LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

Le problème du gouvernement

Le problème du gouvernement


Venons-en maintenant au problème du gouvernement dans le nouvel ordre mondial ; nous sommes face à une situation très complexe. Certains grands régimes idéologiques ont divisé le monde en groupes opposés. Il y a les
grandes démocraties, au sein desquelles les quelques monarchies existant encore trouvent place ; il y a les puissances totalitaires, qui résument les anciennes dictatures et autocraties. Il n'y a rien de nouveau dans la politique de l'Axe. Il s'agit essentiellement de groupes réactionnaires, car les tyrans, la cruauté et l'exploitation des faibles font partie de l'histoire du passé. Les démocraties, malgré toute leur inefficacité actuelle, portent en elles le germe de ce qui est vraiment nouveau, car elles sont l'expression de l'émergence, dans l'humanité tout entière, du gouvernement par soi-même et de la maîtrise de soi.
Il y a aussi l'idéal communiste qui est un curieux mélange d'individualisme, de dictature, de l'ancien conflit entre travail et capital, du Sermon sur la Montagne et des pires aspects de la révolution et de l'exploitation. La direction qu'il va prendre, même dans l'avenir immédiat, est imprévisible. Il y a d'autres pays et d'autres peuples qui sont conditionnés par leur environnement et qui, à l'heure actuelle, ne jouent pas un rôle déterminant dans les événements mondiaux, si ce n'est dans la mesure où les grandes puissances les utilisent. Puis il y a les peuples et les tribus qui poursuivent encore leur petite vie, sans être troublés par l'agitation qui existe dans les parties plus civilisées du monde.
Derrière la diversité des méthodes gouvernementales, surgissent clairement certains profils qui indiquent de plus larges fusions et une tendance à réaliser certaines synthèses. Des courants de pensée, fondamentaux et divers, apparaissent qui, dans le nouvel ordre mondial, s'épanouiront en une synthèse majeure très désirée par la Hiérarchie spirituelle et qui, tout en conservant des éléments nationaux et raciaux, produiront un état d'esprit subjectif et sousjacent lequel mettra fin à l'ère de la séparativité. On évoque, aujourd'hui, un désir d'Etats fédérés d'Europe, sur le modèle du Commonwealth britannique ou des Etats-Unis d'Amérique ; on parle d'un ordre nouveau en Asie, d'une politique de Bon Voisinage en Amérique, d'une Union fédérale des nations démocratiques. Il y a aussi l'expansion régulière des Républiques socialistes soviétiques. Certains groupements majeurs semblent possibles et probablement judicieux. On pourrait les envisager de la façon suivante :
1. Une union fédérale des grandes démocraties, après la guerre, qui pourrait inclure tout l'Empire britannique, les Etats-Unis, les pays scandinaves et certaines nations du nord de l'Europe, Allemagne comprise.
2. Une Union des pays latins, comprenant la France, l'Espagne, tous les pays méditerranéens, les Balkans (excepté un ou deux pays qui pourraient être absorbés par l'U.R.S.S.), et l'Amérique latine.
3. L'Union des Républiques socialistes soviétique et certaines nations asiatiques, collaborant avec elles, telles que la Chine, et plus tard le Japon.
Ces trois grands blocs ne seraient pas antagonistes, mais simplement des sphères géographiques d'influence. Ils travailleraient tous trois dans l'unité et la relation économique la plus étroite. Chaque nation, dans ces trois blocs, conserverait son indépendance souveraine ; mais entre ces nations indépendantes et entre ces blocs, il y aurait identité d'intention, unité d'effort et reconnaissance d'un contrôle économique, exercé par une ligue de nations.
Cette ligue, comportant des représentants de toutes les nations, et son corps gouvernemental interne étant choisi par les trois blocs, aurait la haute main sur toutes les sources de ravitaillement, distribuerait ce dernier dans sa totalité et déterminerait toute politique économique.
Je n'entrerai pas dans les détails de ces futures mises au point. Ceux-ci doivent être élaborés par les hommes de bonne volonté, dans le creuset de l'expérimentation et de l'expérience. Seul un désastre universel pouvait provoquer chez les hommes un état d'esprit où de telles solutions et de telles propositions pouvaient être présentées. Il est très précieux que tout le monde reconnaisse l'échec lamentable de l'ordre ancien.