LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

10. LE MIRAGE : PROBLEME MONDIAL

par ALICE A. BAILEY


Mis sur support informatique sous la responsabilité de l'Association Lucis Trust


TABLES

SOMMAIRE

NOTE DE L'EDITEUR
EXPLICATIONS PRELIMINAIRES

1. Définition de l'Intuition
2. La méthode permettant d'éveiller l'Intuition
CHAPITRE I — LA NATURE DU MIRAGE
1. Le Mirage sur le plan mental – L'Illusion
2. Le Mirage sur le plan astral – Le Mirage
3. Le Mirage sur les niveaux éthériques – La Maya
4. Le Mirage sur les plans mentaux supérieurs – Le Gardien du Seuil
CHAPITRE II — LES CAUSES DU MIRAGE
1. Le développement du mirage chez l'individu et dans la race
2. Les causes du Mirage mondial
a. Les causes planétaires
b. Les causes provoquées par l'humanité elle-même
c. Les causes provoquées par des individus
3. Les contrastes entre le mirage supérieur et le mirage inférieur
a. Le contraste entre l'Illusion et l'Intuition
b. Le contraste entre le mirage et l'illumination
c. Le contraste entre la Maya et l'Inspiration
d. Le contraste entre le Gardien du Seuil et son opposé, l'Ange de la Présence.
CHAPITRE III — LA FIN DU MIRAGE
1. La technique de la Présence
a. L'Intuition dissipe l'Illusion individuelle.
b. L'Intuition de groupe dissipe l'Illusion mondiale.
2. La technique de la lumière
a. La dissipation du Mirage individuel
b. La dissipation du Mirage de groupe et du Mirage mondial
3. La technique de l'Indifférence
a. Distribution et manipulation de la force sur le plan éthérique
b. L'utilisation de la Science de la Respiration
c. La Technique de l'Indifférence
CHAPITRE IV — LA TECHNIQUE DE LA FUSION

NOTE DE L'EDITEUR

 

Dans les volumes I et II de l'ouvrage l'Etat de Disciple dans le Nouvel Age, un certain nombre d'instructions personnelles adressées par le Tibétain à un groupe de disciples ont été rendues publiques. Accompagnées de quelques enseignements ésotériques, elles ont été publiées pour la première fois en 1944 par Alice A. Bailey, avec l'accord des disciples intéressés.

En divers endroits, cet ouvrage, Le Mirage, Problème Mondial, se réfère au groupe de disciples cité plus haut.

Certaines formes du travail de groupe relatif à la méditation se trouvent incluses en raison de l'intérêt qu'elles présentent, et également parce qu'elles illustrent bien la valeur pratique de l'enseignement donné. Le lecteur doit cependant se rendre compte qu'une méditation convenant aux buts poursuivis par un groupe ne peut pas, en règle générale, être aussi efficace lorsqu'elle est utilisée comme exercice individuel.

La puissance d'un groupe intégré, composé de disciples ayant une vision commune et poursuivant un but collectif bien déterminé est très grande ; elle peut rendre un réel service à l'humanité. Les techniques plus récentes de l'ère du Verseau comprennent de semblables entreprises de groupe. Les ouvrages publiés par le Tibétain et Alice A. Bailey donnent des informations relatives à une expérimentation sage et utile du travail de groupe entrepris comme service mondial spirituel et non comme méthode de développement spirituel individuel de l'aspirant.

Il est grandement souhaitable qu'une telle activité de groupe soit entreprise à l'heure actuelle, pourvu qu'elle ne soit pas dirigée de manière autocratique, mais offerte librement et poursuivie avec toute l'humilité et la prudence voulues. Il faut considérer ce genre d'activité comme une expérimentation d'avant-garde.

Dans diverses parties du monde sont apparus des groupes de ce genre ; ils peuvent certainement contribuer à assurer le succès de l'œuvre entreprise par le Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde. On trouvera dans le Traité sur la Magie Blanche et dans le Traité sur les Sept Rayons, Volume II, les informations relatives à ce groupe mondial de serviteurs.

FOSTER BAILEY.

Juillet 1950.

EXPLICATIONS PRELIMINAIRES

 

Tous les groupes entreprenant un travail ésotérique ont leur propre dharma (ou devoir) et leur objectif particulier. Afin que vous puissiez avoir une claire vision de ce que, en tant qu'aspirants au discipulat, vous avez à faire, ce qui vous permettra de collaborer avec intelligence, je vais exposer avec précision le but poursuivi.

Le terme dharma signifie devoir ou obligation ; c'est votre devoir spécifique et précis, celui de développer l'intuition. L'étude des symboles peut constituer le moyen ou la méthode par lesquels ce développement peut être atteint.

Je vous demande d'observer que les généralités relatives à l'intuition, ainsi que les tentatives faites pour la définir, sont très nombreuses, mais qu'il est rare de la voir appréciée à sa juste valeur.

Les médecins et les hommes de science nous disent que, dans le cerveau humain, des milliers de cellules sont encore au repos et que, par conséquent, l'homme ordinaire n'utilise qu'une petite partie de son équipement. La région du cerveau se trouvant autour de la glande pinéale est liée à l'intuition ; ce sont des cellules qui doivent être activées avant que ne puisse se produire la moindre perception intuitive réelle. Celle-ci une fois éveillée manifestera la domination de l'âme, l'illumination spirituelle, la véritable compréhension psychologique du prochain et le développement du vrai sens ésotérique, ce qui est l'objectif placé actuellement devant vous.

Je voudrais diviser en trois parties ce que j'ai à dire, et je vous prie instamment de faire très attention aux termes que j'emploie :

1.
Je chercherai à définir l'intuition.
2.
Je traiterai de la façon dont elle se développe, par l'étude du symbolisme.
3.
Je terminerai en donnant des instructions bien nettes, relatives à une certaine manière pratique de procéder.
Par conséquent, si vous trouvez cet enseignement difficile à comprendre et si votre réaction est plutôt lente, souvenez-vous que cela indique le besoin que vous avez de cette étude et confirme ce que je vous dis. Si vous voulez considérer sérieusement avec moi ce que n'est pas l'intuition, je pense que mes paroles évoqueront en vous une réponse intérieure.

1. Définition de l'Intuition

 

L'intuition n'est pas un jaillissement d'amour vers les autres et, par conséquent la compréhension que l'on a de ceux-ci. Ce que l'on appelle intuition est en grande partie la reconnaissance de certaines similitudes, et le fait d'avoir un esprit clair et analytique. Les gens intelligents qui ont vécu un certain temps dans le monde, qui ont eu de nombreuses expériences et beaucoup de contacts humains, peuvent généralement discerner avec facilité le caractère et les problèmes des autres, à condition que cela les intéresse. Ils ne doivent cependant pas confondre cette faculté avec l'intuition.

L'intuition n'a aucun rapport avec le psychisme, qu'il soit supérieur ou inférieur. Avoir une vision, entendre la Voix du Silence, réagir agréablement à quelque enseignement ne signifie pas que ce soit là le fait de l'intuition. Celle-ci ne consiste pas seulement à voir des symboles, car c'est là une perception d'un genre particulier, à savoir la capacité de se mettre en harmonie avec le Mental Universel, au niveau de son activité, qui produit les modèles des formes sur lesquels sont basés tous les corps éthériques. Ce n'est pas non plus une psychologie intelligente ou un désir affectueux d'aider, lesquels proviennent d'une action réciproque entre la personnalité fortement orientée vers l'âme et l'âme de groupe consciente.

L'intuition est la compréhension synthétique qui est la prérogative de l'âme ; elle se manifeste seulement lorsque l'âme, sur son propre niveau, tend vers deux directions : vers la Monade et vers la personnalité intégrée, et peut-être (même temporairement) coordonnée et unifiée. C'est le premier signe d'une unification profondément subjective qui s'accomplira à la troisième initiation.

L'intuition est une compréhension intime du principe de l'universalité ; lorsqu'elle agit, le sentiment de séparation disparaît, du moins momentanément.
A son point le plus élevé, elle est l'Amour Universel qui n'a aucun rapport avec le sentiment ou la réaction affective, mais est une identification à tous les êtres.
Alors on peut connaître la véritable compassion ; la critique devient impossible et, alors seulement, on peut voir le germe divin latent en toutes formes.

L'intuition est la lumière même, et lorsqu'elle agit, le monde est vu comme lumière, et le corps de lumière de toute forme devient graduellement apparent.
Elle donne la capacité d'entrer en contact avec le centre de lumière de toutes ces formes ; ainsi est établi un rapport essentiel, et le sentiment de supériorité, comme celui de séparation, passe à l'arrière-plan.

Lorsqu'elle apparaît, l'intuition apporte donc trois qualités :

- L'illumination. Par illumination, je n'entends pas la lumière dans la tête ; celle-ci est accessoire et phénoménale, et beaucoup de gens vraiment intuitifs en ignorent totalement l'existence. La lumière à laquelle je me réfère est celle qui illumine le Chemin. C'est "la lumière de l'intellect", ce qui signifie réellement celle qui illumine le mental, et qui peut se refléter dans cet appareil mental maintenu "fermement dans la lumière". C'est la "Lumière du Monde", réalité qui existe éternellement, mais qui ne peut être découverte que lorsque la lumière individuelle intérieure est reconnue comme telle. C'est la "Lumière des Ages" qui resplendit toujours plus, jusqu'à ce que les temps soient révolus. L'intuition est donc la reconnaissance intérieure, non pas théorique, mais vécue dans l'expérience, de sa propre et complète identification au Mental Universel, et du fait d'être une partie de la grande Vie du Monde, ainsi que de sa propre participation à l'Existence éternelle.
- La compréhension. Le terme doit être pris dans son sens littéral, comme étant ce qui "est sous-jacent" à la totalité des formes. Il implique la faculté de se retirer ou de mettre fin à sa propre identification à la vie de la forme. Je voudrais faire remarquer que ce retrait est relativement aisé pour ceux qui ont en eux beaucoup de la qualité du premier rayon. Le problème consiste à se retirer dans le sens ésotérique du terme, et à éviter en même temps le sentiment de séparation, d'isolement et de supériorité. Il est facile pour les gens du premier rayon de résister à la tendance de s'identifier aux autres. Faire preuve d'une véritable compréhension implique une grande aptitude d'aimer tous les êtres, et à maintenir cependant en même temps le détachement de la personnalité. Ce détachement peut être basé sur l'incapacité d'aimer ou sur la préoccupation égoïste de son propre confort physique, mental, spirituel et surtout émotionnel. Les personnes du premier rayon redoutent l'émotion et la méprisent, mais parfois il leur faut la connaître avant de pouvoir utiliser correctement la sensibilité émotionnelle.

La compréhension implique le contact avec la vie en qualité de personnalité intégrée, à laquelle s'ajoute la réaction de l'âme aux desseins et aux plans de groupe. Elle signifie l'unification personnalité âme, une vaste expérience et une activité rapide du principale christique intérieur. La compréhension intuitive est toujours spontanée. Lorsque le raisonnement intervient dans la compréhension, il ne s'agit plus d'une activité de l'intuition.

- L'amour. Comme je l'ai déjà dit, ce n'est pas un sentiment affectueux, ni le fait d'avoir une nature aimante ; ces deux aspects sont accessoires et se manifestent par la suite. Lorsque l'intuition se développe, l'affection et une attitude aimante se manifestent nécessairement dans la pureté de leur forme, mais ce qui en est la cause est une chose beaucoup plus vaste. C'est cette profonde connaissance inclusive de la vie et des besoins de tous les êtres (ces deux mots ont été choisis à dessein) qu'un divin Fils de Dieu a le haut privilège d'exercer. Elle supprime tout ce qui élève des barrières, formule des critiques et provoque la séparation. Elle ne voit aucune différence, même lorsqu'elle se rend compte des besoins ; et dans celui qui aime en tant qu'âme, elle produit une identification immédiate avec l'objet aimé.
Ces trois mots résument les trois qualités ou aspects de l'intuition ; ils peuvent être exprimés par le terme d'universalité ou sens de l'Unicité universelle.

N'est-ce pas là ce à quoi tendent tous les aspirants ? Et n'est-ce pas ce dont chacun d'entre vous, comme individu, a besoin, dans un sens particulier ?
Lorsqu'elle est présente, il se produit une décentralisation immédiate du "Moi" dramatique, de la tendance à toujours ramener à soi tous les événements, phénomènes et travail de groupe, en s'en considérant comme le centre.

Je ne peux m'étendre davantage sur ce sujet de l'intuition. C'est une matière trop vaste et de signification trop profonde. Je peux seulement vous en signaler les trois aspects et vous exhorter à vous soumettre à cet entraînement et à cette discipline qui se manifesteront dans votre vie sous forme d'amour, de lumière et de compréhension. Lorsque la théorie est comprise, les ajustements nécessaires effectués et le travail requis accompli, la personnalité devient alors magnétique, tandis que les cellules du cerveau se trouvant autour de la glande pinéale, jusqu'alors en sommeil, s'éveillent et vibrent. Le noyau de chaque cellule du corps est un point de lumière ; lorsque la lumière de l'intuition est perçue, c'est cette lumière des cellules qui réagit immédiatement. L'afflux continu de la lumière de l'intuition fera ressortir à la lumière du jour, ésotériquement parlant, chaque cellule qui, de par sa constitution, réagira à cet afflux.

2. La méthode permettant d'éveiller l'Intuition

 

Il y a de nombreuses manières de rendre l'intuition active. L'une des plus pratiques et des plus puissantes est l'étude et l'interprétation des symboles.

Les symboles sont les formes extérieures visibles des réalités spirituelles intérieures ; le fait d'avoir acquis la faculté de découvrir la réalité derrière toute forme indique l'éveil de l'intuition.

Les personnes du premier rayon appartiennent à ce que l'on appelle le "Rayon Destructeur" ; le pouvoir du premier aspect, celui de mettre fin aux choses, s'écoule à travers elles. Elles ont tendance à détruire, même quand elles construisent, en donnant une fausse direction à l'énergie, en en employant trop dans certains cas ou en en abusant lorsqu'elles travaillent pour elles-mêmes ou pour les autres. Beaucoup de gens appartenant au premier rayon en sont fiers et se justifient par leur appartenance à ce rayon, prétendant que cette tendance destructrice est inévitable. Ce n'est pas le cas. Les constructeurs, telles les personnes du deuxième rayon, doivent apprendre à détruire lorsqu'ils sont mus par l'amour de groupe et qu'ils agissent sous l'empire de la Volonté, ou aspect du premier rayon. Les destructeurs doivent apprendre à construire, agissant toujours sous l'impulsion de l'amour de groupe et utilisant le pouvoir d'attachement d'une manière détachée. Constructeurs et destructeurs doivent toujours travailler du point de vue de la réalité, du noyau intérieur de vérité, et "s'établir au centre".

