LIVRE III - 22. Le karma (ou effets) est de deux sortes : le karma immédiat, ou le karma futur.

22. Le karma (ou effets) est de deux sortes : le karma immédiat, ou le karma futur.

 

Grâce à la méditation parfaitement concentrée sur l'un et l'autre, le yogi connaît la teneur de son expérience dans les trois mondes. Cette connaissance provient aussi de signes.
Ce sutra peut être quelque peu éclairci s'il est lu en corrélation avec le Sutra 18 du livre III. Le karma dont il est question ici se rapporte principalement à la vie présente de l'aspirant ou voyant. Celui-ci sait que chaque événement de cette vie est l'effet d'une cause antérieure, engendrée par lui-même en une précédente incarnation. Il sait aussi que chaque acte de la vie actuelle doit produire un effet (qui s'élaborera en une autre vie), à moins que cet acte ne soit accompli de telle sorte que :

1.
L'effet soit immédiat et atteigne sa plus grande acuité au cours du laps de temps constitué par la vie présente.

2.
L'effet ne comporte pas de karma, l'acte ayant été accompli en vertu d'un motif désintéressé, et mené à bien dans un complet détachement.
L'effet désiré est alors produit conformément à la loi, mais n'entraîne pas de conséquences pour le soi personnel.
Quand le voyant entre en incarnation dans une vie où seuls quelques effets restent encore à neutraliser, et quand tout ce qu'il a déclenché est affranchi des liens du karma, il peut fixer un terme à l'expérience de sa vie et il sait que le jour de sa libération est proche. Par la méditation et l'aptitude à fonctionner en tant qu'égo, il peut atteindre le monde des causes et sait en conséquence quels actes il doit accomplir pour se libérer des quelques effets restants. Par la stricte attention qu'il accorde au motif sous-jacent à chaque acte de sa vie présente, il se prémunit contre des effets qui, d'une façon ou d'une autre, l'attacheraient nécessairement à la roue de la renaissance. Il se rapproche ainsi de son but, consciemment et intelligemment. Une connaissance directe inspire chacune de ses réalisations, de ses actions, de ses pensées, et aucune d'elles ne l'enchaîne.

Les signes, ou indices, dont il est question se rapportent principalement au monde mental, habitat de l'homme réel. Par la compréhension de trois choses :

a. Les nombres.
b. Les couleurs.
c. Les vibrations.

Le voyant prend conscience du fait que son aura s'est libérée des "effets producteurs de mort". Il sait que, symboliquement parlant, rien, sur l'enregistrement des annales, n'est plus inscrit qui puisse le renvoyer dans les trois mondes ; il voit donc, "par des signes" que son sentier est déblayé.

Ceci a été exprimé pour nous comme suit, dans les anciens écrits trouvés dans les archives des Maîtres :

"Quand l'étoile à cinq pointes brille avec clarté et que nulles formes ne se voient au-dedans des pointes, la voie est libre.
Quand, dans le triangle, rien n'est enclos que la lumière, le sentier s'offre libre au passage du pèlerin.

Quand, dans l'aura du pèlerin, les formes nombreuses s'effacent et que sont vues les trois couleurs, le chemin est alors déblayé de ce qui pouvait obstruer.

Quand les pensées n'évoquent pas de formes et quand nulles ombres ne se reflètent, le fil offre une voie directe allant du cercle au centre."

De ce point de repos, nul retour n'est possible. Le temps de l'expérience nécessaire dans les trois mondes est révolu. Aucun karma ne peut donc plus provoquer le retour à la terre de l'esprit libéré, en vue de leçons ultérieures ou de neutralisation de causes antérieures. Il peut cependant suivre ou reprendre son œuvre de service dans les trois mondes, sans jamais quitter réellement sa véritable demeure dans les domaines plus subtils et les sphères supérieures de la conscience.