L'EMPIRE BRITANNIQUE

L'EMPIRE BRITANNIQUE

Que dire de l'Empire britannique, dont les citoyens se vantent que le soleil ne s'y couche jamais et qui règne en souverain sur tous les océans du globe depuis plusieurs siècles en augmentant sans cesse ses territoires ? La Grande-Bretagne a été une grande puissance impérialiste, portée à acquérir, tenace et ferme dans ses manœuvres politiques, elle a mérité cette accusation dans le passé. Elle a misé sur une politique de puissance, experte en l'art d'équilibrer une nation par une autre, pour préserver le statu quo et l'intégrité des Iles britanniques. Elle a travaillé avec diligence à établir parmi les nations une stabilité lui permettant de fonctionner sans heurt et d'atteindre à ses fins.
Accusée d'intense commercialisme, elle s'est vue traiter de "nation de boutiquiers" par d'autres pays. Les Britanniques sont souvent peu sympathiques aux autres peuples. Leur hauteur distante, leur fierté nationale et leur attitude de maîtres du monde indisposent beaucoup de gens. La Grande-Bretagne apporte le sentiment de caste dans ses relations internationales, tout comme le système des classes caractérise ses rapports internes depuis des siècles. Toutes ces allégations ont un fond de vérité et les ennemis de la Grande-Bretagne ont une juste cause à défendre devant le tribunal. Les Britanniques, dans l'ensemble, se sont montrés réactionnaires, trop prudents et conservateurs, lents à agir et aptes à se satisfaire des conditions existantes, en particulier là où ces conditions étaient strictement britanniques. Toutes ces caractéristiques ont créé une extrême irritation chez d'autres peuples, surtout dans la nation issue de la Grande-Bretagne, les Etats-Unis. Mais ce n'est là qu'un aspect du tableau. Les Britanniques ne sont pas antisociaux. Les premiers, ils établirent des réformes sociales, instituant par exemple les retraites pour la vieillesse longtemps avant que d'autres nations l'imitent. Ils sont d'un profond paternalisme dans leur traitement des nations plus petites ou moins développées et ils les ont réellement aidées. Ces conservateurs trouvent difficile de discerner le moment où il convient de supprimer cette tutelle. La devise de la Maison de Galles est "I serve" (Je sers). La tendance innée de la race britannique est de servir les nations et les races réunies sous l'Union Jack, le drapeau britannique.
Il faut se souvenir que, depuis le début du XXème siècle, de grands changements ont eu lieu dans l'attitude britannique. Bien des vestiges anciens se sont effacés ; le système des castes, avec sa hauteur, son esprit séparatif et son paternalisme est en voie de disparition, car la guerre et les travaillistes ont mis l'accent sur l'égalité essentielle. La Grande-Bretagne forme maintenant un Commonwealth de Nations entièrement indépendantes.

Le plus important problème psychologique, pour le peuple britannique est de gagner la confiance du monde et d'amener les autres nations à reconnaître la justice réelle et les bonnes intentions, qui animent ses idées et ses plans. Cette confiance s'était perdue au cours des derniers siècles, mais il la regagne lentement à présent. Son attitude à l'égard des affaires mondiales repose aujourd'hui sur une base internationale. Il désire le bien de la communauté et se sent prêt à consentir des sacrifices dans l'intérêt commun ; ses intentions sont justes et sa volonté, de collaborer. Les citoyens britanniques, braves et sensés, s'émeuvent de l'antipathie acquise en vertu de leur histoire passée. La présente sympathie, suscitée par les souffrances des Britanniques d'une part et l'abandon de leur timide et orgueilleuse réticence, d'autre part, pourraient se développer librement, alors la Grande-Bretagne et les autres nations du monde chemineraient de compagnie dans la vie, sans divergences majeures.