L'étude des symboles tend à produire ces effets ; lorsqu'elle est poursuivie avec exactitude et diligence, cela donne trois résultats :

1.
Elle développe la faculté de pénétrer au-delà de la forme et de parvenir à la réalité subjective.
2.
Elle tend à produire une étroite intégration entre l'âme, le mental et le cerveau ; lorsque cette intégration est réalisée, l'influx de l'intuition, et par conséquent d'illumination et de vérité, se manifeste plus rapidement.
3.
Elle exerce une pression sur certaines régions du cerveau encore en sommeil et met en activité les cellules du cerveau qui s'y trouvent ; c'est le premier stade de l'expérience de l'aspirant. Le centre entre les sourcils est éveillé chez la plupart des véritables aspirants, tandis que le centre du sommet de la tête vibre très doucement, mais n'est pas encore en pleine activité. Ce dernier centre plus élevé doit être plus entièrement éveillé avant que les aspirants puissent mesurer parfaitement l'opportunité qui leur est offerte.
Je voudrais attirer tout spécialement votre attention sur la nécessité, dans l'étude des symboles, de garder toujours présent à l'esprit le but qui est de parvenir au concept sous-jacent de tout symbole étudié. Il ne se présentera pas en détail et par sections. Il se peut que vous ayez à atteindre ce concept par une étude des détails ou la compréhension de diverses parties du symbole que vous examinez. Toutefois, lorsque vous avez terminé votre analyse, ne vous estimez pas satisfait tant que vous n'avez pas résumé la signification du symbole en une idée, un concept, une signification ou un terme à caractère synthétique. Un symbole doit être étudié de trois manières :

a.
De manière exotérique. Cela comprend l'étude de sa forme dans son ensemble, de ses lignes et, par conséquent, de sa signification numérique, et aussi l'étude de ses formes partielles ; je veux dire, par-là, la façon dont est disposé le symbole, par exemple sous forme de carrés, de triangles ou d'étoiles, et leur rapport mutuel.

b.
Sous l'angle du concept. Cela inclut le fait de parvenir à l'idée sous-jacente qui peut être exprimée par son nom, à son sens, au fur et à mesure qu'il émerge dans la conscience par la méditation, et à sa signification partielle ou totale. Vous devez, ce faisant, garder à l'esprit que l'idée comporte l'intention supérieure ou abstraite, que le sens en est l'intention exprimée dans les termes propres au mental concret, et que sa signification comporte plutôt une qualité émotionnelle et pourrait être prise pour le genre de désir qu'elle éveille en vous.

c.
De manière ésotérique. Cela se rapporte à l'effet qu'à sur vous la force ou l'énergie, et à la qualité de la vibration que cela peut évoquer en vous, soit dans un centre, soit dans votre corps astral, ou soit encore dans votre mental seulement.
Poursuivie correctement, cette étude doit conduire au développement de l'intuition et à sa manifestation subséquente sur le plan physique sous forme d'illumination, de compréhension et d'amour.

En premier lieu, le but poursuivi par l'étude des symboles est de permettre à l'étudiant de percevoir la qualité et de prendre contact avec ce "quelque chose" de vibrant qui se trouve derrière l'agrégat de lignes, de couleurs et de formes dont est composé le symbole.

Pour certaines catégories de personnes, cette étude est relativement facile ; pour la majorité, elle ne l'est pas du tout, ce qui indique une lacune qui doit être comblée par l'utilisation de certaines facultés en sommeil. Il est toujours désagréable d'éveiller des qualités latentes ; cela exige un effort et suffisamment de détermination pour résister aux réactions de la personnalité.
Beaucoup de personnes ne saisissent pas facilement comment, en pénétrant dans la signification d'un symbole, on s'arme d'un moyen permettant de faire fonctionner la faculté bouddhique ou intuitive qui est en sommeil. L'art de lire les symboles, l'art de la "lecture spirituelle", comme l'appelle notre maître Patanjali, est un art délicat. Le pouvoir d'interpréter les symboles précède toujours la véritable révélation. La compréhension d'une vérité représentée par une ligne ou une série de lignes qui composent la forme du symbole n'est pas tout ce qu'il convient d'entreprendre. Une bonne mémoire suffit pour se souvenir qu'une série de lignes formant un triangle ou une série de triangles signifient la Trinité ou n'importe quelle série de formes triples au sein de la manifestation, macrocosmique ou microcosmique. Mais cette action, cette exactitude de la mémoire ne faciliteront en aucune manière l'éveil des cellules du cerveau, ni ne feront jouer l'intuition. Il faut se souvenir ici que le plan où se manifeste l'intuition (d'où l'intérêt d'avoir une certaine connaissance technique ou théorique de l'occultisme est évident) et où l'état intuitif de la conscience manifeste son activité est le plan bouddhique ou intuitif. Ce plan est la correspondance supérieure du plan astral ou émotionnel, le plan de la conscience sensible s'exerçant à travers l'identification ressentie à l'égard de l'objet de l'attention ou de l'attrait. Il devient donc évident que si l'étudiant veut rendre active cette faculté intuitive par l'étude des symboles, il lui faut sentir la nature qualitative du symbole et s'identifier de quelque manière à celui-ci, à la nature de la réalité qu'il cache. C'est cet aspect de la lecture symbolique que vous devez étudier.

Après en avoir sérieusement étudié l'aspect forme, l'étudiant doit se rendre compte de l'effet que le symbole a sur lui, des sentiments qu'il évoque, des aspirations qu'il éveille, des rêves, des illusions et des réactions qui sont enregistrées consciemment. Ce stade est intermédiaire entre la compréhension du concept d'un symbole et sa lecture exotérique. Plus tard, vient un autre stade intermédiaire entre la compréhension du concept, et la compréhension et l'application ésotériques ; il est appelé "reconnaissance synthétique". Après avoir étudié la forme et être devenu conscient de sa signification émotionnelle, vous passerez au stade où l'idée fondamentale du symbole est saisie, et, de là, à la compréhension synthétique de son dessein. Vous parvenez ainsi au véritable ésotérisme, lequel est l'application pratique du pouvoir synthétique et vivant du symbole aux sources mêmes de la vie et de l'activité individuelle.

Je vous demande donc de ne pas vous limiter à une interprétation intelligente du symbole, mais de montrer aussi que vous êtes capable, à l'égard du symbole pris comme un tout, d'une très subtile réaction de votre nature sensible.

Etudiez quatre symboles en tout par an. D'abord, étudiez le symbole dans sa forme et cherchez à vous familiariser avec son aspect extérieur, avec l'ensemble des lignes, des triangles, des carrés, des cercles, des croix et des autres formes qui le composent ; efforcez-vous de le saisir du point de vue intellectuel, utilisant votre mémoire et les connaissances que vous pouvez avoir pour le comprendre exotériquement.

Ensuite, lorsque le symbole vous est devenu familier et que, sans effort, vous pouvez vous en souvenir, efforcez-vous de percevoir sa qualité, de prendre contact avec sa vibration et de noter l'effet émotionnel qu'il exerce sur vous. Suivant les jours, il peut y avoir des différences, ou les résultats peuvent être constants. Notez simplement, en toute sincérité, votre réaction astrale au symbole. Observez où ces réactions vous conduisent, vous souvenant toujours qu'elles ne sont pas intuitives mais émotionnelles.

Finalement, prenez note de ce que vous avez découvert être pour vous la qualité fondamentale du symbole ; ensuite, comme dans le travail de méditation, élevez tout le sujet sur le plan mental en y appliquant l'attention concentrée de votre mental. Vous serez ainsi amené à pénétrer dans le domaine des concepts.

Dans l'analyse d'un symbole, nous avons donc les stades suivants :

1.
Son examen exotérique : ligne, forme et couleur. 
2.
La compréhension, par le corps astral ou émotionnel, de ses qualités, la réaction d'une réponse sensible à l'impact de sa qualité.
3.
La considération conceptuelle de l'idée sous-jacente, de ce qu'il est destiné à enseigner, de la signification intellectuelle qu'il doit communiquer.
4.
Le stade de la compréhension synthétique de son dessein, de sa place dans un plan de manifestation ordonné, de sa véritable intention unifiée.
5.
L'identification à sa qualité et à son dessein, tel qu'il est illuminé par le mental "fermement maintenu dans la lumière". Ce stade final met en action le cerveau aussi bien que le mental.
Vue dans son ensemble, l'étude d'un symbole comprend trois stades :

Premièrement, l'investigation à laquelle il est soumis, puis les progrès du chercheur, d'un stade de conscience à un autre, d'une inclusion graduelle de tout le champ que couvre le symbole.

Deuxièmement, une perception intuitive des symboles que l'on peut voir partout dans la manifestation divine.

Troisièmement, l'utilisation des symboles sur le plan physique et leur adaptation correcte à un dessein perçu et reconnu, ce qui aboutit à la magnétisation du symbole par la qualité nécessaire, à travers laquelle l'idée peut faire sentir sa présence afin que, perçue et qualifiée, elle puisse trouver une forme appropriée sur le plan physique.

Traitez par conséquent les symboles d'une manière très générale, exotérique, conceptuelle et ésotérique, mais ajoutez-y une analyse de votre sensibilité et de votre réaction à la qualité du symbole.

Récapitulons. Avant tout, il convient de se rappeler que l'étude du symbole faite exotériquement implique l'emploi du cerveau et de la mémoire. Efforcez-vous d'étudier la ligne, la forme, le nombre et l'aspect extérieur général, sachant que chaque ligne a une signification, que tous les nombres ont leur sens et que toutes les formes sont les symboles d'une qualité et d'une vie intérieures.

L'étude des symboles faite sous le rapport conceptuel vous transporte plus à l'intérieur, du cerveau au mental et dans le domaine des idées, poussant l'appareil mental à une activité concentrée. Vous devenez alors conscient du concept ou de l'idée qu'incarne le signe ou le symbole. Vous saisissez sa signification et ce qu'il représente. Vous saisissez le dessein pour lequel la forme a été amenée en manifestation. Votre étude du nombre et de la ligne vous a donné une riche base de connaissance sur le plan objectif, une richesse qui, dans ce cas, dépend de vos lectures, de votre équipement mental et de vos connaissances. Votre habileté à lire un "sens" dans un symbole dépend aussi de la richesse du sens que vous donnez aux événements de votre vie journalière et de votre capacité à réellement méditer.

Je voudrais que vous compreniez clairement qu'il n'y a pas une façon déterminée d'interpréter un symbole et que, pour chaque être humain, un symbole, quel qu'il soit, lui transmettra une signification particulière. Un manque d'intérêt pour les symboles présuppose généralement un manque d'intérêt pour l'interprétation nécessaire des formes de la vie et de leur signification. Un trop grand intérêt théorique porté aux symboles peut aussi laisser supposer un mental compliqué qui aime l'ornementation, les lignes, les formes et les rapports numériques, mais qui ne se préoccupe absolument pas de l'importance de la signification du symbole. L'équilibre, dans la pensée, entre la forme et le concept, l'expression et la qualité, le signe et la signification, est vitalement nécessaire à la croissance de l'aspirant et du disciple.

Ce dont la plupart des étudiants ont surtout besoin est de parvenir à la signification et de travailler avec les idées et les concepts. Cette activité demande l'utilisation du mental afin de comprendre, saisir et interpréter. Elle requiert le développement de la sensibilité mentale qui permet à qui la possède de répondre aux vibrations de ce que nous appelons le Mental Universel, le Mental de Dieu, l'Instigateur du Plan. Elle suppose une certaine capacité d'interprétation et le pouvoir d'exprimer l'idée sous-jacente au symbole, de manière que les autres puissent aussi en profiter. L'idée du service et de la croissance utilitaire doit être fermement maintenue à l'esprit.

Vous est-il possible de voir comment ce pouvoir d'étudier, d'interpréter et de parvenir à la signification fera progresser votre croissance spirituelle ? Et de croire que, par l'emploi de cette méthode, vous pourrez apprendre à travailler plus intelligemment dans le sens du Plan et acquérir plus d'efficacité dans l'aide que vous apporterez à votre prochain ?

Qu'y a-t-il donc dans ce monde objectif qui ne soit le symbole inadéquat d'une idée divine ? Qu'avons-nous dans notre manifestation extérieure, sinon le signe visible (à quelque stade que ce soit du dessein en évolution) du plan de la Divinité créatrice ? Qu'êtes-vous, vous-même, sinon l'expression extérieure d'une idée divine ? Il nous faut apprendre à voir des symboles partout autour de nous, et ensuite à pénétrer au-delà du symbole, dans l'idée qui doit être exprimée.

Il y a cependant une manière d'étudier qui peut vous aider dans votre effort de parvenir à une idée, et d'étudier ainsi d'une manière conceptuelle les nombreux symboles dont nous sommes entourés. C'est, sur bien des points, la technique à laquelle la méditation doit vous avoir préparé. La différence entre cette technique et le travail de méditation réside principalement dans la polarisation et dans le but. Dans l'étude des symboles sous l'angle conceptuel, la conscience est polarisée dans le corps mental et aucun effort n'est fait pour établir le contact avec l'âme ou égo. C'est ce qui distingue ce deuxième stade d'interprétation des symboles de la méditation ordinaire. Vous avez épuisé la méthode vous permettant de vous [10@14] familiariser avec l'aspect forme du symbole et vous en connaissez bien les aspects extérieurs. Vous savez également qu'une série particulière de lignes (par exemple les trois lignes formant un triangle) représente une idée, une vérité ou un enseignement. Ceci est enregistré dans votre cerveau et puisé dans les ressources de votre mémoire.
L'enregistrement de notions anciennes et de connaissances se rapportant aux figures d'un symbole sert à faire passer votre connaissance sur le plan mental et à la focaliser dans le monde des idées et des concepts. Les concepts existent déjà sur les niveaux concrets du plan mental ; ils sont votre héritage mental et racial et sont d'anciennes formes mentales que vous pouvez employer maintenant afin de parvenir à la signification.

C'est là l'énoncé d'un fait déjà ancien, exprimé par Plutarque sous la forme connue : "Une Idée est un Etre incorporel qui n'a pas d'existence en soi, mais qui donne aspect et forme à la matière informe et devient la cause de la manifestation". Vous enregistrez l'aspect et la forme par votre cerveau et vous les retenez, vous faites de même avec leur activité dans le temps et l'espace et avec leur capacité innée de bâtir la forme et d'exprimer un concept ou une idée au moyen de cette forme. A mesure que vous vous intériorisez, vous devenez également conscient de la nature de l'idée motrice par l'étude de sa forme et l'activité qu'elle manifeste ; vous découvrez le champ d'idées de même nature dans lequel se trouve l'idée incorporée dans le symbole. Ce champ d'idées qui s'expliquent les unes les autres et qui sont en rapports réciproques vous est maintenant ouvert. Vous vous trouverez toujours en mesure de vous mouvoir avec aisance dans le monde de concepts. Travailler et vivre dans le monde des idées devient ainsi votre objectif et votre effort principal. Vous vous entraînez à reconnaître les idées et les concepts qui se trouvent derrière chaque forme ; vous commencez à y penser avec clarté et à voir la direction dans laquelle ils vous dirigent et comment ils s'intègrent dans le Plan divin. 

Les aspirants qui :

a. développent le pouvoir de visualiser,
b. entraînent le mental à saisir intuitivement la réalité,
c. interprètent correctement ce qui est perçu, peuvent offrir un laboratoire de démonstration à l'usage des Observateurs entraînés.

Une des choses que peut faire l'intuition développée est de briser le mirage et l'illusion qui envahissent la vie humaine. Une des choses que peut faire un groupe d'aspirants dont les rapports intuitifs sont établis est d'aider à poursuivre la tâche consistant à détruire le mirage du monde. Vous pouvez faire ce travail lorsque votre intuition a été éveillée et lorsque votre compréhension est constante et vraie. La Hiérarchie peut utiliser les aspirants comme des instruments permettant de briser le mirage de groupe partout où il se trouve. Je vous signale cette possibilité, afin de vous inciter à un effort et un développement plus rapides.

Comme vous le savez, l'un des impératifs auxquels sont confrontés tous les aspirants est de parvenir à la connaissance intuitive et à la compréhension intelligente du mirage, individuel et planétaire, qui leur permettront de travailler de façon précise à sa destruction. Cette compréhension sera nécessairement seulement relative, mais au cours des quelques années qui viennent, votre connaissance du sujet et des méthodes permettant de dissiper le mirage peut sensiblement s'accroître. Cela doit arriver si vous travaillez consciemment à ce problème dans votre propre vie, et si vous essayez également de saisir la théorie sous-jacente.

