Le Nouveau groupe des serviteurs du monde

Le Nouveau groupe des serviteurs du monde


Le nouveau groupe des serviteurs du monde n'est pas une organisation nouvelle qui se crée dans le monde. C'est simplement un lien entre tous les hommes de bonne volonté, aux buts de paix constructifs, qui mettent l'accent sur la nécessité primordiale de l'établissement de justes relations humaines, avant qu'une paix durable soit possible. Ce groupe ne contrecarre nullement la fidélité et le loyalisme de n'importe quelle personne. C'est un ralliement de tous ceux qui cherchent à exprimer l'esprit du Christ et qui ignorent la haine et la vengeance. Ce groupe propose au monde d'oublier tout antagonisme, toute antipathie, toute haine et toute différence raciale, et d'essayer de vivre en tant que famille unique, vie unique, humanité unique.
Le nouveau groupe des serviteurs du monde croit qu'au moyen de la bonne volonté l'ordre mondial nouveau peut être fermement établi sur terre.
Aujourd'hui, dans la période intérimaire de la guerre, la préparation de la reconstruction peut être conduite simultanément à l'effort de victoire sur les puissances totalitaires. Ce n'est pas dans la note de sacrifice que les hommes de bonne volonté doivent puiser l'énergie de leurs activités. La guerre a déjà beaucoup exigé d'eux dans ce sens. C'est la note claironnante de la joie par l'activité de bonne volonté qui doit se faire entendre. Que la beauté de ce qui est possible, la splendeur de la vision, de la reconstitution physique, scientifique et spirituelle de l'humanité se dressent devant leurs yeux, leur inspirant un effort renouvelé.
Grâce au travail fait précédemment dans le monde entier par des hommes de vision et de bonne volonté, il existe aujourd'hui des milliers de personnes en Europe, en Amérique et ailleurs, qui attendent d'être guidées vers une juste activité. Dans tous les pays, on trouve des hommes de bonne volonté, prêts à répondre à un appel clair et à une organisation intelligente au service de la reconstruction. Qu'on les trouve !
Le message à enseigner avant toute paix future consiste en trois vérités claires et pratiques que voici :
1. Les erreurs des siècles passés, dont le point culminant est la guerre mondiale actuelle, sont les erreurs conjointes de l'humanité tout entière. Le reconnaître conduira à établir le principe du partage, si nécessaire aujourd'hui dans le monde.
2. Il n'existe aucun problème ni aucune condition qui ne puisse être résolu par la volonté-de-bien. La bonne volonté nourrit un esprit de compréhension et favorise la manifestation du principe de coopération. Cet esprit de coopération est le secret de toute relation humaine juste et l'ennemi de la compétition.
3. Il existe une relation de sang entre les hommes qui, lorsqu'elle sera reconnue, fera tomber toutes les barrières, et mettra fin à l'esprit de séparativité et de haine. La paix et le bonheur de chacun est donc le souci de tous, ce qui développe le principe de la responsabilité et pose les bases d'une action collective correcte.
Ce sont les croyances fondamentales des hommes de bonne volonté qui fournissent un stimulant à tout service et à toute action. Ces trois vérités scientifiques et pratiques représentent les trois faits de base et l'acceptation de tous les serviteurs du monde. Elles ne sont contraires à aucune position mondiale, ni subversive vis-à-vis d'aucun gouvernement ou attitude religieuse ; elles sont innées dans la conscience de chaque homme et suscitent une réponse immédiate. L'acquiescement à ces vérités "guérira" les maux internationaux.
J'appelle tous les hommes de bonne volonté du monde à une étude des principes du nouvel ordre mondial. Je leur demande, alors qu'ils luttent pour la justice et les droits des petites nations, pour l'avenir des enfants de tous pays, de commencer à éduquer ceux qu'ils peuvent atteindre, en vue d'attitudes correctes et de la vision d'avenir qui rendra plus tard impossibles les erreurs du passé.
