LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

30. Energie curative

30. Energie curative

Les débutants posent parfois la question suivante : "Pouvons-nous établir une distinction claire entre l'énergie curative qui s'exprime par l'âme et celle qui s'exprime par la personnalité ? Pouvons-nous comprendre quelque peu le rôle que l'amour doit jouer dans l'art de guérir ?"

Je suis en mesure de répondre brièvement. Lorsque nous commençons à travailler en tant que groupe avec des individus que nous cherchons à aider, nous apprenons à utiliser les divers types d'énergies selon les besoins du patient à guérir. Il serait vraiment utile pour les desseins du groupe que chacun veuille  bien étudier ce que disent Rama Prasad dans son livre Les Forces subtiles de la Nature  et Patanjali dans La Lumière de l'Ame au sujet des pranas avec lesquels et au sein desquels nous travaillons. Il faudrait se familiariser quelque peu avec  cette matière.

Pour répondre spécifiquement à la question, je dirai qu'un initié ou même un clairvoyant de qualité inférieure peut facilement distinguer entre lesénergies curatives de l'âme et celles de la personnalité, mais que la moyenne des aspirants intelligents en est encore incapable. L'initié  connaît la source d'où peuvent émaner les divers types d'énergies curatives. Il ressent leurs vibrations  et peut remonter jusqu'à leur origine par un effort de la volonté guidée par l'intuition. Le clairvoyant peut  voir le centre d'où l'énergie curative pourrait affluer, et ce centre lui indique le type et la qualité de la force mise en oeuvre.

En seconde instance, toute énergie provient de l'âme, mais au sens originel primitif, toute énergie est simplement la vie fonctionnant sous une gouverne déterminée.

En ce qui concerne le rôle que l'amour doit jouer dans le processus curatif, je dirai que l'Amour est l'expression de Dieu Lui-même. L'amour est la force cohérente qui rend toutes choses entières (je souhaiterais que l'on médite cette phrase) et l'amour est tout ce qui  existe. La caractéristique principale qui distingue l'énergie de l'âme de la force de la personnalité lorsqu'on les applique à une guérison réside dans la région où elle agira et dans l'expression de  l'amour.

La force de la personnalité est émotionnelle, pleine de sentimentalité.

La personnalité est toujours consciente d'elle-même comme guérisseuse et  reste le centre dramatique de la scène où s'affrontent les deux acteurs, leguérisseur et le patient.

L'énergie de l'âme fonctionne inconsciemment. Elle est maniée par ceux qui sont en contact avec leurs âmes, et par conséquent décentralisés. Ils sont eux-mêmes "hors de la scène", si j'ose dire, et entièrement occupés d'amour de groupe, d'activités de groupe, et de desseins de groupe.

Pourquoi donc est-il si prodigieusement difficile et pour ainsi dire impossible à de sérieux aspirants guérisseurs de travailler en groupe à la science sacrée de la guérison ? Parce que la personnalité des individus et des groupes prédomine dans leurs relations personnelles et collectives. Cela peut se traduire :

a. par une critique acharnée les uns des autres ou de soi-même ;

b. par une certitude péremptoire de leur rectitude personnelle et de leur justesse de jugement empêchant les intéressés de percevoir que leurs idées ne sont peut-être pas aussi justes qu'ils le croient ;

c. par la satisfaction profonde qu'ils ressentent de leurs contacts personnels subjectifs.

Tous ces obstacles ou l'un d'eux seulement peuvent être présents et transformer la démonstration de groupe en une démonstration personnelle, annihilant tout travail constructif. Toute tentative de guérir dans ces conditions n'aboutirait qu'à intensifier les réactions individuelles et affecterait gravement dans le mauvais sens la personnalité des malades que l'on désire aider.

Comment les aspirants guérisseurs doivent-ils donc procéder ? Je voudrais signaler que tout membre du groupe individuellement libéré des défauts de la personnalité et des comportements mentionnés ci-dessus sait pourtant qu'en tant que membre du groupe il participe de la qualité du groupe, et s'en réjouit à juste titre. Telle est l'une des difficultés à vaincre pour travailler en groupe.

Participer, et pourtant rester à l'abri des faiblesses. Reconnaître que les succès ou les échecs des membres individuels du groupe ne concernent absolument que leurs auteurs. Partager, et pourtant n'être pas dominé par les puissantes idées et pensées des membres les plus influents du groupe. Tout cela pose de nombreux problèmes. Je les signale, parce que dans l'âge à venir les travaux collectifs se développeront considérablement. Il y aura intérêt à connaître les problèmes et situations de groupe et à prendre l'initiative d'aborder les membres du groupe les mieux qualifiés pour coopérer avec vous.

Vos expériences passées vous auront rendus meilleurs et plus sages et vous serez fondus en tant que groupe parce que vous aurez participé aux mêmes souffrances et limitations et acquis l'aptitude à faire face correctement aux insuccès.

Qu'un véritable amour, silencieux et persévérant, ne se plaignant pas, ne critiquant pas, reste votre objectif et l'essence même de votre vie de groupe.

Lorsqu'il y aura lieu d'effectuer un travail défini, vous agirez naturellement comme des entités dont les coeurs et les pensées ne font qu'un.