SECTION I - NEUVIEME PARTIE

SECTION I - NEUVIEME PARTIE


Le secret de tout véritable travail de méditation réside, dans les premiers stades, dans le pouvoir de visualiser. C'est la première étape qu'il faut franchir.
Les disciples doivent insister sur ce processus ; c'est en lui que réside la capacité d'utiliser les pouvoirs créateurs de l'imagination et aussi l'énergie mentale, comme moyens de promouvoir les intentions de la Hiérarchie et d'exécuter le Plan Divin. Tous les nouveaux processus techniques de
méditation qu'amènera le Nouvel Age doivent inclure et incluront la visualisation comme premier pas pour les raisons suivantes :

1. La visualisation est l'étape initiale de la démonstration de la loi occulte suivant laquelle "l'énergie suit la pensée". Tous les gens qui étudient l'occultisme le reconnaissent théoriquement. Une des tâches confrontant le disciple est de parvenir à la reconnaissance de fait de cette loi. La visualisation picturale, qui fait partie du travail normal enseigné dans beaucoup d'écoles ésotériques, consiste simplement en un exercice destiné à amener le pouvoir de visualiser. Dans le travail accompli par les disciples entraînés pour l'initiation, cet aspect extérieur de la visualisation doit laisser la place à un processus intérieur qui est le premier pas vers la capacité de diriger l'énergie. La visualisation des images est destinée à focaliser l'aspirant dans la tête à un point à mi-chemin entre le corps pituitaire et la glande pinéale.
Dans cette région, il dessine des images, peint des scènes et acquiert ainsi la capacité de voir, en grand et en détail, ce qu'il désire voir et ce pourquoi il a l'intention de travailler. La visualisation de ce qu'on pourrait appeler "le processus dirigé" s'effectue d'une manière plus focalisée et dans la région se trouvant directement autour de la glande pinéale. Cette glande devient alors le centre d'un champ magnétique qui est mis en mouvement, tout d'abord, par le pouvoir de visualisation. A ce point, l'énergie est assemblée par le disciple et ensuite dirigée intentionnellement vers l'un ou l'autre centre. Cette pensée focalisée produit des effets inévitables au sein du corps éthérique et ainsi deux aspects de l'imagination créatrice sont mis en jeu.


2. Le pouvoir de visualiser est l'aspect constructeur de formes de l'imagination créatrice. Ce processus se divise en trois parties qui correspondent dans une certaine mesure au processus créateur suivi par la Déité Elle-même :
a. Le rassemblement de l'énergie qualifiée à l'intérieur d'un cercle infranchissable.
b. La focalisation de cette énergie sous le pouvoir de l'intention, c'est-à-dire dans le voisinage de la glande pinéale. L'énergie est maintenue focalisée et non plus diffusée.
c. L'envoi de cette énergie focalisée, au moyen d'un processus pictural (pas par un acte de volonté cette fois-ci) dans n'importe quelle direction voulue c'est-à-dire vers certains centres et dans un
certain ordre.
Ce processus de direction de l'énergie peut devenir une habitude spirituelle si les disciples commencent à le suivre lentement et graduellement. Au début, ce processus de visualisation peut vous paraître laborieux et sans profit ; si vous persévérez, vous découvrirez qu'il s'effectue sans effort et qu'il est efficace. C'est une des plus importantes manières qu'utilise un Maître pour travailler. Il est donc essentiel que vous commenciez à acquérir cette technique. Les stades en sont :
a. Un processus de rassemblement d'énergie.
b. Un processus de focalisation.
c. Un processus de distribution ou de direction.
Le disciple apprend à appliquer ces processus au-dedans de lui-même et ensuite à diriger l'énergie (une énergie choisie et d'un genre particulier, conformément au besoin) vers quelque chose se trouvant au-dehors de lui-même. Ce sera, par exemple, une des principales techniques de guérison de l'avenir. Le processus est également utilisé par le Maître pour éveiller Son disciple à certains états de conscience ; mais ceci ne vous concerne en rien.

