LIVRE II - 35. En présence de celui qui a perfectionné l'innocuité toute inimitié cesse.

35. En présence de celui qui a perfectionné l'innocuité toute inimitié cesse.

 

Ce Sutra nous démontre le jeu d'une grande loi. Dans le Livre IV, Sutra 17, Patanjali nous dit que la perception d'une caractéristique, d'une qualité et d'une forme objective, est subordonnée au fait que des caractéristiques, qualités et aptitudes objectives similaires se trouvent chez celui qui perçoit.

Il est fait allusion à cette même vérité dans la première Epître de saint Jean, où se trouvent ces mots : "Nous serons comme Lui, car nous Le verrons tel qu'Il est." Un contact ne peut être établi qu'avec ce qui est déjà présent, ou partiellement présent, dans la conscience de celui qui perçoit. En conséquence, si celui-ci perçoit de l'inimitié et de la haine, c'est parce que des semences d'inimitié et de haine sont présentes en lui. S'il en est exempt, seules existent l'unité et l'harmonie. C'est là le premier stade de l'amour universel, l'effort que l'aspirant fournit sur le plan pratique en vue d'être à l'unisson de tous les êtres.
Il commence par lui-même et prend soin d'extirper de sa propre nature toutes semences nuisibles. Il s'attaque donc à la cause productrice d'inimitié à son propre égard et à celui d'autrui. Il s'ensuit tout naturellement qu'il est en paix avec lui-même et que les autres sont en paix avec lui. Les bêtes sauvages elles-mêmes deviennent impuissantes en sa présence, du fait de cet état d'esprit, qui est celui de l'aspirant, ou yogi.