LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

1. Connaître

1. Connaître

Quelle est la différence entre ce que sait l'aspirant et ce que connaît le disciple initié ? C'est la différence qui existe entre deux champs et zones de perception. On dit d'abord à l'aspirant "connais-toi toi-même" ; puis on lui indique la relation entre la forme et l'âme ; la zone couverte par sa connaissance est celle des trois mondes, à laquelle s'ajoute le niveau du plan mental où son âme est focalisée. Le disciple initié connaît la relation de la périphérie avec le centre, de l'Un avec la multitude, de l'unité avec la diversité. Le postulant s'intéresse à la triplicité : lui-même en tant que connaissant, son champ de connaissance, et ce qui est l'agent de la connaissance, le mental. Le disciple initié fait plus qu'enregistrer la triplicité ; il se préoccupe de la dualité de la manifestation, de l'énergie-vie en ce qu'elle affecte la force-matière, de l'esprit et de la substance. La connaissance de l'initié n'a rien à voir avec la conscience reconnue par le mental, en tant que facteur du processus de l'évolution. Sa connaissance est liée à la faculté d'intuition et à la perception divine qui voit toute chose comme  en elle-même. La manière la plus simple d'exprimer cette connaissance de l'initié est peut-être de dire que c'est la perception directe de Dieu, utilisant ainsi des termes mystiques ; la connaissance de l'aspirant est liée à l'aspect de la divinité que nous appelons l'âme dans la forme. Pour exprimer la chose d'une manière encore différente, je pourrais faire remarquer que l'aspirant s'intéresse à la connaissance de l'âme et de la matière, tandis que l'initié s'intéresse à l'âme et à l'esprit.

Si je vous dis, mes frères, que la connaissance de l'initié concerne ce qui est produit par le SON et non par le A.U.M. ou le O.M., j'aurai établi une liaison entre ces commentaires et beaucoup d'autres donnés précédemment dans l'analyse de ces quatorze règles. La faculté d' "écouter" de l'aspirant a maintenant été transformée en reconnaissance effective de ce que le Son a créé. Je ne parle pas ici de la création du monde phénoménal, ou du monde de l'âme qui est essentiellement le Plan ou modèle sous-jacent au monde phénoménal, mais de l'intention ou Dessein qui a motivé le Son créateur ; je traite de l'énergie d'impulsion qui donne une signification à l'activité et à la force de vie que le Son centralise à Shamballa.

Ce n'est pas la faute de l'humanité si c'est seulement maintenant qu'il est possible à la signification du dessein divin de se faire jour plus clairement dans la conscience du disciple initié. C'est une question de détermination du moment dans le temps, et de mouvement dans l'espace ; cela concerne la relation de la Hiérarchie, travaillant le Plan, avec Shamballa qui reçoit (au moyen du Son) l'énergie créatrice qu'il est de l'intention divine d'étendre, en produisant une expression parfaite de l'Idée divine. C'est à la connaissance de cette relation et de ses effets que se rapporte le premier mot de la Règle XIV.

Ce fut le premier impact de cette signification sur la conscience du Christ – conscience illuminée, purifiée et divinement focalisée – qui l'obligea à s'écrier : "Père, que Ta volonté soit faite et non la mienne." Il eut une vision de l'intention  divine qui se faisait jour – intention concernant l'humanité et (par l'intermédiaire de l'humanité) la planète tout entière. Au stade hiérarchique de développement atteint par le Christ, et qui avait fait de lui, le Chef de la Hiérarchie et le Maître de tous les Maîtres, sa conscience était entièrement une avec le Plan. Pour lui, l'application du Plan dans les trois mondes, son but consistant à établir le royaume de Dieu sur la terre, et l'apparition du cinquième règne de la nature, n'étaient que la simple exécution de la loi, et toute sa vie avait été dirigée vers cette exécution. Le Plan, son but, ses techniques et ses méthodes, ses lois et leur application, ses effets phénoménaux, les obstacles à surmonter, l'énergie (celle de l'amour) à employer, ainsi que la relation et l'interaction étroites et grandissantes entre la Hiérarchie et l'humanité, entre le centre du coeur du Logos planétaire et le centre créateur, tout cela Il le connaissait et le comprenait parfaitement. Au point le plus élevé de cette connaissance parfaite et au moment où Il se soumettait complètement au nécessaire sacrifice de sa vie afin d'accomplir le Plan, une grande expansion de conscience se produisit soudain. La signification, l'intention, le dessein de l'ensemble et l'étendue de l'Idée divine, telle qu'elle existait dans le mental du "Père", apparurent à son âme (pas à son mental, mais à son âme). Il pénétra encore plus loin dans la signification de la divinité que cela avait jamais semblé possible ; le monde de l'âme et le monde des phénomènes disparurent et – en termes ésotériques – Il perdit tout ce qu'Il possédait. Ces termes sont forcément dépourvus de sens pour vous. A ce moment-là, ni l'énergie créatrice du mental ni l'énergie de l'amour n'existaient plus en lui. Un type nouveau d'énergie devint disponible pour lui – l'énergie de la vie même, imprégnée de dessein et mue par l'intention. Pour la première fois, la relation de la Volonté, qui jusque là s'était exprimée dans sa vie par l'amour, et le travail créateur inaugurant la nouvelle dispensation et instaurant pour tous les temps le royaume de Dieu, lui apparut clairement. C'est alors qu'il subit la grande épreuve de la renonciation.

