LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

23. LA LUMIERE DE L'AME


SA SCIENCE ET SES EFFETS


LES YOGA SUTRAS DE PATANJALI

Une paraphrase des YOGA SUTRAS DE PATANJALI


Avec des commentaires par Alice A. Bailey

Dédié avec reconnaissance à Foster Bailey


Traduit par Gabrielle Francis


Mis sur support informatique sous la responsabilité de l'Association Lucis
Trust


TABLES

SOMMAIRE

REMARQUES PRELIMINAIRES
ESQUISSE DES SUJETS TRAITES
BIBLIOGRAPHIE
LIVRE I — LE PROBLEME DE L'UNION

1. AUM. (OM). L'enseignement suivant concerne la science de l'union.

2. Cette union, ou yoga, s'accomplit par la sujétion de la nature psychique et la répression de la chitta (ou mental).

3. Lorsque cela est accompli le yogi se connaît tel qu'il est en réalité.

4. Jusqu'ici l'homme intérieur s'est identifié à ses formes et à leurs modifications actives.

5. Les états mentaux sont au nombre de cinq et sont soumis au plaisir ou à la douleur. Ils sont douloureux ou non douloureux.

6. Ces modifications (activités) sont la connaissance correcte, la connaissance incorrecte, la fantaisie, la passivité (sommeil) et la mémoire.

7. La base de la connaissance correcte est la perception correcte, la déduction correcte, et le témoignage correct (ou preuve certaine).

8. La connaissance incorrecte est basée sur la perception de la forme et non sur l'état de l'être.

9. La fantaisie repose sur des images qui n'ont pas d'existence réelle.

10. La passivité (sommeil) est basée sur l'état de quiétude des vrittis (ou sur la non-perception des sens).

11. La mémoire est le maintien de ce qui a été connu.

 

12. La maîtrise de ces modifications de l'organe interne, le mental, doit être réalisée par une tentative inlassable et le non-attachement.

13. La tentative inlassable est l'effort constant en vue de réfréner les modifications du mental.

14. Quand la valeur de l'objectif visé est estimée assez haut, et que les efforts pour l'atteindre sont soutenus avec persistance et sans relâche, la stabilité mentale (maîtrise des vrittis) est assurée.

15. Le non-attachement est la libération de toute convoitise pour tous les objets du désir, qu'ils soient de nature terrestre ou traditionnelle, d'ici-bas ou de l'au-delà.

16. Le parachèvement de ce non-attachement a pour résultat une connaissance exacte de l'homme spirituel, affranchi des qualités ou gunas.

17. La conscience d'un objet s'obtient par la concentration sur sa nature quadruple : la forme, par l'examen ; la qualité (ou guna), par la mise en oeuvre du discernement ; le dessein, par l'inspiration (ou la grâce) et l'âme, par l'identification.

18. Un degré plus avancé de samadhi est réalisé lorsque, par la pensée unifiée, l'activité extérieure est calmée. A ce stade, la chitta n'est sensible qu'aux impressions subjectives.

19. Le samadhi qui vient d'être décrit ne dépasse pas les limites du monde phénoménal ; il ne va pas au-delà des dieux, ni de ceux qui ont affaire au monde concret.

20. D'autres yogis réalisent le samadhi et parviennent à différencier l'esprit pur par la croyance suivie de l'énergie, de la mémoire, de la méditation et de la perception juste.

21. L'accès à ce stade (la conscience spirituelle) est rapide chez ceux dont la volonté est intensément alerte.

22. Ceux qui emploient la volonté diffèrent également, car son usage peut être intense, modéré ou bénin. En ce qui concerne la réalisation de la véritable conscience spirituelle, il est encore une autre voie.

23. Par une dévotion intense à Ishvara, la connaissance d'Ishvara est obtenue.

24. Cet Ishvara est l'âme, insensible aux limitations, exempte de karma et de désir.

25. En Ishvara (le Gurudeva), le germe de toute connaissance se développe à l'infini.

26. Ishvara (le Gurudeva) n'étant pas limité par des conditions temporelles, est l'instructeur des seigneurs primordiaux.

27. Le mot d'Ishvara est AUM (ou OM). C'est là le pranava. (Voir Livre I, sutra 1)

28. L'émission du mot et la réflexion sur sa signification font trouver la voie.

29. De là provient la réalisation du soi (l'âme) et l'élimination de tous les obstacles.

30. Les obstacles à la connaissance de l'âme sont l'invalidité du corps, l'inertie mentale, l'interrogation irrationnelle, la négligence, la paresse, la non impassibilité, la perception erronée, l'inaptitude à la concentration, l'échec dans le maintien de l'attitude méditative après qu'elle a été réalisée.

31. La douleur, le désespoir, l'activité corporelle inopportune et la mauvaise direction (ou mauvais contrôle) des courants vitaux résultent de la présence d'obstacles dans la nature psychique inférieure.

32. Pour surmonter les obstacles et leurs suites, une application intense de la volonté à quelque vérité (ou principe) unique est exigée.

33. La paix de la chitta (ou substance mentale) peut être réalisée par l'exercice de la sympathie, de la tendresse, de la fermeté d'intention et de l'absence de passion à l'égard du plaisir et de la douleur, comme envers toutes formes de bien ou de mal.

34. La paix de la chitta peut également être obtenue par la régulation du prana ou souffle vital.

35. Le mental peut être exercé à la stabilité au moyen des modes de concentration se rapportant aux perceptions des sens.

36. Par la méditation sur la lumière et sur le rayonnement, la connaissance de l'esprit peut être atteinte et la paix peut par là être obtenue.

37. La chitta est stabilisée et libérée de l'illusion lorsque la nature inférieure est purifiée et cesse d'être prise en considération.

38. La paix (stabilité de la chitta) peut être atteinte par la méditation sur la connaissance que donnent les rêves.

39. La paix peut aussi être atteinte par la concentration sur ce qui est le plus cher au cœur.

40. La réalisation s'étend aussi de l'infiniment petit à l'infiniment grand ; et, d'annu (l'atome ou point) à atma (ou esprit), sa connaissance est parachevée.

41. Celui dont les vrittis (modifications de la substance mentale) sont entièrement maîtrisés aboutit à un état d'identité et de similitude avec ce dont il est pris conscience. Le connaisseur, la connaissance et le champ de connaissance deviennent un, tout comme le cristal absorbe en lui les couleurs de ce qui, en lui, se reflète.

42. Quand celui qui perçoit amalgame le mot, l'idée (ou signification) et l'objet, cela est appelé la condition mentale d'un raisonnement critique.

43. La perception sans raisonnement critique s'obtient quand, la mémoire n'exerçant plus son autorité, le mot et l'objet sont dépassés et que l'idée seule est présente.