Jusqu'à présent, peu de chose a été écrit et enseigné sur le mirage ; il sera donc d'un grand intérêt de considérer ce sujet et de traiter des techniques par lesquelles le mirage peut être dissipé. Il est évident qu'il ne m'est pas possible de traiter adéquatement de ce sujet en une seule fois. Il nous faudra les deux ou trois prochaines années pour étudier et considérer cette question importante qui découle des nécessités du temps présent et de la sensibilité plus grande de l'humanité à de plus subtiles impressions. Je n'ai pu le faire plus tôt, le groupe étant incomplet et sa cohésion interne ayant besoin d'être renforcée. Je peux le faire maintenant que les membres du groupe agissent ensemble, dans des rapports intérieurs plus étroits et qu'un "esprit d'amour" s'est répandu parmi vous grâce aux réactions du groupe à l'égard de vos besoins réciproques au cours de la récente période de mirage.

J'ai donc l'intention de modifier quelque peu votre travail, en gardant les phrases symboliques comme exercice pour votre perception intuitive, mais en abandonnant l'examen des symboles visuels les plus formels. Vous n'avez pas tiré de ces formes symboliques ce qu'on en espérait, car le mental concret de la majorité des membres du groupe n'a fait qu'augmenter l'aspect forme, et les autres membres n'avaient pas besoin de cette méthode d'instruction et de développement. Nous allons donc changer le centre d'attention et le remplacer par une étude approfondie du mirage. C'est en quoi consistera votre service, car en pensant réellement et en utilisant votre intelligence illuminée (si vous êtes capables d'y parvenir, mes frères) vous pourrez, avec le temps, aider à faire deux choses :

1.
Clarifier le mental du Groupe sur ce sujet. Je ne me réfère pas à votre groupe particulier mais à la conscience mondiale.
2.
Aider à détruire la grande illusion qui a tenu et continue à tenir les fils des hommes en esclavage.
Je vous demande donc d'orienter votre service dans ces directions ; je vous demande aussi de consacrer davantage d'attention au contact établi avec moi-même à l'époque de la pleine lune. Ce groupe devrait développer une habileté spéciale pour le travail de dissipation du mirage au moment de la pleine lune. Le contact s'établit sur les différents plans conformément à la focalisation des corps subtils des membres du groupe, lequel est en contact avec moi sur les niveaux supérieurs du plan astral. De là viennent la clarté de leurs réactions et la richesse des détails enregistrés. C'est également là que finalement ils serviront, car plus tard (mais pas avant encore longtemps) ils pourront utiliser les jours de contact et le "moment de l'entrée" (ainsi appelé parfois) en vue d'un travail bien déterminé pour dissiper en partie l'illusion du monde. Mais l'aptitude à dissiper l'illusion doit d'abord se manifester dans la vie personnelle de chacun d'entre vous.

Un autre groupe établit son contact avec moi sur les niveaux mentaux ; c'est là que se trouvera son champ de service. D'autres groupes se trouvent encore à l'état embryonnaire ; les membres ne sont pas encore au complet et l'intégration du groupe est seulement en train de s'établir.

Je vous demande donc d'intensifier chaque mois votre effort dans la période de la pleine lune et de chercher à renforcer votre lien avec moi et avec les autres membres de ce groupe. Je ne vous donne qu'un seul avertissement : le succès que vous rencontrerez dans cette direction vous apportera à la fois récompense et difficultés. Il vous faudra veiller avec soin à éviter toute stimulation excessive de votre nature émotionnelle et du mirage qui s'ensuivrait. Vous devrez donc exercer la plus sérieuse attention lorsque vous vous efforcerez d'agir sur le plan astral tout en conservant l'attitude de l'Observateur sur le plan élevé de l'âme. Aucun travail constructif ne peut être fait, aucun service d'importance vitale ne peut être rendu dans cette difficile sphère d'activité sans une attitude de détachement et de libération. Vous aurez à travailler dans une des sphères d'activité les plus difficiles, la plus difficile peut-être de celles où un disciple peut être appelé à travailler. De là, la nécessité d'y travailler en formation de groupe. Je ne saurais trop insister sur le fait que vous aurez à travailler en tant que groupe et non pas en tant qu'individus.

Trois grands faits existent aujourd'hui dans la conscience du monde :

1.
La croissance et la compréhension du travail par télépathie.
2.
La compréhension et l'investigation scientifique de l'illusion et du mirage du monde.
3.
Un plus grand nombre de justes méthodes de guérison.
S'il en est ainsi, vous serez donc à même de voir comment des groupes de disciples peuvent apporter une contribution à la révélation qui émerge et combien notre service consacré peut être utile. Je dis bien "notre" service, car c'est bien à ces trois buts, faisant partie du service prescrit par moi-même, que je travaille. Je demande donc votre collaboration et votre assistance. L'afflux constant d'une juste pensée sur la conscience humaine, par des groupes entraînés de penseurs, constitue la méthode pouvant être appliquée avec le plus de succès à l'heure actuelle, et c'est en cela que ces groupes peuvent fournir une aide très importante.

Une des choses qui deviendra très nette au cours des deux ou trois prochaines décennies est le travail que des groupes peuvent faire sur des niveaux autres que le niveau physique. Le service de groupe et l'effort concerté en vue du bien-être de groupe s'est manifesté depuis deux siècles sur terre dans tous les domaines de l'activité humaine, politique, philanthropique et éducative.
Le service de groupe sur le plan astral a également débuté en 1875, mais l'effort en vue de dissiper le mirage mondial est seulement en voie d'organisation ; ce groupe peut constituer une partie de l'effort qui s'accomplit dans ce but et augmenter ainsi le nombre de ceux qui sont engagés dans ce travail. Entraînez-vous donc et apprenez à travailler. La sensibilité télépathique est nécessairement l'objectif de tous les groupes de disciples, mais c'est l'objectif principal du groupe que l'on pourrait qualifier de Communicateurs télépathes ; ils peuvent rendre dans ce domaine un service considérable. Des groupes de personnes ayant cette sensibilité peuvent constituer un organisme servant de médiateur, transmettant la connaissance et l'enseignement nouveaux à la race humaine ; ils peuvent modeler l'opinion publique et modifier le cours des pensées des hommes. Tous les groupes restreints arrivent naturellement et inévitablement à établir des rapports télépathiques entre leurs membres et entre l'ensemble des membres de groupes similaires. C'est ce qu'il faut souhaiter et favoriser, et ce que devrait normalement se développer sans cesse. Mais, au fur et à mesure qu'augmente votre sensibilité télépathique, veillez à ne pas être détournés de votre principal objectif de groupe qui est d'étudier et de comprendre la signification du mirage et les lois régissant la manière de le disperser.

Enregistrez, notez toute activité et tout phénomène télépathiques, mais considérez cette façon de travailler comme une question secondaire en ce qui vous concerne pour l'instant.

Une des caractéristiques les plus remarquables du travail accompli au moment de la pleine lune sera le grand nombre de phénomènes observés. Etant donné que ce service vous appelle à travailler sur le plan astral, il faut vous y attendre ; vous aurez ainsi un champ où vous pourrez utilement exercer la faculté de discernement. Il est encore trop tôt pour que vous vous occupiez du problème consistant à séparer le réel de l'irréel ; votre tâche sera d'abord d'enregistrer. Prenez des notes détaillées ; gardez l'attitude scientifique de détachement et de reconnaissance, et écrivez tout ce que vous percevez, voyez et contactez. Si tout va bien, ces notes serviront de base à une analyse dont nous pourrons tirer bien des éléments intéressants.

Ce que j'ai à vous dire au sujet du mirage se divise en trois chapitres :

1. La Nature du Mirage.
2. Les Causes du Mirage.
3. La Dissipation du Mirage. 

Au fur et à mesure que nous avancerons, je diviserai notre étude de façon plus détaillée ; toutefois, je cherche seulement dans ce texte à offrir à votre esprit certaines grandes lignes afin que le sujet vous devienne familier.

Il y a quatre expressions que les prétendus occultistes et ésotéristes emploient depuis longtemps. Ce sont : mirage, illusion, maya et gardien du seuil. Elles indiquent toutes le même concept général ou quelque variante de ce concept. D'une manière générale, les interprétations suivantes ne sont que partielles et presque des déformations de la vérité, du fait des limitations de la conscience humaine.

Le Mirage a souvent été considéré comme une curieuse tentative de ce qu'on appelle les "forces des ténèbres", d'induire en erreur les plus sérieux aspirants. Beaucoup de personnes fort respectables sont presque flattées lorsqu'elles sont "confrontées" à un aspect du mirage. Elles estiment qu'elles ont si bien démontré leur esprit de discipline que les forces des ténèbres en arrivent à s'intéresser à elles pour tenter d'entraver leur travail méritoire, en les plongeant dans les nuages du mirage. Rien ne peut être plus éloigné de la vérité. Cette idée est elle-même une partie du mirage des temps présents ; elle puise sa source dans la vanité et l'autosatisfaction de l'homme.

La Maya est souvent considérée comme étant de même nature que le concept, proclamé par les adeptes de la "Science Chrétienne", suivant lequel la matière, en fait, n'existe pas. Il nous est demandé de considérer comme maya tout le monde des phénomènes et de croire que son existence n'est qu'une erreur du mental mortel, une forme d'autosuggestion ou d'auto-hypnotisme. Suivant cette croyance, nous nous plongeons dans un état d'esprit selon lequel ce qui est tangible et objectif n'est que le produit de l'esprit imaginatif de l'homme. Tout ceci est également une parodie de la réalité. 

L'illusion est considérée à peu près de la même manière, mais l'accent est mis sur la nature limitée du mental humain. On ne nie pas le monde des phénomènes, mais on considère que le mental ne l'interprète pas correctement et qu'il refuse de le voir comme il est en réalité. Nous considérons cette fausse interprétation comme constituant la Grande Illusion.

Le Gardien du Seuil est généralement considéré comme le dernier test auquel est soumis le courage de l'homme, comme une gigantesque forme-pensée, ou un élément qu'il faut pouvoir dissiper avant de prendre l'initiation. Peu de gens savent au juste en quoi consiste cette forme-pensée ; mais la définition qu'ils en donnent implique l'idée d'une vaste forme élémentale qui barre le chemin menant à la porte sacrée, ou l'idée d'une forme qui a été construite, parfois par le Maître, afin d'éprouver la sincérité de son disciple. D'autres le regardent comme la somme des fautes de l'homme, sa nature mauvaise qui l'empêche d'être reconnu apte à fouler le Sentier de la Sainteté. Aucune de ces définitions, pourtant, ne donne une idée véritable de la réalité.

Je voudrais signaler ici que, généralement, ces quatre expressions sont quatre aspects d'une situation universelle qui est le résultat de l'activité, dans le temps et l'espace, du mental humain. L'activité des Pensées. Réfléchissez à cette phrase, car elle donne une indication de ce qu'est la vérité.

Le problème de l'illusion réside dans le fait que l'illusion est une activité de l'âme et le résultat de l'aspect mental de toutes les âmes en manifestation.
C'est l'âme qui est plongée dans l'illusion, l'âme qui ne parvient pas à voir clairement jusqu'au moment où elle apprend à déverser sa propre lumière dans le mental et le cerveau.

Le problème du Mirage se pose lorsque l'illusion mentale est intensifiée par le désir. Ce que les théosophes appellent "Kama-manas" produit le mirage. C'est l'illusion sur le plan astral. 

Le problème de Maya est en réalité le même que le précédent, avec en plus l'intense activité produite quand le mirage et l'illusion se manifestent sur les niveaux éthériques. C'est le gâchis vital, émotionnel, incontrôlé par le mental (oui, frère de longue date, j'ai bien dit le "gâchis" dans lequel la majorité des êtres humains semblent encore vivre.

Le Gardien du Seuil est illusion-mirage-maya tels que saisis par le cerveau physique et reconnus comme devant être surmontés. C'est cette forme-pensée déroutante à laquelle le disciple est confronté lorsqu'il cherche à pénétrer à travers le mirage accumulé au cours des âges et à trouver sa vraie demeure dans le lieu de lumière.

Ce qui précède est forcément une généralisation ; c'est aussi le résultat de l'activité du mental analytique, mais cela sert cependant à formuler une partie du problème et à transmettre à votre mental une forme-pensée déterminée de ce que nous examinerons plus loin en détail.

Quant aux causes de cette situation mondiale, que puis-je vous dire qui aurait un sens pour vous ? La cause remonte à très loin, dans la conscience des "Dieux imparfaits". Cette phrase a-t-elle une signification pour vous ? J'ai peur qu'elle n'en ait que peu. Il nous faut descendre dans le domaine des choses plus pratiques et traiter seulement cette question dans ses rapports avec l'humanité.
Nous traiterons brièvement plus loin de l'illusion planétaire, mais le problème actuel de l'homme et la contribution effective du disciple à sa solution est la dissipation du mirage dans lequel l'humanité est plongée et qui, au cours de l'Age du Verseau, sera amené à disparaître, lié qu'il est à la vie astrale de la race humaine. Le point sur lequel je voudrais attirer ici votre attention est que c'est dans la méditation et par la technique de la maîtrise mentale que les vrais penseurs commenceront à débarrasser le monde de l'illusion. D'où l'intérêt croissant pour la méditation à mesure qu'on se rend compte du poids du mirage mondial, et d'où aussi la nécessité vitale qu'il y a à comprendre correctement le chemin menant à la maîtrise mentale. 

Un autre point qui devrait être noté est que la cristallisation de cette époque matérialiste offre une grande opportunité pour frapper un coup mortel au Gardien du Seuil planétaire. Les réactions que provoque cette époque, par la tension due aux circonstances, amènent une compréhension plus spirituelle et une réorganisation des valeurs humaines. C'est un aspect du processus par lequel une partie vitale du mirage du monde peut être dissipée, si tous les hommes de bonne volonté se trouvant dans l'aura mondiale accomplissaient leur tâche.

Lorsque le Bouddha était sur terre et qu'il parvint à l'Illumination, il "lança" un flot de lumière sur le problème du monde en énonçant les Quatre Nobles Vérités. Ses disciples et ses neuf cents arhats formulèrent ces quatre grandes vérités en doctrine et dogmes qui, grâce au pouvoir de la pensée collective, ont grandement contribué à attaquer l'illusion mondiale.
Aujourd'hui, le Christ poursuit cette même tâche grandiose ; le sens spirituel donne à son arrivée imminente (en termes symboliques) est que lui-même et ses neuf mille arhats porteront un second coup au mirage du monde. C'est à cela que nous nous préparons. Seule l'intuition peut dissiper l'illusion ; d'où le besoin d'avoir des intuitifs entraînés. D'où aussi le service que vous pouvez rendre à cette cause mondiale en vous soumettant à un tel entraînement. Si vous êtes en mesure de surmonter le mirage dans votre propre vie, si vous pouvez par conséquent comprendre la nature de l'illusion, vous pouvez aider à :

a. détruire le gardien du seuil,
b. dévitaliser la maya générale,
c. dissiper le mirage,
d. dissiper l'illusion. 

Vous devez alors le faire dans votre vie et dans les rapports de groupe.
Alors, votre plus grande contribution vous permettra d'aider à résoudre les plus importants problèmes des hommes. L'acuité de l'intellect, l'illumination du mental, l'amour et l'intention feront beaucoup. Je vous rappelle ce service.

Je suggère qu'au cours des prochains mois vous fassiez trois choses :

1.
Définir vous-mêmes et à la suite de vos méditations ce que vous entendez par les quatre expressions dont je viens de traiter. Faites une vraie analyse et ne vous contentez pas de quatre définitions. Avant de m'étendre davantage sur ce sujet, je voudrais que vous classiez vos idées, utilisant ces définitions comme guides, mais exposant le problème tel que vous le voyez et cherchant à faire ressortir les différences entre ces quatre aspects du mirage mondial.

