers le sentier de la main gauche et l'éloignement du Plan et du Dessein qu'il voile et cache.

Tout travail, toute forme-pensée qui se matérialisent en une organisation, une religion, une école philosophique, un livre ou quelque autre intérêt, qui expriment un idéal spirituel, ou qui mettent l'accent sur l'aspect Vie, entrent dans l'orbite de la magie blanche. Ils font partie du courant de vie que nous appelons le Sentier de la Main Droite, sentier qui conduit l'humanité hors de la forme vers la Vie, au-delà de la matière, vers la conscience.

Dans l'ashram d'un des Grands Etres, un disciple demandait, récemment, à son Maître de formuler cette vérité en termes qui permettent une constante réflexion. Le Maître répondit :

"Seuls les Fils des hommes connaissent la distinction entre la magie de la main droite et celle de la main gauche. Quand ils ont atteint leur but, ces deux voies disparaissent. Quand les Fils des hommes connaîtront la différence entre la substance et la matière, la leçon de l'ère présente sera apprise. D'autres leçons devront être apprises, mais celle-là sera dépassée. La matière et la substance constituent ensemble la voie des ténèbres. La substance et le dessein unis indiquent la voie de la lumière."