44. Ces deux mêmes processus de concentration, avec ou sans activité du mental critique, peuvent également s'appliquer aux choses subtiles.

45. Ce qui est grossier conduit à ce qui est subtil et ce qui est subtil conduit, par degrés progressifs, à l'état de pur être spirituel appelé pradhana.

46. Tout cela constitue la méditation avec semence.

47. Lorsque cet état hyper-contemplatif est atteint, le yogi arrive à la pure réalisation spirituelle par le calme équilibré de la chitta (ou substance mentale).

48. Sa perception est maintenant infailliblement exacte. (ou : son mental ne révèle plus que la vérité).

49. Cette perception particulière est unique et révèle ce que le mental rationnel (usant de témoignages, d'induction et de déduction) ne peut révéler.

50. Elle est adverse à toutes autres impressions ou s'y substitue.

51. Quand cet état de perception est à son tour également rejeté (ou supplanté), le pur samadhi est alors réalisé.

LIVRE II — LES DEGRES CONDUISANT A L'UNION

1. Le yoga de l'action, conduisant à l'union avec l'âme, est aspiration ardente, lecture spirituelle et dévotion à Ishvara.

2. Le but de ces trois questions est de provoquer la vision de l'âme et d'éliminer les obstructions.

3. Voici les obstacles producteurs de difficultés : avidya (l'ignorance) et le sens du désir de la personnalité, la haine et le sens de l'attachement.

4. Avidya (l'ignorance) est la cause de toutes les autres obstructions, qu'elles soient latentes, en voie d'élimination, surmontées, ou pleinement opérantes.

5. Avidya est l'état où se confondent le permanent, le pur, le béni et le soi avec ce qui est impermanent, impur, douloureux et le non-soi.

6. Le sens de la personnalité est imputable à l'identification de celui qui connaît avec les instruments de la connaissance.

7. Le désir est l'attachement aux objets de plaisir.

8. La haine est l'aversion pour quelque objet des sens.

9. Un intense désir pour l'existence sensible constitue l'attachement. Il est inhérent à toute forme ; il se perpétue et il est connu même des très sages.

10. Lorsque ces cinq obstacles sont subtilement connus, ils peuvent être surmontés par une attitude mentale opposée.

11. Leurs activités doivent être éliminées par le processus de la méditation.

12. Le karma lui-même a sa racine dans ces cinq obstacles et doit porter ses fruits en cette vie ou en quelque vie ultérieure.

13. Tant que les racines (ou samskaras) existent, leurs fruits seront la naissance, la vie, et les expériences d'ou résultent plaisir ou douleur.

14. Ces graines (ou samskaras) sont productrices de plaisir ou de douleur, selon que le bien ou le mal ait été leur cause originelle.

15. Pour l'homme illuminé toute existence (dans les trois mondes) est considérée comme douloureuse en raisons des activités des gunas. Ces activités sont triples, produisant des conséquences, de l'anxiété et des impressions subliminales.


16. On peut se garder de la douleur qui est encore à venir.

17. L'illusion faisant de celui qui perçoit et de ce qui est perçu une seule et même chose est la cause (des effets produisant la douleur) dont il faut se garder.

18. Ce qui est perçu a trois qualités, sattva, rajas et tamas (rythme, mobilité et inertie). Ce sont les éléments et organes des sens. Leur usage produit l'expérience et la libération finale.

19. Les divisions des gunas (ou qualités de la matière) sont au nombre de quatre : spécifique, non spécifique, indiquée et insaisissable.

20. Le voyant est pure connaissance (gnosis). Bien que pur il considère, par l'intermédiaire du mental, l'idée offerte.

21. Tout ce qui est, existe pour le bénéfice de l'âme.

22. Pour l'homme qui a réalisé le yoga (ou union) l'univers objectif a cessé d'être.
Cependant il continue d'exister pour ceux qui ne sont pas encore libres.

23. L'association de l'âme avec le mental et, de ce fait, avec ce que perçoit le mental, provoque une compréhension de la nature de ce qui est perçu, ainsi que de celui qui perçoit.

24. La cause de cette association est l'ignorance, ou avidya. Cela doit être surmonté.

25. Quand l'ignorance prend fin par l'absence d'association avec les choses perçues, cela constitue la grande libération.

26. L'état d'asservissement est surmonté par une discrimination parfaitement maintenue.

27. La connaissance (ou illumination) réalisée est septuple et progressivement atteinte.

LES HUIT MOYENS

28. Lorsque les moyens de yoga ont été pratiqués avec constance et que l'impureté a été surmontée, la clarté se fait, menant vers les hauteurs de l'illumination totale.

29. Les huit moyens de yoga sont : les commandements ou yama, les règles ou nijama, la posture ou asana, le contrôle correct de la force vitale ou pranayama, le transfert ou pratyahara, l'attention ou dharana, la méditation ou dhyana et la contemplation ou samadhi.

MOYEN I. LES COMMANDEMENTS


30. L'innocuité, la vérité envers tous les êtres, l'abstention de vol, d'incontinence et d'avarice, constituent yama ou les cinq commandements.

31. Yama (ou les cinq commandements) constitue le devoir universel, sans considération de race, lieu, temps ou circonstances.

MOYEN II. LES REGLES

32. La purification interne et externe, le contentement, l'ardente aspiration, la lecture spirituelle et la dévotion à Ishvara constituent nijama (ou les cinq règles).

33. Quand des pensées contraires au yoga sont présentes, il faudrait cultiver celles qui leur sont opposées.

34. Les pensées contraires au yoga sont le comportement nuisible, la fausseté, le vol, l'incontinence et l'avarice, commis tant personnellement qu'incités à être commis ou approuvés ; qu'ils surgissent à la suite de l'avarice, de la colère ou de l'erreur (ignorance) ; que la faute soit légère, moyenne ou grande. Il en résulte toujours une douleur et une ignorance extrêmes. Pour cette raison, les pensées contraires doivent être cultivées.

35. En présence de celui qui a perfectionné l'innocuité toute inimitié cesse.

36. Quand la vérité à l'égard de tous les êtres a atteint son point de perfection, l'efficacité de ses paroles et de ses actes devient manifeste.

37. Quand l'abstention de vol atteint son point de perfection, le yogi peut obtenir tout ce qu'il désire.

38. Par l'abstention d'incontinence l'énergie est acquise.

39. Quand l'abstention d'avarice atteint son point de perfection il s'ensuit une compréhension de la loi de renaissance.

40. La purification interne et externe provoque l'aversion pour la forme ; pour la forme de soi-même comme pour toutes les formes.