2.
Dites chaque jour, avec attention et réflexion, le Notre Père il a de nombreuses significations, le sens commun que lui donnent généralement les chrétiens n'est pas celui qui vous intéresse.
Réfléchissez à cette très ancienne affirmation de la vérité et interprétez-la dans tous ses termes comme une formule destinée à dissiper l'illusion. Rédigez une exégèse sous cet angle, phrase par phrase, la considérant comme nous donnant les sept clés du secret permettant d'éliminer le mirage. Cette formule (qui n'est pas essentiellement une prière) peut se diviser de la façon suivante :

a.
Invocation au Seigneur solaire.
b.
Sept phrases contenant les sept clés destinées à dissiper l'illusion.
c. Affirmation finale de la divinité.
Utilisez votre intuition ; appliquez tout cela au mirage et voyez à quelle connaissance vous pouvez parvenir. Ensuite, mettez par écrit ce que vous avez découvert, soit sous forme d'interprétation de la prière, soit sous forme d'article, et le résultat sera sans doute intéressant.

3.
Conservez les notes prises au moment de la pleine lune ; six mois plus tard, faites-en une soigneuse analyse et voyez ce que vous y avez gagné. Divisez votre analyse comme suit et exprimez ce que vous entendez par les phénomènes perçus :
a.
à propos de tout contact réel,
b.
à propos de tout contact ou phénomène se référant à la couleur,
c.
à propos de tout autre phénomène perçu, senti, vu ou entendu.
Puissions-nous tous aller de l'avant, dans une plus grande lumière et une plus grande compréhension ; et que la lumière brille sur le Chemin vertical du disciple, c'est ce pour quoi je prie et ce à quoi j'aspire pour vous.

1. Le Mirage sur le plan mental – L'Illusion

 

Dans cette partie de notre étude, nous consacrerons moins de temps à l'examen de l'illusion qu'à celui du mirage ou de maya. L'illusion n'est pas confrontée ouvertement ni surmontée tant qu'un homme n'a pas :
a. fait passer le centre de sa conscience sur le plan mental,
b. entrepris une tâche bien définie et de service intelligent,
c. réalisé l'alignement, consciemment et facilement, avec son âme et établi fermement la technique de son contact avec elle,
d. pris la première initiation.

Le terme illusion est fréquemment employé à la légère, pour signifier un certain manque de connaissance, des opinions incertaines le mirage, l'incompréhension, un trouble psychique, la domination de pouvoirs psychiques inférieurs, et bien d'autres formes d'illusion mondiale. Mais le temps est venu de l'employer avec discernement intelligent, et où le disciple doit connaître et comprendre clairement la nature des miasmes phénoménaux dans lesquels se meut l'humanité. Pour plus de clarté et afin de distinguer plus nettement les diverses formes d'illusion dans lesquelles l'âme se meut et dont elle doit se libérer, il est nécessaire que nous séparions les divers aspects de la Grande Illusion dans le temps et l'espace ; c'est ce que j'ai partiellement tenté de faire lorsque j'ai défini les termes Maya, Mirage, Illusion et Gardien du Seuil. Je vous prie de garder ces distinctions très clairement à l'esprit et d'étudier avec soin le tableau à la page anglaise 42 (ci-dessus).

Pour les besoins de notre étude, l'illusion peut signifier la réaction du mental indiscipliné au monde des idées nouvellement contactées. Ce contact est établi du moment où l'homme a réalisé l'alignement et mis la nature inférieure en rapport avec la nature supérieure. Les idées nous viennent du plan de l'intuition. L'âme illumine le plan du mental et le plan de l'intuition, si bien qu'ils se révèlent l'un à l'autre et que leur rapport devient alors évident. Le mental de l'homme (qui devient lentement le centre de sa conscience et la réalité principale de son existence) devient conscient de ce monde d'idées, nouveau et jusqu'alors inexploré ; il saisit une idée ou un groupe d'idées et s'efforce de les rendre sienne. Au début, la majorité des hommes et particulièrement le mystique moyen n'ont des idées qu'une appréciation assez vague et nébuleuse ; ils jugent souvent selon des jugements déjà portés.
L'illumination obtenue grâce à un contact faiblement établi avec l'âme semble, au néophyte inexpérimenté, une merveille d'importance vitale. Les idées qu'il contacte l'émerveillent grandement ; elles lui paraissent splendides, exceptionnelles et vitalement nécessaires à l'humanité.

Mais le mental est toujours concentré sur le soi, le contact toujours faible, l'alignement incertain et, par conséquent, les idées ne sont que vaguement perçues. Mais le caractère unique de l'expérience réalisée dans le contenu du mental du disciple le fait pénétrer dans les profondeurs du domaine de l'illusion. L'idée, ou les idées qu'il a contactées ne sont (si seulement il pouvait s'en rendre compte) qu'un fragment d'un Tout beaucoup plus vaste et son interprétation est inadéquate. L'idée qui a émergé dans sa conscience, en raison de l'éveil partiel de son intuition, se trouvera déformée de plusieurs façons au cours de sa descente dans la conscience du cerveau. La manière dont il matérialise l'idée et la transforme en un projet d'exécution pratique est encore tout à fait impropre. Son équipement n'est pas encore suffisant pour parvenir à une certaine exactitude. Les diverses manières dont se produisent cette déformation et cette adaptation de l'idée peuvent être décrites de la façon suivante : Le passage d'une idée du plan de l'intuition au cerveau.

1.
L'idée est perçue par le mental "maintenu fermement dans la lumière de l'âme".

2.
Elle descend sur les niveaux supérieurs du plan mental où elle revêt la substance de ces niveaux. Elle demeure toujours une abstraction, de l'angle du mental inférieur. Celui qui recherche l'intuition devra noter soigneusement ce point. 

3.
L'âme projette sa lumière vers le haut et vers l'extérieur. L'idée, faible et nébuleuse, émerge dans la conscience de l'homme. Elle est révélée, tout comme un objet se trouve révélé lorsque le faisceau lumineux d'un puissant projecteur est projeté sur lui. Le mental, s'efforçant de demeurer en contact conscient, ferme et constant avec l'âme, capable de voir dans le monde supérieur par l'intermédiaire de "l'œil de l'âme largement ouvert" enregistre l'idée avec toujours plus de clarté.

4.
Révélée, l'idée devient alors un idéal pour le mental attentif et finalement quelque chose qu'il faut désirer et matérialiser. La faculté du mental de construire des formes-pensée entre alors en jeu ; l'énergie de l'idée agit sur la "substance mentale", vitalisée par la reconnaissance de l'âme, et l'idée accomplit ses premiers pas véritables vers sa manifestation. Un idéal est une idée qui s'est incarnée.
Tels sont les premiers pas vers la matérialisation. La manifestation devient possible. Et ainsi se produit l'illusion.

5.
La déformation se produit maintenant, provoquée par plusieurs causes :
1.
Le genre de rayon de l'égo colore l'interprétation que l'homme donne de l'idée. Il colore la forme-pensée construite. En termes symboliques, la pure lumière est changée en lumière colorée.
L'idée est alors "revêtue de couleur, et, par-là le premier voile descend".
2.
Le point d'évolution atteint par l'homme a aussi son effet ; il s'y ajoute la qualité de l'intégration entre les trois aspects de la personnalité et l'alignement entre l'âme, le mental et le cerveau.
Ces éléments, étant nécessairement imparfaits, produisent une imprécision dans les lignes générales et, par conséquent, dans la forme finale. Nous avons donc :
a.
L'intégration imparfaite de la personnalité.
b.
L'imprécision de la forme-pensée proposée.
c.
Le matériel inapproprié par conséquent attiré pour la construction de la forme-pensée.
d.
Le déplacement du centre d'attention, en raison du caractère vague de l'idéal perçu.
e.
L'instabilité du rapport entre le mental et l'idée perçue.
3.
La qualité du développement du corps mental du disciple produit le prochain "voile" qui descend sur l'idée. L'idée a changé sous l'influence de la couleur du rayon de l'âme ; maintenant, le changement qui la déforme encore davantage provient du genre de rayon du corps mental généralement différent de celui du rayon de l'âme.
Ce sont les pas ultérieurs vers la matérialisation. La forme manifestée revêt une qualité particulière. Ainsi se produit l'illusion.

6.
L'illusion se manifeste généralement de sept manières :

1.
Par une fausse perception d'une idée. Le disciple ne peut pas distinguer entre une idée et un idéal, entre une idée et une forme-pensée, ou entre un concept intuitif et un concept mental. Cette manière de produire l'illusion se rencontre le plus souvent chez les aspirants. L'atmosphère mentale dans laquelle nous vivons tous est une atmosphère d'illusion. C'est également une atmosphère ou champ de contact conscient où se rencontrent toutes sortes de formes-pensée. Certaines sont placées là par la Hiérarchie afin d'être découvertes par les hommes ; certaines sont des formes-pensée construites par les hommes autour d'une idée ; d'autres sont de très anciens idéaux qui ont été abandonnés mais qui persistent encore en tant que formes-pensée ; d'autres encore sont absolument neuves et, par conséquent, sans grande force, mais très attirantes. Toutes ont été créées par l'homme à quelque stade de son développement individuel et racial. Beaucoup sont les enveloppes de concepts qui ont fait long feu depuis longtemps ; d'autres sont embryonnaires ; d'autres encore sont statiques et stabilisées. Un grand nombre sont en train de descendre des niveaux de l'intuition ; quelques-unes sont encore illuminées par la claire lumière de l'âme et prêtes à se manifester.
Un grand nombre d'autres formes-pensée sont en voie de désintégration. Certaine de ces formes, ou idées incarnées, sont de nature destructive, en raison du type de substance dont elles sont formées. D'autres sont constructives. Toutes sont colorées par l'énergie de certains rayons. Un grand nombre de ces formes sont nécessairement construites par les activités personnelles ; d'autres sont en voie de construction par l'intermédiaire de l'âme de même que par l'activité de l'âme et de la personnalité. Il est donc essentiel que chaque mental agissant correctement ait une juste perception. Il faut que les aspirants apprennent à distinguer :

a.
Entre une idée et un idéal.
b.
Entre ce qui a pris forme et ce qui est en processus de désintégration. 
c.
Entre ce qui est constructif et ce qui est destructif.
d.
Entre les formes et les idées anciennes et les nouvelles.
e.
Entre les idées et les formes de rayon, lorsqu'elles colorent les présentations supérieures.
f.
Entre les idées et les formes-pensée et entre celles qui sont créées à dessein par la Hiérarchie et celles créées par l'humanité.
g. Entre les formes-pensée raciales et les idées de groupe.
Je pourrais citer bien d'autres différenciations, la liste ci-dessus suffit à montrer la nécessité de justes perceptions, et à indiquer les sources de la prédominance de l'illusion mondiale causée par de fausses perceptions.
La cause en est un mental non entraîné, non illuminé.
Le remède est dans l'entraînement selon la technique du Raja Yoga. Cet entraînement doit aboutir à la capacité de maintenir le mental fermement dans la lumière, de percevoir correctement et d'avoir une juste attitude mentale. C'est à ces justes attitudes intérieures que se référait le Bouddha lorsqu'il décrivit le Noble Sentier Octuple ; elles impliquent la capacité de parvenir à une juste élévation mentale. Oui, mes frères, je dis bien une juste élévation et non pas une juste attitude.

2.
Par une fausse interprétation. L'idée, entité vitale ou germe de puissance vivante, est perçue par une vision partielle, déformée par l'imperfection de l'équipement mental et fréquemment réduite à quelque chose de futile. Le mécanisme qui permet de la comprendre n'existe pas. Bien que l'homme mette en jeu ce qu'il a de meilleur et de plus élevé, bien qu'il soit dans une certaine mesure capable de maintenir son mental dans la lumière, ce qu'il offre cependant à l'idée est encore très inadéquat. Ainsi se manifeste l'illusion par une fausse interprétation.

La cause est une surestimation des propres pouvoirs mentaux. Le péché par excellence du type mental est l'orgueil qui colore toutes les activités dans les premiers stades.
Le remède est le développement d'un esprit prudent.

3.
Par une fausse appropriation des idées. Ce qui provoque l'utilisation fausse d'une idée est la faculté de dramatiser et la tendance, propre à la personnalité, d'affirmer le petit soi ; elles amènent l'homme à s'approprier une idée comme si elle lui appartenait et à lui donner une importance exagérée parce qu'il la considère comme sienne. Il se met à construire sa vie autour de son idée, à considérer comme ayant une grande importance ses desseins et ses objectifs, s'attendant à voir les autres reconnaître que cette idée est sienne. Il oublie qu'aucune idée n'appartient à qui que ce soit, qu'elles viennent du plan de l'intuition et qu'elles sont un don et une propriété universels ; elles n'appartiennent à aucun mental. Sa vie comme sa personnalité est subordonnée à l'idée qu'il a d'une idée et à l'idéal qu'il se fait de l'idée. L'idée devient dramatiquement l'agent du dessein de la vie qu'il s'impose à lui-même, le conduisant d'un extrême à l'autre. Ainsi se manifeste l'illusion par une fausse appropriation. 
La cause en est une surestimation de la personnalité, une impression exagérée des réactions de la personnalité sur l'idée perçue et sur tous ceux qui tentent de venir en contact avec la même idée.
Le remède est un effort constant afin de décentraliser la vie de la personnalité et de la centrer sur l'âme.

Je voudrais ici rendre un point bien clair. Il est très rare que les idées parviennent directement des niveaux de l'intuition à la conscience mondiale et au mental humain. Le stade de développement actuel ne le permet pas encore. Les idées viennent des niveaux de l'intuition seulement lorsqu'il y a un contact constant avec l'âme, une puissante maîtrise mentale, une intelligence bien entraînée, un corps émotionnel purifié et un bon système glandulaire, résultant de ce qui précède.

Réfléchissez-y.
Lorsqu'elles sont d'un ordre très élevé, la plupart des idées sont amenées dans la conscience du disciple par son Maître et lui sont communiquées par télépathie mentale ; la chose est possible en raison de la sensibilité du disciple au "don psychique des ondes" ainsi que cette faculté est nommée dans l'enseignement tibétain ; les idées sont alors perçues dans l'activité réciproque établie entre disciples. Lorsque les disciples s'assemblent, stimulant ainsi réciproquement leur mental et concentrant leur attention, il arrive fréquemment qu'ils parviennent à établir un contact avec le monde des idées, ce qui autrement serait impossible, et à formuler de nouveaux concepts. En outre, certaines grandes idées existent en tant que courants d'énergie sur le plan mental. Les disciples peuvent entrer en contact avec elles et les obliger à se manifester, grâce à leur attention entraînée. Ces courants d'énergie mentale, colorée par une idée fondamentale, sont placés là par la Hiérarchie. Lorsqu'il les découvre et les contacte, le néophyte est enclin à considérer ce fait de manière personnelle et il attribue l'idée à sa propre sagesse et à son propre pouvoir. Vous remarquerez donc combien il est nécessaire que ce qui est contacté soit correctement compris et interprété.

4.
Par une fausse direction donnée à l'idée. C'est dû au fait que le disciple ne voit pas encore les choses comme elles sont. Son horizon est limité, il fait preuve de myopie. Sa conscience perçoit un fragment d'idée fondamentale qu'il attribue à un domaine d'activités avec lequel il n'a absolument aucun rapport. Il commence donc à travailler avec cette idée, l'envoyant dans des directions où elle n'est d'aucune utilité ; il commence à la vêtir d'une forme qui ne lui convient aucunement, l'exprimant d'une manière qui lui enlève toute utilité. Ainsi donc, dès le premier contact, le disciple est sujet à l'illusion ; aussi longtemps qu'elle dure elle renforce l'illusion collective. C'est là une des formes les plus communes de l'illusion et l'une des premières façons dont l'orgueil mental du disciple peut être brisé. Il s'agit là d'une illusion par mauvaise application initiale conduisant à utiliser ou à diriger faussement l'idée.
La cause est un mental limité et non inclusif.
Le remède est la formation du mental en vue de le rendre inclusif, bien développé sous l'angle de l'intelligence des temps modernes.