3. Le pouvoir de visualiser correctement est une façon bien déterminée de s'assurer de la vérité ou de l'erreur. Il vous est difficile de comprendre cet énoncé. La visualisation est littéralement la construction d'un pont entre le plan émotionnel ou astral et le niveau mental ; elle correspond donc pour la personnalité à la construction de l'antahkarana. Le plan astral, second aspect de la personnalité, correspond à l'aspect constructeur de formes de la Trinité, second aspect. L'imagination créatrice "imagine une forme" au moyen de sa capacité à visualiser, et l'énergie de la pensée du mental donne vie et direction à cette forme. Elle incarne le dessein. De cette façon, un rapport où une ligne d'énergie est construite entre le mental et le véhicule astral et devient une triple ligne d'énergie lorsque l'âme du disciple utilise ce processus créateur d'une certaine manière planifiée et nettement constructive.


Le processus de visualisation et l'utilisation de l'imagination forment les deux premiers stades actifs de la construction de la forme-pensée. C'est avec ces formes se créant elles-mêmes, incorporant idées spirituelles et dessein divin, que travaillent les Maîtres et que prend forme le dessein hiérarchique. Il est donc essentiel, mes disciples, que vous commenciez, lentement et avec
délibération, à travailler de cette manière et à utiliser constructivement les informations ci-dessus. Le besoin des temps présents est de plus en plus grand ; le maximum de travail et de dessein est souhaitable.


Les Maîtres offrent à tous leurs disciples l'initiation comme but ; Ils demeurent prêts à donner les instructions nécessaires. Dès ce premier stade, je vous rappelle que c'est seulement ce que vous connaissez par vous-mêmes et ce dont vous avez, en vous-mêmes, une expérience consciente, qui présente de l'importance et constitue pour vous la vérité. Ce qui vous est dit par d'autres, même par moi, n'atteint aucune fin essentielle, servant toutefois à mettre en relief ou à confirmer une vérité déjà connue, ou à forger des illusions ou des responsabilités jusqu'à ce qu'elles soient rejetées ou éprouvées par vous en votre propre conscience. Comprenez-vous ce je veux dire ?


A ce stade, on peut définir l'initiation comme étant le moment de crise où la conscience plane à la limite même de la révélation. On peut considérer que les demandes de l'âme et les suggestions du Maître sont en conflit avec les demandes du temps et de l'espace focalisées dans la personnalité ou l'homme inférieur. Dans ces conditions il se produit donc une formidable tension entre les paires d'opposés ; le point de tension, ou foyer de l'effort, se trouve dans le disciple "demeurant au point à mi-chemin".
Répondra-t-il, réagira-t-il consciemment à l'attraction supérieure, passant ainsi à des régions nouvelles et plus élevées d'expérience spirituelle ? Ou bien retombera-t-il dans le mirage du temps et de l'espace et la servitude de la vie personnelle ? Demeurera-t-il en un état d'équilibre, de repos, où il ne sera affecté ni par l'attraction supérieure ni par l'attraction inférieure ? Il devra choisir entre l'une ou l'autre de ces trois conditions, et celle qu'il choisira devra succéder à une expérience antérieure d'hésitation au cours de laquelle le disciple vibre et vacille entre une décision supérieure et une décision inférieure.


C'est à ce processus que préside le Maître. Il n'est pas en mesure de faire quoi que ce soit car c'est là le problème personnel du disciple. Il ne peut que s'efforcer d'accroître le désir de l'âme par la force de Sa pensée dirigée. La personnalité ne peut rien faire non plus, car à ce stade le corps physique et le véhicule astral sont seulement des automates, attendant, et prêts à répondre, la décision du disciple fonctionnant dans son corps mental. Seul le disciple peut agir sur le niveau mental de conscience à ce stade de l'effort. Lorsqu'il l'a fait, les dés sont jetés. Ou bien il va de l'avant, vers la porte de lumière où le Maître lui prend la main et où l'Ange de la Présence devient actif et puissant d'une manière qu'il ne m'est pas possible de vous décrire ; ou bien il retourne en
arrière, temporairement dans la vie et la condition de l'homme inférieur.