41. La purification suscite aussi un esprit calme, la concentration, la conquête des organes et l'aptitude à discerner le soi.

42. Résultant du contentement, la béatitude est réalisée.

43. D'une aspiration ardente, et de la suppression de toute impureté, résulte le
perfectionnement des sens et des pouvoirs corporels.

44. De la lecture spirituelle résulte un contact avec l'âme (ou "un" divin).

45. Par la dévotion à Ishvara le but de la méditation (ou samadhi) est atteint.

MOYEN III. POSTURE

46. La posture adoptée doit être stable et aisée.

47. La stabilité et l'aisance de la posture se réalisent grâce à un effort léger et soutenu, et par la concentration du mental sur l'infini.

48. Quand cela est atteint, les couples de contraires ne font plus obstruction.

MOYEN IV. PRANAYAMA

49. Quand la posture (asana) correcte a été réalisée, elle est suivie d'une maîtrise correcte du prana et d'un processus approprié d'inspiration et expiration du souffle.

50. La maîtrise correcte du prana (ou des courants vitaux) est externe, interne ou immobile ; elle est subordonnée au lieu, au temps et au nombre et elle est aussi prolongée.
51. Il y a un quatrième stade qui surpasse ceux dans lesquels il est question des phases interne et externe.

52. Grâce à cela, ce qui obscurcit la lumière disparaît graduellement.

53. Et le mental est préparé à la méditation concentrée.

MOYEN V. LE TRANSFERT

54. Le transfert (ou pratyahara) est l'asservissement des sens par le principe pensant et leur retrait hors de ce qui fut jusqu'ici leur objet.

55. Comme résultat de ces moyens, il s'ensuit la complète soumission des organes sensoriels.

LIVRE III — L'UNION REALISEE ET SES RESULTATS

1. La concentration consiste à fixer la chitta (substance mentale) sur un sujet particulier.
Ceci est dharana.

2. La concentration soutenue (dharana) est la méditation (dhyana).

3. Quand la chitta s'absorbe en ce qui est la réalité (ou l'idée enclose dans la forme) et n'a plus conscience ni d'une séparation ni du soi personnel, il s'agit de la contemplation ou samadhi.

4. Quand la concentration, la méditation et la contemplation constituent un acte continu,
sanyama est alors réalisé.

5. Résultant de sanyama s'ensuit le rayonnement de la lumière.

6. Cette illumination est graduelle ; elle se développe stade après stade.

7. Ces trois derniers moyens de yoga ont un effet subjectif plus intérieur que les précédents moyens.

8. Ces trois-là, cependant, sont eux-mêmes externes au regard de la véritable méditation sans semence (ou samadhi) qui ne se base pas sur un objet. Celle-ci est libérée des effets de la nature séparatrice de la chitta, (ou substance mentale).

9. La séquence des états mentaux se déroule comme suit : le mental réagit à ce qui est vu ; il s'ensuit alors la phase de la maîtrise mentale ; puis vient la phase ou la chitta (substance mentale) réagit à ces deux facteurs. Ceux-ci finalement disparaissent et la conscience qui perçoit se donne libre cours.

10. Cette habitude mentale étant cultivée, il s'ensuivra une stabilité de la perception spirituelle.

11. Le fait de contracter cette habitude et de soustraire le mental à sa tendance à construire des formes-pensées, a pour résultat final un pouvoir constant de contemplation.

12. Quand la maîtrise du mental et le facteur maîtrisant sont en condition d'équilibre réciproque, il s'ensuit un état de fixité sur un seul point.

13. Par ce processus les aspects de chaque objet sont connus ; leurs caractéristiques (ou leur forme), leur nature symbolique et leur usage spécifique selon les conditions du temps (stades de développement) sont connues et il en est pris conscience.

14. Les caractéristiques de chaque objet sont, ou acquises, ou manifestées, ou latentes.

15. Le stade de développement conditionne les diverses modifications de la nature psychique versatile et du principe pensant.

16. La méditation concentrée sur la triple nature de chaque forme amène la révélation de ce qui a été et de ce qui sera.

17. Le son (ou mot), ce qu'il désigne (l'objet) et l'essence spirituelle (ou idée) qui y est incorporée, sont généralement confondus dans le mental de celui-qui-perçoit. Par la méditation concentrée sur ces trois aspects survient la compréhension (intuitive) du son émis par toutes les formes de vie.

18. La connaissance des incarnations précédentes devient accessible quand le pouvoir de voir des images-pensées est acquis.

19. Grâce à la méditation concentrée, les images-pensées dans le mental d'autrui deviennent apparentes.

20. Quoi qu'il en soit, comme l'objet de ces pensées n'est pas apparent pour celui-qui perçoit, il ne voit que la pensée et non l'objet. Sa méditation exclut ce qui est tangible.

21. Par la méditation concentrée sur la différence entre la forme et le corps, les propriétés du corps qui le rendent visible à l'œil humain sont abolies (ou retirées) et le yogi peut se rendre invisible.

22. Le karma (ou effets) est de deux sortes : le karma immédiat, ou le karma futur. Grâce à la méditation parfaitement concentrée sur l'un et l'autre, le yogi connaît la teneur de son expérience dans les trois mondes. Cette connaissance provient aussi de signes.

23. L'union avec autrui doit être réalisée par une méditation concentrée sur les trois états du sentiment : la compassion, la tendresse et l'impassibilité.

24. La méditation exclusivement centrée sur la vigueur de l'éléphant éveillera cette force, ou lumière.

25. De la méditation parfaitement concentrée sur la lumière éveillée résultera la conscience de ce qui est subtil, caché ou distant.

26. De la méditation, fixée sans défaillance sur le soleil, s'ensuivra la conscience (ou la connaissance) des sept mondes.

27. Une connaissance de toutes les formes lunaires survient par la méditation fixée sur la lune.

28. La concentration sur l'étoile polaire donnera la connaissance des orbites des planètes et des étoiles.

29. De l'attention concentrée sur le centre appelé plexus solaire, s'ensuit la connaissance parfaite quant à la condition du corps.

30-31. L'attention étant fixée sur le centre de la gorge, il s'ensuivra la suppression de la faim et de la soif. Par l'attention fixée sur le conduit ou nerf situé au-dessous du centre de la gorge, l'équilibre est atteint.

32. Ceux qui ont atteint la maîtrise de soi peuvent être vus et il peut être pris contact avec eux par la convergence de la lumière dans la tête. Ce pouvoir se développe par la méditation concentrée.