5.
Par la fausse intégration d'une idée. Chaque disciple a un plan pour sa vie, un champ de service qu'il a choisi sinon il n'est pas disciple. Ce peut être le foyer, ou l'enseignement, ou encore un champ plus vaste, mais c'est toujours un domaine déterminé où il exprime ce qu'il y a en lui. Dans ses méditations grâce au contact avec les autres disciples, il peut percevoir une idée qui est peut-être importante pour le monde. Immédiatement il la saisit et cherche à l'intégrer dans le dessein et le plan de sa vie.
Il se peut qu'il n'ait d'elle aucun besoin précis qu'il ne devrait pas s'en occuper. L'activité exagérée de son mental est sans doute responsable du fait qu'il s'en soit saisi. Les disciples ne doivent pas nécessairement travailler avec toutes les idées qu'ils perçoivent et contactent ; ils ne le comprennent pas toujours. Le disciple se saisit donc de l'idée et cherche à l'intégrer dans ses plans il essaie de travailler avec des énergies pour lesquelles son tempérament ne l'a pas préparé. Il impose un courant d'énergie à son corps mental auquel celui-ci est incapable de tenir tête ; et le désastre s'ensuit. Beaucoup de bons disciples font preuve d'un mental exagérément actif et fertile ; ils ne parviennent à aucun objectif constructif, à aucune activité constructive dans leur vie.
Ils saisissent chaque idée qu'ils rencontrent, sans discernement. Il s'agit là de l'illusion provenant du désir d'acquérir.

La cause est la cupidité et l'égoïsme du petit soi même si le disciple ne le comprend pas et s'il est sous l'emprise du mirage que constitue l'idée même de son propre désintéressement.
Le remède est l'esprit d'humilité.

6.
Par la fausse incarnation des idées. Il s'agit surtout ici des difficultés rencontrées par les âmes évoluées qui arrivent en contact avec le monde de l'intuition, qui ont l'intuition de grandes idées spirituelles, qui ont la responsabilité de leur donner une forme, automatiquement, spontanément, grâce à l'activité entraînée et rythmique de l'âme et du mental, toujours en étroite collaboration. L'idée est contactée, mais elle est revêtue d'une matière mentale qui ne lui convient pas ; dans sa voie vers la matérialisation, elle prend donc une mauvaise direction. Elle se trouve, par exemple, intégrée à une forme-pensée de groupe dont la coloration, la note fondamentale et la substance ne conviennent pas à ce qu'elle doit exprimer. Cela arrive beaucoup plus souvent que vous ne le pensez. C'est l'application, sur un plan élevé, de l'axiome hindou : "Mieux vaut le dharma personnel que celui d'autrui".

Il s'agit là de l'illusion provenant d'un faux discernement en ce qui concerne la substance.
La cause est le manque d'entraînement ésotérique à l'activité créatrice.
Le remède est l'application des méthodes de cinquième rayon, méthodes du plan mental.
L'aspirant moyen commet rarement cette forme d'erreur ; elle se réfère à une illusion qui est un test pour beaucoup d'initiés d'un degré assez élevé. Le disciple ordinaire, comme vous-même et les autres membres de ce groupe, arrive rarement au contact d'une idée pure et, par conséquent, il a rarement besoin de lui donner une forme.

7.
Par une fausse application des idées. Que de fois le disciple tombe dans cette forme d'illusion ! Intuitivement, et aussi avec intelligence (notez la différence entre les deux termes) il contacte une idée et il l'applique mal. C'est sans doute là un aspect de l'illusion globale, ou illusion de l'ensemble du plan mental, avec laquelle l'homme moderne entre en contact. L'illusion varie d'âge en âge, suivant ce que cherche à faire la Hiérarchie, ou suivant le cours général des pensées des hommes. Le disciple peut donc être poussé à une activité erronée et à une application erronée d'idées, parce que prédomine dans son esprit l'illusion collective produite par les Six types d'illusions auxquels je me suis référé plus haut.
Je pourrai continuer à m'étendre sur les manières dont l'illusion prend au piège le disciple imprudent, mais ce que j'en ai dit suffira sans doute à provoquer en vous l'analyse constructive qui conduit de la connaissance à la sagesse. Vous avez remarqué que les sept voies principales de l'illusion sont :

1.
La voie de la fausse perception.
2.
La voie de la fausse interprétation.
3.
La voie de la fausse appropriation.
4.
La voie de la fausse direction.
5.
La voie de la fausse intégration.
6.
La voie de la fausse incarnation.
7.
La voie de la fausse application.

C'est le troisième stade vers l'expression. La forme de l'expression est également qualifiée. Ainsi, se présentent les sept voies de l'illusion.

Je vous ai décrit les causes de l'illusion et les divers genres d'illusion auxquels est sujet le disciple. Dans sa forme pure, cette illusion doit être affrontée et, à un certain moment, surmontée ; l'initié doit l'isoler et la dissiper.
Ce fut l'ultime effort triomphant qui conduisit Jésus à dire sur la Croix des paroles d'apparente détresse. Il avait dissipé finalement l'illusion de la divinité personnelle objective. Il eut conscience d'être lui-même Dieu et rien d'autre. Il sut que la théorie de l'unité exposée par lui, dans l'Evangile selon Saint Jean, au chapitre XVII, était en vérité un fait inaltérable dans sa propre conscience. Cependant, dans cette suprême réalisation, intervenait pendant un instant un sentiment de perte, de négation, arrachant à sa personnalité mourante les mots qui ont troublé et en même temps réconforté tant d'êtres humains et qui signifiaient le dépassement de l'ultime illusion. Quand elle sera dissipée, l'illusion, telle que peut la comprendre la famille humaine, disparaîtra ; l'homme sera libre. L'illusion du plan mental ne pourra plus l'induire en erreur.
Son mental sera alors un instrument pur qui réfléchira la lumière et la vérité.
Les mirages du plan astral n'auront plus prise sur lui ; le corps astral lui-même disparaîtra.

Vous vous souvenez que dans le Traité sur la Magie Blanche j'ai indiqué que le corps astral lui-même est une illusion. C'est la définition donnée par le mental illusoire sur le plan mental de ce que nous appelons l'ensemble des désirs de l'homme en incarnation. Lorsque l'illusion et le mirage ont été surmontés, le corps astral disparaît de la conscience humaine et il ne reste aucun désir pour le soi séparé. Kama-manas disparaît et l'homme est alors essentiellement âme, mental et cerveau dans le corps physique. C'est là un grand mystère ; l'homme ne peut le comprendre que lorsqu'il a dominé sa personnalité et éliminé tous les aspects du mirage et de l'illusion. Il l'accomplit par de graduels dépassements ; cette maîtrise s'acquiert en maîtrisant.
L'élimination du désir s'obtient par un processus conscient. Mettez-vous donc au travail, mes frères, et ce problème deviendra inévitablement clair. 

Le pôle opposé de l'illusion est, comme vous le savez, l'intuition.
L'intuition est la reconnaissance de la réalité qui devient possible lorsque le mirage et l'illusion disparaissent. Une réaction intuitive à la vérité prend place, suivant un mode d'approche particulier de la vérité.

Lorsque le disciple est parvenu à calmer la tendance de son mental à construire des formes-pensée afin que la lumière puisse se déverser librement et sans déviation des mondes spirituels supérieurs. L'intuition peut commencer à fonctionner lorsque le mirage n'a plus de prise sur l'homme inférieur et que ses désirs, élevés ou bas, ne viennent plus s'interposer entre la conscience de son cerveau et l'âme. Tous les aspirants sincères connaissent, au cours de leur vie de luttes, de fugitifs moments de cette liberté supérieure. L'avenir dans ses grandes lignes et la vraie nature de la vérité se présentent momentanément à leur conscience, de sorte que la vie, ensuite, n'est plus jamais la même pour eux. Ils ont reçu la garantie que toutes leurs luttes sont justifiées et qu'elles attireront la juste récompense.

Comme il est indiqué dans le tableau déjà présenté, ce qui dissipe l'illusion et la remplace par une perception vraiment spirituelle et infaillible est la contemplation, contemplation nécessairement accomplie par l'âme. Vous saisirez sans doute les phases du développement si vous vous rendez bien compte que le processus de la méditation peut se diviser de la façon suivante :

1. L'aspirant Le sentier de la Probation Concentration Maya
2. Le disciple Le sentier du Discipulat Méditation Mirage
3. L'initié Le Sentier de l'initiation Contemplation Illusion

Ce tableau montre la relation entre le processus de méditation tel qu'il est enseigné par l'Ecole Arcane, et le problème que vous devez tous affronter.

La technique utilisée par l'initié et destinée à dissiper l'illusion est celle de la contemplation. Mais quel intérêt y a-t-il à ce que nous l'examinions si vous n'êtes pas des initiés ? En tirerez-vous quelque profit ? Ne serait-ce pas seulement satisfaire votre curiosité si je vous exposais les processus particuliers employés par l'âme en contemplation, afin de pénétrer et – par un acte de volonté et au moyen de formules de premier rayon – de dissiper l'illusion ? Je n'en vois pas l'intérêt pour vous.

Je terminerai donc mes observations relatives à l'illusion sous l'angle de votre degré d'évolution. Le mirage est votre problème, comme c'est le problème du monde aujourd'hui. Certains d'entre vous dont le corps mental est en voie d'organisation peuvent souffrir quelque peu de l'illusion ; mais votre problème essentiel, comme groupe et comme individus, est celui du mirage.
Votre champ d'expérience quotidienne se trouve sur les niveaux supérieurs du plan astral. Votre tâche est de surmonter le mirage dans votre vie personnelle et comme groupe, et plus tard d'entreprendre la tâche difficile d'aider à dissiper le mirage du monde. Vous deviendrez peut-être capables de le faire si vous vous soumettez à l'entraînement et si, comme individus, vous comprenez et vous maîtrisez vos mirages personnels.

Dès que vous commencerez à le faire, je pourrai vous utiliser en tant que groupe. Mais avant que vous ne puissiez travailler en tant que groupe et coopérer à la dissipation du mirage du monde, il vous faut mieux comprendre et maîtriser les mirages et les illusions de votre personnalité. Le temps est venu pour moi de vous aider à résoudre avec plus de décision le problème du mirage, en vue du service auquel votre groupe est destiné et non pas de votre libération personnelle.

Je vous prie donc de vous mettre au travail avec un courage renouvelé, avec détermination et nouvelle compréhension, afin de poursuivre le travail au cours d'une autre année. Voulez-vous faire tous vos efforts pour accomplir cette tâche ? Car c'est vraiment une tâche.

2. Le Mirage sur le plan astral – Le Mirage

 

J'ai traité brièvement du problème de l'illusion, ou mirage sur le plan mental, faisant remarquer que ce n'est pas le principal problème de ce groupe d'aspirants qui – de même que l'humanité aspirant mondial – sont occupés surtout par le problème du mirage Les étudiants qui se trouvent à l'avant-garde de l'humanité, et doivent faire face au mirage du monde et se frayer un chemin à travers lui ont pour tâche de libérer l'énergie de l'âme et le pouvoir du mental.
Vous devez prendre votre place parmi les âmes qui font œuvre de pionniers, comprenant bien la grandeur de l'opportunité et l'imminence de l'heure de la libération.

Vous vous trouvez à la veille d'être admis comme disciples acceptés. Cela signifie que, très prochainement, il vous faudra lutter non seulement contre le mirage, mais aussi contre l'illusion. Etes-vous assez forts pour le faire ?
N'oubliez pas qu'un disciple aux prises avec ses aspirations personnelles, qui s'attaque aux problèmes résultant de la polarisation et de la conscience mentale, et qui se préoccupe des énergies activées au contact de l'âme, devient rapidement une personnalité intégrée. Sa tâche n'est donc pas facile ; elle exige l'activité concentrée du meilleur de lui-même. Par ces mots, j'entends l'âme et la personnalité animée par l'aspiration.

Vous êtes déjà aux prises avec l'illusion des idées dont j'ai traité dans mes dernières instructions. Par conséquent, vous commencez à développer le discernement qui vous conduira à un juste choix des thèmes de votre vie. Je cherche aussi, dans ces instructions, à jeter quelque lumière sur le mirage auquel le disciple est confronté comme individu, et également à considérer l'aspect du mirage dont il doit s'occuper en tant que serviteur du monde en entraînement.

En termes symboliques, je dirai que le corps astral planétaire (vu des niveaux de l'âme) se perd dans le brouillard profond qui l'entoure. Lorsque, pendant la nuit, vous contemplez un ciel serein vous voyez les étoiles, les soleils et les planètes qui brillent d'un éclat froid et clair, lumières étincelantes qui parcourent des millions de kilomètres (ou d'années lumière) avant que l'œil humain ne les perçoive et en enregistre ainsi l'existence. Cependant, si vous pouviez considérer le corps astral de la planète, vous ne verriez aucune lumière claire et brillante, mais simplement une masse sphérique sombre formée apparemment de vapeur, de brume et de brouillard. Ce brouillard est d'une telle densité qu'il semble non seulement impénétrable, mais aussi hostile à la vie. Et pourtant nous, les instructeurs du côté intérieur, nous y entrons et en sortons, alors que, dans ce brouillard, travaillent les fils des hommes qui voient toute chose déformée et dénaturée.

Certains sont si habitués au brouillard et à sa densité qu'ils en ignorent l'existence, qu'ils le considèrent comme normal et juste et comme étant le lieu permanent de leur vie quotidienne. D'autres entrevoient brièvement un monde plus clair où l'on peut voir des formes plus parfaites, et où le brouillard n'empêche pas de percevoir la réalité, même vaguement, bien qu'ils ne sachent pas ce qu'elle représente. D'autres encore, tels que vous-mêmes, voient devant eux un sentier bien dégagé qui conduit à la claire lumière du jour. Cependant, vous ignorez qu'en foulant le Sentier vous devez travailler sur le Sentier même, de manière active et intelligente, avec le mirage environnant, suivant la piste tracée par ceux qui sont libérés des brumes environnantes et qui sont passés dans le monde des horizons clairs. Une grande partie du temps passé sur le Sentier par les disciples consiste en un processus d'immersion cyclique, dans le mirage et le brouillard, qui alterne avec des périodes de clarté et de vision.

Vous qui tentez de vous occuper du mirage, vous devez savoir quatre choses qui, une fois bien comprises, serviront à éclairer, à faciliter et, par conséquent, à rectifier votre route.

1.
Chaque être humain se trouve dans un monde de mirage qui est le résultat :
a.
De son propre passé, avec sa façon erronée de penser, ses désirs égoïstes, sa fausse interprétation des desseins de la vie. Il ne comprend pas ou il n'a pas compris le dessein de la vie tel que l'âme le voit, et il ne le comprendra pas tant que ne sera pas opérée une organisation plus nette du corps mental.
b.
De la "vie de désir" de sa famille, à la fois présente et passée qui croît en puissance à mesure que l'évolution se poursuit. La vie de désir de l'entité familiale devient plus marquée, plus insistante.
Elle constitue alors les tendances et les caractéristiques psychologiques dont on a hérité.
c.
Du mirage national, formé par l'ensemble de la vie de désir, augmenté des illusions de chaque nation. Ce sont les caractéristiques nationales ; elles sont si fortes et si persistantes qu'elles sont généralement considérées comme incarnant les traits psychologiques nationaux. Ces traits sont naturellement basés sur des tendances de rayon, sur l'histoire passée, sur les relations réciproques à travers le monde. Mais en eux-mêmes ils constituent un état de mirage dont chaque nation doit sortir lorsqu'elle avance vers la réalisation de la réalité et son identification à cette réalité.
d.
Du prolongement de l'idée ci-dessus en ce que nous appelons le mirage racial. Le mot race étant utilisé dans le sens de race humaine. Il s'agit là d'un mirage très ancien, ou d'une série de mirages, de désirs solidement enracinés, d'intenses aspirations et de formes créées par l'homme, formes fluides, enveloppantes et animées de vie dynamique, qui cherchent à maintenir la conscience de l'humanité sur le plan astral. L'argent et sa valeur matérielle  est un concept, un mirage de cette sorte. Ce désir illusoire est semblable à un brouillard diffus qui empêche de voir la vérité et qui déforme un grand nombre de valeurs humaines.