Mirage et maya l'enveloppent à nouveau et le Gardien du Seuil s'interpose entre le disciple et la lumière venant de la porte ouverte et reprend son activité.
Ou le disciple s'éveille soudainement, saisissant plus largement la réalité, comprenant plus profondément le Plan et la part qu'il y joue ; ou "les voiles de la terre" se referment sur sa tête, la vision s'évanouit et il revient à l'existence d'un être humain ordinaire, probablement pour la période de l'incarnation où cette opportunité lui a été offerte. Choisit-il de franchir cette porte, alors il recevra la révélation avec ses conséquences suivant le degré d'initiation auquel il peut accéder. Cette révélation ne sera pas celle des possibilités. C'est une expérience réelle, résultant en l'évocation de pouvoirs nouveaux, de capacités nouvelles, et la reconnaissance de nouveaux modes et champs de service. Ces pouvoirs sont conditionnés par des développements passés ; et ces capacités sont désormais les siennes, ainsi qu'une liberté de mouvement "dans les limites de la Hiérarchie", liberté qui s'étend beaucoup plus loin que tout ce qu'il a pu rêver. De nouveaux contacts hiérarchiques lui sont maintenant possibles ; de nouvelles responsabilités reposent sur ses épaules et de nouveaux "champs de puissance" sont mis à sa portée afin qu'il les utilise pour le service du monde.


Vous avez souvent entendu dire qu'en Orient le Gourou, l'Instructeur, enseigne Son disciple au moyen d'allusions. Si vous avez lu et étudié les ouvrages de l'Inde ancienne (et qui, aujourd'hui, n'en a pas lu au moins quelques-uns ?), vous avez sans doute remarqué que ces allusions se divisent en deux catégories :

1. Les allusions relatives au caractère personnel, se rapportant à la réalité et à la préparation de l'initiation.

2. Les allusions relatives au caractère Unique de la Déité et au rapport de l'homme avec une unité démontrée et acquise.

A ces allusions, on ajouta plus tard des enseignements relatifs au processus créateur des temps où Dieu créa les mondes, ainsi que des enseignements relatifs à l'énergie et au développement des centres (ce qu'on appelle techniquement le laya-yoga). Tout l'enseignement donné consistait
pratiquement en ces quatre sujets ; toute la formation offerte était d'une nature exotérique. Vous pouvez donc voir que cet enseignement était de nature préparatoire et que l'entraînement en vue de l'initiation se trouvait si profondément caché dans l'insistance mise sur les rapports entre le Gourou et le disciple qu'il n'était nullement exprimé en mots et par conséquent, en aucune façon, révélé. Les rares allusions et énoncés significatifs et symboliques qui ont pu être faits ont été étudiés attentivement ; les ésotéristes érudits ont littéralement épuisé ces sources d'information.
Ce que je cherche, c'est de faire avancer l'enseignement un peu plus dans son expression extérieure et de rendre exotérique ce que le Maître enseignait à Ses disciples dans les temps anciens où les vérités fondamentales relatives à la conscience universelle avaient été quelque peu saisies par le disciple et où les vérités particulières avaient également été élaborées avec succès par le disciple, en leurs lieux et manières appropriés. La règle ancienne demeure toujours une règle inaltérable : tout véritable enseignement ésotérique commence par l'universel et se termine par le particulier. Il faut que toujours et à jamais vous gardiez cette règle à l'esprit. La difficulté de ma tâche est de mettre en langage moderne et en des formes symboliques les règles qui n'ont jamais été écrites. Une bonne partie de ce qui a été révélé depuis l'époque où H.P.B.
luttait et travaillait, étaient des choses exactes, y compris certaines informations concernant l'initiation. Une partie aussi a été fantaisiste et tristement déformée.


Quel est, d'après vous, le problème du Maître lorsqu'un néophyte s'adresse à lui pour la première fois en vue de recevoir l'entraînement nécessaire et préparatoire à l'initiation ? Je présume ici que le Maître connaît bien Son disciple, qu'Il est convaincu de sa sincérité et de la justesse de sa requête. Je présume également que vous comprenez que ce que j'appelle "la requête" est le
genre de vie vécue, le service rendu, et la présence d'un mental illuminé, je veux dire illuminé par une certaine mesure de contact avec l'âme.


