LIVRE III - 51. Il devrait y avoir refus total de toutes les séductions de toutes les formes de l'être, même des formes célestes, car une récidive des mauvais contacts reste possible.

51. Il devrait y avoir refus total de toutes les séductions de toutes les formes de l'être, même des formes célestes, car une récidive des mauvais contacts reste possible.

 

La traduction de Rama Prasad est clairement explicite et il sied de la citer
ici. La voici :

"Quand les déités qui président font signe, il ne devrait pas y avoir d'attachement et pas de sourire de satisfaction, le contact avec l'être indésirable étant de nouveau possible."

L'interprétation de Dvidedi donne encore un autre point de vue :

"Il devrait y avoir expulsion totale de plaisir ou orgueil, lors des invites faites par les pouvoirs de divers lieux, car il y a une possibilité de récidive du mal."

Le yogi ou disciple a réalisé son objectif. Il s'est libéré (par l'impassibilité et la discrimination) des entraves de la forme et se tient debout, libre et affranchi. Mais il doit être sur ses gardes, car : "Que celui qui pense être debout prenne garde qu'il ne tombe." La vie de la forme toujours lui fait signe et les séductions de la grande illusion sont toujours présentes. L'âme émancipée doit détourner les yeux de l'invite que font les "déités qui président" (ces vies qui, dans les trois mondes, forment la somme de la vie des plans) et les fixer sur les aspects plus spirituels qui constituent la vie de Dieu Lui-même.

Jusque dans le domaine de l'âme elle-même, et dans ce qu'on nomme la "Voix des Dieux", on découvre, à l'état latent, les semences de l'attachement ; en conséquence, le Fils de Dieu, le Christ en manifestation, se détournant de tous ses gains et laissant derrière lui toute pensée concernant les perfections acquises et les pouvoirs développés, se hâte à nouveau vers un but plus haut. A chaque étape sur le sentier, l'injonction retentit : "Oubliant ce qui est en arrière, et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but." (Phil. III, 13) (Texte de la Bible de Jérusalem. (N.d.l.t.)) et chaque nouvelle initiation ne fait que marquer le début d'un nouveau cycle d'efforts.

Les commentateurs de ce sutra soulignent qu'il y a quatre classes de chelas ou disciples, qui sont :

1.
Ceux dont la lumière commence tout juste à briller. Ils sont appelés les "observants de la pratique" ; ce sont ceux qui viennent d'entrer sur le Sentier. Ils sont les novices, les aspirants.

2.
Ceux dont l'intuition s'éveille et qui font preuve d'un développement correspondant du pouvoir psychique. C'est un stade qui présente un grand danger, car de tels disciples sont susceptibles de se laisser séduire par les possibilités de pouvoir que confère la possession des facultés psychiques. Ils sont enclins à se leurrer et à considérer le pouvoir psychique comme un indice de croissance et de développement spirituels. Ce n'est pas le cas.

3.
Les disciples qui ont surmonté toutes les séductions des sens et ne se laissent pas abuser par l'aspect forme dans les trois mondes. Ils ont conquis les sens et vaincu la nature de la forme.

4.
Ceux qui ont passé au-delà de tout ce qui précède et se tiennent fermes dans la véritable conscience spirituelle. Ce sont les illuminés, qui ont progressé à travers les sept stades de l'illumination. Voir Livre II, Sutra 27.
Si l'étudiant veut bien étudier maintenant dans le Livre III, le sutra 26 et le commentaire qui en est fait, il aura quelque idée de la nature de ces mondes de la forme et de leurs déités qui président, dont les voix cherchent, par leur séduction, à détourner l'aspirant du sentier pour l'entraîner dans le monde de l'illusion. Il trouvera intéressant, également, d'opposer et de comparer les quatre premières classes d'esprits qui y sont énumérées, avec ces quatre types de disciples. Toute chose, dans les trois mondes, est un reflet de ce qui se trouve dans les domaines célestes et on tirera un grand profit de la compréhension du grand aphorisme hermétique : "Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas." Ce reflet est ce qui constitue le mal ; l'aspect opposé de la réalité forme la grande illusion, et les fils de Dieu n'ont pas à s'en préoccuper. Cela les concerne, du fait que cela représente le mal par rapport à eux, mais en aucun autre sens. Les formes de la vie dans ces mondes, et les vies qui animent ces formes, sont en elles-mêmes bonnes et justes et suivent leur propre sentier évolutif, mais leur objectif immédiat et leur état de conscience ne sont pas synchronisés avec ceux du disciple en évolution, qui ne doit donc pas avoir de commerce avec elles.