REGLE 3

REGLE TROIS

Double mouvement en avant La règle suivante prolonge le thème ci-dessus et donne certaines instructions, au moyen d'expressions et de symboles concis, sur la science de l'Invocation et de l'Evocation et son rituel ou programme important.

Ce programme est, en réalité, une expression ou formulation humaine de la science du Son, dans la seule mesure où, jusqu'ici, le Son affecte l'humanité et les affaires humaines. N'oubliez pas mon précédent enseignement sur le Mot ; rappelez-vous aussi que le Son est le son ou la note de la vie même, qui incarne son élan dynamique, son pouvoir créateur et sa sensibilité réceptive à tous les contacts.

Règle III

Double est le mouvement en avant. La Porte est laissée en arrière. C'est un événement du passé. Que le cri invocatoire soit diffusé à partir du centre profond de la claire et froide lumière du groupe. Qu'il évoque une réponse du centre éclatant qui est bien loin en avant. Quand la demande et la réponse se perdront dans un seul grand SON, sortez du désert, laissez les mers derrière vous et sachez que Dieu est Feu.

C'est peut-être l'une des deux règles les plus occultes que l'initié doive maîtriser, soit en tant qu'individu, soit en conjonction avec son groupe. Le groupe reconnaît et travaille sous l'influence pénétrante du dessein ; l'initié entreprend de travailler avec le plan. L'expression du groupe, dans la mesure où il le peut, à tel ou tel moment du temps et de l'espace, est dans la ligne de la volonté de Celui en qui nous avons la vie, mouvement et l'être, la Vie de tout ce qui est. L'initié utilise la force d'attraction de cette Vie fondamentale (force que nous désignons par le terme souvent trompeur d'amour) pour rassembler ce qui donnera du corps à la forme, manifestant ainsi la volonté. Le groupe peut être, et il est souvent, réceptif au "centre éclatant" de Shamballa, alors que l'initié, seul, dans sa propre identité essentielle, ne peut pas être réceptif de cette manière. L'individu doit être protégé par le groupe de la puissance considérable qui émane de Shamballa. Pour lui, son potentiel doit être réduit par le processus de distribution, afin que son impact ne soit pas focalisé sur l'un de ses centres, ou tous ses centres, mais partagé par tous les membres du groupe. Voilà la clé de la signification du travail de groupe. L'une de ses fonctions majeures, du point de vue ésotérique, est d'absorber, de partager, de faire circuler, puis de distribuer l'énergie.

Ce processus de protection et de distribution est l'une des fonctions du grand rassemblement de tous les membres de la Hiérarchie, sous l'égide des trois grands Maîtres (le Manu, le Mahachohan et le Christ) dans la vallée élevée et sacrée de l'Himalaya où chaque année – après la préparation voulue – la Hiérarchie entre en contact avec Shamballa. Une relation est alors établie entre le centre "vivant et brillant" et le centre "rayonnant et magnétique", afin de stimuler le centre "en attente et consentant" à s'élever dans l'échelle de l'évolution. Même la Hiérarchie a besoin de la protection de tous ses membres afin d'absorber correctement les énergies affluentes et de distribuer plus tard, avec sagesse, les forces de la volonté divine dans les trois mondes, dont elle a la responsabilité majeure. La volonté focalisée de Dieu, dans ses implications et applications immédiates, constitue le point de tension à partir duquel Shamballa agit afin d'engendrer la réalisation du Dessein divin.

