LIVRE IV - 26, 27, 28. Le mental est alors enclin à la discrimination et à une illumination croissante considérée comme la véritable nature du soi unique. Cependant, par la force de l'habitude, le mental percevra des objets ressortissant à la perception s

26, 27, 28. Le mental est alors enclin à la discrimination et à une illumination croissante considérée comme la véritable nature du soi unique. Cependant, par la force de l'habitude, le mental percevra des objets ressortissant à la perception sensorielle. Ces reflets sont par
nature des obstacles et la méthode à employer pour les surmonter est la même.

 

Les tendances et le rythme corrects ayant été établis, ce n'est plus qu'une question de persévérance soutenue, de bon sens et d'endurance. A moins qu'il ne soit fait usage d'une extrême vigilance, les anciennes habitudes mentales s'imposeront à nouveau sans difficulté, aussi l'aspirant doit-il "veiller et prier" jusqu'à l'initiation finale elle-même.

 Les règles commandant la victoire et les pratiques conduisant au succès sont, pour le guerrier expert et avancé et pour l'initié, les mêmes que pour l'humble néophyte. Dans le livre II, les méthodes grâce auxquelles les entraves et les obstacles peuvent être surmontés et annulés, sont soigneusement exposées. Dès l'instant où les premiers pas sont faits sur le sentier de probation, jusqu'au moment sublime où la dernière grande initiation fait l'objet de l'expérience et où l'homme libéré se dresse dans la pleine lumière du jour, ces méthodes et modes de vie disciplinée doivent être observées strictement et sans défaillance. Ceci implique une grande patience, l'aptitude à aller de l'avant après un échec et à persévérer quand le succès semble lointain. Paul, le grand initié, le savait bien et ce fut ce qui l'incita à donner aux disciples qu'il cherchait à aider, l'injonction suivante : "Donc, tenez bon... et ayant tout accompli, tenez bon." Jacques émet la même idée lorsqu'il dit : "Voici, nous disons bienheureux ceux qui ont souffert patiemment." Jacques V, 11.

Ne pas s'arrêter lorsque le point d'extrême fatigue a été atteint ; faire un pas de plus lorsque la force semble faire défaut ; tenir bon lorsqu'on ne voit devant soi que la défaite et être résolu à tout endurer quoi qu'il arrive, même si la limite de l'endurance semble être atteinte. Tout cela constitue la marque distinctive des disciples de tous les degrés. C'est pour eux que retentit l'appel claironnant de Paul :

"Tenez-vous debout, avec la Vérité pour ceinture, la Justice pour cuirasse, et pour chaussures le Zèle à propager l'Evangile de la paix ; ayez toujours en main le bouclier de la Foi, grâce auquel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Mauvais ; enfin recevez le casque du salut et le glaive de l'Esprit, c'est-à-dire la Parole de Dieu." (Eph. VI. 14, 15, 16, 17)  Texte français de la Bible de Jérusalem. (N.d.l.t.)

L'injonction tout aussi claire de Krishna à Arjuna résonne aussi :

"En outre, considérant ta propre loi d'action tu ne dois pas trembler ; il n'est pas de plus grand bien pour le kshatrya qu'une juste bataille.

Quand une telle bataille leur vient d'elle-même comme la porte ouverte des cieux, heureux alors sont les kshatryas.
Lève-toi donc, ô fils de Kunti, résolu à te battre. Fais que l'affliction et le bonheur, la perte et le gain, la victoire et la défaite soient égaux pour ton âme, puis jette-toi dans la bataille."

29. L'homme qui développe le non-attachement, même en ce qui concerne son aspiration après l'illumination et l'état d'unité isolée, devient finalement conscient du nuage adombrant de la connaissance spirituelle.


Il est difficile, pour le néophyte, d'être impersonnel lorsque son propre développement spirituel est en cause. Cependant, le sérieux même de son aspiration peut constituer une entrave, et l'une des premières choses qu'il doive apprendre consiste à poursuivre sa route sur le sentier, en observant les règles, en suivant les pratiques, en employant les moyens, en accomplissant sans défaillance la loi et en se préoccupant en même temps, non de lui-même, mais de la vision et du service. Il est si facile de succomber à un désir élevé et d'être si occupé par les réactions et émotions inhérentes à l'aspiration de l'homme inférieur, qu'on peut se trouver rapidement pris à nouveau dans les rets de la nature psychique versatile.

Le non-attachement à l'égard de toutes les formes de la perception sensorielle, qu'elles soient d'en haut ou d'en bas, doit être développé.

Bien des gens, lorsqu'ils passent du sentier du sentiment et de la méthode de contact dévotionnel du coeur (la ligne mystique), au sentier de la maîtrise intellectuelle – le contact par la voie de la tête, qui est la méthode occulte – se plaignent de la disparition des moments de joie et de béatitude dont ils faisaient naguère l'expérience au cours de la méditation. Le système actuellement suivi leur parait aride et sec et ne les satisfait point. Mais la joie et
la paix sont des impressions reçues par la nature émotive ; elles n'affectent en rien la réalité. Du point de vue de l'âme, il est indifférent que son reflet, l'homme en incarnation, soit ou non heureux, triste ou rempli de félicité, satisfait ou affligé. Une seule chose compte, la réalisation du contact avec l'âme, l'obtention de l'union (consciente et intelligente) avec L'Un. Cette union peut s'élaborer dans la conscience du plan physique, en tant que sentiment de
paix et de joie ; elle doit se développer en une capacité toujours plus grande à servir la race et à la servir plus efficacement. Les sentiments du disciple importent peu ; sa compréhension et son utilité en tant que canal pour la force spirituelle ont beaucoup d'importance. Il faudrait se souvenir que, sur le sentier, ni nos vertus ni nos vices ne comptent (sauf dans la mesure où nous nous libérons des couples de contraires). Seul compte ce qui nous pousse en avant sur ce sentier qui "brille de plus en plus jusqu'à ce que le jour soit avec nous".

Lorsque l'homme peut détourner les yeux de tout ce qui est physique, émotif et mental ; lorsqu'il peut lever les yeux et les diriger vers ce qui n'est pas lui, il prend conscience du "nuage adombrant de la connaissance spirituelle" ou, selon une autre traduction, du "nuage de pluie des choses connaissables".

Nous trouvons ici, indiqué ésotériquement et présenté symboliquement, le fait que devant l'initié (quelque avancé qu'il soit) se trouve un progrès nouveau à accomplir, un autre voile à percer. Il a réalisé une grandiose unification, celle de l'âme et du corps. Il en est (à l'égard des trois mondes) au stade dit de l'unité isolée. Mais une autre union devient possible ; celle de l'âme avec l'esprit. Le Maître doit devenir le Christ et il faut pour cela que le nuage de pluie de la connaissance spirituelle soit atteint, utilisé et traversé. Il est inutile pour nous de considérer ce qui est de l'autre côté du voile et qui dissimule le Père. Dans notre Nouveau Testament, lorsque le Père communiquait avec le Christ la voix sortait d'un nuage. (Voir Matthieu XVII)