LIVRE II - 18. Ce qui est perçu a trois qualités, sattva, rajas et tamas (rythme, mobilité et inertie).

18. Ce qui est perçu a trois qualités, sattva, rajas et tamas (rythme, mobilité et inertie).

 

Ce sont les éléments et organes des sens. Leur usage produit l'expérience et la libération finale.
Ce sutra est l'un des plus importants du livre, car nous y trouvons réunis en termes concis la nature de la substance, sa composition, son but et sa raison d'être. On pourrait passer beaucoup de temps à en considérer chaque phrase, et les mots "les qualités", "les éléments", "les sens", "évolution" et "libération", expriment la totalité des facteurs entrant en jeu dans la croissance de l'homme. Ils constituent à eux cinq ce qui touche de plus près à l'homme en tant qu'unité humaine et s'appliquent à sa carrière tout entière, depuis le moment où il entre en incarnation pour la première fois et, à travers le long cycle de ses vies, jusqu'aux portails successifs de l'initiation, dont le passage le fait entrer dans la vie plus large du cosmos.

C'est l'inertie qui d'abord le caractérise, et ses formes sont de nature si lourde et grossière que de nombreux et violents contacts sont nécessaires avant qu'il prenne conscience de son entourage et puisse, par la suite, intelligemment l'évaluer. Les grands éléments : terre, eau, feu et air, jouent leur rôle dans la construction de ses formes et s'incorporent à son être même. Ses divers organes sensoriels entrent lentement en action ; d'abord les cinq sens ; puis, lorsque la seconde qualité, rajas ou activité, est solidement acquise, le sixième sens, ou mental, commence à se développer également. Plus tard, il en vient à percevoir dans tout le monde phénoménal qui l'entoure, les mêmes qualités et éléments qu'en lui-même, et sa connaissance s'accroît rapidement. De là, il passe à l'établissement d'une distinction entre lui-même en tant que Celui qui perçoit, et ce qu'il perçoit comme étant ses formes et le monde où se déroule leur existence. Le sixième sens est de plus en plus prépondérant et passe finalement sous la domination de l'homme véritable, qui entre alors dans l'état sattvique où il réalise l'harmonie en lui-même, et par conséquent avec tout son entourage. Il est rythmique en sa manifestation et à l'unisson avec le grand tout.
Il assiste au spectacle et prend soin d'exercer une constante maîtrise sur les formes à travers lesquelles il agit dans le monde phénoménal, et de mettre ses activités en harmonie avec le grand plan.

Cela étant, il fait partie du tout, mais est cependant libéré et affranchi de l'emprise du monde de la forme, des éléments et des sens. Il les utilise ; il n'est plus utilisé par eux.