CHAPITRE VI - LA NOUVELLE RELIGION MONDIALE

CHAPITRE VI


LA NOUVELLE RELIGION MONDIALE

 


L'orientation du monde d'aujourd'hui est plus spirituelle qu'elle ne l'a jamais été. Ceci est affirmé en pleine connaissance de l'opinion généralement admise que l'humanité est fort mal en point spirituellement, et que sa vie spirituelle n'a jamais atteint un niveau aussi bas. Cette opinion est due, en grande partie, au fait que les hommes ne manifestent pas un intérêt excessif pour la présentation "orthodoxe" de la vérité ; nos églises sont relativement vides et on les accuse de n'avoir pas réussi à apprendre aux hommes à mieux vivre. Ces affirmations sont tristement vraies, mais il n'en reste pas moins vrai que partout les hommes recherchent la vérité et la libération spirituelles. Le véritable esprit religieux est plus vivant qu'à aucune autre époque, tout particulièrement dans les pays qui ont le plus souffert de la guerre mondiale (1914-1945). Les Etats-Unis et les pays neutres ne donnent encore aucun signe de réveil spirituel authentique. Les autres pays sont spirituellement vivants, non parce qu'ils suivent les voies orthodoxes, mais parce que leur recherche est sincère et leur demande de lumière importante.
L'humanité est aujourd'hui, dans ses aspirations religieuses, plus proche de la Réalité qu'elle ne l'a jamais été ; les grandes religions orthodoxes passent rapidement au second plan dans l'esprit des hommes, tandis que nous nous approchons indubitablement de la Réalité spirituelle centrale. Les théologies enseignées actuellement par les organisations ecclésiastiques, tant en Orient qu'en Occident, sont cristallisées et sans grande utilité. Les prêtres et les pasteurs, les instructeurs orthodoxes et les "fondamentalistes" (fanatiques bien que sincères) cherchent à perpétuer ce qui dans le passé comblait le chercheur. mais ne peut plus le satisfaire actuellement. Des hommes religieux, sincères mais peu éclairés, déplorent la révolte des jeunes contre les attitudes doctrinales. D'autre part, ils invoquent avec tous les chercheurs une nouvelle révélation ; ils cherchent quelque chose de neuf et de convaincant, qui attirerait les masses et les ramènerait à Dieu. Ils craignent qu'on ne doive renoncer à certaines théories et que les anciennes vérités n'exigent de nouvelles interprétations ; mais ne comprennent pas qu'il faut acquérir une-nouvelle vision de la vérité (telle qu'elle est en Christ) ; ils pressentent que de nouvelles révélations spirituelles sont imminentes, mais sont tentés de reculer devant leurs effets révolutionnaires. Ils se posent de nombreuses questions et sont assaillis de doutes profonds et troublants. Il est intéressant de noter ici que les réponses à ces questions viennent (et viendront de plus en plus) de deux sources ; des personnes intelligentes, dont la perception intellectuelle croissante est cause de la révolte contre les religions orthodoxes, et de cette source de vérité et de lumière qui a infailliblement assuré la continuité de la révélation au cours des siècles. Pour autant que l'on puisse prévoir ces réponses ne viendront pas d'organisations religieuses, qu'elles soient asiatiques ou occidentales.
Quelques-unes de ces questions peuvent être formulées ainsi :
Pourquoi l'Eglise a-t-elle été incapable de réfréner le déchaînement du mal, qui s'est manifesté pendant la dernière guerre mondiale ?
Pourquoi la religion s'est-elle montrée incapable de répondre aux besoins de l'humanité ?
Pourquoi les soi-disant Guides spirituels du monde religieux se sont-ils montrés incapables d'aider à résoudre les problèmes mondiaux ?
Pourquoi, en tant que représentants d'un Dieu d'Amour, les instructeurs chrétiens ont-ils été impuissants à arrêter la vague croissante de haine, qui déferle aujourd'hui dans le monde ?
Pourquoi ces instructeurs sont-ils pour la plupart si sectaires, si séparatistes, si exclusifs dans leur manière d'accepter la vérité. Il existe, toutefois, une minorité à l'esprit ouvert.
Pourquoi les jeunes désertent-ils les églises et pourquoi accordent-ils si peu d'intérêt aux doctrines proposées à leur foi ?
Pourquoi est-ce la mort, et non la vie, qui parcourt le monde aujourd'hui ?
Pourquoi tant de nouveaux cultes surgissent-ils et détournent-ils les fidèles des organisations religieuses orthodoxes ?
Pourquoi des mouvements tels que la "Pensée nouvelle", "Unité", etc., attirent-ils les gens au détriment des organisations mieux établies ? Notez l'emploi du mot "organisation" car là gît la clé du problème.