2.
Ce mirage qui enveloppe actuellement l'humanité doit être reconnu comme une chose substantielle et qu'il faut traiter comme telle. Le disciple ou l'aspirant qui cherche à dissiper le mirage, soit dans sa propre vie, soit comme service qu'il veut rendre au monde, doit se rendre compte qu'il travaille avec de la substance, qu'il cherche à détruire les formes que celle-ci a empruntées, qu'il veut dissiper une substance matérielle qui enveloppe tout, matérielle dans le même sens que le sont les formes-pensée mais (et cela est important) moins matérielle que ne le sont les formes du mirage rencontrées sur le plan astral.
Souvenons-nous que les "pensées sont des choses", qu'elles ont une forme de vie et un dessein propres. Mais elles ont une existence d'un caractère plus spécifique et plus séparatif ; elles sont plus clairement définies, elles ont des contours plus nets. Les formes du mirage sur le plan astral sont encore plus matérielles, mais moins nettement définies. Les formes-pensée sont dynamiques, pénétrantes nettement dessinées. Les mirages sont suffocants, flous enveloppants. Un individu y est immergé comme dans l'océan ou dans une mer de brouillard. Mais il est confronté aux formes-pensée, non immergé en elles. On pourrait presque dire que le corps astral d'un individu en vient à faire partie du mirage général ; il est difficile à cet individu de distinguer entre les mirages qui l'affectent et le submergent, et son propre corps astral. Le problème qui se pose à lui sur le plan mental est plus net même s'il est tout aussi ardu.

3.
Le mirage astral est une forme d'énergie ; énergie d'une grande puissance en raison de trois facteurs :
a.
Son rythme inhérent à la substance astrale elle-même, est si ancien qu'il est très difficile, pour un être humain, d'en être conscient ou de le comprendre ; c'est le résultat des activités immémoriales du désir humain.
b.
C'est une partie intrinsèque de la propre nature de l'énergie de l'homme qui constitue donc, pour lui, la ligne de moindre résistance. C'est une partie d'un vaste processus mondial et, par conséquent, une partie du processus de vie individuel qui, en soi, n'est pas erroné mais n'est qu'un aspect de la réalité ; ce qui, nécessairement, complique l'idée que l'homme peut s'en faire.
c.
Il est également de nature nettement plus atlantéenne, ayant atteint dans cette race-là un très haut point de développement. Il ne pourra donc être finalement dissipé que par la race aryenne qui utilisera pour cela une méthode appropriée. L'individu qui apprend à dissiper le mirage doit faire deux choses :
1. Demeurer dans un état spirituel.
2. Maintenir fermement le mental dans la lumière.
Il vous apparaîtra évident que l'énergie du plan astral s'exprimant dans la vie de désir de la race, produit les grands mirages de l'humanité, et qu'elle ne peut être dissipée, dispersée et éliminée qu'en faisant appel à l'énergie supérieure du mental, animé par l'âme.

4.
Les mirages qui maintiennent l'humanité en esclavage sont :
a.
Le mirage du matérialisme.
b.
Le mirage du sentiment.
c.
Le mirage de la dévotion.
d.
Le mirage des paires d'opposés.
e.
Les mirages du Sentier.
Je vais maintenant vous exposer un peu plus en détail la nature de ces mirages.

Le mirage du matérialisme est la cause de toute la détresse actuelle du monde, car ce que nous appelons le problème économique est simplement le résultat de ce mirage particulier.

Au cours des siècles, l'intérêt de l'humanité pour ce mirage est allé croissant jusqu'au point où, aujourd'hui, le monde entier se trouve emporté par le rythme de l'intérêt pour l'argent. Un certain rythme provenant des niveaux de l'âme a toujours existé ; il est établi par ceux qui se sont libérés de la domination des exigences matérielles, de l'esclavage de l'argent et de l'amour des possessions. Aujourd'hui, ce rythme supérieur est proportionné au mirage rythmique inférieur, ce qui explique que le monde entier soit à la recherche d'un moyen de sortir de la présente impasse matérielle. Les âmes qui se tiennent dans la lumière au sommet de la montagne de libération, et celles qui s'élèvent au-dessus des brouillards des choses matérielles sont assez nombreuses pour faire un travail déterminé dans le sens de la dissipation de ce mirage. L'influence de leurs pensées, de leurs paroles et de leur vie peut amener et amènera un ajustement des valeurs et un nouveau mode de vie pour l'humanité, basé sur une vision claire, un juste sens des proportions et la compréhension de la vraie nature des rapports qui existent entre l'âme et la forme, entre l'esprit et la matière. Ce qui doit répondre à un besoin vraiment vital est toujours présent sur le plan divin. On peut atteindre et posséder ce qui n'est pas nécessaire à la juste expression de la divinité et à une vie pleine et riche, mais seulement en sacrifiant ce qui est plus réel et en renonçant à l'essentiel. 

Il faut toutefois que les étudiants se souviennent que ce qui est nécessaire varie suivant le stade d'évolution atteint par un individu. Pour certains, par exemple, la possession de ce qui est matériel peut constituer une expérience aussi grande et aussi importante en tant qu'enseignement, en regard de l'expression de la vie, que ne le feraient les expériences plus élevées et moins matérielles d'un mystique ou d'un ermite. C'est la place que nous occupons sur l'échelle de l'évolution qui détermine notre action et notre point de vue. Ce qui nous classe est en réalité notre point de vue et non pas ce que nous demandons à la vie. L'homme enclin à la spiritualité, celui qui a mis les pieds sur le Sentier de la Probation, et ne réussit pas dans ses efforts pour exprimer ce en quoi il croit sera jugé aussi sévèrement et devra payer aussi chèrement que le pur matérialiste, l'homme qui centre ses désirs de façon à n'obtenir que des résultats matériels. Gardez cela présent à l'esprit et ne vous permettez pas de juger ni de mépriser.

Aujourd'hui, le mirage du matérialisme diminue sensiblement. Les peuples entrent dans l'expérience "du désert" ; ils y découvriront le peu de choses requises pour une vie pleine, une véritable expérience et un vrai bonheur. Le désir vorace de posséder n'est plus considéré comme respectable ; le désir des richesses ne provoque plus la même cupidité que jadis dans l'histoire de l'humanité. Les biens et les possessions glissent des mains qui, jusqu'à présent, s'y cramponnaient. C'est seulement lorsqu'ils se trouvent les mains vides et qu'ils parviennent à un nouvel ordre de valeur, que les hommes acquièrent de nouveau le droit de posséder. Lorsqu'il n'y a plus de désir et que l'homme ne demande plus rien pour le soi séparé, alors la responsabilité des richesses matérielles peut de nouveau lui être confiée. Son point de vue, toutefois, sera exempt de ce mirage particulier et les brouillards du désir astral diminueront.

Sous bien des formes, l'illusion peut continuer à régner, mais le mirage du matérialisme se sera évanoui. C'est lui qui est destiné à disparaître le premier.

Les étudiants feraient bien de se souvenir que toutes les formes de possession, tous les objets matériels, que ce soit argent, maison, tableau ou automobile ont leur propre vie, leur propre émanation, une activité qui est celle de leur propre structure atomique, car un atome est une unité d'énergie active. Cette structure produit sa contrepartie dans le monde mental.
Ces formes plus subtiles et ces émanations particulières ajoutent encore à la puissance du désir du monde ; elles augmentent le mirage mondial et font partie d'un vaste et puissant monde de miasmes qui se trouve sur l'arc involutif, mais dans lequel l'humanité, qui se trouve sur l'arc supérieur, est néanmoins immergée. Les Guides de la race ont donc éprouvé la nécessité d'observer sans intervenir, tandis que les forces suscitées par l'homme lui-même se mettent à le dépouiller et ainsi à le libérer pour lui permettre de marcher dans le désert. Là il peut réorienter sa vie, changer son mode de vie, découvrant ainsi que la libération des choses matérielles apporte avec elle sa propre beauté, sa propre récompense, sa propre joie et sa propre gloire. Il devient ainsi libre de vivre la vie mentale.

Le mirage du sentiment tient en esclavage les braves gens, les maintenant dans un épais brouillard de réactions émotionnelles. La race a atteint un point où les gens bien intentionnés, ayant quelque réelle compréhension, en partie libérés de l'amour de l'or (façon symbolique de parler du mirage du matérialisme) tournent leurs désirs vers leurs devoirs, leurs responsabilités, l'effet qu'ils produisent sur les autres et vers une compréhension sentimentale de l'amour. L'amour, pour beaucoup de gens et même pour la majorité, n'est pas réellement l'amour, mais le mélange du désir d'aimer et de celui d'être aimé, et la volonté de faire n'importe quoi pour manifester et évoquer ce sentiment et, par conséquent, se sentir plus à l'aise dans sa propre vie intérieure. L'égoïsme de ceux qui désirent être désintéressés est considérable.
Tant de sentiments interviennent et s'accumulent autour du sentiment ou du désir de manifester les caractéristiques aimables et plaisantes qui évoqueront une réciprocité à l'égard de celui qui veut être aimé ou servi et qui est encore complètement enveloppé par le mirage du sentiment.

C'est ce soi-disant amour, fondé surtout sur la théorie de l'amour et du service, qui caractérise tant de relations humaines, telles que, par exemple, celles entre époux et entre parents et enfants. Aveuglés par le mirage de leur sentiment, sachant peu de chose de l'amour de l'âme qui est libre et laisse aussi libres les autres, ils errent dans un épais brouillard, traînant souvent avec eux ceux qu'ils désirent servir afin d'attirer une réponse affectueuse. Etudiez le terme "affection", et vous verrez sa véritable signification. L'affection n'est pas l'amour. C'est le désir que nous exprimons par l'activité du corps astral et qui influence nos relations ; ce n'est pas un mouvement spontané de l'âme, exempt de désir, qui ne demande rien pour le soi séparé. Le mirage du sentiment emprisonne et désoriente tous les braves gens ; il leur impose des obligations qui n'existent pas, produisant un mirage qui doit être finalement dissipé par l'afflux d'un amour véritable et désintéressé.

Je traite rapidement de ces mirages, car chacun de vous est à même de les exprimer ; ce faisant, vous découvrirez l'endroit où vous vous trouvez dans ce monde de brouillard et de mirage. Ainsi, grâce à ce que vous apprendrez, vous pourrez commencer à vous libérer du mirage du monde.

Le mirage de la dévotion fait que beaucoup de disciples en probation errent en circuits fermés dans le monde du désir. Ce mirage affecte surtout les personnes du sixième rayon, il est aujourd'hui particulièrement puissant, en raison de la si longue activité du sixième rayon, ou Rayon de Dévotion, au cours de l'ère des Poissons qui passe rapidement. Il est l'un des plus puissants mirages des aspirants réellement consacrés qui se dévouent à une cause, à un instructeur, à une personne, à un devoir ou à une responsabilité. Ce désir inoffensif, lié à quelque aspect de l'idéalisme qui les confronte, nuit à eux et aux autres, parce que, par ce mirage de la dévotion, ils entrent dans le rythme du mirage du monde qui est, lui, essentiellement le brouillard du désir.
Un désir puissant, de n'importe quelle nature, s'il obstrue une vision plus vaste et s'il enferme l'homme dans un petit cercle formé par son propre désir dans le but de répondre à son sentiment de dévotion, est une entrave tout aussi sérieuse que n'importe quel autre mirage. Ce désir est même plus dangereux, en raison de la splendide coloration que prend le brouillard qui en résulte. L'homme s'égare dans la brume séduisante qu'il crée, qui émane de son corps astral et qui est faite du sentimentalisme de sa propre nature relativement à son désir, sa dévotion envers l'objet qui a attiré son attention.

En raison de la puissance accrue de leurs vibrations, ce sentiment de dévotion peut devenir une source de difficultés particulière pour tous les vrais aspirants et provoquer un long emprisonnement. Le sentiment de dévotion, manifesté sous la forme extatique du mirage par les disciples en probation à l'égard des Maîtres de la Sagesse, en est une illustration. Ces disciples créent autour du nom des membres de la Hiérarchie, autour de leur travail, du travail des initiés et des disciples disciplinés (remarquez cette phrase) un mirage dense qui empêche les Maîtres de parvenir au disciple ou celui-ci de parvenir à eux. Il est impossible de pénétrer le mirage dense de la dévotion ; il vibre de la vie d'extase dynamique qui émane de l'énergie concentrée du plexus solaire.

Il existe, à propos de ce mirage, certaines règles très anciennes : prendre contact avec le plus vaste Soi par l'intermédiaire du Soi supérieur, et ainsi perdre de vue le petit soi, ses réactions, ses désirs et ses intentions. Ou bien : le pur amour de l'âme qui n'est en aucune manière personnifié, qui ne cherche nullement à être reconnu, peut alors se déverser dans le monde du mirage qui entoure le dévot ; et les brumes de sa dévotion, dont il tire vanité, disparaîtront.

Entre les paires d'opposés, consciemment enregistrée, une oscillation se produit sur le Sentier de Probation, jusqu'à ce qu'apparaisse la voie du milieu.
Cette oscillation provoque le mirage des paires d'opposés. C'est un brouillard dense, parfois coloré de joie et de béatitude, parfois coloré de mélancolie et de dépression, alors que le disciple oscille entre les dualités. Cet état se maintient tant que l'accent est mis sur le sentiment, lequel parcourt toute la gamme entre la joie intense que le disciple ressent en cherchant à s'identifier à l'objet de sa dévotion ou de son aspiration, et le désespoir le plus sombre et le sentiment d'échec le plus profond, lorsqu'il n'y parvient pas. Tout cela est cependant de nature astrale, du monde de la sensibilité et n'a rien à voir avec l'âme. Les aspirants restent pendant des années, parfois pendant des vies, emprisonnés dans ce mirage. La libération du monde du sentiment, la polarisation dans le monde du mental illuminé dissiperont le mirage qui fait partie de la "grande hérésie de la séparativité". A partir du moment où un homme divise sa vie en trois aspects (ce qu'il doit inévitablement faire lorsqu'il traite des opposés et s'identifie à l'un d'eux) il succombe au mirage de la séparation. Il est possible que ce point de vue puisse aider, ou bien ce mirage peut demeurer un mystère, car le secret du mirage du monde réside dans l'idée que la triple différenciation voile le secret de la création. Dieu lui-même a produit la paire d'opposés : esprit et matière ; ainsi il a produit la voie du milieu qui est celle de l'aspect conscience ou aspect âme. Réfléchissez profondément à cette idée.

La triplicité formée par la paire d'opposés et la voie étroite de l'équilibre entre les deux, le noble sentier du milieu, est le reflet, sur le plan astral, de l'activité de l'esprit, de l'âme et du corps ; de la vie, de la conscience et de la forme, les trois aspects de la divinité, tous trois également divins.

Quand l'aspirant apprend à se libérer des mirages dont nous venons de traiter, il découvre un autre monde de brouillard que semble traverser le Sentier, où il doit lui-même pénétrer, se libérant ainsi des mirages du Sentier.
Quels sont ces mirages, mes frères ? Etudiez attentivement les trois tentations de Jésus, si vous désirez savoir ce qu'ils sont. Etudiez l'effet qu'ont, sur la pensée des hommes, les écoles qui affirment la suprématie de la divinité sur le plan matériel ; étudiez les échecs du disciple dus à l'orgueil ; étudiez le complexe de sauveur du monde et les diverses déformations de la réalité qu'un homme rencontre sur le Sentier, qui retardent son progrès et privent les autres de son service. Insistez, dans votre esprit, sur la spontanéité de la vie de l'âme ; ne la gâtez pas par le mirage d'une haute aspiration interprétée de manière égoïste, centrée sur soi, sur l'immolation de soi, sur l'agressivité et l'affirmation du soi dans le travail spirituel. Voilà certains mirages rencontrés sur le Sentier.