33. Toutes choses peuvent être connues dans la vive lumière de l'intuition.

34. L'entendement de la conscience mentale vient par la méditation concentrée sur le centre du cœur.

35. L'expérience (des couples de contraires) provient de l'inaptitude de l'âme à distinguer entre le soi personnel et le purusha (ou esprit). Les formes objectives existent en vue de l'utilisation (et expérience) de l'homme spirituel. Par la méditation sur ce fait survient la perception intuitive de la nature spirituelle.

36. Résultant de cette expérience et de cette méditation, l'ouïe, le toucher, la vue, le goût et l'odorat supérieurs se développent, produisant la connaissance intuitive.

37. Ces pouvoirs sont des obstacles à la prise de conscience supérieure, mais s'utilisent en tant que pouvoirs magiques dans les mondes objectifs.

38. Par la libération à l'égard des causes de servitude grâce à leur affaiblissement, et par la compréhension du mode de transfert (retrait ou pénétration), la substance mentale (ou chitta) peut entrer dans un autre corps.

39. La vie montante (l'udana) étant subjuguée, il y a libération à l'égard de l'eau, du sentier épineux et du bourbier ; le pouvoir d'ascension est ainsi acquis.

40. Par la sujétion du samana, l'étincelle devient la flamme.

41. Au moyen de la méditation concentrée sur la relation entre l'akasha et le son, un organe d'ouïe spirituelle se développera.

42. Par la méditation concentrée sur la relation existant entre le corps et l'akasha, l'ascension hors de la matière (les trois mondes) et le pouvoir de voyager dans l'espace sont acquis.

43. Lorsque ce qui voile la lumière est éliminé, un état d'être survient alors, qualifié d'extracharnel (ou incorporel) et libéré des modifications du principe pensant. C'est l'état d'illumination.

44. La méditation concentrée sur les cinq formes qu'assume chaque élément, produit la maîtrise sur chaque élément. Ces cinq formes sont la nature grossière, la forme élémentale, la qualité, l'infiltration et la raison d'être fondamentale.

45. Par cette maîtrise le pouvoir d'exiguïté et les autres siddhis (ou pouvoirs) sont atteints, ainsi que la perfection corporelle et l'affranchissement de toutes entraves.

46. La symétrie de la forme, la beauté de la couleur, la force et la dureté du diamant, constituent la perfection corporelle.

47. La maîtrise sur les sens s'obtient par la méditation concentrée sur leur nature, leurs attributs particuliers, l'égoïsme, la capacité d'infiltration et le but utile.

48. Résultant de cette perfection survient une rapidité d'action semblable à celle du mental, la perception indépendante des organes et la maîtrise sur la substance racine.

49. L'homme qui peut faire une discrimination entre l'âme et l'esprit atteint la suprématie sur toutes conditions et devient omniscient.

50. Par l'attitude impassible à l'égard de cette réalisation et à l'égard de tous les pouvoirs de l'âme, celui qui s'est délivré des semences de la servitude atteint l'état d'unité isolée.

51. Il devrait y avoir refus total de toutes les séductions de toutes les formes de l'être, même des formes célestes, car une récidive des mauvais contacts reste possible.

52. La connaissance intuitive se développe par l'usage de la faculté de discrimination lorsqu'il y a concentration totale sur les moments et leur succession continue.

53. De cette connaissance intuitive est née la capacité de distinguer (entre tous les êtres) et de s'instruire de leurs genres, de leurs qualités et de leur situation dans l'espace.

54. Cette connaissance intuitive, qui est la grande libératrice, est omniprésente et omnisciente et inclut le passé, le présent et le futur dans l'éternel maintenant.

55. Quand les formes objectives et l'âme ont atteint une condition d'égale pureté, l'unification est alors réalisée et la libération en résulte.

LIVRE IV — L'ILLUMINATION

1. Les siddhis ou pouvoirs supérieurs et inférieurs s'acquièrent par l'incarnation, ou par les drogues. Les mots de pouvoir et le désir intense, ou par la méditation.

2. Le transfert de la conscience, d'un véhicule inférieur à un véhicule supérieur, fait partie du grand processus créateur et évolutif.

3. Les pratiques et méthodes ne sont pas la vraie cause du transfert de la conscience, mais elles servent à écarter les obstacles, tout comme le laboureur prépare le sol pour les semailles.

4. La conscience de "je suis" est à l'origine de la création des organes à travers lesquels le sens de l'individualité est une cause de jouissance.

5. La conscience est une, mais produit cependant les formes variées du nombre.

6. Parmi les formes assumées par la conscience, ce qui est le résultat de la méditation est seul affranchi du karma latent.

7. Les activités de l'âme libérée sont affranchies des couples de contraires. Celles des autres gens sont de trois sortes.

8. De ces trois sortes de karma émergent les formes nécessaires à la maturation des effets.

9. Il y a identité de réciprocité entre la mémoire et l'effet producteur de cause, même lorsqu'ils sont séparés par l'espèce, le temps et le lieu.

10. Le désir de vivre étant éternel, ces formes créées par le mental sont sans commencement connu.

11. Ces formes sont créées et gardées en état de cohésion par le désir, la cause fondamentale, la personnalité, le résultat effectif, la vitalité mentale ou volonté de vivre et le support de la vie ou de l'objet dirigés vers l'extérieur ; en conséquence, lorsque ceux-ci cessent d'exercer une attirance, alors les formes, elles aussi, cessent d'être.

12. Le passé et le présent existent en réalité ; la forme assumée dans le concept temporel du présent est le résultat du développement de certaines caractéristiques et elle contient en elle les semences latentes de la qualité future.

13. Les caractéristiques, qu'elles soient latentes ou actives, participent de la nature des trois gunas (les trois qualités de la matière).

14. La manifestation de la forme objective est due à la concentration sur un seul point de la cause productrice (l'unification des modifications de la chitta ou substance mentale).

15. Ces deux choses : la conscience et la forme, sont distinctes et séparées ; bien que les formes puissent être semblables, la conscience peut fonctionner sur différents niveaux de l'être.

16. Les nombreuses modifications du mental unique produisent les formes diverses, dont l'existence dépend de ces nombreuses impulsions mentales.

17. Ces formes sont connues ou non, selon les qualités latentes de la conscience qui les perçoit.

18. Le seigneur du mental, celui qui perçoit, est toujours conscient de la substance mentale constamment active, la cause productrice d'effets.

19. Comme il peut être vu ou connu, il est évident que le mental n'est pas la source de l'illumination.

20. Il ne peut pas non plus connaître simultanément deux objets : lui-même et ce qui est extérieur à lui-même.

21. S'il est dit que la connaissance du mental (chitta) peut être le fait d'un mental se tenant à l'écart, ce postulat implique un nombre infini de "connaissants" ; l'enchaînement des réactions du souvenir irait ainsi vers une confusion sans fin.