Le problème du Maître est de lui enseigner la façon de stabiliser le rapport entre l'âme et le corps, de manière que, à volonté, le contact puisse être rétabli entre eux. Le corps astral ne présente aucun obstacle vraiment important. Et grâce à ce contact avec l'âme, un rapport peut être facilement établi avec la Hiérarchie, ses desseins et ses ressources. En second lieu la nature de l'énergie et sa sage utilisation par l'intermédiaire d'une personnalité intégrée est indiquée.


Avant de commencer à travailler avec moi, il est essentiel que vous compreniez tous une chose. C'est que dans un groupe de disciples comme celui-ci la grande majorité a déjà pris la première initiation et se prépare pour l'une des initiations suivantes. Il n'y a dans cette déclaration rien qui soit surprenant ou qui puisse particulièrement causer de la joie ou de la satisfaction.
Par leur intérêt à l'égard des questions spirituelles, par l'intensité de leur aspiration et par la lutte menée pour parvenir à la bonté, au sacrifice de soi et à la sagesse, un très grand nombre d'aspirants démontrent que la vie du Christ en eux se manifeste très nettement et qu'elle est présente dans leur coeur.
L'initiation de la "fixation spirituelle sur le plan physique", ainsi que la naissance à Bethléem comme cette première initiation est appelée parfois, a déjà été passée par des milliers d'entre eux ; ils vont de l'avant, sincères et décidés, sur la Voie. Je vous rappelle ici que beaucoup, beaucoup d'existences peuvent s'écouler entre la première initiation et la seconde, et de longs, très longs intervalles de croissance silencieuse et quasi invisible. En aucune façon vous êtes uniques ni tellement avancés par rapport aux aînés des aspirants du monde. Vous trouverez ici un motif d'encouragement et d'humilité.
Je n'ai évidemment pas l'intention d'indiquer qui se prépare à telle initiation.
C'est là, pour chacun de vous, une chose qu'il doit découvrir par lui-même.
C'est une question d'orientation intérieure et non pas d'information à recueillir à
l'extérieur.


En ce qui concerne la manière de prendre les trois premières grandes initiations, je voudrais signaler ici un point. C'est qu'elles doivent toujours être prises dans le corps physique et sur le plan physique, l'initié faisant ainsi la preuve de sa conscience à la fois par le mental et par le cerveau. On insiste rarement sur ce point ; parfois on le nie.


Je voudrais également faire remarquer, avec toute la clarté et la force dont je dispose, la très profonde nécessité de l'humilité et celle de la constante manifestation. Je ne me réfère pas à un complexe d'infériorité mais à un sens bien ajusté des justes proportions qui donne à celui qui le possède un point de vue équilibré au regard de lui-même, de ses responsabilités et du travail de sa vie. Lorsque ce sens est présent, il permet de se voir soi-même d'une manière détachée et de voir dans la même lumière les opportunités qui se présentent.
Sans aucun doute, tous les disciples, et vous aussi parmi eux, se sont interrogés sur leur condition et leur place le long du Sentier, et sur la condition de leurs condisciples. Après tout, c'est une chose humaine et naturelle. Certains d'entre vous manifestent trop d'humilité, dans un sens personnel, et non dans le sens de la véritable humilité.


Je veux dire par là que vous avez si peur de la vanité, de la vantardise et si peur de trop estimer vos capacités que vous ne rendez pas justice aux réalités et décriez le pouvoir de votre âme. R.S.U. en est un exemple et devrait marcher humblement dans la vie spirituelle, laquelle implique une juste reconnaissance de sa propre place et des opportunités et non pas l'insistance constante sur son inaptitude à accomplir sa tâche. Elle doit à mon groupe de disciples et à moi même de se voir elle-même telle qu'elle est en réalité, un disciple se préparant pour une certaine initiation, ayant beaucoup de sagesse à sa disposition. W.D.S. souffre d'un complexe d'infériorité qui le pousse à imposer extérieurement sa personnalité aux autres et qui s'exprime par une subtile jalousie spirituelle à l'égard de ceux qui, sur sa conscience, s'impriment comme ses supérieurs spirituels. Il lui faut s'accepter lui-même tel qu'il est, être heureux que d'autres existent qui lui donnent la possibilité et la garantie de développement futurs du fait qu'ils ont déjà accompli davantage que lui ; il lui faut ensuite s'oublier lui-même en acceptant le discipulat et devenir si occupé dans le service véritable qu'il n'ait plus le temps de se comparer sans cesse aux autres.


