c. Le contraste entre la Maya et l'Inspiration

c. Le contraste entre la Maya et l'Inspiration

 

Ici nous sommes nettement dans le domaine de la substance matérielle.
C'est essentiellement, et de manière particulière, le domaine de la force. Pour l'individu, la Maya est surtout l'ensemble des forces qui dominent ses sept centres de force, à l'exception, j'insiste sur ce point, de l'énergie dominante de l'âme. Vous voyez donc que la masse de l'humanité – et l'homme, tant qu'il ne se trouve pas sur le Sentier de la Probation – est dominé par la maya ; un homme, en effet, succombe à la maya lorsqu'il est dominé par une ou plusieurs forces autres que les énergies qui viennent directement de l'âme et qui conditionnent et dirigent les forces inférieures de la personnalité, comme finalement et inévitablement elles doivent le faire et comme elles le feront.

Lorsqu'un homme est dominé par les forces physiques, astrales et mentales, il est convaincu alors que ces forces sont justes. C'est là que réside le problème posé par la maya. Lorsque de telles forces dominent un homme, elles déterminent en lui une attitude séparative ; elles produisent un effet qui alimente et stimule la personnalité et l'énergie de l'âme, la véritable Individualité est exclue. Cette analyse devrait être pour vous telle une illumination. Si les hommes soumettaient leur vie à un examen plus serré de la part du véritable homme intérieur ou spirituel, et s'ils pouvaient ainsi déterminer la combinaison d'énergies qui conditionne les activités de leur vie, ils ne continueraient pas à agir comme ils le font actuellement, aussi aveuglément aussi maladroitement et d'une manière aussi peu efficace.

C'est pour cette raison que l'étude et la compréhension des motifs a une telle valeur et une telle importance, car une semblable étude détermine intellectuellement (lorsqu'elle est correctement conduite) quel est le facteur ou quels sont les facteurs qui inspirent la vie quotidienne. Cette déclaration mérite une étude attentive. Je vous demande donc : quel est le principal motif qui vous fait agir ? Car, quel qu'il soit, il conditionne et détermine la tendance dominante de votre vie.

Beaucoup d'hommes, et particulièrement les masses non évoluées ne sont mues que par le désir, matériel, physique et momentané. La majorité est dominée par le désir animal de satisfaire des appétits animaux, le désir matériel de posséder et de jouir du confort, l'aspiration à des "choses" qui assurent ce confort et la sécurité, dans le domaine économique, social et religieux.
L'homme est sous l'influence de la forme de maya la plus dense, et ses forces sont concentrées dans le centre sacré. D'autres sont poussés par certaines formes d'aspiration ou d'ambition, aspiration vers quelque paradis matériel (et la plupart des religions dépeignent ainsi le ciel), ambition de pouvoir, désir de satisfaire des appétits émotionnels ou esthétiques ou de posséder des réalités plus subtiles, envie d'une stabilité mentale et de l'assurance que seront satisfaits les désirs supérieurs. Tout cela est maya dans sa forme émotionnelle, et c'est bien différent du mirage. Dans le cas du mirage, les forces de la nature de l'homme sont situées dans le plexus solaire. Dans le cas de la maya, elles le sont dans le centre sacré. Le mirage est subtil et émotionnel, la maya est tangible et éthérique.

Telles sont les forces de la maya qui font agir, motivent et vitalisent la vie de l'homme ordinaire. Sous leur influence, il est sans ressource, car elles inspirent toutes ses pensées, toutes ses aspirations tous ses désirs et toutes ses activités sur le plan physique. Son problème est double :