22. Quand l'intelligence spirituelle, qui se tient seule et libérée des objets, se reflète dans la substance mentale, il s'ensuit alors la connaissance consciente du soi.

23. Alors la substance mentale, reflétant à la fois le connaissant et le connaissable, devient omnisciente.

24. La substance mentale également, reflétant, comme elle le fait, une infinité d'impressions mentales, devient l'instrument du soi et agit en tant qu'agent unificateur.

25. L'état d'unité isolée (retirée en la vraie nature du soi) constitue la récompense de l'homme qui peut faire une distinction entre la substance mentale et le soi, ou homme spirituel.

26, 27, 28. Le mental est alors enclin à la discrimination et à une illumination croissante considérée comme la véritable nature du soi unique. Cependant, par la force de l'habitude, le mental percevra des objets ressortissant à la perception sensorielle. Ces reflets sont par nature des obstacles et la méthode à employer pour les surmonter est la même.

29. L'homme qui développe le non-attachement, même en ce qui concerne son aspiration après l'illumination et l'état d'unité isolée, devient finalement conscient du nuage adombrant de la connaissance spirituelle.

30. Quand ce stade est atteint, les obstacles et le karma sont alors surmontés.

31. Quand, par l'élimination des obstacles et la purification des enveloppes, la totalité de la connaissance est devenue accessible, il ne reste à l'homme rien de plus à faire.

32. Les modifications de la substance mentale (ou qualités de la matière) ont pris fin au moyen de la nature inhérente aux trois gunas, car elles ont réalisé leur dessein.

33. Le temps, qui est la succession des modifications du mental, prend fin également pour faire place à l'éternel maintenant.

34. L'état d'unité isolée devient possible lorsque les trois qualités de la matière (les trois gunas ou pouvoirs de la nature, A.A.B.) abandonnent leur emprise sur le soi. La pure conscience spirituelle se retire dans l' "Un".

MANTRAS

Je suis pure connaissance...
L'appel au feu

PHRASES OCCULTES

Dans la Salle de l'Ignorance...
Dans la Salle de l'Enseignement...
Dans la Salle de la Sagesse...
Les quatre nobles vérités
Il ne suffit pas de connaître le chemin...
Avant que l'homme puisse fouler le Sentier...
Quand le souffle de feu afflue...
Quand l'étoile à cinq pointes...
Que ton âme prête l'oreille...
Que celui qui est en quête de la Vérité...
Pour lui qui se tient devant l'Etincelle...
Etoile à cinq pointes
Celui qui est quintuple est entré dans la paix...
Que vois tu, ô libéré ?...

LIVRES

"Avant que l'âme puisse voir, il faut avoir obtenu l'harmonie intérieure et rendu les yeux de chair aveugles à toute illusion.

Avant que l'âme puisse entendre, l'image (l'homme) doit être devenue sourde aux fracas comme aux murmures, aux cris des éléphants barrissants comme au bourdonnement argentin de la luciole d'or.

Avant que l'âme puisse comprendre et se souvenir, elle doit être unie au Parleur silencieux, comme à l'esprit du potier la forme sur laquelle l'argile est modelée.

Alors l'âme entendra, et se souviendra.

Alors à l'oreille intérieure parlera la voix du silence."

Extrait de La Voix du Silence 1

1 Ce passage est extrait de la traduction française de La Voix du Silence.
(N.d.l.t.)

 


REMARQUES PRELIMINAIRES

 

La science du Raja Yoga, ou "Science royale de l'âme", telle qu'elle fut présentée par son principal interprète Patanjali, trouvera en la cinquième race-racine son ultime démonstration ; car, d'après la loi cyclique, la cinquième race-racine doit inévitablement atteindre son point culminant dans sa cinquième sous-race. Or, dans l'économie des races, ce point est illustré par l'emploi correct du mental et son utilisation par l'âme, en vue de l'accomplissement d'objectifs de groupe et du développement, sur le plan physique, de la conscience de groupe.

Jusqu'à présent, l'intellect a été soit prostitué à des fins matérielles, soit déifié. La science du Raja Yoga fera reconnaître le mental en tant qu'instrument de l'âme et de moyen pour l'aspirant d'acquérir l'illumination du cerveau physique, ainsi que la connaissance des sujets se rapportant au domaine de l'âme.

Le mental étant le cinquième principe, la cinquième race-racine doit, d'après la loi de l'évolution, être intimement reliée à lui et sa cinquième sous-race correspondante dans un sens plus étroitement qu'aucune autre.

Les étudiants feront bien de ne pas perdre de vue les rapports suivants :

1. La cinquième race-racine – aryenne.
2. La cinquième sous-race – anglo-saxonne.
3. Le cinquième principe – manas ou mental.
4. Le cinquième plan – mental.
5. Le cinquième rayon – connaissance concrète.
 
Les Yogas divers ont tous joué leur rôle dans le développement de l'être humain. Dans la première race purement physique, la race lémurienne, l'humanité dans son enfance fut justiciable du Hatha Yoga, le Yoga du corps physique, par lequel divers organes, muscles et autres parties de la forme humaine sont consciemment employés et manipulés. A cette époque, le problème se posant aux adeptes était d'enseigner aux êtres humains qui n'étaient guère plus que des animaux le but, le sens et l'emploi de ces différents organes afin qu'ils puissent consciemment les dominer, et de leur apprendre la signification du symbole que représente la forme humaine.

En ces jours primitifs, c'est par la pratique du Hatha Yoga que l'être humain atteignait le portail de l'initiation. La plus haute initiation par laquelle l'homme était capable de passer était la troisième, aboutissant à la transfiguration de la personnalité.

Aux temps atlantéens, deux Yogas assuraient le progrès des fils des hommes : premièrement, le Yoga nommé Laya Yoga, ou Yoga des centres. Il provoquait chez l'homme une stabilisation du corps éthérique et des centres, tout en développant la nature astrale et psychique. Plus tard, le Bhakti Yoga, issu du développement du corps émotionnel ou astral, s'incorpora au Laya Yoga, formant ainsi les assises du mysticisme et de la dévotion, qui constituèrent le stimulant de base de notre race-racine aryenne. L'objectif visé était, en ce temps, la quatrième initiation. Le thème de ces grandes initiations a fait l'objet de considérations plus étendues dans mon ouvrage antérieur : Initiation Humaine et Solaire.