La véritable humilité est basée sur le réel, sur la Vision et sur les pressions exercées par le temps. Voilà certaines indications. Je vous demande de réfléchir sérieusement à ces trois bases d'une attitude importante que la personnalité doit préserver et démontrer avant chaque initiation. Je vous
rappelle qu'en présence de la véritable vision, l'humilité doit toujours se manifester.


L'expérience que j'entreprends a ses dangers. Les disciples de l'Ashram d'un Maître sur les plans intérieurs ont une certaine connaissance de la condition de leurs condisciples ; ils ne gardent pas toujours cette connaissance dans la conscience de leur cerveau. C'est, dans une grande mesure, un élément de protection car on ne peut pas compter qu'ils utiliseront cette connaissance correctement sur le plan physique. Ils peuvent être beaucoup trop critiques à l'égard d'un condisciple qui, temporairement, ne reste pas fidèle au but de son initiation ; ils peuvent être subtilement jaloux ou se sous-estimer indûment ; ils peuvent également traiter un disciple se trouvant devant eux sur le Sentier de l'Initiation comme un être supérieur, un être à part, et ainsi compliquer ses problèmes et son effort ; ils peuvent enfin perdre le sens des proportions à l'égard de l'initiation même, de ses processus et de ses états, et le faire parce qu'ils s'approchent trop d'un autre disciple initié luttant ou le comprennent mal.
Les dangers sont nombreux et je vous dis de prendre garde. Occupez-vous de votre propre vie et de vos propres affaires. Ne vous interrogez pas sur la condition des autres disciples de mon groupe avec lesquels vous coopérez étroitement et partagez mon expérience. Cultivez l'humilité qui est basée sur la compréhension et la vision, et ainsi servez le monde, servez vos compagnons et servez-moi aussi qui suis votre principal point de contact avec la Hiérarchie.


J'ai souvent fait observer que l'on connaît un disciple par l'influence qu'il exerce autour de lui, et un initié par le large rayon de son service au monde.
Comment se fait-il alors que certains d'entre vous (pas tous) ne se distinguent pas par un tel service ou n'occupent dans les affaires du monde qu'une place relativement peu importante ? Plusieurs facteurs l'expliquent. Tout d'abord, un disciple peut être appelé à se dégager de certaines relations karmiques, à remplir certaines obligations d'origine très ancienne et, ainsi, à
"déblayer le terrain" en vue du service ininterrompu et plus complet, au bénéfice de l'humanité. Cela se produit fréquemment entre la première et la deuxième initiation. Parfois, un disciple peut accomplir un service efficace, sur une vaste échelle, sur les plans intérieurs, et, cependant, n'en rien laisser paraître sur le plan physique, sauf dans la beauté de sa vie. D'autres étudient peut-être certaines techniques de rapports psychologiques et de distribution d'énergie, consacrant une existence particulière à acquérir les sciences ésotériques. Une vie n'est qu'un court moment dans le long cycle de l'âme ; mais un vrai disciple ne donnera jamais une des raisons citées plus haut comme excuse à son manque d'effort. Je vous rappelle aussi que, à elle seule, l'influence dans le monde ne signifie pas forcément discipulat. Il existe de nombreux groupes, bien connus et magnétiques, qui possèdent à leur centre une personnalité dominante qui n'est pas nécessairement un disciple.


