8. L'euthanasie

8. L'euthanasie

Quelques étudiants se préoccupent de l'effort organisé pour rendre légale l'euthanasie et se demandent si l'on serait en droit de placer le pouvoir de vie et de mort entre les mains des médecins. En même temps, ils se rendent compte qu'une telle question implique le facteur humanitaire dans les cas où il n'est pas possible de surseoir à des souffrances prolongées. Je leur répondrai comme suit :

Le problème posé par l'étude de la pratique envisagée de l'euthanasie n'existera plus lorsque les hommes auront acquis la continuité de conscience, car celle-ci dénie la mort. Cela signifie qu'il surviendra dans le développement de la race un jour où l'âme  saura qu'elle est arrivée au terme de sa vie physique, et se préparera en pleine conscience à se retirer de la forme. Elle  saura qu'elle n'a plus besoin des services de la forme, et qu'il faut l'abandonner. Ayant focalisé dans la nature mentale son sentiment d'avoir conscience, elle saura que ce sentiment est assez fort et vital pour lui faire franchir les processus et l'épisode de l'abstraction.

Cet état de conscience se développera chez l'homme, et le processus en sera reconnu par le corps médical et par les étudiants scientifiques du mécanisme humain. Ainsi se trouvera matériellement modifié tout le comportement envers la mort et son processus, comportement qui implique actuellement des douleurs et de la souffrance. Alors l'homme dont l'heure sera venue de mourir pourra recourir à certaines méthodes de libération susceptibles d'être considérées par le grand public comme impliquant l'euthanasie. Lorsque la mort sera proche, on étudiera et l'on appliquera des modes d'abstraction, et l'on considérera le processus comme un retrait de l'âme, une libération, et une délivrance. Cette époque est moins éloignée qu'on ne pourrait le penser.

Actuellement, le processus consistant à hâter le retrait s'accompagne de sérieux dangers. Il faut observer avec grand soin les garanties exigées par la loi, et même dans ce cas, des incidents graves peuvent survenir. Mais il est  permis d'accélérer quelque peu le processus de la mort et il faut mettre enoeuvre la bonne méthode. Aujourd'hui, la volonté-de-mourir du patient n'est pas basée primordialement sur une polarisation mentale, ni sur des connaissances, ni sur une continuité de conscience acquise, mais sur des réactions émotionnelles et un recul causé par la douleur et la peur.

Dans certains cas le patient endure des souffrances terribles sans que son entourage ait aucun espoir de le soulager ou de le guérir. Si le patient le désire (ou lorsqu'il est trop malade, si la famille le désire) alors, après avoir dûment dégagé sa responsabilité, il faudrait agir. Ce dispositif de départ ne doit pas être basé sur des émotions ou sur de la compassion, mais sur les sciences spirituelles et sur une compréhension correcte des possibilités spirituelles ouvertes par la mort.