LIVRE II - 40. La purification interne et externe provoque l'aversion pour la forme ; pour la forme de soi-même comme pour toutes les formes.

40. La purification interne et externe provoque l'aversion pour la forme ; pour la forme de soi-même comme pour toutes les formes.


 
En raison des malentendus résultant de l'emploi des mots, cette paraphrase du Sutra 40 n'est pas conforme à la traduction technique des mots sanscrits. La traduction littérale est la suivante : "La purification interne et externe provoque la haine pour notre propre corps et l'absence de rapports avec tous les corps."
La tendance qu'ont les étudiants occidentaux à tout interpréter à la lettre rend nécessaire une traduction un peu plus libre. L'étudiant oriental, plus versé dans la présentation symbolique de la vérité, est, en l'occurrence, moins sujet aux méprises. En considérant ce sutra, il faut se souvenir que la pureté est une qualité de l'esprit. 

La purification a nécessairement divers aspects et se rapporte aux quatre véhicules (le corps physique, le corps éthérique, le corps émotif et le corps mental), à travers lesquels l'homme établit un contact avec les trois mondes où se déroulent ses activités. Nous pouvons, en conséquence, différencier ces aspects de la façon suivante :

a.
La pureté externe le véhicule physique le corps dense.
b.
La pureté le véhicule éthérique la pureté interne. magnétique
c.
La pureté psychique le véhicule astral la pureté émotive.
d.
La pureté mentale le véhicule mental la pureté du mental concret.

Il sied de garder soigneusement à l'esprit que cette pureté concerne la substance dont se composent chacun de ces véhicules. Elle s'obtient de trois façons :

1.
Par l'élimination de la substance impure, ou des atomes et molécules qui limitent la libre expression de l'esprit et le confinent à la forme, de telle sorte qu'il ne peut avoir ni libre accès, ni libre issue.

2.
Par l'assimilation des atomes et molécules qui tendront à constituer une forme à travers laquelle l'esprit puisse fonctionner de manière adéquate.

3.
Par la protection de la forme purifiée contre la contamination et la détérioration.
Le processus éliminatoire débute sur le Sentier de la Purification ou de la Probation ; les règles du processus de construction et d'assimilation sont apprises sur le Sentier de l'Etat de disciple et, sur le Sentier de l'Initiation (après la seconde initiation), le travail de protection commence.

En Occident, les règles sanitaires et hygiéniques de la purification externe sont bien connues et largement mises en pratique. En Orient, ce sont les règles de la purification magnétique qui sont le mieux connues ; lorsque les deux systèmes sont synthétisés et réciproquement reconnus, l'enveloppe physique, en sa double nature, sera finalement portée à un haut degré de raffinement.

Dans ce cycle cependant, l'intérêt de la Hiérarchie se concentre, dans une large mesure, sur la question de la pureté psychique, et c'est la raison de la tendance qui se dessine actuellement en direction de l'enseignement occulte.
Celui-ci est loin de ce qu'on entend communément par le développement psychique ; il ne met aucun accent sur les pouvoirs psychiques inférieurs, mais cherche à donner à l'aspirant un entraînement se rapportant aux lois de la vie spirituelle. Il en résulte une prise de conscience de ce qu'est la nature de la psyché ou âme, et une maîtrise de la nature psychique inférieure. La grande impulsion de l'effort hiérarchique en ce siècle (1926-2026) se portera dans ce sens, en corrélation avec la propagation des lois de la pensée. D'où la nécessité de diffuser l'enseignement donné dans les Yoga Sutras. Ceux-ci donnent les règles s'appliquant à la maîtrise du mental, mais ils traitent aussi largement de la nature des pouvoirs psychiques et du développement de la conscience psychique.

Le troisième Livre en son entier traite de ces pouvoirs, et le thème des sutras dans leur ensemble pourrait se définir sommairement comme étant le développement de la maîtrise du mental en vue d'établir un contact avec l'âme, et la maîtrise consécutive des pouvoirs psychiques inférieurs, leur éclosion s'effectuant parallèlement à celle des pouvoirs supérieurs. Il faut insister sur ce fait. L'aversion pour la forme et l' "absence de désir" – terme définissant spécifiquement cet état du mental – constituent la grande impulsion qui aboutit finalement à la complète libération hors de la forme.

Non que la forme, ou la manifestation en une forme, soit en elle-même un mal. La forme et le processus d'incarnation sont légitimes et conviennent à ce qui leur incombe ; mais, pour l'homme ayant appris les leçons voulues à l'école de la vie et pour qui l'expérience dans les trois mondes n'a donc plus d'utilité, la forme et la renaissance deviennent un mal et doivent être reléguées en une place extérieure à la vie de l'égo. Il est vrai que l'homme ayant atteint la libération peut, de son propre gré, se limiter en endossant une forme dans un dessein de service bien défini ; mais il le fait alors en vertu d'un acte de volonté et d'abnégation ; il n'est pas, en cela, mû par le désir, mais par l'amour pour l'humanité et l'ardente envie de demeurer avec ses frères jusqu'au jour où le dernier des fils de Dieu aura atteint le portail de la libération.