Nous allons maintenant considérer le mirage sur le plan éthérique et le sujet du Gardien du Seuil. Nous terminerons ainsi ce bref aperçu du problème qui constitue la première partie de ces instructions.

Avant d'entrer dans les détails, je désire ajouter quelques points à ce que j'ai dit au sujet du problème du mirage. Dans mes dernières instructions, je me suis étendu un peu sur les divers genres de mirage, vous invitant à réfléchir sur leur importance dans votre vie. Le champ de bataille pour l'homme qui approche du discipulat accepté ou qui se trouve sur le sentier du discipulat, tel qu'on l'entend généralement, est avant tout celui du mirage. C'est le problème majeur ; sa solution est imminente et urgente pour tous les disciples et les aspirants avancés. Vous voyez donc la raison pour laquelle, pendant l'époque aryenne, l'accent a été mis sur la nécessité d'étudier le Raja Yoga et de se soumettre à sa discipline. Ce n'est que par le Raja Yoga qu'un homme peut demeurer fermement dans la lumière ; c'est seulement par l'illumination et en parvenant à une claire vision que peuvent être finalement dissipés les brouillards et les miasmes du mirage. C'est seulement quand le disciple apprend à maintenir son mental "fermement dans la lumière" et que des rayons de pure lumière affluent de l'âme, que le mirage peut être découvert, analysé, reconnu pour ce qu'il est, et donc éliminé tout comme les brouillards de la terre se dissolvent par l'action des rayons du soleil levant. Je vous conseille donc de prêter une plus grande attention à vos méditations, de toujours cultiver la faculté de la réflexion, et d'assumer l'attitude de celui qui réfléchit, la maintenant fermement pendant toute la journée.

Vous découvrirez toute l'importance qu'il y a à réfléchir profondément aux buts en vue desquels l'intuition doit être cultivée et le mental illuminé développé. Vous vous demanderez si ces desseins ont un objectif semblable et doivent être réalisés en même temps. Vous découvrirez alors que leurs objectifs sont différents et que leurs effets sont de plus en plus prononcés sur la
vie de la personnalité. Le mirage n'est pas dissous par l'intuition, pas plus que l'illusion n'est éliminée par l'emploi du mental illuminé.

L'intuition est un pouvoir supérieur à celui du mental ; c'est une faculté latente dans la Triade spirituelle ; c'est le pouvoir de la raison pure, expression du principe bouddhique ; elle réside au-delà du monde de l'égo et de celui de la forme. Ce n'est que lorsque l'homme est un initié qu'il peut exercer normalement la véritable intuition. Je veux dire par-là que l'intuition sera alors aussi facile à faire fonctionner que l'est le principe mental dans le cas d'une personne douée d'intelligence. L'intuition, cependant, dans certains cas extrêmes ou lorsque la demande en est urgente, peut fonctionner beaucoup plus tôt.

C'est à l'illumination que la plupart des aspirants, tels que ceux qui se trouvent dans ce groupe, doivent tendre. Ils doivent cultiver le pouvoir d'employer le mental tel un réflecteur de la lumière de l'âme, le dirigeant sur les niveaux où se trouve le mirage et, par conséquent, le dissipant. La difficulté est, mes frères, de le faire lorsqu'on se trouve au milieu des angoisses et de la tromperie du mirage. Il faut être capable de se retirer calmement dans le mental et d'y maintenir les pensées et les désirs à l'abri du monde où la personnalité agit habituellement ; il faut centrer la conscience dans le monde de l'âme, y attendre silencieusement et patiemment les événements, sachant que la lumière jaillira et que finalement l'illumination se produira.

Lorsque les propres réactions à la vie et aux conditions environnantes provoquent la critique, l'esprit de séparativité ou l'orgueil, il est important d'adopter à leur égard une attitude d'extrême méfiance. Ces réactions engendrent nettement le mirage. En langage occulte, ce sont les "caractéristiques du mirage". L'homme qui peut s'en libérer n'est pas loin d'abandonner et de dissiper tous les mirages. Je choisis mes mots avec soin, cherchant à attirer votre attention sur ce point.

L'illusion est dissipée, rejetée et éliminée par l'emploi conscient de l'intuition. L'initié s'isole du monde de l'illusion et des formes illusoires ainsi que de l'attraction de la personnalité. Ainsi, utilisant l'isolement, il entre en contact avec la réalité dans toutes les formes, cachée jusqu'alors derrière le voile de l'illusion. C'est là un des paradoxes du Sentier. Le détachement et l'isolement juste conduisent à des rapports et des contacts justes avec le réel. Ils produisent finalement l'identification à la réalité par le détachement de soi-même envers ce qui est irréel. C'est l'idée de laquelle s'inspire l'enseignement offert dans le dernier livre des Yoga Sutras de Patanjali. Ces Sutras ont été souvent faussement interprétés ; on a déformé leur sens, voyant en eux une thèse en faveur des tendances séparatives et qui poursuivent des desseins égoïstes.

C'est l'âme qui dissipe l'illusion, par l'emploi de la faculté de l'intuition.
C'est le mental illuminé qui dissipe le mirage.

Je désire faire observer que beaucoup d'aspirants bien intentionnés échouent là, en raison de deux erreurs :

1.
Ils oublient de faire la distinction entre l'illusion et le mirage.
2.
Ils s'efforcent de dissiper le mirage en employant ce qu'ils pensent être une méthode juste, en faisant appel à l'âme alors qu'en réalité il leur faut utiliser correctement le mental.
Pour celui qui se trouve au milieu des brouillards et des mirages, il est beaucoup plus facile de s'asseoir et de parvenir à croire, par autosuggestion, qu'il fait "appel à l'âme" plutôt que de soumettre sa nature astrale et émotionnelle aux effets directs et pénibles de la réflexion, utilisant le mental comme l'instrument permettant de dissiper le mirage. La chose peut paraître étrange, mais en faisant appel à l'âme pour agir directement sur le mirage, on peut provoquer – et souvent on provoque – une aggravation de la difficulté. Le mental est le moyen par lequel la lumière peut être faite sur tous les états de mirage. Les étudiants devraient bien garder cela constamment présent à l'esprit.
Le processus consiste à relier le mental à l'âme, se focalisant ensuite consciemment dans le mental ou dans le corps mental, et non pas dans l'âme ou dans la forme égoïque. Ensuite, par l'analyse, le discernement et les pensées judicieuses, on commence à traiter du problème du mirage. La difficulté réside en ce que, souvent, les disciples ne se rendent pas compte qu'il s'agit d'un état de mirage et qu'il est difficile d'indiquer une règle précise et infaillible pour le faire.

On peut dire, cependant, qu'on rencontre toujours le mirage quand il y a :

1.
Des critiques qui s'expriment alors qu'une analyse attentive montrerait qu'elles ne sont pas justifiées ;
2.
Des critiques formulées alors qu'aucune responsabilité personnelle n'est en jeu. J'entends par-là que la position ou la responsabilité de celui qui critique ne lui en donne aucun droit ;
3.
La vanité tirée de ce qui est accompli, ou la satisfaction à être un disciple ;
4.
Tout sentiment de supériorité ou de tendance séparative.
On pourrait donner bien d'autres indications permettant de reconnaître le mirage. Mais si vous vouliez tous prêter une grande attention à ces quatre suggestions, vous libéreriez nettement votre vie et, par conséquent, vous pourriez mieux servir votre prochain. J'ai cherché à vous donner une aide pratique dans la bataille difficile entre les paires d'opposés qui est la cause principale du mirage.

4. Le Mirage sur les plans mentaux supérieurs

Le Gardien du Seuil

 

Nous allons maintenant traiter très brièvement du problème du Gardien du Seuil. Ce gardien est souvent considéré comme quelque chose de terrible, une horreur qu'il faut éviter, un ultime mal qui atteint son apogée. Je vous rappelle cependant que le Gardien est "celui qui se tient devant la Porte de Dieu" qui réside à l'ombre de la porte de l'initiation et qui se trouve, les yeux grands ouverts face à l'Ange de la Présence, ainsi que le disent les anciennes écritures.
Le Gardien peut être défini comme l'ensemble des forces de la nature inférieure telle qu'elle s'exprime dans la personnalité, avant l'illumination, l'inspiration et l'initiation. A ce stade, la personnalité est très puissante ; le Gardien incarne toutes les forces psychiques et mentales qui, au cours des âges, se sont développées en l'homme et ont été alimentées avec soin. Il peut être considéré comme la puissance de la forme matérielle triple, avant sa consécration à la vie de l'âme et au service de la Hiérarchie, de Dieu et de l'humanité.

Le Gardien du Seuil est tout ce qu'est un homme, moins le soi spirituel supérieur. C'est le troisième aspect de la divinité tel qu'il s'exprime dans le mécanisme humain ; et ce troisième aspect doit finalement être subordonné au deuxième aspect, l'âme.

Les deux grandes forces qui s'opposent. L'Ange et le Gardien, se trouvent face à face, et l'ultime conflit a lieu. De nouveau, vous remarquerez qu'il s'agit d'une rencontre et d'un conflit entre deux opposés supérieurs. L'homme doit donc s'occuper de trois paires d'opposés lorsqu'il progresse vers la lumière et la libération.

 
LES PAIRES D'OPPOSES

1. Sur le plan physique le dense et l'éthérique.
Conflit livré sur le Sentier de la Purification.

2. Sur le plan astral les dualités bien connues.
Conflit livré sur le Sentier du Discipulat.

3. Sur le plan mental l'Ange et le Gardien.
Conflit livré sur le Sentier de l'Initiation.

Je pense vous avoir donné suffisamment de sujets de réflexion. Je voudrais cependant terminer en vous signalant le côté surtout pratique de ce que je vous ai communiqué et je vous incite à trouver, dans votre propre expérience, la nature du conflit que chacun de vous doit livrer. Pour cela, je puis vous aider.

Il sera utile que je vous indique les rayons qui gouvernent votre personnalité dans ses trois aspects. Vous serez alors à même de vous conduire avec plus de sagesse, de découvrir les causes de vos difficultés et d'étudier plus intelligemment l'effet que vous pouvez avoir les uns sur les autres et sur ceux avec qui vous entrez en contact dans la vie quotidienne. Je vous exposerai en détail l'entraînement auquel doit être soumis chacun des trois corps, séparément, de même que je vous expliquerai votre problème personnel relatif à chaque véhicule. Je vous donnerai la méditation qui vous permettra de vous occuper plus facilement de votre personnalité sous cet angle particulier.

De ce qui précède, vous verrez que mon intention est de vous donner un entraînement plus soigné et plus intensif. En tirez-vous profit ? En attendant et pour que vous puissiez saisir la vérité de ce que je vous dirai plus tard, voulez-vous vous étudier vous-mêmes avec soin au cours des six prochains mois ?
Utilisez comme guide pour cette auto-analyse les informations données dans le Traité sur les Sept Rayons. Je vous rappelle que les rayons gouvernent les trois corps dans l'ordre suivant :

1.
Rayons gouvernant le corps mental Rayons 1, 4, .5.
2.
Rayons gouvernant le corps astral Rayons 2, 6.
3.
Rayons gouvernant le corps physique Rayons 3, 7.

Vous noterez que tous les rayons jouent leur rôle dans le mécanisme de l'homme, faisant de toutes les circonstances des opportunités, et de toutes les conditions des moyens de développement. Cet exposé sur les rayons constitue une règle infaillible, sauf dans le cas de disciples acceptés.

Lorsque vous étudierez et lirez, il vous sera utile de réfléchir aux points suivants et d'y répondre :

1.
Quel est le rapport entre l'intuition et le problème de l'illusion ?
2.
De quelle manière l'illumination peut-elle dissiper le mirage et comment est-il possible de le faire ?
3.
Définissez la maya et dites ce que vous entendez par l'inspiration, employée comme facteur pour la dissiper.
C'est à dessein que je n'ai pas expliqué cette technique, car je voudrais que vous trouviez des idées vous-mêmes. Je vous incite à continuer avec soin la méditation de groupe qui est très importante pour son intégration et la véritable coopération spirituelle. Le travail de la pleine lune prendra de même plus d'importance. Plus tard, vous reconnaîtrez et enregistrerez plus facilement la nature du mirage devant être dissipé et vous aurez plus d'habileté à percevoir le processus de distribution de lumière.

CHAPITRE II 

 

LES CAUSES DU MIRAGE


1. Le développement du mirage chez l'individu et dans la race

Maintenant, nous emploierons ce terme "mirage" pour désigner tous les aspects des apparences trompeuses, illusions, incompréhension et fausses interprétations qui confrontent l'aspirant à chaque pas sur son chemin jusqu'à ce qu'il parvienne à l'unité. Je voudrais que vous notiez ce terme "unité", car il contient le secret de l'élimination de l'illusion, ainsi que ce processus de libération du mirage a été appelé occultement. Si vous avez étudié attentivement ces instructions, vous verrez que la cause du mirage est surtout basée sur le sentiment de dualité. S'il n'y avait pas de dualité, il n'y aurait pas de mirage ; cette perception de la nature double de toute manifestation constitue la racine même des difficultés que, dans le temps et l'espace, rencontre l'humanité. Cette perception passe par divers stades ; elle constitue le grand problème de l'entité consciente. C'est une difficulté dans le domaine de la conscience même, difficulté qui, en réalité, n'est pas inhérente à la substance ou à la matière. Celui qui demeure dans le corps perçoit de manière erronée ; il interprète faussement ce qui est perçu ; il continue à s'identifier à ce qui n'est pas lui-même ; il projette sa conscience dans le monde des phénomènes qui le submergent, le trompent et l'emprisonnent jusqu'à ce qu'il devienne inquiet et malheureux parce qu'il sent que quelque chose ne va pas. Il finit par reconnaître qu'il n'est pas ce qu'il semble être et que le monde phénoménal des apparences n'est pas identique au monde de la réalité comme il l'avait supposé jusque là. 

A partir de ce moment, il se rend compte du sentiment de dualité, il reconnaît l'existence "d'autre chose". Il comprend que son sentiment de dualité doit prendre fin et qu'il lui faudra entreprendre un processus d'unification dans l'intention d'arriver à l'union totale. A partir de ce moment, l'homme qui évolue commence à observer ses propres difficultés et il les affronte consciemment ; il a devant lui une longue période au cours de laquelle "il se dégage du mirage et entre dans le monde qui ne connaît que l'unité". Les stades à partir de ce moment-là sont les suivants :

Premièrement : le stade au cours duquel le monde matériel est reconnu et évalué. Il devient, temporairement, le but de toute activité. L'homme, se refusant à reconnaître la différence existant entre lui et le monde matériel, cherche à s'identifier et à se complaire dans des plaisirs et des occupations purement physiques. Ce stade se divise en deux parties.

a.
Le stade au cours duquel l'homme cherche une satisfaction dans la réaction presque automatique aux instincts physiques, au sexe, aux aliments et à la chaleur ; ces éléments occupent presque entièrement sa conscience. Il fait de sa nature animale, le centre de la tentative visant à produire un certain sentiment d'unité. L'homme intérieur et subtil ayant encore un "impact faible" (comme il est dit ésotériquement) il se produit une unification physique temporaire qui sert ; à approfondir le mirage et à retarder le progrès vers la libération.
b.
Le stade au cours duquel les satisfactions et le sentiment de l'unité sont recherchés dans le domaine des possessions matérielles, dans l'établissement d'un centre de beauté et de confort dans la vie sur le plan physique. Là, l'homme peut se sentir chez lui, ignorant le sentiment croissant de dualité qui jour après jour, devient plus fort. Ce stade n'a lieu que beaucoup plus tard lorsque l'aspirant se trouve sur le point de se réorienter vers la vérité et de faire ses premiers pas menant au Sentier de la Probation. C'est ce qui correspond, vers la fin du Sentier d'Evolution, au stade mentionné plus haut ; mais l'homme qui en fait l'expérience est très différent de celui qui maintenant cherche la synthèse dans la matérialisation de la beauté sur le plan extérieur. L'homme subtil commence à dominer.
Deuxièmement : le stade au cours duquel l'homme devient conscient de la dualité qui peut être exprimée par les mots "l'homme et les forces". Il commence à s'apercevoir du fait que lui-même et toute l'humanité sont victimes de forces et d'énergies dont ils n'ont aucunement la direction et qui les conduisent ici et là. Il devient également conscient de forces et d'énergies, au-dedans de lui-même, sur lesquelles il n'a pas non plus la direction et qui l'obligent à agir de diverses manières, faisant souvent de lui la victime de ses propres révoltes, de ses propres actes, de ses propres énergies et de la direction égoïste qu'il leur imprime.

