4. La porte est en arrière du groupe. Devant lui s'ouvre la voie.

4. La porte est en arrière du groupe. Devant lui s'ouvre la voie.

Notez comment ce passage renverse la présentation habituelle. Jusqu'ici, dans les livres occultes, la porte de l'initiation a toujours été présentée comme progressant en avant de l'initié. Il passe de porte en porte et pénètre dans une expérience et une expansion de conscience plus vastes. Mais dans la conscience de l'initié, après les deux premières initiations, ce n'est pas ainsi que les choses sont comprises. Il s'agit simplement d'une fidélité à la forme ancienne du symbolisme comportant ses limitations de la vérité. Je souhaite vous rappeler ici que la troisième initiation est considérée par la Hiérarchie comme la première initiation majeure, les deux premières initiations étant des initiations du Seuil. Pour la masse de l'humanité, ces deux premières initiations vont pendant très longtemps constituer des expériences initiatiques majeures mais dans la vie et la compréhension de l'âme initiée, elles ne sont pas majeures. Après avoir subi les deux initiations du Seuil, l'attitude de l'initié change. Il voit des possibilités, des facteurs et des révélations dont jusque là il n'avait jamais pris conscience, et qui lui étaient totalement inconnus, même dans les moments où sa conscience était à son plus haut point.

La porte de l'initiation tient une grande place dans la conscience du néophyte ; la Voie supérieure est le facteur déterminant de la vie de l'initié du troisième degré.

C'est la Transfiguration. Une gloire nouvelle inonde l'initié transfiguré, qui est libéré de toute sorte d'emprise que pourrait exercer la personnalité ou l'âme. Pour la première fois lui apparaît le but de la Voie supérieure et la possibilité d'atteindre au Nirvana (appellation que lui donnent les Orientaux), il sait qu'aucune forme ou complexe spirituel, qu'aucune attraction exercée par l'âme ou la forme, ou les deux réunies, ne peuvent avoir le moindre effet sur le fait qu'il atteindra sa destination finale.

Je voudrais ici m'étendre un moment sur le symbolisme de la porte alors que l'initié commence à saisir la signification intérieure de ces simples mots. Pendant longtemps, on a rendu familiers l'enseignement donné dans la claire lumière froide au sujet de la porte, et l'accent mis sur la présentation de la porte en avant de l'aspirant, mais il s'agissait des aspects inférieurs du symbolisme, même si les aspirants ne s'en rendaient pas compte. On leur a enseigné le fait de la lumière dans la tête, qui est la correspondance, dans la personnalité, de la claire lumière froide dont je parle. Comme beaucoup d'aspirants le savent théoriquement ou effectivement par une expérience intermittente, au centre de cette lumière se trouve un point indigo foncé, bleu nuit. Notez la signification de ceci par rapport à ce que j'ai dit concernant la "nuit obscure", l'heure de minuit, l'heure zéro de la vie de l'âme. Ce point central, en réalité, est une ouverture, ou porte conduisant quelque part, une voie d'évasion, une sortie par où peut passer l'âme emprisonnée dans le corps, pour se dégager et parvenir, débarrassée des limitations de la forme, à des états de conscience plus élevés. Il a aussi été appelé "le conduit ou canal du son" ou la trompette par laquelle le A.U.M. peut s'échapper. L'aptitude à utiliser cette porte ou ce canal s'obtient par  la pratique de l'alignement ; d'où l'accent mis sur cet exercice dans le but d'entraîner aspirants et disciples.

Lorsque l'alignement sera obtenu, on comprendra (se souvenant du symbolisme de la tête, de la lumière et de l'ouverture centrale) que de nombreuses occasions surviennent dans la méditation où "la porte est en arrière du groupe, devant lui s'ouvre la Voie". Ceci est la correspondance inférieure de l'expérience supérieure de l'initié, dont traite notre règle.

De nouveau, cette fois par rapport à l'âme, se répète la découverte de la porte, de son usage et finalement de son apparition derrière l'initié. Cette fois, il faut trouver la porte sur le plan mental, et non comme auparavant sur le plan éthérique ; on y parvient avec l'aide de l'âme et du mental inférieur et grâce au pouvoir révélateur de la claire lumière froide de la raison. Lorsqu'il la découvre, l'initié se trouve face à la "révélation d'une expérience terrible, mais belle". Il s'aperçoit cette fois que ce n'est pas l'alignement qu'il lui faut, mais la mise en route d'un travail créateur précis – la construction d'un pont entre la porte qui se trouve derrière, et la porte qui se situe en avant. Ceci implique la construction de ce que l'on nomme techniquement, l'antahkarana, le pont arc-en-ciel. Il est construit par le disciple à l'instruction, sur la base de son expérience passée ; il est ancré dans le passé et fermement enraciné dans l'aspect le plus élevé, correctement orienté, de la personnalité. Lorsque le disciple se met à travailler de manière créatrice, il s'aperçoit qu'il y a une action réciproque de la Présence, la Monade, l'unité qui se tient derrière la porte. Il découvre qu'une arche du pont (si on peut l'appeler ainsi) est construite ou projetée, à partir de l'autre rive du gouffre le séparant de l'expérience de la vie de la Triade spirituelle. Pour l'initié, cette Triade spirituelle est essentiellement ce que la personnalité triple est à l'homme en incarnation physique.

Je me demande si j'ai réussi à vous donner au moins une idée des possibilités qui s'offrent au disciple, et si je vous ai incités à une réceptivité consciente et précise face à ces possibilités. Je ne peux pas éviter de parler en termes de conscience, bien que la vie de la Triade – conduisant à son tour à l'identification avec la Monade comme la vie de la personnalité conduit finalement à l'expression et à la domination de l'âme – n'ait rien à voir avec la conscience ou la sensibilité, tels que ces termes sont généralement compris. Cependant, rappelez-vous comment, dans tous mes enseignements sur le développement occulte, j'ai utilisé le terme  IDENTIFICATION. C'est le seul mot que j'aie trouvé qui puisse, en quelque manière, exprimer l'unité complète qui est finalement accomplie par ceux qui développent le sens de l'unité et refusent d'accepter l'isolement ; la séparativité disparaît alors complètement. L'isolement dans l'unité qui est accompli est l'unité avec le tout, avec l'Existence dans sa totalité, ce qui n'a pas encore beaucoup de sens pour vous.