Pourquoi met-on de plus en plus l'accent sur les théologies d'Orient, sur les différents yogas, sur les enseignements bouddhiques et autres croyances orientales ?
Pourquoi des enseignements tels que l'astrologie, la numérologie et les différents rituels magiques font-ils tant d'adeptes, alors que les églises se vident et ne sont guère fréquentées que par les gens âgés, les conservateurs et les réactionnaires, ou par ceux qui s'y rendent par habitude ou désespoir ?
Enfin, qu'y a-t-il de faux dans notre présentation des réalités spirituelles et des vérités éternelles ?
Il y a, à ces questions, plusieurs réponses ; la plus importante est que la présentation de la Vérité divine, telle qu'elle a été donnée par les Églises d'Occident et par les instructeurs d'Orient, n'a pas évolué avec le développement intellectuel de l'humanité. Les mêmes anciennes formulations sont encore présentées à celui qui cherche, et elles ne satisfont ni son esprit ni son besoin d'aide efficace dans un monde plein de difficultés. On lui demande de croire aveuglément sans comprendre ; on lui dit qu'il lui est impossible de comprendre et cependant on lui demande d'accepter les commentaires et les affirmations d'autres esprits humains qui, eux, prétendent comprendre et posséder la vérité. Il admet difficilement que leur intelligence et leurs interprétations puissent valoir mieux que les siennes. On croit que les mêmes formules, les mêmes théologies et les mêmes interprétations qu'autrefois sont susceptibles de répondre aux besoins et aux recherches de l'homme moderne. Tel n'est pas le cas.
L'Eglise est, aujourd'hui, le tombeau du Christ et la pierre de la théologie a été roulée devant la porte du sépulcre.
Cependant, il n'est nullement question ici d'attaquer le christianisme. Le christianisme ne saurait être attaqué ; il est dans son essence, sinon encore entièrement en fait, l'expression de l'Amour de Dieu, immanent dans Son univers créé. Les Eglises se sont néanmoins largement exposées à la critique et tous les penseurs le savent ; malheureusement, ceux-ci forment encore une petite minorité. C'est cependant cette minorité (qui est en voie rapide de devenir une majorité) qui sonnera le glas des églises et répandra le véritable enseignement du Christ : il est impossible qu'Il ait quelque plaisir à voir ces grands temples de pierre édifiés par les hommes d'église, tandis que Ses fidèles sont laissés sans direction et sans lumière, quant aux affaires du monde. Il doit douloureusement sentir que la simplicité qu'Il enseigna et la simple voie vers Dieu qu'Il indiqua avec tant d'insistance, ont disparu derrière les brumes de la théologie (dont saint Paul est le premier responsable) et les controverses des hommes d'église à travers les siècles. Les hommes se sont écartés bien loin de la simplicité de pensée et de vie spirituelle des premiers chrétiens.
N'est-il pas permis de penser que le Christ désapprouve la séparativité et l'arrogance des théologiens qui divisent le monde en croyants et incroyants, en chrétiens et païens, en gens soi-disant éclairés et en d'autres, soi-disant dans les ténèbres, et qu'Il considère tout ceci comme contraire à ce qu'Il croyait et soutenait Lui-même, lorsqu'Il affirmait : "J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie." (Jean, X, 16.)
Ce n'est pas le mal qui prévaut dans le monde d'aujourd'hui qui constitue l'obstacle principal à la révélation et au développement de la vie spirituelle. Ce mal provient d'une fausse orientation de l'esprit humain et de l'importance accordée aux jouissances matérielles – deux conditions qui ont été créées par des siècles de rivalité et de concurrence. C'est plutôt la faillite des organisations religieuses dans le monde ; elles n'ont pas su préserver la vérité dans sa pureté, ni éviter cette idée fanatique selon laquelle une interprétation individuelle quelconque devait nécessairement être la seule correcte. Des théologiens ont lutté, en toute sincérité, pour des formulations qu'ils croyaient être les seules susceptibles d'exprimer justement l'idée divine, mais le Christ fut oublié derrière les mots. Des ecclésiastiques ont consacré leurs efforts à récolter des fonds pour construire des édifices de pierre, tandis que de nombreux enfants de Dieu étaient affamés et mal vêtus et perdaient ainsi leur foi en l'Amour divin.