1.
Amener tous ses centres sous l'inspiration de l'âme.
2.
Transférer ou transmuer les forces des centres inférieurs qui dominent la personnalité, dans les énergies des centres au-dessus du diaphragme, lesquels répondent automatiquement à l'inspiration de l'âme.
C'est en cela que consistent le pouvoir et la valeur symbolique des exercices de respiration. Le but poursuivi est la domination par l'âme ; bien que les méthodes employées soient, en de nombreux cas, absolument indésirables, la tendance qui se développe dans la vie de la pensée a inévitablement une influence déterminante et conditionnante. Les méthodes utilisées peuvent ne pas épargner au corps physique, qui n'y est pas préparé, certains maux, mais pourtant, à la longue et en dernière analyse, elles peuvent conditionner les expériences futures (probablement dans une autre vie) d'une manière qui permette à l'aspirant d'être plus apte à fonctionner comme âme qu'il ne l'aurait été autrement.

Avant de terminer ces instructions particulières sur le mirage, je voudrais attirer l'attention du groupe sur les phrases occultes que j'ai communiquées à D.L.R. avant qu'il ne quitte le groupe. Elles ont un rapport direct avec le travail de groupe et je voudrais que vous les examiniez et les étudiez avec attention.

Parlant de ceux dont le dharma est de dissiper le mirage du monde, l'Ancien
Commentaire emploie les phrases lumineuses suivantes :

"Ils arrivent et demeurent. Au sein de la brume des formes tourbillonnantes, certaines d'une rare beauté, d'autres horribles et pleines de désespoir, ils demeurent. Ils ne regardent pas ici ou là, mais, la face tournée vers la lumière, ils demeurent. Ainsi, à travers leur mental, la pure lumière s'écoule afin de dissiper les brouillards.

Ils viennent et se reposent. Ils cessent leur activité extérieure, s'arrêtant afin d'accomplir un travail différent. Dans leur cœur, est le repos. Ils ne courent pas ici et là, mais constituent un point de paix et de repos. Ce qui voile et cache le réel à la surface commence à disparaître, et du cœur en repos est projeté un rayon de force qui dissipe, qui se mêle à la lumière éclatante, et alors les brumes créées par l'homme disparaissent.

Ils viennent et observent. Ils possèdent l'œil de la vision ; ils savent comment diriger de manière juste la force nécessaire.
Ils voient le mirage du monde, ils observent derrière lui tout ce qui est vrai, beau et réel. Ainsi, l'œil de Bouddhi apporte le pouvoir de chasser les mirages – voilant et tourbillonnant – de ce monde soumis au mirage.

Ils demeurent, ils se reposent et ils observent. Telle est leur vie et tel est le service qu'ils rendent à l'âme des hommes."

Je vous recommande de réfléchir attentivement à ces lignes. Elles vous indiquent non seulement votre champ de service de groupe, mais également l'attitude souhaitée pour la vie personnelle de chaque membre de ce groupe.

Je voudrais aussi toucher ici à un facteur de réelle importance pour ce travail et répéter mon avertissement antérieur : souvenez-vous que l'effort fait pour vous libérer de l'irritation, ou de ce qu'on appelle, dans Agni Yoga, "la mise en danger" (expression singulière mais bien expressive, mes frères) est essentiel pour ce groupe. L'irritation est extrêmement courante en ces jours de tension nerveuse ; elle met nettement le progrès en danger et retarde l'avance du disciple sur le Chemin. Elle peut produire une tension dangereuse pour le groupe si elle se manifeste chez l'un d'entre vous ; la tension ainsi introduite dans le groupe peut s'opposer au libre jeu du pouvoir et de la lumière dont vous devez faire usage, même si les autres membres du groupe ignorent cette source d'émanation.

L'irritation engendre un poison qui se localise dans la région de l'estomac et du plexus solaire. L'irritation est, pour ainsi dire, une maladie du centre du plexus solaire et elle est contagieuse de manière presque inquiétante. Ainsi donc, mes frères, surveillez-vous avec soin et souvenez-vous que, dans la mesure où vous pouvez vivre dans la tête et dans le cœur vous pouvez éliminer cette maladie de "la mise en danger" et aider à transférer les forces du plexus solaire dans le centre du cœur.