Il y a là une indication. Ce point élevé de réalisation chez le Christ comme le relate l'Evangile, fut atteint à Gethsémani ; pendant un bref moment, il nous est permis de pénétrer un aspect ou phase de la sixième initiation. Ce fut cet événement, cette crise spirituelle de la vie du Christ (survenant alors qu'Il adombrait son disciple Jésus), qui permit à Jésus, à son propre niveau de développement spirituel, de prendre la quatrième initiation, celle de la Crucifixion ou de la Grande Renonciation. Les nombres quatre et six sont étroitement liés et la renonciation moins grande (grande seulement du point de vue  humain) rend la renonciation supérieure possible pour l'avenir, et vice versa. Deux histoiresparallèles se déroulent en beaucoup de points de l'Evangile ; le monde moins élevé du disciple bénéficie de la réalisation de ceux qui prennent les initiations supérieures, démontrant ainsi l'unité étroite qui existe toujours au sein de la Hiérarchie, et la synthèse – focalisée par l'intermédiaire du Christ – qui commence à se former entre la Hiérarchie et Shamballa. Celle-ci survient dans notre ère et pour la première fois au cours de l'histoire. La reconnaissance de cette synthèse naissante entre la Volonté et l'Amour eut un effet précis dans la conscience du Christ, et le conduisit à apprendre beaucoup de choses qui, jusque là, lui avaient été cachées.

Voilà de profonds mystères. Leur valeur pour le disciple à l'instruction réside dans le fait de reconnaître les relations et d'y réfléchir. Ces règles sont – comme vous le savez – les règles gouvernant la vie de groupe ; elles constituent la clé des lois qu'observent tous les groupes planétaires dans leur travail. La vie hiérarchique, par son aspect majeur d'amour, était une zone de conscience familière et bien connue des Maîtres, et de leur Maître à tous, le Christ. Mais une connaissance plus avancée attendait même ce "Fils de Dieu devenu parfait" ; il lui fut alors révélé la nature et le mental de ce grand Etre, incarné par le Seigneur du Monde à Shamballa.

C'est cette réalisation vivante de l'Existence et de l'identification avec le Logos planétaire, sur le plan mental cosmique, qui constitua la perception en cours de développement du Christ, sur la Voie de l'Evolution Supérieure. Donc, l'expérience, la perception et l'Existence sont les notes-clé :

1. Du Sentier de l'Evolution.

2. Du monde de développement sur le Sentier.

3. De l'état de focalisation divine sur la Voie.

En d'autres termes, vous avez les états d'Individualisation, d'Initiation, et d'Identification.

La relation entre ce qu'écoute l'aspirant et ce que sait le disciple initié, nous a été communiquée dans des écritures anciennes, de la manière suivante :

"C'est confusément que celui qui cherche entend le faible murmure de la vie de Dieu ; il voit le souffle de ce murmure  troubler les eaux de la vie spatiale. Le murmure pénètre. Il devient alors le Son de nombreuses eaux et la Parole de nombreuses voix. Grande est la confusion, mais il faut continuer d'écouter. Ecouter est la semence de l'obéissance, O Chéla sur le Sentier. La voix parvient plus forte ; puis soudain les voix se dissipent et il ne s'agit plus d'écouter mais de savoir, de connaître ce qui est derrière la forme extérieure, de percevoir ce qu'il faut faire. L'ordre est vu. Le modèle se dégage clairement. La connaissance est la semence de l'action consciente, O Chéla sur le Sentier.

Ecouter et connaître se dissipent aussi, et il est possible de voir ce qu'ils produisent. L'Existence se dégage, ainsi que l'Union avec l'Unique. L'identité est connue, non sur ce plan, mais sur cette sphère supérieure où se déplacent et parlent les Grands Fils de la Vie. Il ne reste que l'Existence. Le travail est accompli."