Actuellement dans la race aryenne, la maîtrise du corps mental et le contrôle de l'intellect s'obtiennent par la pratique du Raja Yoga et c'est la cinquième initiation, celle de l'adepte, qui est le but de l'humanité en voie d'évolution. Tous les Yogas ont donc joué leur rôle et servi un dessein utile ; mais il deviendra évident que tout retour aux pratiques du Hatha Yoga ou à celles ayant affaire spécifiquement au développement des centres et s'appuyant sur différents types de méditation et d'exercices de respiration peut, d'un certain point de vue, être considéré comme rétrograde. On arrivera à la conclusion que la pratique du Raja Yoga, jointe à la prise en mains, par l'homme dont la conscience est axée dans l'âme, du point directeur de contrôle rend inutiles toutes les autres formes de Yoga, car le Yoga le plus élevé inclut automatiquement tous les autres, non en ses pratiques, mais en ses résultats.

Quand leur étude sera entreprise, elle fera apparaître la raison pour laquelle l'occasion favorable s'est jusque là fait attendre. L'Orient a conservé pour nous des règles depuis des temps immémoriaux ; ça et là, des Orientaux (ainsi que quelques adeptes occidentaux) ont eu recours à ces règles et se sont pliés à la discipline de cette science astreignante. C'est de cette manière que fut préservée, au bénéfice de la race, la continuité de la Doctrine secrète, de l'Eternelle Sagesse, et que furent rassemblés les membres dont est constituée la Hiérarchie de notre planète. A l'époque du Bouddha et grâce à son action stimulante, il se produisit une grande réunion d'Arhats. Ceux-ci étaient des hommes ayant atteint la libération par un effort personnel délibéré. Cette époque, en ce qui concerne notre race aryenne, a marqué pour l'Orient un point culminant. Depuis lors, la marée de la vie spirituelle a continuellement reflué vers l'Occident, où nous pouvons maintenant nous attendre à une ascension semblable, dont l'apogée se situera entre les années 1965 et 2025. Les adeptes de l'Orient et de l'Occident œuvrent en collaboration pour atteindre ce but car ils suivent toujours la Loi.

Cette impulsion montante (comme ce fut le cas au temps du Bouddha) est une impulsion du deuxième rayon et n'a aucune relation avec une impulsion quelconque du premier rayon, comme celle qui provoqua l'intervention de H.P. Blavatsky. Les impulsions du premier rayon naissent dans le premier quart de chaque siècle et atteignent leur point culminant sur le plan physique dans le dernier quart. L'intérêt que suscite actuellement le Raja Yoga, L'étude de cette science et les règles qu'elle offre au perfectionnement humain, sont des symptômes de la tendance générale caractérisant l'impulsion de ce deuxième rayon montant. Cet intérêt ne cessera de s'accroître. C'est ainsi qu'arrive le jour opportun.

Les étudiants devraient tous avoir entre les mains trois livres : la Baghavad Gîta, le Nouveau Testament et les Yoga Sutras, car le tableau complet de l'âme et de son développement est contenu dans ces trois ouvrages.

La Gîta nous donne, en dix-huit chapitres, une description de l'âme – de Krishna, le second aspect – en sa véritable nature qui est Dieu en manifestation. Cette description atteint son point culminant dans ce merveilleux chapitre où Krishna se révèle à Arjuna, l'aspirant, comme étant l'âme de toutes choses et le point de gloire derrière le voile de toute forme.

Le Nouveau Testament nous décrit la vie d'un Fils de Dieu en pleine manifestation, grâce à laquelle l'âme, en sa vraie nature et libre de tout voile, parcourt la terre. En étudiant la vie du Christ, nous comprenons clairement ce que signifie le développement des pouvoirs de l'âme en vue d'atteindre la libération et de devenir, en toute sa gloire, un Dieu marchant sur la terre.

Dans les Yoga Sutras, nous trouvons contenues les lois de ce devenir et les règles, méthodes et moyens dont la pratique rend l'homme "parfait comme notre Père céleste est parfait". Un système graduel de développement se déroule devant nos yeux, conduisant l'homme du stade où il n'est qu'un être bon et moyen – et par le stade de l'aspirant, de l'initié et du maître – jusqu'au point suprême de l'évolution où se trouve actuellement le Christ. Jean, le disciple aimé, a dit : "Nous serons pareils à lui car nous le verrons tel qu'il est." L'âme qui se révèle à l'homme en incarnation sur le plan physique travaille toujours à l'accomplissement de la transformation suprême. Le Christ lui-même a dit :
"Vous ferez de plus grandes œuvres que moi", nous promettant ainsi le règne, la puissance et la gloire, à condition que notre aspiration et notre endurance soient assez grandes pour nous conduire le long du chemin épineux de la Croix et nous permettent de fouler le sentier "qui conduit toujours plus haut", jusqu'au sommet du Mont de la Transfiguration.

Comment se produit cette grande transformation ? Comment l'homme victime de ses désirs et de sa nature inférieure devient-il l'homme victorieux, triomphant du monde, de la chair et du diable ? Ce changement a lieu lorsque le cerveau physique de l'homme incarné devient conscient du Soi, de l'âme ; et cette connaissance consciente ne devient possible que lorsque le Soi véritable peut "se refléter dans la substance mentale". L'âme est, par nature, libérée de toute chose, et se tient toujours en l'état d'unité isolée. L'homme en incarnation doit cependant parvenir, dans la conscience de son cerveau physique, à réaliser ces deux états d'être. Il doit se libérer consciemment de tous les objets de désir et se dresser en un tout unifié, détaché, libéré de tout voile et de toute forme dans les trois mondes. Le but est atteint lorsque cet état d'existence consciente éprouvée par l'homme spirituel conditionne également l'état de conscience de son incarnation physique. L'homme n'est plus alors ce que fait de lui son corps physique quand il s'identifie à lui : la victime du monde ; il marche libre, la face resplendissante (I Cor., 3) et la lumière de son être rayonne sur tout son entourage. Ses désirs ne stimulent plus les activités de sa chair, son corps astral ne le subjugue plus ni ne le domine.

Grâce à l'absence de passion et à l'établissement de l'équilibre entre les contraires, l'homme s'est délivré des sautes d'humeur, des impressions, des désirs, des convoitises et des réactions émotives qui caractérisent la vie de l'homme moyen. Il atteint l'état de paix ; le démon de l'orgueil, la personnification de la nature mentale mal employée et les perspectives déformées de l'intellect sont par lui surmontées. Il se tient debout, libéré des trois mondes. Sa vie sur terre est caractérisée par la nature de l'âme ; les qualités et les activités inhérentes à la nature aimante du Fils de Dieu sont réunies à l'amour et à l'action (les aspects deuxième et troisième). Il peut alors dire comme le Christ : "Tout est accompli."