En ce qui concerne le groupe de mes disciples et l'expérience que je tente, il convient que vous arriviez, dans cette expérience de groupe, à un point où vous ne vous préoccupiez plus aussi intensément de votre propre développement, de votre condition et de votre service ; vous avez tous besoin d'apprendre à vous décentraliser, de façon que le travail à effectuer devienne le facteur le plus important. Lorsqu'il en est ainsi l'intense intérêt qu'on porte soi même à certains aspects de l'expression de la personnalité, certaine faiblesse de caractère, certain objectif qui est cher ou certaine condition physique viennent à disparaître. Vous vous apercevrez que cultiver une "divine indifférence" aide considérablement à oublier le petit soi, ainsi que je vous l'ai déjà dit plusieurs fois. Souvent ce petit soi apparaît si vaste, par habitude, qu'il masque le soi supérieur ; il s'interpose entre le disciple et le Maître et empêche le contact avec les autres disciples, rendant ainsi impossible tout service efficace.


Il y a encore un point que je voudrais voir avec vous, afin que nous parvenions à une complète compréhension. Il semble, pendant certaines périodes de la vie du disciple, qu'il n'y ait plus de contact avec le Maître, comme si, au moins pour un temps, toutes les relations avaient été coupées. Je voudrais insister et vous dire que pour des disciples acceptés, une telle coupure n'est pas possible. Occultement parlant, elle ne peut pas se produire ; l'amour du Maître pour le disciple la rend impossible. Une seule condition peut provoquer cette rupture : l'effort conscient et délibéré du disciple pour y parvenir, effort poursuivi pendant une très longue période de temps. Un Maître n'admet pas à la légère un disciple dans Son groupe ; une fois qu'Il l'a admis, la situation en ce qui concerne le Maître est irrévocable. Tout délai dans le progrès à accomplir, toute rupture définitive est la seule responsabilité de l'élève. Une suspension temporaire peut se produire dans les transmissions ; elle peut même durer pendant toute une existence. De l'angle de l'âme, une vie
n'est pas longue, ce n'est que l'éclair d'un moment et de peu d'importance dans la longue carrière de l'âme. Dans la vie de la personnalité, cela paraît grand et important, mais dans l'éternel présent de l'âme ce n'est peut-être qu'une opportunité qu'elle saisit.


Je me suis donc tenu près de vous, regardant par moment la marée de la vie vous emporter ; j'ai noté vos progrès et vos retards ; je vous ai vus réussir et je vous ai vus échouer. Je vous vois en notant les vibrations de votre lumière, et non pas en observant le détail de votre vie journalière, ce qui ne se justifie pas en ces temps critiques et ne se justifiera jamais plus en raison du développement évolutif des disciples. Vous êtes toujours dans l'aura de mon groupe, au sein de mon Ashram. Vous y déterminez vous-mêmes votre position et non moi. A certains moments, il se produit dans le rapport entre l'instructeur et le disciple quelque chose ressemblant à une pulsation, un retrait et une avance en ce qui concerne le disciple, une constance et une attente en ce qui concerne l'instructeur. Lorsque les fluctuations du contact prennent fin, que le disciple est stabilisé et qu'il devient un "point d'énergie s'approchant constamment", il devient alors un disciple accepté. Dans mon groupe, certains disciples se stabilisent, d'autres sont en retrait ; quelques-uns s'approchent et j'observe avec intérêt la croissance et la décroissance de leur lumière.


Les temps exigent la mobilisation de chaque disciple ; lorsque je dis "les temps", j'entends le temps présent et les cinquante prochaines années. Cette mobilisation implique la concentration et la mise au service de l'humanité, des énergies, du temps et des ressources du disciple ; elle exige une nouvelle consécration au service, une consécration de la vie des pensées (comprenez vous ce je veux dire, mes frères ?) et un oubli de soi qui devra éliminer tous les sentiments, tous les désirs, les ressentiments, les griefs de la personnalité et toutes les petitesses possibles dans vos relations avec vos semblables Sur le plan physique, cela signifiera que toute la vie active et extérieure sera conditionnée de manière telle que la vie tout entière deviendra un service actif et focalisé. Je vous demande d'étudier la façon dont j'ai exprimé ce qui précède, l'utilisant comme une lumière qui vous révélera ce en quoi vous pouvez être déficients et ce que vous avez à faire.