L'un des attributs divins fondamentaux n'est pas encore aussi fort qu'il devrait l'être dans l'humanité : l'attribut du pardon. Il est encore associé à la magnanimité et regardé comme une condition essentielle des futures relations entre les nations, condition basée sur la constatation de notre commune humanité. L'Allemagne, égarée par ses mauvais gouvernants, a besoin de pardon. Toutes les Grandes Puissances ont aussi péché à quelque degré, toutes se sont trompées dans le passé. L'Allemagne a précipité le mal survenu dans le monde, mais elle porte en elle-même les semences de sa propre punition ; ces semences ne se développeront pas si un châtiment excessif lui est infligé de l'extérieur.
Reconnaître trois points sauvera le monde, lorsque les canons se seront tus :
1. Reconnaître la responsabilité conjointe, concernant les conditions mondiales du passé. La vérité que "nous avons tous péché" doit être regardée en face.
2. Reconnaître que, bien que le peuple allemand ait eu la faiblesse d'accepter la domination d'Hitler, il est fondamentalement victime d'une tromperie organisée. Depuis 1914 on ne lui a dit que des mensonges. L'ordre mondial futur inaugurera une ère de propagande véridique, d'information nationale et internationale.
3. Reconnaître que le passé, avec tous ses maux, est derrière nous, et qu'un avenir de possibilités illimitées s'offre à nous pour des changements favorables et constructifs. L'avenir doit être développé par toutes les nations, dans la plus étroite collaboration.
Ces trois points doivent être constamment présentés au public, dans le langage le plus simple, car c'est la masse inerte des gens qui ne pensent pas qui va constituer la difficulté principale. Il faut faire appel à ce qu'il y a de meilleur en eux, car la tâche immédiate de l'avenir sera le développement d'attitudes correctes sans lesquelles aucune paix ne pourra durer, aucune justice ne sera possible. La paix ne doit pas être imposée par ceux qui détestent la guerre. La paix doit être le résultat naturel, l'expression de l'esprit humain, ainsi que la détermination de transformer l'attitude mondiale en relations humaines justes.
Ceci n'est pas un rêve imaginaire et impossible, mais une possibilité immédiate, s'il existe un esprit de pardon et de bonne volonté. Il faudra de la patience, car la tension nerveuse de la guerre, la douleur, l'angoisse, la peur et la malnutrition entreront en ligne de compte. Les êtres humains seront les mêmes qu'avant la guerre, sauf qu'ils seront épuisés et, pour la plupart, prêts à accepter n'importe quelles conditions, pourvu qu'ils puissent, à nouveau, vivre tranquillement, débarrassés de la peur immédiate des bombes, de la faim et de la ruine. Le grand impératif sera d'agir lentement, de prévoir du temps pour les nécessaires processus de guérison et de réajustement, avant que des conditions de paix définitive ne puissent être fixées par les nations, réunies en conclave.
Les nations devront passer d'un régime de guerre à des activités réglées de paix, des tensions organisées de la guerre à la relative détente de la paix. La première mesure consistera à faire progresser le désarmement, mais de manière à ne pas aggraver indûment la question du chômage. La transformation "des canons en charrues" doit se faire avec jugement ; seul un vaste plan international pourra venir à bout de ce considérable processus. La fixation des frontières nationales et des sphères d'influence sera d'une extrême difficulté et ne pourra être déterminée de façon satisfaisante que si la bonne volonté est activement présente et utilisée consciemment et lorsque les voeux de la population impliquée auront été précisés dans une consultation impartiale.
L'accent mis sur les anciennes frontières historiques, en tant que facteur déterminant, est toujours dangereux. Une action sage et lente sera ici nécessaire, tenant correctement compte des désirs de la population. Ce n'est pas le rétablissement des anciennes limites qui est souhaitable, mais le rétablissement des sphères nationales et raciales d'influence, en harmonie avec la situation présente.
Ce qui est important n'est pas d'imposer une idéologie particulière au monde ou de la faire disparaître, mais d'établir des conditions mondiales qui fourniront à toutes les nations assez de nourriture, tout ce qui est nécessaire à la vie, l'occasion de s'exprimer et d'apporter leur contribution unique au bien-être de toute la famille des nations.