La date de naissance de Patanjali n'est pas connue ; il existe à ce sujet de nombreuses controverses. La plupart des autorités de l'Occident situent cette date entre les années 820 et 300 avant Jésus-Christ, bien qu'une ou deux d'entre elles fixent cette date après Jésus-Christ. Cependant, les cercles autorisés de l'Inde que l'on peut supposer connaître la question préconisent une date très antérieure, allant même jusqu'à 10.000 ans avant Jésus-Christ. Patanjali fut un compilateur des enseignements qui jusqu'à lui avaient été donnés oralement au cours de plusieurs siècles. Il fut le premier à faire de cette doctrine un enseignement écrit à l'usage des étudiants ; c'est pourquoi il est considéré comme le fondateur de l'école du Raja Yoga. Ce système a cependant été pratiqué depuis le début de la race aryenne. Les Yoga Sutras constituent l'enseignement de base de l'école trans-himalayenne à laquelle appartiennent une grande partie des Maîtres de la Sagesse. Beaucoup d'étudiants estiment que la doctrine des Esséniens, ainsi que d'autres écoles d'entraînement et de pensée mystiques, étroitement en rapport avec le fondateur du christianisme et les premiers chrétiens, se basent sur le même système et que leurs instructeurs ont été formés par la grande école trans-himalayenne.

Il faut préciser ici que les Sutras ont été dictés et paraphrasés par le Frère Tibétain et que leurs commentaires, écrits par moi, ont été soumis à Sa révision et à Ses observations. Il faut noter également que la traduction n'est pas littérale et n'est donc pas, à proprement parler, une définition exacte de chaque terme sanscrit original. Ceci est une tentative ayant pour objet de rendre le sens exact en un anglais clair et compréhensible, pour autant qu'il soit possible de le faire au moyen de cette langue dénuée de souplesse et d'imagination. En étudiant ces Sutras, l'étudiant pourra trouver utile de comparer l'interprétation qui en est donnée ici avec les diverses autres traductions qu'il pourra se procurer.

ALICE A. BAILEY.
New York, mai 1957

ESQUISSE DES SUJETS TRAITES

 

LIVRE I. LE PROBLEME DE L'UNION

a. Définition des natures inférieure et supérieure
b. Considération des obstacles et de leur suppression
c. Exposé du système du Raja Yoga dans son ensemble
Thème : La nature psychique versatile

LIVRE II. LES DEGRES CONDUISANT A L'UNION

a. Les cinq obstacles et leur suppression
b. Définition des huit moyens
Thème : Les moyens de réalisation

LIVRE III. L'UNION REALISEE ET SES RESULTATS

a. La méditation et ses stades
b. Vingt-trois résultats de la méditation
Thème : Les pouvoirs de l'âme

LIVRE IV. L'ILLUMINATION

a. Conscience et forme
b. Union ou fusion
Thème : L'Unité isolée

BIBLIOGRAPHIE

 

Des traductions et commentaires des YOGA SUTRAS DE PATANJALI ayant servi à la préparation du présent ouvrage.

The Yoga Sutras of Patanjali M.J. Dvidedi.
The Yoga Darsana Ganganatha Jha.
The Yoga Sutras of Patanjali Charles Johnston.
The Yoga Aphorisms of Patanjali W.Q. Judge.
The Yoga Sutras of Patanjali Rama Prasada.
Yoga Philosophy Tookaram Tatya.
A Compendium of Raja Yoga Rajaram Tookaram.
Philosophy
Raja Yoga Swami Vivekananda.
The Yoga System of Patanjali J.H. Woods.

LIVRE I



LE PROBLEME DE L'UNION


a. Définition des natures supérieure et inférieure
b. Considération des obstacles et de leur suppression
c. Exposé du système Raja Yoga dans son ensemble
Thème : La nature psychique versatile

2. Cette union, ou yoga, s'accomplit par la sujétion de la nature psychique et la répression de la chitta (ou mental).

Celui qui cherche l'union a deux choses à faire :

1.
Acquérir la maîtrise de la "nature psychique versatile".
2.
Empêcher le mental d'endosser les nombreuses formes qu'il engendre si facilement. Celles-ci sont souvent nommées "les modifications du principe pensant".

Ces deux choses conduisent à la maîtrise du corps émotif, donc du désir, et à la maîtrise du corps mental, donc du manas inférieur ou faculté mentale.
L'étudiant doit se rappeler que le désir incontrôlé et un mental désordonné interceptent la lumière de l'âme et sont la négation de la conscience spirituelle.
L'union est impossible tant que se dressent des barrières ; le Maître, en conséquence, dirige l'attention de l'étudiant (au début de son instruction) sur le travail pratique à accomplir pour dégager cette lumière, afin qu'elle puisse "briller en un lieu obscur", c'est-à-dire sur le plan physique. Il faut se rappeler que la nature inférieure, occultement parlant, peut, une fois maîtrisée, manifester la nature supérieure. Lorsque le second aspect du soi personnel inférieur, le corps émotif, est subjugué ou transmué, la lumière du Christ (le deuxième aspect égoïque) peut alors être vue. En sa lumière la Monade, le Père, l'Un, se révélera par la suite. De même, lorsque le premier aspect du soi personnel inférieur, le corps mental, est subjugué, l'aspect
Volonté de l'égo peut être connu et par ses œuvres le dessein du Logos Lui-même sera connu.

Il est, dans la vie spirituelle, quelques lignes de moindre résistance, au long desquelles se dégagent certaines forces ou énergies.

a. Emotives intuitives ou bouddhiques monadiques au cœur de l'aspirant.
b. Mentales spirituelles ou atmiques logoïques à la tête de l'aspirant.

L'étudiant reçoit en conséquence, comme clé de toutes ses entreprises, le MOT de répression ou de maîtrise.

La chitta est le mental, ou substance mentale, le corps mental, la faculté de penser et de construire des formes-pensées, la somme des processus mentaux.
C'est le matériau, régi par l'égo ou âme, dont sont construites les formes-pensées.

La nature psychique est kama-manas (désir-intellect), le corps émotif ou astral, légèrement teinté de mental. Il est le matériel de tous nos désirs et impressions. C'est par là qu'ils s'expriment.

Ces deux types de substance ont leur propre ligne d'évolution à suivre, et ils la suivent les esprits ou étincelles divines sont, selon le plan logoïque, emprisonnés par eux, étant tout d'abord attirés à eux par l'action réciproque de l'esprit et de la matière. Ces esprits, en maîtrisant ces substances et en restreignant leurs activités instinctives, acquièrent de l'expérience et finalement la libération. Ainsi se réalise l'union avec l'âme. C'est une union connue et expérimentée dans le corps physique sur le plan de la plus dense manifestation, grâce à la maîtrise consciente et intelligente exercée sur la nature inférieure.