Dans le passé, je vous ai donné, en grandes quantités, instructions, assistance et encouragements. Cela, vous l'avez toujours, et il vous serait très profitable de passer quelque temps à vous en souvenir. Mais aujourd'hui, opérez un nouveau commencement, non pas pour votre propre bénéfice mais pour aider un monde nécessiteux. Oubliez-vous vous-mêmes.


Le travail, dernièrement, a pesé très lourdement sur moi. Beaucoup de travail reposait sur mes épaules, du fait de la situation mondiale. Celle-ci a exigé un grand effort de la part de la Hiérarchie afin d'éviter un effondrement complet de la structure de la civilisation humaine telle qu'elle existe en ce moment. La partie saine des fondations de cette structure doit être sauvée ; le reste peut disparaître.


Bien des facteurs contribuent à rendre aujourd'hui apparemment inertes de nombreux disciples du monde qui devraient manifester leur activité et leur utilité dans le service. Ceci s'applique également à vous. La tension créée par les conditions de la guerre, le souci de vos affaires personnelles, vos attitudes et vos réactions ont chassé de votre esprit une grande partie de ce que j'ai pu dire et de ce que j'ai dit. Une des premières leçons que doivent apprendre ceux qui s'entraînent pour l'initiation est de parvenir à la double et difficile attitude qui permet de poursuivre une activité appropriée de la personnalité et de prendre un réel intérêt dans les affaires de la personnalité mais qui, pourtant, en même temps, n'autorise rien de personnel à intervenir dans la vie subjective et spirituelle, dans le service et dans l'entraînement donné en vue de l'initiation.
Comme le temps s'écoule, j'essaierai de jeter un pont entre les anciennes et les nouvelles techniques et méthodes d'entraînement en utilisant une partie des anciennes techniques qui commencent maintenant à devenir un peu surannées, et en vous donnant des indications voilées qui vous amèneront à comprendra la nature, le dessein et les méthodes de l'éducation des disciples acceptés dans les processus d'initiation.


Avant tout, je désire vous dire : Cherchez à retrouver l'ancienne ferveur de votre aspiration spirituelle et de votre autodiscipline. Si vous n'avez jamais perdu cette ferveur (bien que ce soit le cas de nombreux disciples), cherchez à obliger cette énergie d'inspiration à se manifester en un déploiement efficace d'activité bien déterminée sur le plan physique. De quelle manière, me Demandez-vous, mes frères ? En augmentant le rayonnement de votre lumière dans le monde, par l'amour et la méditation ; que les autres puissent ainsi se tourner vers vous comme vers la lumière d'un phare dans la nuit obscure de la vie, nuit qui, en ce siècle, paraît être descendue sur l'humanité ; essayez d'aimer plus que vous n'avez pensé qu'il était jamais possible de le faire, de manière que les autres, glacés et transis par ce qu'offre la vie et par l'horreur actuelle de l'existence humaine, puissent trouver près de vous chaleur et réconfort. Ce que moi-même et tous ceux qui sont affiliés à la Hiérarchie nous efforçons d'accomplir en ces temps de crise désespérée, c'est de trouver ceux qui sont des points sûrs d'énergie vivante et, par eux, de déverser l'amour, la force et la lumière dont a besoin le monde et qu'il doit recevoir s'il doit survivre à cette tempête. Je vous demande de me rendre ce service et de le rendre à l'humanité.
Je ne vous demande rien d'extraordinaire ; mais votre âme devra faire un effort considérable si vous voulez répondre à cet appel ; je ne demande rien d'impossible, mais je vous rappelle que lorsqu'ils sont confrontés par des problèmes importants, le corps physique et le cerveau semblent vous arrêter par leur apathie, la nature sensible par son inertie et le mental par un sentiment de
vanité des choses.