Ainsi, l'homme découvre, d'abord inconsciemment puis consciemment, la dualité initiale : le corps physique et le corps vital ou éthérique. L'un est le mécanisme de contact sur le plan physique, l'autre, le mécanisme de contact avec les forces, les énergies et les mondes d'existence intérieure.
Le corps éthérique domine et galvanise le corps physique, le poussant à une activité presque automatique. J'ai mentionné cette dualité précédemment. Ce stade offre de grandes difficultés pour l'homme, comme individu, et pour l'humanité prise comme un tout.

Les hommes sont encore si ignorants de la "réalité qui brille sous l'enveloppe qui l'enveloppe", ainsi que le dit l'Ancien Commentaire, qu'une perception véritable et difficile est, au début, presque impossible.

Aveugles et ignorants, les hommes doivent faire face à cette première paire d'opposés. C'est à quoi nous assistons actuellement dans le monde. Les masses commencent à se rendre compte qu'elles sont les victimes et les jouets de forces qu'elles ne dirigent et ne comprennent en aucune façon. Elles voudraient en prendre la direction et sont bien déterminées à le faire dès que possible. C'est ce qui constitue aujourd'hui le problème principal sur le plan économique, dans la vie quotidienne et dans le domaine du gouvernement.

La tension mondiale actuelle est due au fait que la force physique et l'énergie éthérique se trouvent aux prises l'une avec l'autre. N'oubliez pas ce que je vous ai dit antérieurement : l'énergie éthérique est étroitement liée à la Monade ou aspect spirituel le plus élevé. C'est la vie même sur le point de s'extérioriser. D'où l'accent mis aujourd'hui sur l'esprit de l'humanité, sur l'esprit d'une nation et sur l'esprit d'un groupe. C'est là le résultat de la bataille qui est livrée entre ces opposés dans le domaine des affaires publiques et dans celui de l'existence individuelle. Ce conflit, livré jusqu'à ce que soient atteintes la synthèse et l'union totale, produit la réorientation de l'humanité et de l'individu vers des valeurs plus réelles et vers le monde de la réalité. Ce conflit, livré jusqu'à la victoire, amène l'homme et la masse sur le Sentier de la Purification. Lorsque ces énergies sont unifiées, sur le plan physique, on a alors une activité bien spécifique et la ferme détermination de suivre une direction précise. Il s'ensuit la résolution (notez ce terme et son emploi) de la dualité en une unité.

Dans les premiers stades qui intéressent l'aspirant moyen, cette résolution produit une unité astrale temporaire ; apparaît alors l'aspirant spécifiquement dévot qui se trouve dans tous les domaines : religion, science, politique, etc. Son unité éthérique, produisant la réorientation ayant comme résultat une claire vision, la connaissance de la vérité et l'image du chemin immédiat, contribue à plonger temporairement l'homme dans le mirage fait d'un sentiment de réussite, de sécurité, de pouvoir et de destinée.

Il fonce aveuglément, furieusement, impitoyablement, jusqu'à ce qu'il se heurte brusquement à des conditions qui changent et qu'il reconnaisse l'existence d'une situation beaucoup plus difficile. Il affronte les paires d'opposés sur le plan astral ; il devient Arjuna sur le champ de bataille. Tout son sentiment d'unité, de direction, de satisfaction souvent hautaine disparaît ; il est perdu dans les brumes et les mirages du plan astral ; c'est actuellement le sort de beaucoup de disciples bien intentionnés. Je dois m'arrêter un moment sur ce point, car ce groupe, lorsqu'il pourra travailler en tant que groupe, aura comme tâche la dissolution d'une partie du mirage mondial. Un jour (espérons que ce sera avant longtemps), ce groupe et d'autres semblables devront travailler sous la direction de leur Maître, à pénétrer le mirage du monde et à laisser entrer un peu de lumière et d'illumination, de manière que les hommes puissent alors cheminer réellement sur la Voie en toute sécurité.

J'ai donc décidé de faire participer à ce travail plusieurs aspirants qui ont tendance à succomber au mirage, bien que deux d'entre eux y soient moins enclins que les autres, leur liberté relative étant une des raisons pour lesquelles je les ai choisis. Ce sont D.L.R. et D.P.R. Qu'ils veillent à ce que leur vie soit exempte de toute tendance au mirage s'ils veulent être à même de servir leurs frères comme je le désire. Je leur indiquerai leur tendance dans cette direction. Les autres membres du groupe sont enclins à succomber rapidement au mirage et ils en souffrent ; cependant, cela peut être rapidement transformé en un élément positif. Par qui le mirage du monde peut-il être dissipé, si ce n'est par ceux qui le reconnaissent pour ce qu'il est et qui ont lutté quotidiennement contre lui ? Comment peut-on éliminer le mirage du monde par l'illumination, sinon par celle qu'apportent ceux qui ont appris à diriger le projecteur de l'âme vers les endroits sombres et sur le mirage qui les entoure, eux, comme individus, et ainsi à le faire disparaître ? Ne soyez pas découragés par cette "faiblesse imaginaire", mais considérez votre effort pour comprendre le problème et votre capacité de le résoudre dans votre vie comme étant votre contribution à la solution du problème le plus important de tous les problèmes du monde. Résolvez votre mirage en demeurant dans la lumière, en maintenant le mental fermement dans cette lumière et en apprenant à projeter cette lumière dans les brouillards du mirage sur le plan astral. Ne tentez pas de le résoudre comme cherchent à le faire certains aspirants, en disant : "Maintenant, je comprends", tandis que tout ce qu'ils font (et beaucoup d'entre vous agissent de même) est de réagir à un lieu commun occulte évident.

Troisièmement : ce stade du mirage est souvent appelé l'expérience d'Arjuna. Aujourd'hui, l'Arjuna mondial se trouve devant les paires d'opposés, exactement comme le disciple qui est prêt – lorsque ces paires auront été transformées en une unité – à fouler le Sentier du Discipulat.

On peut faire remarquer ce qui suit :

1.
Dans tous les pays, les masses luttent contre les opposés, ceux qui se trouvent sur le plan physique. Lorsque la "résolution" en une unité aura eu lieu, ces masses commenceront à marcher sur le sentier de la Purification. Cet événement est en train de se produire rapidement. On pourrait ajouter que c'est là un processus long et lent, car la conscience à ce stade, n'est pas la conscience intelligente de l'homme qui pense, mais la conscience aveugle de l'homme hysique à laquelle s'ajoutent les forces de la nature.

2.
Dans tous les pays, des gens moyennement instruits sont confrontés aujourd'hui avec l'expérience Arjuna et avec la paire d'opposés sur le plan astral. D'où la sensibilité intense qui se manifeste dans le monde ; d'où aussi la recherche de l'illumination par l'éducation, par la religion et par les nombreux moyens d'enseignement mental ayant comme conséquence le développement de la connaissance, de la sagesse et des justes relations. Ces gens se divisent généralement en deux classes :
a.
Ceux qui sont conscients de la nécessité de prendre une décision et de faire preuve de discernement dans leur manière de penser et dans leurs choix, mais qui ne sont pas encore vraiment conscients de ce que cela implique et signifie. Il est dit qu'ils se trouvent dans la "phase de désorientation de l'état d'Arjuna" ; au mirage racial, national et individuel, ils ont ajouté un mirage spirituel qui intensifie le brouillard.
b.
Ceux qui ont dépassé ce stade et qui deviennent conscients de leur problème. Ils voient les paires d'opposés et entrent dans "le stade de la reconnaissance de la libération d'Arjuna". Ils voient la forme de Dieu et la Réalité au sein de cette forme ; ils décident de laisser au Guerrier le soin de poursuivre le combat. Lorsqu'ils auront pris la juste décision et fait le juste choix, ils "se lèveront et combattront" ; ils ne se trouveront plus sur le Sentier de la Purification, mais sur le Sentier du Discipulat.
A vous tous, ce stade est familier ; les aspirants qui se trouvent dans ce groupe d'étudiants n'ont pas besoin de recevoir de moi des instructions quant au sentier qui conduit du mirage à la lumière. Les règles sont bien connues de même que les mirages auxquels vous êtes sensibles. Vous connaissez bien les mirages auxquels est sujette l'humanité. Il ne vous reste plus qu'à suivre l'ancienne voie du Raja Yoga, à faire intervenir le mental comme agent de dissipation, à apprendre ainsi à demeurer dans la "lumière" entre les paires d'opposés, et, par cette "lumière", à parvenir à la liberté en foulant le noble sentier du milieu. Parfois, mes frères, je pense que vous avez tant de connaissances théoriques, mais que vous avez réalisé relativement si peu de choses. Je me demande si je n'assume pas une responsabilité excessive en vous donnant encore d'autres instructions. Et puis, je me souviens que j'écris pour d'autres aussi bien que pour vous et que, pour accomplir ce service particulier, mon temps est limité.

Les dualités sont réduites lorsque l'âme, le véritable homme spirituel, ne s'identifie plus à l'un ou l'autre des opposés mais demeure libre sur la voie du milieu ; alors, le disciple voit devant lui "la voie lumineuse" le long de laquelle il apprend à avancer sans être attiré par les mondes de mirage qui s'étendent de tout côté. Il avance droit vers son but.

3.
Le stade au cours duquel l'homme intelligent et qui pense – qu'il soit un disciple, un aspirant bien intentionné ou un initié du premier ou du second degré – doit apprendre à distinguer entre la vérité et les vérités, entre la connaissance et la sagesse, entre la réalité et l'illusion. Ce stade conduit à la troisième initiation où la personnalité (sujette à la maya, au mirage et à l'illusion) se trouve libérée ; de nouveau, elle connaît un sentiment d'union totale ; il est dû au développement de l'intuition qui met dans la main du disciple un instrument infaillible lui permettant de faire preuve de jugement et de discernement. Le disciple perçoit avec justesse ; il devient relativement moins capable d'être trompé et de se tromper dans ses identifications et ses interprétations.
Vous aurez certainement noté que l'homme passe donc d'une crise de dualité à une crise d'unité relative pour voir ce sens d'unification troublé par une nouvelle reconnaissance d'une dualité plus haute et plus profonde. Temporairement, cette dualité produit un autre clivage dans la vie d'un homme et instaure ainsi, à nouveau, un processus très douloureux devant jeter un pont au-dessus de cette solution de continuité de la conscience spirituelle ou la "guérir occultement".
Je voudrais vous rappeler ici que ce sentiment de paix et cette perception de clivage sont en eux-mêmes des illusions, que leur nature est celle du mirage, et qu'ils sont basés sur le sentiment illusoire d'une identification à ce qui n'est pas le soi, l'âme. Le problème tout entier peut être résolu si la conscience se détourne de l'identification aux formes inférieures d'expérience pour s'identifier à l'homme réel.

4.
Stade après stade, l'homme a progressé d'un état d'illusion, ou de mirage, à un autre état semblable, d'un point d'opportunité et de discernement à un autre point semblable, jusqu'à ce qu'il ait développé en lui trois capacités majeures :
1. La capacité de manier la force.
2. La capacité de fouler le chemin du milieu, entre les paires d'opposés.
3. La capacité d'utiliser l'intuition.

Il a développé ces capacités en réduisant les paires d'opposés sur les plans physique, astral et mental inférieur. Il fait donc maintenant face à sa résolution la plus élevée. Il devient conscient de la présence des deux grandes entités qui s'opposent apparemment (avec lesquelles il se trouve consciemment identifié) : l'Ange de la Présence et le Gardien du Seuil. Derrière l'Ange, il perçoit vaguement, non pas une autre dualité, mais une grande Identité, une Unité vivante que, faute d'un meilleur terme, nous appelons la PRESENCE.
Il découvre alors que, pour sortir de la situation où il se trouve, il ne doit pas employer la méthode consistant à utiliser la force ou à laisser derrière lui les paires d'opposés, ni la méthode consistant en une juste reconnaissance par l'intuition, mais qu'il faut réunir ce Gardien et cet Ange ; l'entité inférieure doit être "effacée dans la lumière", ou "forcée de disparaître au sein du rayonnement". C'est la tâche de l'entité la plus haute des deux, celle à laquelle s'identifie le disciple, ou l'initié, consciemment et délibérément. Nous traiterons plus loin de cette question ; c'est le problème qui confronte l'initié avant qu'il prenne les trois dernières initiations.

Souvenez-vous qu'aucun de ces trois stades n'est en réalité délimité et séparé des autres stades par des lignes de démarcation bien nettes, ni qu'ils se suivent dans un ordre bien précis. Ils se suivent en débordant beaucoup l'un sur l'autre, en étant souvent partiellement simultanés. Le disciple ne se rend compte de ces distinctions que lorsqu'il fait face à certaines initiations. On peut donc dire que :

1.
Lors de la première initiation, le disciple prouve qu'il a résolu les dualités du plan physique et qu'il peut correctement imposer l'énergie éthérique (la plus élevée des deux) à l'énergie physique.
2.
Lors de la deuxième initiation, l'initié prouve qu'il est à même de choisir entre les paires d'opposés et de poursuivre avec décision son chemin sur "la voie du milieu".
3.
Lors de la troisième initiation, l'initié peut utiliser l'intuition pour la juste perception de la vérité ; lors de cette initiation, il a une première révélation du Gardien du Seuil et de l'Ange de la Présence.
4.
Lors de la quatrième initiation, l'initié démontre sa capacité d'établir une union totale complète entre l'aspect supérieur et l'aspect inférieur de l'âme en manifestation ; il voit le Gardien du Seuil se fondre dans l'Ange de la Présence.
5.
Lors de la cinquième initiation – ici, les mots ne parviennent pas à exprimer la réalité – il voit le Gardien du Seuil, l'Ange et la Présence se fondre en une divine synthèse.
La question se pose de savoir ce qui produit le mirage et l'illusion. Le sujet est si vaste, embrassant en fait toute l'histoire de la planète, que je ne puis qu'indiquer certaines des causes. Seulement un petit nombre d'entre elles ont pu être soumises à des rectifications, sauf en ce qui concerne l'individu. Cela veut dire que lorsque les individus atteignent un point d'évolution où ils sont en mesure de s'identifier à leur aspect supérieur, l'âme, et lorsqu'ils peuvent faire intervenir l'énergie de l'âme afin d'éliminer, de soumettre et de dominer les forces inférieures de la personnalité, ces rectifications deviennent possibles.
Quand viendra le temps où un très grand nombre de personnes se rendront compte de la situation créée par le mirage du monde (en le découvrant et en s'en occupant dans leur propre vie) alors le problème pourra être abordé par le groupe. Nous attaquerons le mirage mondial et alors, pour parler en termes ésotériques, "une ouverture se produira qui laissera passer la lumière de l'orbe solaire. Les brouillards disparaîtront lentement, vaincus par le rayonnement du soleil, et les pèlerins trouveront alors la Voie lumineuse qui conduit du cœur du brouillard, directement à la porte de la lumière".

C'est dans le but de découvrir à quel point les aspirants et les disciples ont compris ce problème et s'en occupent, qu'il a été permis et tenté de faire une expérience dans ces groupes.

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