L'humanité a besoin d'être guidée spirituellement. Comment peut-elle l'être, alors que les chefs des Eglises s'occupent de choses temporelles, que les Églises catholique, orthodoxe et protestante mettent l'accent sur la pompe, les cérémonies, l'or et l'argent des calices, les vêtements de pourpre, les ornements et tous les accessoires si chers à l'esprit ecclésiastique ?  Comment les enfants affamés du monde entier et d'Europe en particulier pourront-ils être sauvés, quand les papes et les évêques quêtent en faveur de la construction de cathédrales et cherchent à édifier de nouvelles églises, alors que les anciennes sont à moitié vides ? Comment la lumière brillera-t-elle à nouveau dans l'esprit des hommes si les prêtres les maintiennent dans la peur, à moins qu'ils n'acceptent les anciennes interprétations théologiques et les anciens modes de contact avec la divinité ? Comment les besoins spirituels et intellectuels des hommes seront-ils satisfaits, alors que dans les séminaires théologiques rien n'est enseigné qui soit approprié aux exigences de notre époque ? Les jeunes hommes qui en sortent vont instruire leurs frères d'après un enseignement fondé sur des interprétations périmées. Ils entrent au séminaire et commencent leur préparation au ministère avec de grandes espérances ; ils en sortent avec peu d'espérance, peu de foi, mais avec la détermination bien arrêtée de réussir et de se frayer une voie dans la carrière ecclésiastique.
On se demande si le Christ, en revenant parmi nous, se trouverait chez Lui dans les églises. Les rituels et les cérémonies, la pompe et les vêtements, les cierges, l'or et l'argent, les hiérarchies de papes, cardinaux, archevêques, chanoines et curés, pasteurs et clergé de tous grades, n'offriraient pas un grand intérêt, semble-t-il, au simple Fils de Dieu, Qui, pendant Son séjour sur terre, n'avait pas même une pierre où poser Sa tête.
La présentation de la vérité religieuse, dans le passé, a empêché le développement de l'esprit religieux ; la théologie a conduit l'humanité aux confins du désespoir. La délicate fleur de la Vie christique s'est flétrie dans l'obscurité de l'intellect humain ; l'adhésion fanatique à des interprétations humaines a remplacé la Vie christique. Des millions de livres ont déformé et obscurci les vivantes paroles du Christ ; les arguties, les discussions des prêtres ont éteint la lumière apportée par Bouddha, et l'Amour de Dieu, tel qu'il s'est révélé dans la vie du Christ, a été oublié tandis que les hommes se querellaient sur des phrases et des mots. Entre temps, des êtres humains ont vécu dans l'angoisse, ont eu faim, ont souffert, ont demandé aide et instruction et, insatisfaits, ont perdu la foi.
Partout, aujourd'hui, les hommes sont prêts à recevoir la lumière. Ils attendent une nouvelle Révélation et une nouvelle Loi et l'humanité a progressé si loin sur le chemin de l'évolution qu'elle ne désire plus seulement une amélioration matérielle, mais aspire également à la vision spirituelle, aux vraies valeurs et à l'établissement de justes rapports entre les hommes. Ils veulent être nourris, vêtus, et pouvoir vivre et travailler dans la liberté, mais demandent aussi à être instruits et aidés spirituellement ; ils subissent la famine dans de vastes territoires du monde et, cependant, ils souffrent tout aussi vivement de la famine de l'âme.
Nous ne croyons pas nous tromper en concluant que cette angoisse et cette attente spirituelles occupent une place prépondérante dans la Conscience du Christ. Lorsque le Christ et Son Eglise, jusqu'ici invisibles, réapparaîtront, que feront-ils pour répondre à l'invocation de l'humanité ? Comment réagiront-ils à sa perception spirituelle plus aiguë ? Ils voient la situation dans son ensemble.
Les chrétiens invoquent une aide spirituelle, les bouddhistes invoquent l'illumination et les Hindous la compréhension spirituelle ; tous ces appelsjoints à ceux de milliers d'autres hommes croyants ou non-doivent être exaucés. Les prières de l'humanité s'élèvent jusqu'à Eux ; nous pouvons être sûrs que le Christ et Ses disciples ignorent les préjugés sectaires. Il est impossible de croire qu'Ils tiennent compte des opinions des orthodoxes étroits ou des théories des théologiens quant à la naissance surnaturelle du Christ, la Rédemption ou l'infaillibilité du pape. L'humanité est en détresse et cette détresse doit être secourue ; seuls, de grands principes fondamentaux de vie, valables dans le passé et le présent et servant de base pour l'avenir, répondront vraiment aux besoins de l'humanité. Le Christ et la Hiérarchie ne viendront pas détruire ce qui a été jusqu'ici "nécessaire à son salut" ni rien de ce qui a comblé ses aspirations religieuses. Lorsque le Christ réapparaîtra, tout ce qui n'est pas essentiel tombera, mais les principes fondamentaux de la foi demeureront, et ce sont sur eux que le Christ pourra établir la nouvelle religion mondiale que tous les hommes attendent. Cette nouvelle religion mondiale doit être basée sur les vérités qui ont résisté à l'épreuve du temps et qui ont procuré certitude et réconfort aux hommes du monde entier. Ces vérités sont certainement les suivantes :