De nouveau je vous indique la Voie, et de nouveau j'attends. Allez-vous intensifier votre vie intérieure et parvenir à ce pouvoir qui vous permettra de vivre simultanément comme un être humain efficace et comme une âme vivante et aimante ? Etablir la continuité de ce double processus est votre principale nécessité en ce moment ; elle vous conduira à la fusion, à la coordination de la personnalité et à une efficacité grandement accrue. De nombreux disciples ne sont plus jeunes ; il n'est pas facile de modifier des habitudes de pensée bien établies et de vie émotive. Elles doivent pourtant être modifiées et vous ne devez pas en ressentir d'amertume. Les rythmes de la personnalité sont stabilisés et constituent votre ligne de moindre résistance.
Coupez à travers ces lignes, formant ainsi la croix de vie, et l'existence connaîtra alors de nouvelles difficultés ; mais les résultats seront de nouveaux rythmes de beauté.


A ceux qui se trouvent dans les foyers de souffrance, d'agonie, d'anxiété et de détresse, et ils sont légion, qui en sont entourés et qui cherchent à demeurer fermes au milieu d'eux, je dis : ce qui semble être n'est pas toujours ce qui est vraiment ; ce qui déchire et disloque la vie de la personnalité est fréquemment un agent de libération, si on sait le comprendre ; ce qui émergera lorsque les Forces de Lumières auront pénétré dans les ténèbres du monde démontrera la nature immortelle de l'esprit humain. A vous tous, je dis : mon amour vous entoure, et l'aura de l'Ashram dont je suis le centre demeure autour de vous comme une vaste muraille qui vous protège, vous et tous ceux qui luttent pour la justice. Assurez-vous donc que vous vous battez. Alors, si vous le voulez, vous pourrez sentir cette protection et cet amour. Vous pouvez, chaque jour si vous le voulez, vous mettre en rapport avec votre Maître. Nous ne sommes ni aveugles ni insouciants. Mais nous savons qu'il y a des maux pires que la mort et la souffrance. Nous savons que ce moment est l'heure de la plus grande opportunité de l'humanité et que si les hommes peuvent triompher des difficultés, par la force même de leur âme, et vaincre le mal présent, alors
l'évolution de l'humanité s'en trouvera accélérée au delà de tout ce qu'on croyait possible. Ce sera une libération, initiée et atteinte par l'homme lui-même. La valeur sera la même dans la vie de l'humanité qu'elle ne l'est dans la vie du disciple individuel. Il ne faut pas que cette chance, cette opportunité soient enlevées à l'homme ; les valeurs spirituelles et éternelles qu'il acquiert ont une
importance beaucoup plus grande qu'une agonie temporaire.


Vous qui pensez à Nous, bien à l'abri dans nos prétendues retraites, vous pouvez difficilement comprendre à quel point Ceux Qui sont liés à la Hiérarchie sont capables de s'identifier à toute la souffrance présente du monde, et combien Leur réaction à la malheureuse condition de l'humanité
transforme Leur devoir de se tenir à l'écart en une suprême agonie spirituelle.
Ils comprennent les réactions de l'humanité dans toutes leurs profondeurs ; ils les saisissent et les comprennent, car Ils ne font qu'un avec tous les hommes.
Ceci implique une compréhension beaucoup plus vaste que vous ne pouvez le saisir, compréhension qui ne peut être correctement exprimée que par le mot "identification". Ils ont besoin du soutien inébranlable de tous Leurs disciples, de l'amour constant, de la loyauté, de la réponse indiscutée au besoin humain qui leur permettront de porter plus facilement le lourd fardeau que le karma des hommes a placé sur Leurs épaules et qu'Ils portent volontairement.


Donnerez-vous tout cela ? Nous aiderez-vous dans Notre travail, de toutes les façons possibles, à la fois comme personnalités consacrées au service et comme âmes marchant le long de la Voie éclairée ? Le besoin de l'humanité en amour et en lumière, le besoin de la Hiérarchie en canaux, en hommes travaillant sur terre sous sa direction, peuvent faire appel à tout ce que vous avez à donner et peuvent évoquer votre âme, seule véritable récompense que recherche le disciple, en pouvoir et en amour. C'est ce qui se produira pour vous si vous oubliez le petit soi.


Que votre connaissance puisse être transmuée en sagesse, que l'oeil de la vision domine les processus de votre existence et toutes vos entreprises, tel est le souhait que je formule profondément dans mon coeur pour chacun de vous et pour tous.

Votre Maître, Ami et Instructeur,

LE TIBÉTAIN.