3. Lorsque cela est accompli le yogi se connaît tel qu'il est en réalité.

 

Cela peut être décrit comme suit : L'homme qui connaît les conditions et les a remplies selon les indications du précédent sutra,

1. Voit le soi.
2. Prend conscience de la véritable nature de l'âme.
3. S'identifie avec la Réalité intérieure et non plus avec les formes qui la dissimulent.
4. Demeure au centre et non plus à la périphérie.
5. Réalise la conscience spirituelle.
6. S'éveille à la récognition du Dieu intérieur.

La méthode et le but se trouvent décrits en termes clairs et nets en ces trois versets et la voie est ouverte aux instructions plus détaillées qui suivront.
L'aspirant affronte son problème, le fil directeur menant à sa solution lui est offert, et la récompense – l'union avec l'âme – se présente à son regard inquisiteur.

4. Jusqu'ici l'homme intérieur s'est identifié à ses formes et à leurs modifications actives.

 

Ces formes sont les modifications mentionnées dans les diverses traductions, donnant une idée de la vérité subtile concernant la divisibilité infinie de l'atome : ce sont les gaines dissimulatrices, les transformations continuellement changeantes qui empêchent la vraie nature de l'âme de se manifester. Celles-ci sont les choses extérieures qui font obstacle au rayonnement du Dieu intérieur et dont il est dit en langage occulte qu'elles "projettent une ombre devant la face du soleil".

La nature inhérente des vies qui constituent ces formes actives versatiles s'est jusqu'ici avérée trop forte pour l'âme (le Christ intérieur des chrétiens) et les pouvoirs de l'âme n'ont pu s'exprimer pleinement. Les forces instinctives de l' "âme animale", ou le volume de l'agrégat des vies qui forment les gaines ou corps, emprisonnent l'homme réel et limitent ses forces. Ces vies sont des unités intelligentes sur la courbe descendante de l'arc de l'évolution et leur travail a pour but leur expression propre. Quoi qu'il en soit, leur objectif diffère de celui de l'Homme intérieur et, en conséquence, elles font obstacle à ses progrès et à la réalisation de son être. Il "s'empêtre dans leurs activités" et doit se libérer avant d'entrer en possession de son héritage de pouvoir, de paix et de félicité. Il ne peut atteindre "à la mesure de la pleine stature du Christ" (Eph. IV, 13) avant qu'aient disparu toutes les modifications susceptibles d'être ressenties et que les formes soient transformées, leurs activités apaisées et leur agitation calmée.

L'étudiant est exhorté à ne pas perdre de vue la nature de cet aspect de l'évolution qui se déroule parallèlement à la sienne. C'est dans la compréhension correcte de ce problème qu'il prendra conscience du travail pratique à accomplir et que le Yogi en herbe pourra alors se mettre à l'ouvrage.

Les formes inférieures sont continuellement et perpétuellement actives, assumant indéfiniment les formes des désirs impulsifs ou des formes-pensées mentales dynamiques. Lorsque cette activité protéiforme est subjuguée et que le tumulte de la nature inférieure est calmé, alors seulement devient-il possible à l'entité intérieure directrice de s'affranchir de cet esclavage et d'imposer sa propre vibration aux modifications inférieures.

Cela se réalise par la concentration. L'effort concentré de l'âme pour se fixer en une position d'observateur, de spectateur et de voyant. Quand elle y parvient, le "spectacle" inférieur présenté par les formes rapidement changeantes de la pensée et du désir disparaît aussitôt ; le contact peut être établi avec le royaume de l'âme, le champ véritable de la connaissance de l'âme, qui peut alors être perçu.

5. Les états mentaux sont au nombre de cinq et sont soumis au plaisir ou à la douleur. Ils sont douloureux ou non douloureux.

 

Dans l'original, le mot "plaisir" n'est pas employé ; l'idée transmise, plus technique, est généralement traduite par "non douloureux". Quoi qu'il en soit, l'idée sous-entendue est celle d'un obstacle mis à la réalisation, du fait des paires de contraires. L'étudiant doit se souvenir que c'est la chitta ou substance mentale qui entre en ligne de compte dans ce sutra, avec les modifications qu'elle subit aussi longtemps que sa versatilité et son activité restent les agents directeurs. Il ne doit pas perdre de vue le fait que nous avons affaire à la nature psychique inférieure, terme appliqué, en occultisme, aux processus mentaux inférieurs aussi bien qu'aux réactions astrales ou émotives. Toute activité de la nature inférieure est le résultat de kama-manas, ou du mental teinté de sensation, de l'élément désir-volonté de l'homme inférieur. Le système Raja Yoga a pour objectif de substituer à ces impulsions l'action intelligente et réfléchie de l'âme ou homme spirituel, dont la nature est amour, dont les actes sont sages (compris dans leur sens occulte) et dont le motif est le progrès de groupe. En conséquence, la réaction appelée douleur doit être dépassée, de même que celle qualifiée de plaisir, car l'une et l'autre dépendent de l'identification avec la forme. Le non-attachement doit s'y substituer.

Il est intéressant de noter que les modifications de l'organe interne, le mental, sont au nombre de cinq. Manas, ou mental, principe animateur de la chitta ou substance mentale, est le cinquième principe et se manifeste, comme toute autre chose dans la nature, en tant que dualité. Cette dualité est :

1.
Le mental concret inférieur, se présentant comme l'activité du corps mental.
2.
Le mental abstrait, se présentant comme l'aspect inférieur de l'égo.

Dans le microcosme qu'est l'homme, cette dualité devient une triple modification sur le plan mental, triplicité qui nous offre un tableau en miniature de la manifestation macrocosmique et consiste en :

1.
L'atome mental permanent, aspect inférieur de la Triade spirituelle ou âme.
2.
Le corps égoïque, causal, ou karana sarira.
3.
Le corps mental, le plus haut aspect du soi personnel inférieur.

Le corps mental lui-même a cinq modifications ou activités ; il est donc le reflet, ou la correspondance du cinquième principe, tel qu'il se manifeste sur le cinquième plan, le mental. Les modifications constituent l'ombre inférieure de manas (ou mental en sa manifestation microcosmique), et ce mental est un reflet de mahat (le mental universel), ou mental se manifestant dans le microcosme. C'est là un grand mystère mais il se révèlera à l'homme qui, surmontant les cinq modifications du mental inférieur, s'identifie avec ce qui est supérieur et qui, grâce au non-attachement, ayant ainsi résolu le mystère du "Makara", suit la Voie des Kumaras. Une suggestion s'offre ici aux étudiants plus avancés dans cette science ; elle concerne le problème ésotérique du Makara, que fait entrevoir La Doctrine Secrète de H.P. Blavatsky.

 

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