Il y a une nette distinction entre Dessein et Volonté ; elle est en vérité subtile, mais tout à fait claire pour l'initié avancé, de sorte que la dualité de notre manifestation planétaire et de notre expression solaire apparaît même en cela. Les membres du Conseil de Shamballa reconnaissent cette distinction et, en conséquence, se divisent en deux groupes qu'en langage ancien on appelle, "Régistrants" du Dessein et Gardiens de la Volonté. La Volonté est active. Le Dessein est passif et attend les résultats de l'activité de la Volonté. Ces deux groupes se reflètent dans les cercles hiérarchiques par les Nirmanakayas ou Contemplatifs planétaires, et les Gardiens du Plan. La fonction des "Régistrants" du Dessein est de garder ouvert le canal entre la terre, la planète Vénus et le Soleil spirituel central. La fonction des gardiens de la volonté est de relier le Conseil, la Hiérarchie et l'humanité, créant ainsi un triangle de force fondamental entre les trois centres majeurs de la vie planétaire. C'est l'expression supérieure (symbolique, si vous voulez) de l'étoile à six branches, formée de deux triangles entrelacés. On trouve une réplique de ce triangle fondamental et de ce symbole d'énergie, avec son afflux et sa distribution, dans la relation des trois centres supérieures de l'être humain – la tête, le coeur et la gorge – avec les trois centres inférieurs – le plexus solaire, le centre sacré et le centre à la base de l'épine dorsale. La science de l'Invocation et de l'Evocation apparaît aussi comme procédant symboliquement selon les lignes de l'évolution. L'adoration, attitude du mystique, doit faire place à l'invocation chez l'homme qui sait qu'il est divin. On voit cette révélation symbolique dans l'élévation des trois énergies inférieures et leur réponse d'évocation aux trois énergies supérieures, ce qui engendre l'unité finale au point de tension. Je me rends compte que cela est difficile à  comprendre, car il y a là des vérités que le disciple a peine à saisir. Mais elles seront comprises et maîtrisées par chaque disciple à mesure qu'il avancera sur le sentier du disciple et se soumettra à l'entraînement nécessaire à l'initiation. Elles seront comprises aussi plus tard, à la fin de ce siècle et au cours du suivant, par l'humanité qui se développera rapidement, prouvant ainsi que l'initiation du présent devient finalement la réalisation passée des masses. Cette libération plus élevée apparaîtra plus tard comme étant nettement le résultat de la guerre. La Charte de l'Atlantique et les Quatre Libertés, formulées dans l'atmosphère tendue engendrée par la souffrance et la tension du monde, en sont le reflet et contiennent tout ce qu'il est possible que l'homme moyen, d'esprit matérialiste, saisisse de la volonté présente de Shamballa, en ce qu'elle détermine les plans de la Hiérarchie et reçoit l'impulsion des "Régistrants" du Dessein. Les deux groupes de gardiens n'ont pas pu en communiquer davantage aux meilleurs intellects humains, quant à cette révélation ; le premier groupe ayant affaire aux membres anciens de la Hiérarchie et le deuxième groupe aux initiés et disciples étroitement liés à l'humanité.

Ici, de nouveau, nous nous trouvons placés en face du fait que la science de l'Invocation et de l'Evocation, dont traite cette Règle fondamentalement, est en premier lieu une grande activité scientifique dont l'humanité moderne ne sait pratiquement rien, mais qui est en relation avec le pouvoir de la pensée et la construction des formes-pensées. Seulement les initiés du degré le plus élevé – tels les trois grands Seigneurs – ont le droit d'invoquer, seuls et sans l'accompagnement d'un dispositif de protection tel qu'un groupe, car ils sont eux-mêmes membres du Conseil de Shamballa, et individuellement des "Régistrants" du Dessein.

L'apparition annuelle du Seigneur Bouddha est la manifestation extérieure ou symbole de l'émergence de cette science de l'Invocation et l'Evocation dans la conscience de veille de l'humanité. La prière en est l'expression confuse, faible et inadéquate ; l'affirmation de la divinité, afin d'obtenir du bien-être matériel, est une distorsion de cette vérité. Il faut s'en souvenir. La vraie signification de cette science qui se fait jour est que, dans les premiers stades, elle incarne le concept-semence de la nouvelle religion mondiale.

Des deux grandes invocations que j'ai données, la première  (Extériorisation de la Hiérarchie, page anglaise V.)("Que les Forcesde Lumière apportent l'illumination à l'humanité...") était, de ma part, un effort pour exprimer le cri invocatoire de l'humanité et de tous les hommes et femmes de bonne volonté à travers le monde. Son succès a indiqué la force de cette bonne volonté. La seconde ("Que les Seigneurs de Libération s'élancent..."), ne peut, en réalité, être utilisée avec quelque mesure ou espoir de succès que par les aspirants, les disciples et les initiés, d'où l'accueil beaucoup plus froid du grand public, bien qu'en vérité, elle fût beaucoup plus puissante et plus efficace.

Il était essentiel, néanmoins, que la fusion des deux groupes se fît avant que le cri invocatoire de l'humanité tout entière ne pût devenir assez puissant et efficace pour susciter une réponse.

Avant de commencer l'étude de la Règle III, phrase par phrase, je souhaite attirer votre attention sur la relation existant entre cette Règle et celle précédemment donnée aux postulants. Le postulant lance son cri dans le désert, audessus de toutes les mers et à travers le feu. Toute sa personnalité, intégrée et orientée, est centrée sur le point de tension ; il pousse alors son cri (symbolique d'une expression muette) et ce cri se heurte  à la porte qui le sépare de l'âme, en premier lieu, et de la Hiérarchie, en second lieu. La porte n'est qu'un symbole de séparation ; elle sépare un lieu d'un autre, une sphère d'activité d'une autre et un état de conscience d'un autre. Elle entretient chez l'aspirant un sens de dualité. C'est un mot qui décrit l'attitude mystique. Cette attitude embrasse les concepts d'ici et là, d'âme et de corps, de Dieu et d'homme, de Hiérarchie et d'humanité. Mais la règle III, telle que l'énoncent les initiés, prouve que la compréhension mystique disparaît finalement, de même que le sens de séparation, et la porte est laissée en arrière.