Les détails devront être élaborés par tous les peuples en très étroite collaboration. Des hommes de vision et non simplement des hommes politiques ; des serviteurs du monde et non simplement des chefs militaires ; des personnes qui aiment l'humanité et non simplement les gouvernants des nations, devront déterminer ces questions d'importance considérable. Dans leur action, il faudra qu'ils puissent compter sur le soutien des hommes de bonne volonté de tous les pays. Pour résumer :
L'intérim entre le temps présent et la mise au point finale se divise en deux périodes majeures, et le travail pratique à accomplir dans chacune d'elles peut être clairement défini :
1. L'intérim entre aujourd'hui et la cessation des hostilités doit être utilisé de la manière suivante :
a. Pour éduquer et stabiliser les hommes de bonne volonté.
b. Pour découvrir des travailleurs, des personnes qui aiment l'humanité, qui comprennent et ont la vision, qui répondront aux principes énoncés ici.
c. Pour préparer ces hommes à travailler à l'unisson pour la justice et les justes relations humaines dans tous les pays, après la fin de la guerre.
2. L'intérim entre la fin du combat physique et le règlement de paix définitif. Espérons – pour la sauvegarde de la justice – que cet intermède couvrira plusieurs années de réhabilitation et d'éducation.
Pendant ces intermèdes entre l'ordre ancien et l'ordre nouveau, les hommes de bonne volonté peuvent aider activement les hommes d'Etat de toute nation par leur coopération intelligente, afin de centrer, selon un plan, l'opinion publique éclairée, de définir et d'enseigner le vrai sens des relations humaines.
C'est le premier intermède qui nous concerne actuellement.
Il est souhaitable d'entrer en contact immédiatement avec ceux dont vous connaissez déjà les noms, de les mettre au travail, de les laisser – à leur tour – trouver d'autres personnes et les guider aussi sur la voie de la reconstruction.
Que tous ces noms et toutes ces adresses soient rassemblés sur des listes de correspondance centrales ou nationales, mais qu'on les tienne à la fois à Londres et à New York, car c'est la tâche des peuples de langue anglaise de reconstruire le monde, avec l'aide de toutes les autres nations. Il faut donc une certaine mesure de centralisation du travail, une manière d'atteindre ces personnes et de les enrôler dans une activité de coopération.
Avec de la bonne volonté envers tous, avec une croyance ferme dans les possibilités divines des êtres humains et dans la résurrection future de l'humanité, avec une reconnaissance exaltée de Dieu et des valeurs fondamentales de l'enseignement du Christ, avec une joyeuse détermination d'aller de l'avant dans le travail de reconstruction, que tous ceux qui répondent à cette vision se mettent immédiatement au travail.
Je ne vous demande pas de loyalisme envers une organisation, mais seulement d'aimer vos semblables, qu'ils soient Allemands, Américains, Juifs, Britanniques, Français, Noirs ou Asiatiques. Je vous demande de sortir de vos rêves de vague beauté, de vos utopies et de vos souhaits irréalisables pour regarder la vie telle qu'elle est aujourd'hui, puis, là où vous êtes, de vous mettre à l'améliorer. Je vous demande de faire l'expérience de justes relations humaines, en commençant par vos relations personnelles avec votre famille et vos amis, puis de travailler à éduquer ceux que vous rencontrez, pour qu'eux aussi entreprennent la même tâche. Cette tâche consiste à parvenir à de justes relations individuelles, de justes relations de groupe, de justes relations entre les groupes, de justes relations nationales et internationales. Je vous demande de comprendre que pour cette tâche, personne n'est inefficace ou inutile, mais que chacun a un rôle de valeur pratique. Je vous demande instamment de reconnaître que la bonne volonté est une énergie dynamique, qui peut engendrer des changements dans le monde de caractère fondamental, et que son expression passe par l'activité individuelle de l'homme ou de la femme et par leur intention de masse. Le pouvoir de bonne volonté de la masse, l'effet dynamique de la compréhension intelligente et active, la puissance d'une opinion publique instruite et éveillée, qui désire le plus grand bien possible pour le plus grand nombre, est véritablement incroyable. Cette puissance dynamique n'a jamais été utilisée. Elle peut, aujourd'hui, sauver le monde.